Lanzarote 56-70-97

56-70-97. Non, ce n’est pas un vieux numéro de téléphone; ni les mensurations de la poupée Barbie. Mais le nom d’un vin de Lanzarote, une Malvoisie de la Maison El Grifo, qui assemble ces trois millésimes.

Drôle d’idée. Excellente idée. Trois générations qui se donnent la main. Trois expressions de la Malvoisie – plus ou moins concentrée, plus ou moins grasse, plus ou moins vive, et à l’arrivée, un vin exceptionnel.

Exceptionnel. Le mot est galvaudé. Oui mais là, c’est du jamais vu, du jamais bu.

El Grifo Canari Malvasia 56-70-97

Le nez ne peut pas mieux s’accorder avec la robe: orange.  Plus orange que ça, c’est Hollandais, ça s’appelle du Gouda (salut, les Kaaskoppen!).

La bouche est puissante, volumineuse, suave et pourtant alerte, avec un retour des agrumes, cette fois agrémentés de cannelle, de réglisse, de coriandre. Le sucre résiduel (90 g) et l’acidité jouent une basse continue autour de laquelle un foule d’instruments aromatiques viennent jouer leurs notes aiguës.Un seul mot: maravilloso.

Le vignoble de l’impossible (c’est son nom)

Ma consoeur belge Ann Vansteenbergen, qui habite sur l’île, m’avait déjà mis sur la piste de cette viticulture quasi martienne, de ces vins étranges, issus de vieux cépages oubliés, ramassés un peu partout en Europe par les colonisateurs successifs et cultivés dans des conditions extrêmes – terres volcaniques, chaleur, ensoleillement, vents à décorner les boeufs et à arracher les ceps. Alors les Canariens les enterrent dans des trous, ou bien ils les cultivent au ras du sol, à l’abri de murets. Ils les chouchoutent. Ils les maternent. Les rendements sont dérisoires. A boire ce vin, on se dit: « tenez bon, les gars, ça vaut quand même le coup! »

Si vous passez par là, dites que vous venez de ma part et ramenez moi une bouteille. Pleine, si possible.

Hervé Lalau

 Contact/infos: El Grifo