Beaujolais, un grand écart…

Il existe des Beaujolais qui nous font vraiment plaisir et qui pourtant sont diamétralement différents.
Qui peut résister au charme truculent d’une cuvée du Domaine Chasselay ?
Qui peut rester indifférent à l’élégance du Château de la Chaize ?
Le Beaujolais, c’est un peu un concentré de ce qu’on peut faire en viticulture.

Au Domaine Chasselay

Beaujolais escapade 084

Rencontré à BBB, Bien Boire en Beaujolais, ce fût un vrai plaisir de revoir Fabien Chasselay chez lui. Les rouflaquettes bien dessinées, une carrure de rugbyman, la langue loin de sa poche, il me fait passer en revue les différents bâtiments de l’exploitation familiale. Peu de futaille, ici, on n’aime guère le bois «ce que j’aime, c’est le vin qui se boit, la pommade des vins barriqué, c’est pas mon truc. Ce qui est sympa aujourd’hui, c’est que notre appellation a bien changé, les vins sont plus généreux qu’avant, ça nous a remonté l’image et démontré que le gamay, c’est formidable. À nous de supporter les caprices de celui qui ne supporte pas la médiocrité, il faut l’aimer et le chouchouter».
Et pas de soufre ?
«Mon père déjà vinifiait sans soufre, c’est pas nouveau chez nous. Bien sûr, il faut de l’hygiène, le jet d’eau est le principal outil de la vinif’…, le raisin est fragile, la propreté est indispensable».
Un bel exemple

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Les Grands Eparcieux 2013 AOC Beaujolais

Sa robe violette aux reflets cramoisis aguiche l’œil.
Il parle de ce mélange entre la gourmandise, la générosité et la rigueur. Équilibre particulier qui nous font aimer dès la première gorgée ce gamay parfumé d’iris et de violette, coloré de griotte et de groseille, souligné de réglisse et avouant une fraîcheur croquante à se damner.
Un vin certes dangereux, on l’ouvre, on le boit. Et tout ça pour 5,80€ (prix au domaine)
Le domaine se situe au sud du Beaujolais, à Châtillon d’Azergues, mais la gamme s’étend jusqu’aux crus. La famille possède ou loue quelques arpents en Fleurie, Morgon, Chénas et Côtes de Brouilly. Histoire de partager un peu plus de Beaujolais avec la clientèle ou les personnes qui restent loger.

http://www.domaine-chasselay.com

 

Le Château de la Chaize

Dans un style tout à fait différent, mais qui plaît tout autant…

IB 3 DG 134 Château de la  Chaize à Odenas - Br - Gillet Inter Beaujolais copyright

Au pied du Mont Brouilly, à la sortie d’Odenas, lové dans son écrin de vignes, le château offre sa géométrie raffinée. Jardin à la française, architecture épurée, bassin circulaire, les âmes de Le Nôtre et Mansard planent encore au-dessus de la propriété. Les jardins se visitent sur rendez-vous. Le château appartient à la Marquise de Roussy de Sales et ne se visite pas.
À l’entrée du domaine, la cave de vinification déploie son grand bâtiment et cache en sous-sol un immense chai d’élevage. Long de 108 mètres, il abrite une succession de foudre de 40 à 100 hectolitres. Le Brouilly y passe moins d’une année avant sa mise en bouteille. Quant à la cuvée Vieilles Vignes, elle s’élève en pièces bourguignonnes.

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Le premier, le Brouilly Château de la Chaize 2012, plaît d’emblée par la saveur de son fruit – mais pas comme chez Fabien, le dessin ici est différent, architecturé, peut-être comme le château…

Le Brouilly Cuvée Vieilles Vignes 2012, lui, ressemble à ce qu’on attend d’un vin de garde et offre une certaine retenue, mélange de noblesse et de rigueur, auquel s’ajoute la promesse d’une réelle aptitude au vieillissement. Entretemps, on peut en déjà en apprécier l’esquisse fruitée, le bouquet floral, la bouche élégante aux notes confites, la fraîcheur douce aux épices tempérées. La texture ligneuse de la trame du vin rappelle son élevage, sans toutefois avoir le goût du bois, et renforce l’architecture de cette cuvée à l’âme bien née.

