A bas le protectionnisme des cépages: le cas du teran

Je rebondis ici sur un sujet abordé dans ce blog très récemment par Hervé Lalau dans un excellent papier avec lequel je suis en parfait accord.

https://les5duvin.wordpress.com/2013/05/01/les-cepages-sont-a-tout-le-monde/

On voit, de temps en temps, une région, voire un pays, tenter de jouer la carte du protectionnisme avec certaines variétés de vigne pour étouffer toute concurrence. Autant je considère qu’il est tout à fait légitime et souhaitable d’avoir une législation claire qui protège une appellation géographique en la rendant exclusive à son origine, autant une telle approche ne peut en aucun cas être justifiée pour un cépage dont l’origine géographique est toujours incertaine et difficile à cerner dans le temps, sans parler du fait que son étendue géographique traverse largement nos frontières politiques actuelles.

teran

grappe de Teran, de la famille des Refosk

Un cas actuel m’amène à parler de ce sujet mais j’ai aussi le souvenir qu’il y a quelques années l’Alsace a tenté de mettre main basse sur deux cépages, le Riesling et le Gewuztraminer, en empêchant d’autres régions françaises d’en planter (ndlr: un arrêté de 2012 interdit l’usage de ces cépages en Vin de France, de même que certains cépages savoyards).

Vu que ces deux variétés, et surtout le Riesling, sont très plantés dans d’autres pays et sont probablement originaires de l’Allemagne de toute façon, je trouve cette attitude absurde et je ne comprends pas que l’INAO en France ait pu l’appuyer, obligeant même un très bon vigneron, Jean-Louis Denois, d’arracher ses parcelles de ces deux variétés au-dessus de Limoux ! Et maintenant, on en replante parce que la législation européenne interdit, paraît-il, ce genre d’absurdité. Espérons qu’elle refuse alors à la Slovénie ce qu’elle essaie d’imposer à son voisin du Sud, et peut-être aussi à l’Italie !

paysage d'Istrie

Paysage d’Istrie, en Croatie, un des berceaux du cépage Teran (photo DC)

 

Un cas d’école

Le cas actuel dont j’ai parlé se passe entre la Slovénie et la Croatie autour d’un cépage rouge, le Teran, ou Terrano. La variété est connue en Istrie (Croatie) depuis le 14ème siècle mais se trouve aussi en Slovénie et en Italie. Comme toute variété ancienne il a pas mal de synonymes : Cagnina (en Frioul et Emile-Romagne), Rabiosa Nera (Breganza), Refosco del Carso, Refosk ou Refosco d’Istria (Slovénie et Croatie). Mais il s’agit bien d’une variété distincte du Refosco dal Pedoncolo Rosso, avec laquelle elle a longtemps été confondue.

Nous savons que les frontières politiques non seulement ne sont pas constantes dans le temps (et l’ex-Yougoslavie en est un excellent exemple), mais ne peuvent pas être étanches au mouvement des plantes, par exemple. De plus, il est très hasardeux de dire avec précision où une variété de vigne à vu le jour pour la première fois.

Je ne vois pas alors comment un seul pays ou région peut être autorisé de s’accaparer un cépage. C’est pourtant ce que la Slovénie essaie de faire en ce moment en empêchant des vignerons croates, de la région d’Istrie où il y a quelques 400 hectares de la variété plantés, d’utiliser le nom Teran pour leur vins qui en sont pourtant issus ! Même si, de nos jours, cette surface ne représente qu’environ 8% du vignoble de cette belle région qui borde l’Adriatique, en regardant les archives, on constate qu’il y en avait quelques 35,000 hectares de teran en Istrie vers 1880. Environ 25 producteurs croates mettent en bouteille des vins issus du seul cépage teran de nos jours, et ils se voient confrontés à l’interdiction d’appeller leur vin par son nom de cépage légitime par une sombre manoeuvre opéré par la Slovénie pour garder l’exclusivité du nom Teran sous la législation européenne. Et la Croatie entrera dans l’Union Européenne en juillet 2013.

terra rossa

 Terra Rossa en Istrie, sol qui semble convenir au cépage Teran (Photo DC)

J’ai pu dégusté, à diverses reprises, plusieurs vins issus de cette variété, aussi bien slovènes qu’italiens ou croates. Un récent voyage en Istrie m’a permis de goûter les vins croates qui figurent ci-dessous. Le Teran (ou Terrano) semble particulièrement adapté à des sols calcaires rouges, riches et fer, et c’est là où on le trouve, du moins en Slovénie (sur le plateau de Kras), et en Istrie croate.

