Ben oui, tiens, pourquoi pas ?
J’en ai ras la casquette de tout ce remue-méninges autour du classement décennal de Saint-Émilion. Pourtant, j’aime bien Saint-Émilion, village classé à l’église monolithe plus qu’insolite.
Le village offre une restauration haut de gamme, un super bistro à vins, des châteaux en veux-tu en voilà, de confortables chambres d’hôtes un peu partout autour, un formidable musée de la poterie, de délicieux macarons, une noble Jurade qui compte parmi ses illustres prud’hommes notre Hervé Lalau en personne…, lequel a déjà pas mal pondu sur le sujet. Patatras ! Il semble à mes yeux que tout ça ne soit qu’une façade d’opérette pour touristes, ou, si l’on préfère, un decorum pour un peplum moderne des plus vulgaires, une sorte de version bachique de « Qui veut gagner des millions » . Une farce à la Française.
Comme je suis de nature très mauvais esprit (du moins c’est ce qu’on me dit), il m’est venu une idée, forcément lumineuse, à propos de Saint-Émilion. Une idée qui, au départ, peut paraître un tantinet révolutionnaire, provocatrice, mais qui pourrait, à condition de le vouloir, se développer en une idée plus consensuelle destinée à porter haut les couleurs et l’image de marque du cru si cher à Ausone.
L’idée est simple : et si on boycottait les GCC ? Ceux du Médoc et d’ailleurs, mais aussi et surtout ceux de Saint-Émilion. Je sais, cela vous semble idiot alors que, dans la pratique, ce serait trop facile. Il suffirait que tous les couillons de la terre (et nous sommes nombreux), les blogueurs, journalistes, illuminés, dindons de la farce, buveurs, amateurs, il suffirait que tous les déçus et les cocus du système se donnent le mot d’ordre sur Internet, avec quelques appuis de choix, allant de Léon à David, de Michel Bettane à Jancis Robinson, en passant par Bob, bien sûr, et les autres, même à Bordeaux, tous ceux qui pensent que ce feuilleton devenu judiciaire ne peut que ternir l’image de marque d’un des vignobles majeurs de notre sphère.
Réfléchissons quelques secondes. Sans parler des simples Graves, simples Bordeaux, simples Haut-Médoc et Médoc, le seul risque que l’on prendrait en agissant ainsi du côté de Libourne, serait de parler – enfin – des autres, des vrais, des Saint-Emilion «tout court», de ceux du bas de l’échelle comme du haut de la côte, ceux de gauche ou de droite, les sans grades qui bordent la nationale à portée de vue des HLM, tous ceux qui n’adoptent qu’un seul nom, Saint-Émilion, et qui sont fiers de porter ce nom.
Avec l’appui du Syndicat des Vignerons de Saint-Émilion, organisme fondé en 1884 et devenu depuis «Conseil» (c’est plus smart que syndicat…) qui pourrait nous prêter un de ses luxueux salons en haut du village; qui sait, même, avec l’aide du Premier Jurat qui n’est autre qu’Hubert de Bouärd dont l’Angélus vient d’être hautement promu, on pourrait organiser une «dégustation des sans grades», manifestation qui, pourquoi pas?, pourrait se répéter tous les deux ans, peu avant Vinexpo, histoire de médiatiser un peu plus ces vins qui en ont bien besoin ?
Pendant qu’on y est, on en profiterait pour laisser de côté ceux qui, par la grâce d’une obscure dégustation de routine, obtiennent le droit de mettre qu’ils sont « Saint-Émilion Grand Cru« , juste parce qu’ils affichent un demi degré supérieur aux autres (éventuellement chaptalisé). En revanche, on pourrait étendre cette dégustation aux fameux «satellites» dont on parle peu, nous les premiers.