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Les prix si on s’y intéresse et pour autant que je pense à les donner 10,50€ pour le premier et 15€ pour le second

http://www.chateaudelachaize.com

C’est ça le Beaujolais, il y en a pour tous les goûts

Ciao
Beaujolais escapade 174

Marco

5 réflexions sur “Beaujolais, un grand écart…

  1. Luc Charlier

    Cela fait plaisir de te lire comme cela, Marc. Tu sais que je réprouve parfois votre participation aux actions de PR trop bien faites – sans aucune jalousie, je le jure, ni de ne pas y être moi-même, ni de ne pas avoir les capitaux pour en organiser moi-même – tout en acceptant que cela n’influence sans doute pas trop votre jugement. Vous êtes de grands garçons et vous avez déjà reçu suffisamment de T-shirts ou de porte-clés pour qu’un de plus ne change rien à l’affaire. Mais moi aussi, j’aime le Beaujolais, le bon. Et moi aussi je pense que le prix du vin courant, du bon, cela doit être entre 10 et 20 € pour les particuliers. Après, chacun voit le Sonnenuhr devant sa porte, à Wehlen comme ailleurs. Ta description m’a donné envie d’en boire. Moi, je recommande un « petit bonhomme » pas possible, qui n’a gardé qu’un ou deux hectares pour occuper sa retraite, à Juliénas. Il a été refusé parfois aux agréments par « manque de typicité ». Dame, il est en macération longue sous chapeau, il titre 13,5 vol % sans chaptalisation (donc petit rendement et vendange mûre) et il vend encore des millésimes des années ’90 …. parfaitement exquis. Avec sa compagne (slave mais pas esclave), il tient aussi un B&B impeccable. Coordonnées : Daniel et Nadia Aujas, à Juliénas (nadine.cisowski@orange.fr )
    A part cela, les rouflaquettes, cela aide pour faire du bon vin. Enfin, c’est Jo Pithon qui le dit.

    Et @Denis: quand tu sauras que le « Tonton » de Christine était horticulteur « hors les murs » à Paris, et s’appelle … Hardouin, ta remarque aura encore pris un degré d’acuité de plus, ami !

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    1. merci Luc, le Gamay, c’est top, quand c’est bien fait, à boire tout de suite ou bien plus tard, il étonne. Je prends bonne note de l’adresse à Juliénas. Et puis, les rouflaquettes ça aide aussi à bien déguster…
      Marco

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  2. georgestruc

    Belle opportunité de mettre en valeur ce Beaujolais qui avait subi bien des misères, voire un peu d’ostracisme, ces dernières années. Il y a effectivement de si jolis vins, dans cette vaste palette qui tu mets en évidence, élaborés à partir de ce gamay souvent discrédité (vin facile, bu et oublié, vin de « jeu de boules », comme on le disait à Lyon il y a de cela plusieurs décennies : tu pouvais pointer et tirer tout en éclusant des gorgeons de beaujolais sans perdre la main…). Un vieux médecin lyonnais, le docteur Ramier (le tout premier à avoir possédé un appareil de radiographie dans cette ville) me racontait ses virées en Beaujolais avec ses confrères (dans une belle Hotchkiss deux couleurs) en soulignant une facilité inattendue qu’offrait le Beaujolais : « si tu sais plus trop où tu es, après avoir bien bu et bien mangé, c’est facile, tu prends la première route qui descend et tu arrives obligatoirement à la Saône et là, à condition de ne pas aller vers le nord, tu arrives à Lyon ».

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  3. Luc Charlier

    De la radiographie à la soûlographie, il n’y a qu’un pas. Et souvent, on se retrouve justement dans la Saône! Dites-moi, Truc, avec ses histoires de GPS avant l’heure, il ne vous aurait pas pris pour un pigeon, ce Ramier.

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