Il produit des vins assez tannique mais pas très colorés, avec une acidité élévée et un alcool plutôt faible. Sa localisation sur certain types de sols lui a donné des appellations associées quand il est utilisé seul : Terrano del Carso, en Italie; Kraski teran, en Slovénie ; Istarski teran, en Croatie. Mais on le trouve aussi parfois en assemblage. L’influence historique de l’Italie dans ces parties proches de la mer Adriatique de la Slovénie, comme de la Croatie, a été considérable et l’italien y est souvent la deuxième langue.

florr detail et Koslovic (2)

Ivan Damjanič (photo DC)

Damjanič, Clemente 2009

(60% merlot, 20% cabernet sauvignon, 15% teran, 5% borgonja)

Le teran a été séché en cagettes, puis macéré pendant 2 mois afin d’assouplir ses tannins et réduire son acidité naturellement élévé.

Le vin porte encore l’empreinte de son élévage sous bois (14 mois, puis 10 mois en cuve inox) et montre la souplesse et le fruit du merlot, bien associé à l’acidité et à l’astringence des deux variétés locales (la variété borgonja, dont il n’en reste que très peu en Croatie, n’est autre que le blaufrankisch). Un beau vin qui sera à son meilleur d’ici un an. 15/20.

Prix conso: 16,50 euros

bottles of Damjanic

La cuvée Clemente, à droite, de Damjanič (photo DC)

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La belle gamme de vins de Benvenuti (photo DC)

Benvenuti Teran 2009

Le nez oscille entre l’animal et la cerise griotte. C’est structuré, assez intense, et un poil rustique à cause de tannins pas trop aimables. Très juteux quand même, mais j’ai soupçonné une petite touche de bretts. 14/20

Prix conso: 18 euros (ce qui m’a semble assez élevé pour ce vin d’un producteur qui fait par ailleurs des vins tout à fait remarquables en blanc avec le cépage Malvazia)

Koslovic sign

Les installations de Kozlovič sont à la pointe de la modernité (photo DC)

Kozlovič, Teran 2012

(un échantillon en cours d’élevage, fermentation en cuve bois)

Un fruité somptueux qui est porté par une très belle acidité. Croquant et ferme, semble moins tannique que le 2011. 15/20 (note provisoire)

Prix conso: probablement 10 euros (pas encore en vente)

florr detail et Koslovic

Kozlovič, Teran 2011

Vin fin finissant très sec, avec un fruité qui rappelle des baies noirs sauvages. La structure est délicate mais ferme par ses tanins pourtant bien  intégrés. La finale est claire et bien fruité. Délicieux. 14,5/20

Prix conso: 10 euros

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Antonella  Kozlovič, avec son mari, a bien développé cette affaire familiale

(photo DC)

Kozlovič, Othello 2009

(70% teran, 15% cabernet sauvignon, 15% merlot)

Très belle richesse dans la matière, mais aussi une superbe fraîcheur aporté par le teran. Une pointe d’amertume en finale qui caractérise souvent cette variété. Excellent équilibre dans ce vin encore austre mais fin. 15,5/20

Prix conso: 12 euros

Cossetto, Teran 2009

Robe assez intense mais nez pas très net. Le boisé est excessif et donne un aspect caramel aux saveurs qui devient vite envahissant. 11/20

Prix conso: inconnu

J’espère, pour conclure, que le bon sens prévaudra dans cette affaire qui est aussi lamentable et dérisoire que tous les autres du même genre (Alsace, Picpoul et compagnie en France, par exemple). Hervé Lalau l’a bien dit: « Les cépages sont à tout le monde ».

