Jamie Goode, Corelli et la petite musique du terroir

Sur le site de Jamie Goode, (vous savez, Monsieur « 90% des vins sont de la M…« ), on trouve quelques belles lignes sur la notion de terroir – comme quoi on ne doit jamais réduire un homme à une seule citation.

Jamie était alors en visite en Nouvelle-Zélande, mais je crois que sa formule s’applique à la plupart des vins.

Le critique anglais utilise une allégorie que je qualifierai de « musicale ». Voici ce qu’il écrit: « I see the terroir as being the interpretation of a vineyard site by the winegrower, evident in the wine. It involves decisions about what to plant, how to plant it, and then how to make the resulting wine. Skill is needed if the terroir is to be captured well. Terroir, which can only be manifest in the glass, is the result of a partnership between winegrower and site. It is up to the winegrower to make a skilful and authentic interpretation of the patch of land. »

Cette fois, je suis assez d’accord avec lui. Rien ne sort jamais tout seul du sol.

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Non, ce n’est pas Jamie Goode, mais Archangelo Corelli (écoutez ICI)

L’« interprétation », c’est aussi la personnalité du vigneron, sa façon de se présenter au travers du vin, ses attentes, ses espoirs. Il s’efforce de traduire un potentiel, et il tente de faire passer son message sans trop connaître ceux qui vont le recevoir, il y a donc énormément d’aléatoire dans tout ça. Pourquoi certains concerts donnent lieu à des ovations, et d’autres sont des bides complets?

Pourquoi est-ce que je saisis mieux d’emblée Corelli que Boulez?

Pourquoi est-ce que je vais plus facilement vers les vins de Franken plutôt que vers ceux de Rheinhessen, vers ceux de Cornas plutôt que vers ceux de Bolgheri?

Pourquoi Guadet plutôt que Cadet (bêêh). Quelle est la petite musique du terroir qui m’attire ou me repousse tour à tour? Quelle est la patte du vigneron, aussi, son coup d’archet?

Il y a du mystère dans tout ça, et moi, mélomane et indécrottable rêveur que je suis, j’adore…

Hervé

6 réflexions sur “Jamie Goode, Corelli et la petite musique du terroir

  1. Louis Barruol

    Hervé, si vous arrivez à expliquer pourquoi tous les anglais (ou presque) aiment le Marmite, vous aurez fait la moitié du chemin !

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    1. Louis, je ne sais pas si ça s’explique. Ca se vit. Ca s’apprend tout petit. J’ai eu beau séjourner régulièrement outre-Manche entre mes 12 ans et mes 18 ans, je n’ai jamais pu m’y faire. Mais il paraît que les cuisses de grenouilles, pour eux, c’est pareil.
      Avouons que ce sont quand même nos meilleurs ennemis, depuis Azincourt jusqu’à Mers El Kébir en passant par Trafalgar ou Waterloo – et je ne parle pas des critiques de vin… ;-)))

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  2. georgestruc

    Étonnante, cette citation, frappée au coin du bon sens et de l’observation de ce qui se passe entre le vigneron et sa terre, installée sur un terroir donné. Ah ! combien la simple observation des choses, l’observation naturaliste, manque à de nombreux auteurs qui écrivent sur les terroirs, et racontent souvent n’importe quoi ! Qui plus est, n’ont jamais participé à la conduite d’une vigne, ne connaissent pas le travail vigneron et ne possèdent que des connaissances livresques, voire « bloguesques », sur ces sujets. Il faut s’y mettre, les gars d’Albion, se faire employer comme journalier en plein hiver pour tailler, s’investir dans une campagne de vinification, se rougir les mains, devenir ivre… de manque de sommeil afin de bien surveiller les fermentations, etc…etc… Après, on discutera.

    Très bien Hervé, votre intervention ; merci !

    Georges TRUC

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