#Carignan Story # 157 : cet étrange petit goût de marijuana…

Une remarque inattendue a illuminée ma journée. De son Oregon natal, mon ami Russell, nouvellement converti au Carignan depuis qu’il a vendangé notre vigne de Tresserre responsable d’un formidable petit rouge nommé Puch, m’adresse électroniquement ce message que je vous livre sans y avoir changé le moindre mot :

« J’ai remarqué un arôme et goût que je décrirais comme ‘chanvre’ et j’ai rendu compte soudainement que c’est le goût/arôme (au moins pour moi) que je trouve dans tout les vins purs (ou majorité) carignans que j’ai bu – pour moi c’est le « carignan tag ». »

Photo©MichelSmith
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Pas étonnant qu’en goûtant ce nouveau carignan du Domaine des Vingt Vertus offert récemment par un ami, j’y ai retrouvé quelque chose qui me rappelait mes premiers joints de ma jeunesse, ceux que des mains expertes nous préparaient avec soin entre deux visites de barricades. Une pointe d’amertume herbacée se mariant à une fruit cacaoté et voilà que je songe au délicieux gâteau que me préparait Caroline, une charmante anglaise vivant à Paris, selon une recette apprise à San Francisco au tout début du Flower Power…

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Photo©MichelSmith
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Je rassure Julien Galabert, l’auteur de ce nouveau carignan arborant l’étiquette de son Domaine Vingt Vertus, dont le chai est sur la commune de Salses-le-Château : je ne vais pas transformer ici son vin en une sorte de bête curieuse pour nostalgiques des années 60. Non collé et non filtré, son Côtes Catalanes 2011, revu trois jours après une première ouverture, se fait plus tendre au nez, un peu plus sur le fruit aussi. En bouche, il paraît riche (14°5 d’alcool), presque sucré et, bu au sortir du réfrigérateur, il se marie très bien aux tranches de boudin catalan que j’ai faites frire à la poêle pour plus de croquant. Cela tombe bien car le vin rebondit en accentuant ce côté croquant. Il va donc falloir surveiller ce jeune vigneron (Tél. 06 16 14 84 83) de 33 ans qui, avec une dizaine d’hectares hérités de ses grands-parents ne demande qu’à se faire connaître.

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Tiré entre mille et deux mille bouteilles chaque année, son deuxième millésime de Carignan provenant d’une très vieille vigne d’un tiers d’hectare que travaillait son arrière grand-père, est commercialisé à 8 € départ cave.

Michel Smith

12 réflexions sur “#Carignan Story # 157 : cet étrange petit goût de marijuana…

  1. Luc Charlier

    Mon Forgeron d’amour, le dimanche matin commence bien, grâce à ton article carignanesque, mais il commence aussi mal, à cause d’un accord du pp qui me cause tourment.
    Je fais cette remarque à l’intention des jeunes lecteurs en mal d’orthographe, pas du journaliste reconnu qui a laissé passer une petite faute d’inattention.
    On élimine d’abord ce point. Réf. : Le Bon Usage, du Liégeois Maurice Grévisse, p. 745 (édition de 1970), § 794 concernant le « participe passé suivi d’un infinitif ».
    Règle générale : le pp conjugué avec avoir et suivi d’un infinitif (pur ou prépositionnel) s’accorde lorsque le pronom objet direct – je ne sais pas comment on dit « objet direct » dans le langage scolaire d’aujourd’hui – qui précède se rapporte à ce participe.
    Ex classique : Je les ai vus partir comme trois hirondelles (Victor Hugo quand même !).
    Explication : c’est Hugo qui les (objet direct) a vus, et ils partaient (sujet de l’infinitif).
    MAIS : le pp reste INVARIABLE lorsque le pronom objet direct qui précède se rapporte à l’infinitif.
    Ex classique : La mauvaise humeur que j’ai laissé voir.
    Explication : j’ai laissé quoi ? Voir. Et on a vu quoi : la mauvaise humeur (objet direct de l’infinitif, pas sujet).
    Donc : …. les tranches de boudin catalan que j’ai FAIT frire à la poêle pour plus de croquant.
    Explication : c’est Smith – qui vaut bien Hugo – qui a fait quoi ? Frire. Et qu’est-ce qu’il a frit : les tranches de boudin. Il n’a pas fait les tranches de boudin.
    Ici, le problème se complique un peu en apparence car frire peut avoir le sens actif : on frit du boudin, et le sens passif : le boudin est en train de frire. Idem avec griller, brûler, cuire ….
    Je termine cette remarque pédante par l’exemple qui tue :
    . les musiques que j’ai entendu jouer (car on entend quoi, jouer ; jouer quoi : les musiques)
    . les musiciennes que j’ai entendues jouer (car on entend qui, les musiciennes, qui jouent).
    Pourquoi pédante : un homme qui porte un chapeau, le plus souvent , et parfois un boubou (en Casamance), qui a été le salarié de Chantal Lecouty, et qui a asséné le choc des photos d’un magazine parisien et le poids de ses mots, un homme qui se fait appeler « le ténébreux », mais avec respect, par le président du GJE, ne devrait pas faire l’objet d’une remarque provenant d’un pauvre petit cul terreux flamand.
    Par contre, malgré cet à-peu-près grammatical, le pauvre Léon a beaucoup joui de ce petit papier. Et, pour une fois, le nom de l’IGP (Côtes Catalanes) est justifié, car Salses-le-Château voit bien la mer (ou son étang en tout cas), en plus de la forteresse vaubanesque. Note, Michel, qu’il est plus que temps que ton bonhomme accède à la notoriété. A son âge, le Nazaréen était déjà au pinacle … ou en croix en tout cas.
    Enfin, moi, le carignan, c’est surtout mes premiers joints … de dilatation qu’il me rappelle. Mes nombreux détracteurs disent que j’ai le cou qui enfle !