David

24 réflexions sur “A bas le protectionnisme des cépages: le cas du teran

  1. Paterioticus

    Une autre chose à interdire dans l’UE, ce sont tous ces expat. contestataires qui empêchent les « gens du cru », ceux qui ont « bien les pieds dans leur terroir » de continuer leur train-train, d’aide en subside et de député en conseiller général. Qu’on boute dehors ces fumiers d’Angliches, ces cons de Belges, ces enfoirés de pieds noirs … et je ne parle ni des matafs, ni des blackos, ni des youps. Bon, pour les Polaks, faut voir …
    Signé: padresanctus de la dixième internationale

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  2. Hervé Lalau

    Dernière minute: les travaux du professeur Galet-Roulé ont permis de retracer l’origine du Teran: il s’agit d’une variante de notre fameux Terret Bourré! En vertu de quoi les industriels du Vermouth exigent l’arrachage de tous les vignes de teran de toutes les zones extérieures au Languedoc.

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    1. Pour en revenir à la législation concernant l’utilisation du Riesling, Sylvaner, Gewurztraminer, Savagnin, Trousseau, Poulsard, Altesse, Aligoté, Clairette, je voudrais donner mon point de vue en désaccord avec mes camarades, du moins ceux qui prennent la peine de signer leurs commentaires. Hormis le dernier cépage mentionné (Clairette) qui existe déjà au sein de plusieurs appellations (Clairette de Die, Clairette de Bellegarde, Clairette du Languedoc) protégées, je suis d’accord pour dire qu’en France et en France uniquement – des cépages clairement associés et identifiés à une AOP devraient pouvoir être exclusivement réservés à ce secteur de production. Il faut se mettre à la place des Alsaciens, par exemple. Ceux-ci ne sont en aucun cas sectaires comme on voudrait le faire croire puisqu’ils acceptent qu’il puisse y avoir du Riesling (entre autres) ailleurs qu’en France. Je dirais même qu’ils sont plutôt ouverts et modernistes. Leur appellation étant toujours liée au cépage, et ce depuis des lustres, je ne peux que les comprendre – comme Picpoul de Pinet (si je puis me permettre de relayer mon article récent sur ce sujet) – car Riesling d’Alsace pourrait s’apparenter dans ce cas à une marque appartenant à un groupe de personnes (vignerons) qu’il convient de défendre comme le haricot Tarbais, l’huître de Marennes ou la Carotte de Coutances … Soit, c’est une forme de protectionnisme. Et alors ? Où est le mal puisque le Riesling est autorisé partout ailleurs dans le monde ?
      Mais je sais que mon explication ne tiendra pas face à vos arguments quelque peu mondialistes.
      Je voudrais pourtant émettre un doute. Même si je n’en ai pas la preuve formelle, il me semble que ces cépages sont autorisés en France. Pour preuve l’article de l’Alsace qui, tout en « triomphalisant, » dit que le décret de 2012 est un « projet ». A-t-il été signé ? Je n’en ai toujours pas la preuve formelle. Auquel cas, ce débat serait obsolète puisqu’il prouverait que l’état est moins con qu’on ne le dit…

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      1. Michel, je ne me considère pas comme mondialiste (au sens de « je ne suis de nulle part ») , et je suis un ardent défenseur des vins d’Alsace. Mais « leurs » cépages ne leur appartiennent pas. D’ailleurs, tu sais sans doute que le vignoble alsacien a été profondément remanié après le phylloxéra, pendant la période allemande.
        Plus globalement, je pense que personne ne gagne à ce genre de protectionnisme – l’important, ce n’est pas la matière première, la variété, mais ce qu’on en fait. Et le riesling se prête à bien des choses. L’Alsace en a de très beaux, mais aucun qui ressemblent à certains que l’on trouve en Moselle ou en Rheingau – genre 10° d’alcool, un peu de résiduel et pourtant tranchant, délicats, raffinés comme peu de vins savent l’être. Et puis j’ai aussi goûté un superbe riesling chez Klein Constantia, au Cap. Qui, parmi les amoureux du vin, pourrait vouloir que ce genre de produits n’existe plus?
        Tu dis que l’Alsace « accepte » qu’il puisse y avoir du riesling ailleurs qu’en France – elle n’a pas le choix, à l’extrême, elle devrait plutôt remercier les Allemands de n’avoir jamais songé à faire ce que les Slovènes veulent faire avec le Teran!

