Un amour d’Amouriers

Il y a des vins qui incitent à l’introspection, à la méditation. Arbitrairement, je rangerai dans cette catégorie quelques grands Médocs des familles.

Il y aussi des vins qui incitent à l’amour.

Comme ce Vacqueras du Domaine des Amouriers 2010, cuvée Signature, qui me ramène sa fraise, ses épices douces et sa pâte d’olives, au moment même où j’écris ces lignes. Oui, je vous décris la chose en direct, le verre posé devant moi, une lampée du vin dans la gorge; c’est la magie du blog et de l’interactivité – je vous dispense de la video, ce serait contreproductif.

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En bouche, ce qui séduit, c’est la fraîcheur. La puissance n’est rien sans la vivacité, l’impulsion, l’explosivité, le premier sportif vous le dira; ici, on a les deux. Et la longueur, en plus.

Olivier Poussier me disait la semaine dernière à quel point les vins du Rhône avaient progressé ces dernières années; à quel point ils pouvaient allier accessibilité fruité dans la jeunesse et complexité, capacité de belle évolution dans le temps. Je pense que ce vin  illustre assez bien son propos.

Sans surprise, cette cuvée assemble grenache, syrah et carignan.

Quant au domaine, eh bien, je ne le connaissais pas.

Un rapide coup d’oeil sur le Net m’a permis de découvrir qu’il se niche à Sarrians et qu’il est exploité en agriculture bio. Et que son nom ne doit guère à Vénus, mais plutôt aux mûriers, dont c’est le petit nom en provençal.

Ayant un faible pour le Vaucluse, où j’ai passé une partie de mes jeunes années, j’aimerais pouvoir dire que je connais Vacqueyras comme ma poche. Il n’est est rien. Il a fallu que ce sacré Marc me donne cette bouteille pour que je vous en parle.

Les surprises, ça peut parfois avoir du bon. J’espère ne pas avoir gâché la vôtre, si vous tombez un jour sur une bouteille de ce nectar. Avec un peu de chance, ce ne sera pas la même cuvée, ou le même millésime… Et puis, ce sera votre palais, votre plaisir, vos amours…

Hervé

4 réflexions sur “Un amour d’Amouriers

  1. Ce vin-là, je l’ai découvert au beau milieu de la Foire d’Orange dans les années 80, tout à fait par hasard, et dans un millésime médiocre en plus (1987, je crois) et je me souviens encore de son auteur, Jocelyn Chudzikiewicz, décédé trop tôt comme on dit dans un accident de moto. C’était un homme charmant et enthousiaste mais aussi plein de modestie et de clairvoyance qui a eu le nez de ne pas céder au tout syrah et de protéger ses vieux grenaches et carignans. Amouriers, veut dire mûriers en provençal. Il avait la trempe des meilleurs châto 9 ! Moi aussi, j’aimerais bien grappiller quelques bouteilles…

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  2. georgestruc

    Heureux de votre découverte, Hervé. L’AOP cru Vacqueyras s’étend sur une partie de la commune de Sarrians, plus particulièrement la terrasse quaternaire ancienne appelée « des Garrigues » sur laquelle plusieurs domaines possèdent quelquefois l’essentiel de leurs superficies. De très belles vignes occupent cet vaste espace ensoleillé et venté. Un étude des terroirs est en cours de réalisation sur la totalité du territoire de l’AOP et je peux vous dire que l’on découvre de jolis profils aussi bien sur la terrasse qu’en d’autres lieux. Et des vins non moins séduisants. Tout sera terminé en fin d’année. Le bilan devrait être intéressant et conduire à des dégustations associées terroirs/vins . Au plaisir, donc, de vous y convier.
    Bonne journée

    Georges

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  3. Luc Charlier

    Pourquoi Vacqueyras avait obtenu une AOC propre , à l’époque, et Rasteau ou Cairanne pas, restera un mystère pour moi. Mais, comme le dit André Dominé : « La France est le dernier pays de l’UE qui n’ait pas encore connu la Révolution Française ». On y avait notamment planté du mourvèdre – que j’adore, fana de Bandol comme je le suis – sur des pentes à l’ombre encore en friche auparavant et autres joyeusetés … Mais, il y a dans cette commune de vrais joyaux et les Amouriers en est un. Je ne parle pas de cette bouteille en particulier, que je n’ai pas goûtée, mais de tout ce que j’avais eu la chande de boire d’eux depuis 10-15 ans.
    Et 100.000 fois d’accord avec le commentaire du Forgeron.

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    1. georgestruc

      L’obtention de cette AOC locale se fait sur la base de l’élaboration d’un dossier relativement lourd, soumis à l’INAO sous forme d’une demande. À partir de là, nomination d’une commission d’enquête chargée de gérer une opération de délimitation effectuée par une commission d’experts, sous l’égide de l’INAO. Cela demande du temps… et un solide argumentaire.

      Il n’y pas de mystère : Vacqueyras a monté son dossier de demande il y plusieurs années (passage en cru en 1990), ensuite Beaumes de Venise pour ses vins rouges hors VDN (passage en 2005), Vinsobres (en 2006), Rasteau plus tard (passage en 2009) et Cairanne l’a initié seulement depuis 2 ans. Pour Cairanne : réponse et délimitation définitive + cahier des charges sont attendus cet Automne.

      Ce n’est pas un organisme comme l’INAO qui décide, un jour, d’accorder une AOC village avec non de village ou locale (cru) : non seulement il est nécessaire que le syndicat local le demande mais encore faut-il qu’il soit persuadé de réaliser une opération profitable, ce qui est loin d’être évident. On voit que le consensus local doit se matérialiser, et cela, vous pouvez me croire, demande quelquefois beaucoup de temps…

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