Oui, bon, d’accord, tout cela n’est pas très cohérent. « Le Smith, il veut d’abord boycotter et après, avec l’aide de ceux qu’il appelle à boycotter, en promouvoir d’autres ». Pourtant, ce serait bien, Monsieur le Prud’homme, cher Hervé, de ne parler que des sans grades, non ? On montrerait ainsi qu’à Saint-Émilion tous les vins ne sont pas chers et inaccessibles. D’ailleurs, on fixerait même un prix plafond : disons dix euros, ça me paraît honnête par les temps qui courent, non ?
Il me semble qu’autrefois, un journaliste belge (encore eux !), Jo Gryn, a eu une idée semblable. De mon côté, je l’avais exploitée une fois, il y a longtemps, du temps où je travaillais pour Saveurs, et j’avais même, à cette occasion, trouvé quelques pépites. Alors, Messieurs de la Jurade ou du Conseil, messires «les garants de la tradition», la balle est dans votre camp !
Michel Smith
Les 5 du Vin 
Quand on voit l’effet prix du classement (cf. Prix des primeurs 2012 des deux nouveaux promus) il est évident que ce classement peut faire parler, puisque la qualité des vins était déjà présente. Le mercantilisme est bien plus présent, malheureusement!
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Déçu du système : voilà la meilleure description, Forgeron.
Des bouteilles de Bordeaux, j’en ai acheté des milliers dans ma chienne de vie, avec enthousiasme jusqu’en 1986. Après, ….
Et je les ai bues, jusqu’en 1990 environ. Après, j’ai commencé à les revendre.
Cocu systématique : je le suppose, comme tous les hommes. Mais cela ne me tourmente pas outre mesure. De toute façon, comme on est souvent le dernier à le savoir, cela ne dure pas longtemps.
Par contre, je plains le pauvre Léon de figurer sur une page où apparaît aussi M. Gryn (nom de plume = Chambertin, en toute modestie). Il paraît qu’ils ne passèrent pas souvent de bonnes vacances ensemble. Mais ça, ce sont des ragots sans doute. Par contre, Jo pourra intercéder en ta faveur pour obtenir la petite salle que tu souhaites : il a ses entrées.
Enfin, moi je propose depuis longtemps de boycotter la GD, systématiquement. Comme c’est là que le vulgus achète son pinard – et que les Bordeaux y sont effectivement toujours moins chers que chez les commerçants honnêtes – nos deux propositions se rencontrent.
Bon, je vous laisse, j’ai un ascenseur à prendre !
And she’s buying her stairway to Heaven ….. (Led Zep).
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Je l’avais dit à la sortie de ce classement : il est surtout affaire de gros sous. Bon, c’est le nerf d’une certaine guerre, probablement, mais ce n’est pas la mienne. Je suis d’accord avec la proposition de Michel.
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Faut qu’on l’organise, Hervé ! (je suppose que c’est toi, car ce n’est pas signé…)
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Je suis de l’avis du « Juron de saint humilié » reconverti dans le Carignan, Boycottons le G.D, ça nous fera de l’air à nous les cavistes.
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De toute manière, il ya a suffisamment à goûter autour des grands crus classés…. pour le plaisir de tous les jours, ceux de la découverte, même pour les grandes occasions. Foi de néo-bordelais!
Que croyez vous, sans les boycotter, nous sommes nombreux à penser ne plus en avoir l’usage….
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Je suis contre le boycott par principe, car il est souvent contre-productif et injuste. Mais une « discrimination positive » en faveur des vins moins exposés médiatiquement, pourquoi pas?
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C’est qui, là ? Hervé ?
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Oui c’est moi. Désolé parfois la signature est automatique parfois pas.
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Chers amis,
Montagne Saint Emilion et Saint Georges Saint Emilion sont d’accord pour organiser avec vous cette dégustation. Pour ce qui est de la salle et de la vue on peut trouver sans aucun problème quelque chose de fantastique. J’attends de vos nouvelles.
Hubert Boidron, secrétaire de l’ODG de Montagne, administrateur de Saint Georges.
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Super !
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