        Autre exemple, autre cépage: on fait de superbes chardonnays à Limoux – ce n’est pourtant pas un cépage languedocien au départ, et si les Bourguignons avaient raisonné comme les Alsaciens, il n’y aurait ni Toques et Clochers, ni Crémants de Limoux à base Chardonnay.

        Hervé

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  3. mauss

    Si on peut comprendre facilement une opprobre portée sur ces exclusivités qui paraissent pénalisantes et injustes, il serait bon avant tout de mettre deux colonnes sur une page blanche et de lister les avantages et inconvénients d’une telle situation. Où je rejoins le commentaire du beau ténébreux.
    Quels types de vins aurions nous si en bordelais on avait planté du riesling ? Quel type de cabernet aurions nous appris à aimer (?) si l’Alsace avait eu le droit d’en planter ? A tout le moins, cette sélectivité mise en place par nos anciens a permis un développement de styles de vins qu’on aurait probablement pas eu autrement.
    Bref : il manque ici sur ce sujet quelque argument justifiant une certaine règle de plantation.

    Et pourtant, en lisant les archives de Guiraud, au début du XXème siècle, il y avait sur ce sauternes une proportion sensible de cépages alsaciens ! Oui, oui : demandez à Xavier Planty !

    Comme quoi, rien de simple.

    Quelque part, il y a quand même des cépages qui sont devenus des références incontournables : un seul exemple : personne sur cette terre ne pourra produire des pinots noirs ayant la même finesse et grâce que ceux des meilleures propriétés en côte de nuits. Et dieu sait que les vins allemands de Huber ou Wassmer sont pourtant de très belles réussites en la matière.

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    1. Ravi de voir que François me suit sur ce terrain. J’ajoute à l’attention de mon ami Hervé que le Chardonnay à Limoux, on n’en a rien à secouer dans la mesure ou le chenin nous convenait et où nos vieilles vignes de Mauzac suffisaient à condition d’en replanter… Si, dès que l’on a des bulles il suffit de rajouter du Chardonnay pour être heureux ou pour faire plaisir aux portefeuilles des adhérents de la cave, où va-t-on ? On a d’excellentes Blanquettes de pur Mauzac qui suffisent à mon bonheur et au tien, je suppose !

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  4. Hervé Lalau

    M. Mauss
    Les AOC ont figé une « tradition » à un moment donné, mais cette tradition était parfois très jeune. Quand, en 1855, on classe des Médoc, il faut savoir que 120 ans plutôt, le Médoc était encore un marais. De même, en 1930, on demande aux gens de Corbin s’ils préfèrent être Saint Emilion ou Pomerol… Le sacro-saint terroir a parfois bon dos…

    Vous aurez noté aussi qu’avant 1960, il n’y avait pas de syrah en Languedoc.

    A titre personnel, je peux comprendre que des vignerons, sur une zone d’appellation, décident de prôner un certain type de vin, et donc de limiter le nombre de cépages, ne serait-ce que pour que le vin soit mieux identifié. On notera tout de même, à titre d’exemple, que Figeac n’a pas tout à fait le type Saint Emilionnais, on peut énormément modifier le type d’un vin en jouant sur les proportions de cépages autorisés.

    Là où je décroche, c’est quand ces mêmes vignerons veulent interdire à tout autre qu’eux l’usage du nom de cépage parce que, un peu par hasard, il figure en grand sur leurs étiquettes. A ce titre, l’Alsace a longtemps fait figure d’exception dans le paysage français, puisque (héritage allemand) elle mettait ses cépages en grand sur l’étiquette principale (ce que l’INAO refusait aux autres).
    Personnellement, pas plus que je ne confonds Touraine Sauvignon AOC avec un Vin de France Sauvignon, je ne vois pas pourquoi je confondrais un Alsace AOC Riesling avec un Vin de France Riesling (qui aujourd’hui ne peut exister).
    Les consommateurs n’ont pas tous un QI de poisson rouge!
    On veut faire passer pour de la protection du consommateur une distorsion de concurrence: c’est juste que les Alsaciens n’ont pas envie qu’on les concurrence avec leurs cépages – ils savent bien qu’en France, les vins étrangers ne comptent pas, alors l’Allemagne ou l’Australie ne les gêne pas.
    Je pense que c’est de bonne guerre de leur part. Je trouve juste que le niveau supérieur, le comité national de l’INAO, les pouvoirs publics, l’Europe, ne devraient pas leur donner raison.
    Et cela n’a rien à voir avec la typicité.