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    1. Très cher Luc, Vauban n’a pas tout construit, en l’occurrence, le forteresse de Salses le fut une commande des rois catholiques Ferdinand II d’Aragon et Isabelle la Catholique, fin quinzième.

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  2. Un joli rappel grammatical, Luc, tout à fait bienvenu… et que je me hâterai d’oublier selon le principe (très personnel) selon lequel tout ce qui est trop compliqué dans la langue doit être simplifié.
    Je note qu’en espagnol, langue assez proche de la nôtre, le participe passé employé avec avoir ne s’accorde jamais (hemos visto esta preciosa ciudad, la preciosa ciudad que hemos visto), et que les Espingouins n’en sont pas plus tristes. Comme, de plus, l’accord ne se prononce que très rarement en français (OK, les pommes de terre que nous avons frites, c’est un cas assez courant chez les Grévisse), je propose que nous exigions la suppression totale de l’accord lorsque le participe est suivi d’un infinitif.
    Autant je milite pour le maintien des accents circonflexes (supprimés, à la carte, dans l’enseignement wallon), je pense que des subtilités dans la subtilité, c’est un peu « too much ». Et je bois à la santé des Flamands qui n’ont pas encore renoncer à parler notre langue.

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  3. Luc Charlier

    Oui, il n’ont pas renon….cé !
    Par ailleurs, le choix de la simplification à tout prix – qui n’est pas le mien – se défend parfaitement. Il a fait la force de l’anglais courant … en apparence en tout cas.
    Mais quand même : pourquoi ne pas adopter le mot « sweat-shirt » en français ? D’accord, mais il vient bien de « to sweat », transpirer, et se prononce « swêt », alors que 99 % des hexagonaux disent à présent un « sweet-shirt » (souîte). Ce vêtement devrait être interdit aux diabétiques ou aux durs-à-cuire !
    Idem pour le « h » aspiré : cela a commencé avec handicapé ; mais maintenant c’est aussi homard, hollandais, haricot …
    Remarque que pour l’acent circonflexe, Michel nous donne des leçons : il écrit une poêle, mais moelleux ! Moi, je m’embrouille tjs avec ces mots-là.
    Par contre, pour le pluriel des noms composés, et ceux qui changent de genre selon qu’ils sont au singulier ou pas, là, je pense aussi qu’il faudrait faire place nette.
    Et puis : c’est exclu de se tromper, mais l’impôt est inclus ! Du pain béni, mais de l’eau bénite et des régions bénies des dieux !
    Enfin, et j’arrête ensuite mon juste courroux : la construction être + en + substantif qui envahit tout. On est en charge, on est en droit, on est en attente, on est en amour …. C’est tout juste bon pour le 9-3 de Mme l’ex-ministre Dati – c’est pas moi qui l’ai dit !
    Je n’irai pas par quatre chemins, je ne ferai ni une ni deux, je compterai jusqu’à trois pour vous implorer, vous les CINQ du vin, de faire en sorte que la belle langue française garde un minimum de tenue dans vos colonnes.

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      1. Tu as raison Léon ! Luttons pour que notre belle langue soit au mieux de sa forme. Et interprétons les règles aussi bien que les vignerons interprètent leurs vins. Des vins que nous aimons parfois à l’imparfait… Bises à tous !

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  4. Denis Boireau

    Merci Michel, pour cette chronique! Car effectivement, j’identifiai assez souvent une caracteristique « herbeux-terreux-cuit » dans les carignans, sans arriver a y mettre un nom ni a l’associer a quelque chose de precis. Mais la, illumination! C’est tout a fait le gout des petards de notre jeunesse. Je suis heureux: je sais enfin mettre un nom a ce gout dans les vins de carignan.

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  5. Okay……assez de la sémantique et de la grammaire pour le moment! – Mais je suis un peu déçu Michel, que tu n’a pas fais même les tranches de boudin 😉

    Je veux être sûr que ce soit clair que je ne voulais pas dire l’arôme de la fumée de chanvre (mais je connais ça bien aussi depuis mes années à l’université!) Cet arôme est plutôt celui de chanvre ‘sec’, un peu comme l’arôme d’une corde en chanvre neuf. Peut-être il est similaire aussi à certaines herbes qui se trouve dans la garrigue?

    Toutefois, merci Michel pour la mention de mon moment éclairé!

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