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  5. Luc Charlier (pour Padresanctus)

    @Mauss, mais les autres peuvent lire aussi.
    Vous écrivez : « Quelque part, il y a quand même des cépages qui sont devenus des références incontournables : un seul exemple : personne sur cette terre ne pourra produire des pinots noirs ayant la même finesse et grâce que ceux des meilleures propriétés en côte de nuits. »
    Sur le fond, je ne songe nullement à vous contredire – ce n’est pas mon jeu favori même si j’ai souvent un avis différent du vôtre. Mais il ne sert à rien de discuter quand on est d’accord, cela ne fait pas avancer le schmilblic et ressemble à beaucoup de blogs britanniques où tout le monde s’envoie des fleurs réciproques.
    Mais à aucun autre endroit TEMPERE du monde, il n’y a autant d’hectares de pinoir noir planté. Et en Bourgogne (voire en CDN toute seule), il y a surtout du pinot noir manquant de la finesse et de l’élégance que vous citez, à juste titre, comme ses qualités principales.
    Si l’Oregon, l’état de New York, le Bas-Rhin, la Styrie et la Slovénie, le Frioule, le Valais, les Savoie … se mettaient à planter sur de beaux coteaux du pinot noir, je crois qu’on pourrait avoir des surprises. Peut-être même à Cornas ou en Hermitage ?
    OK, ils ne le font pas pour l’instant et tant pis pour eux, et tant mieux pour les négociants bourguignons.
    A l’inverse, du riesling en Andalousie ou chez moi, bof, qui y pense ?
    Je sais que Colmar a – presque – autant d’heures de soleil que Perpi, mais pas le degré Celsius ! Et le degré Oechsle s’obtient souvent par les raffineries de sucre.

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    1. Timeisrunningout

      Grrr. J’ai trois ans de retard mais je lis négociants bourguignons…. et cela me choque !
      1) vous n’avez pas dû boire les bons bourgogne. J’ai des dizaines de très bons exemples de vins pleins de finesse.
      2) votre phrase laisse à penser que les négociants ont pignon sur rue en Bourgogne. Ce qui est faux, et quand bien même, pour la plupart, les négociants ont axé leurs vins vers une meilleure qualité, même si des « affaires » sortent encore trop souvent.

      Donc pour revenir au sujet d’origine, je ne suis pas choqué de voir du pinot noir ailleurs que chez moi, et au contraire, j’apprécie de pouvoir comparer, sans chercher à classer.
      A ce titre, je viens ce jours même d’acquérir des flacons slovènes de ce cépage. Et ce avant d’aller voir un de ces cousins qu’est le nebbiolo.

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  6. mauss

    D’abord, est ce que légalement une région peut interdire à une autre de planter ce qu’elle veut ? D’après quelle loi sinon les règlements mis en place par l’INAO qui est un organisme centralisateur. Peut-être me trompe-je : mais si un vigneron veut planter du riesling en languedoc, il me semble qu’il a le droit de le faire à condition, naturellement, de ne revendiquer strictement aucune appellation et s’appeler simplement « vin de table » ? Est-ce vrai ou faux ? Si c’est vrai, c’est effectivement une sacrée tâche pour ce vigneron de valoriser sur le marché un simple « vin de table ». mais c’est pourtant bien la procédure qu’a appliqué la zone maintenant sous DOCG, de Bolgheri avec les fameux « super-toscans ».
    J’avoue une méconnaissance totale des lois en la matière, mais on va vite me remettre sur les rails… avec un merci d’avance !

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  7. David Cobbold

    Je suis bien d’accord avec Luc à propos du PInot Noir. J’an ai dégusté de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Oregon, de l’Afrique du Sud, de la Californie (ceux de Jim Clendenden) ou de la Nouvelle Zélande qui, bien qu’issus de vignes encore considérés comme « jeunes » sont meilleurs que beaucoup de vins que je déguste de la Côte de Nuits.
    Ensuite L’INAO a bel et bien fait arracher des plantations de Jean-Louis Denois en Riesling et Gewurztraminer au-dessus de Limoux, bien que ces vins étaient déclarés vin de pays (la catégorie Vin de France n’existait pas encore). Comment peut-on comprendre cal autrement que par une forme directe de protectionnisme ? Je suis aussi d’accord que l’identité d’une région vu par le truchement des cépages est à géométrie assez variable dans le temps. Avant le phylloxera, puis les lois sur les appellations, le tableau état très différent. Puis regardez le cas, un peu différent mais qui relève de la même mentalité minimaliste et petit bras, des Baux et Trévallon à propos de la part de cabernet sauvignon autorisé. Ils ont réussi à pousser le meilleur producteur de leur région en dehors de l’appellation, bien que Dr. Guyot avant recommandé le cabernet dans cette zone, qui n’avait alors pas d’identité, au 19ème siècle .

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  8. mauss

    L’histoire de ce Monsieur Denois me semble bizarre. En effet, de quel droit interdire à quelqu’un d’entreprendre s’il n’utilise pas les « avantages » d’une AOC ou autre dénomination ? Dans l’esprit libéral de Bruxelles, j’imagine que la Cour de Luxembourg s’opposerait à une telle interdiction, non ?
    Bien sûr David qu’il y a des pinots noirs de toute beauté en Allemagne (on l’a écrit), en Suisse, en Oregon et ailleurs. Mais quand tu demandes à ces producteurs ce qu’ils pensent des Mugnier, Roumier, DRC, Lalou-Bize, Rousseau : écoute leur réponse 🙂
    Le grand malheur de la Bourgogne, effectivement, est qu’il y a un tas de sagouins qui ne font que profiter de la région, de son nom. Nous le savons tous.

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  9. Les malheurs de JL Denois avec ses plantations « illégales » à l’époque, remontent à plusieurs années, peut-être même plus de 10 ans. En revanche, je connais quelqu’un qui, en Languedoc, a pu, il y a longtemps aussi, planter un hectare de Zinfandel en toute légalité au titre de « l’expérimentation ». Ce cépage donne un vin (de France) commercialisé légalement.
    Sauf avis contraire, je maintiens que le loi a changé et qu’il est possible de planter tout ce que l’on veut en Languedoc dans la catégorie Vin de France et même au sein de certaines IGP, le Tempranillo, par exemple. Je connais un autre vigneron qui a planté sans difficultés du Touriga Nacional, non loin de Carcassonne. En conséquence, merci de nous montrer le texte de loi récent qui interdirait, selon vous, de telles pratiques.

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  10. Hervé Lalau

    Michel, selon le Décret du 4 mai 2012, article 3, « l’étiquetage d’un vin ne bénéficiant pas d’une appellation d’origine protégée ou d’une indication géographique protégée peut être complété par un ou plusieurs noms de cépages, à l’exception des noms de cépage suivants : Aligoté, Altesse, Clairette, Gewurztraminer, Gringet, Jacquère, Mondeuse, Persan, Poulsard, Riesling, Savagnin, Sylvaner et Trousseau.
    Dans l’étiquetage d’un vin bénéficiant d’une appellation d’origine protégée ou d’une indication géographique protégée, les noms de plusieurs cépages peuvent figurer, sous réserve que chacun de ces cépages représente plus de 15 % de l’assemblage du vin ».

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=25981318EAB8B3589BEA5636412BF880.tpdjo11v_3?cidTexte=JORFTEXT000025804057&dateTexte=29990101

    Tu vois, c’est clair, officiel, réglementé: en vin de France, il n’y a pas possibilité d’employer le nom de riesling. On pourrait éventuellement en mettre dans la bouteille, mais sans le dire. Même un Alsacien qui aurait perdu l’AOC ne pourrait mettre le nom de son cépage. C’est d’ailleurs peut-être une des craintes de l’interpro: que des producteurs quittent l’AOC, ne paient plus leurs cotisations, augmentent leurs rendements et vendent leur Riesling moins cher et sans le nom d’Alsace….

    Franchement, est-ce qu’un règlement pareil aide le consommateur? Nos responsables pensent-ils qu’il est trop bête pour lire une étiquette? A quoi riment les lettres AOC, alors?

    Surtout, pourquoi nous mettons nous des barrières dans une catégorie, la plus simple, la plus basique, qui est censée nous aider à concurrencer les vins du nouveau monde? Pendant qu’on s’interdit de faire du Vin de France Riesling, à petit prix, sous prétexte de protéger les Alsaciens, l’Australie en vend aux Anglais. Et les Alsaciens n’en vendent pas plus aux Anglais pour autant. Cette loi aide nos concurrents plutôt que nos propres vignerons.

    Bien sûr, en IGP et en AOC, selon ce texte, c’est théoriquement possible de mettre riesling sur l’étiquette – à condition que le cépage soit accepté dans l’encépagement. Mais à l’exception de l’AOC Moselle, je ne pense pas que ça existe. Et tu sais comme moi que c’est très difficile de faire ajouter un nouveau cépage dans une AOC, il y a un marchandage avec les autres AOC, un arbitrage au conseil national l’INAO, et donc, l’Alsace a son mot a dire. Tu vois, tout est bien verrouillé.

    C’est désespérant.

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    1. C’est effectivement le cas, Hervé. Dont acte.
      Pardon d’avoir insisté, mais je ne trouvais pas le texte.
      Reste le cas bizarre de la Clairette, mais bon, c’est un autre débat peut-être.
      Reste aussi ue les cépages concernés ne sont pas interdits de plantation, mais interdits de mentions. Affaire à suivre.

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  11. mauss

    Monsieur Lalau : votre citation est strictement limitée aux vins d’appellation ou d’IGP. Mais il y a quand même des vins qui ne sont ni AOC ni IGP ou là encore, je me trompe ? Ou alors toute la France vigneronne est une IGP ????

    C’est spécieux, je vous l’accorde, mais la loi en français semble claire : cette interdiction que vous citez est limitée aux AOC et IGP. Donc, par définition, pas ailleurs;

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  12. Hervé Lalau

    Non, M. Mauss, c’est de la langue administrative, il faut s’accrocher. Le décret ne parle que des vins ne bénéficiant pas d’une AOC ou d’une IGP (et cela veut dire en clair, Vin de France, car il n’y a pas d’autre catégorie)… Il précise que pour eux, la mention du cépage est possible (transcription de la nouvelle règle européenne qui veut que l’on puisse mentionner cépage et millésime sur les vins sans appellation aussi). Mais il y a des exceptions (c’est sans doute l’exception culturelle française), parmi lesquelles les cépages alsaciens, jurassiens, savoyards et pour une raison que j’ignore, l’aligoté.

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    1. Il me semble en plus que cela semble aller contre les directives européennes… Si j’avais les moyens je prendrais un bon avocat. Les autres pays européens doivent avoir le droit de mentionner ces cépages et pas nous ? C’est de la discrimination !

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  13. David Cobbold

    Oui Michel, je suis d’accord que c’est un cas de discrimination. Ce qui est autorisée par l’Europe est interdite en France. Encore une exception française ?

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  14. Michel JEAN

    Bonjour, je me souviens de vieux vignerons, « St Christol/ Ales »Gard, qui dans les vignes cultivaient jusqu’à vingt ou trente cépages différents: des blancs, des rouges, et même la délicieuse Clairette rose et grise (Les vendanges nous les attendions avec joie !!!) A présent … C’est quasiment partout pareil. Des cépages tous identiques comme cela se trouve en Champagne, bien que certains vignerons champenois ont dans leur vignes de petits trésors encore biens vivants.

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