#Carignan Story # 191 : Maris, premier grand cru ?

Retour en arrière, au numéro 40 de cette désormais longue série, un numéro où j’évoquais une cuvée très Carignan de Robert Eden du Château Maris. Il s’agissait du 2008 « Continuité de Nature », un Minervois-la-Livinière plein de promesses. Dans les commentaires qui suivaient cet article, notre ami David Cobbold me faisait remarquer ceci : « Pour le Carignan, je te fais entièrement confiance, et c’est quand-même l’essentiel. Quant à la supériorité de l’appellation Minervois La Lavinière sur celle de Minervois, je ne l’ai jamais constaté. Cela dépend, comme toujours, du producteur en question. » Navré d’avoir à le dire aussi net, mais je reste assez d’accord avec lui, même si disserter sur l’appellation n’est pas véritablement le but de cet article.

Robert Eden, défenseur de la biodynamie et du Carignan à La Livinière. Photo©DR
Robert Eden, défenseur de la biodynamie et du Carignan à La Livinière. Photo©DR

L’autre jour, j’ai eu l’occasion en rendant visite « à La Liv », comme on dit chez Benji (Benjamin Darnault), vigneron auquel j’ai consacré mon article de  Dimanche dernier, d’être de nouveau confronté à la fois à l’appellation « de cru » Minervois-La-Livinière et au Carignan de Maris. Benji, qui travaille pour Robert Eden, m’a fait goûter, en plus de sa cuvée Boulevard Napoléon, la dernière version de ce quasi pur Carignan (10 % de Grenache noir) du Château Maris, un 2010 cuvée « Continuité de Nature ».

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

La bouteille présentait une étiquette qui m’est apparue comme rare, voire probablement unique et même, pour tout vous dire, audacieuse. Figurez-vous, en effet, qu’en dessous de la mention de l’appellation Minervois-La-Livinière, figurait en assez gros caractères, la surprenante mention « Cru Classé du Languedoc » (voir la photo ci-dessus), reprenant ainsi une idée que je fus le premier à mettre en avant – fort naïvement d’ailleurs, j’en conviens, mais j’étais fier alors d’afficher mon amour pour le Languedoc-Roussillon -, dans un article de la Revue du Vin de France paru en Mai 1988. Bon, je sais que cette mention incongrue « Cru Classé » fait aujourd’hui partie des marottes de nos dirigeants viticoles du Languedoc, mais de la voir ainsi affichée aussi ouvertement me dérange un peu.

Première tentative de classement des vins du Languedoc-Roussillon en 1988. Photo©MichelSmith
Première tentative de classement des vins du Languedoc-Roussillon en 1988. Photo©MichelSmith

Pour en revenir à l’article de la RVF, je me souviens même m’être bataillé avec Chantal Lecouty, la rédactrice-en-chef de l’époque, pour pouvoir utiliser le qualificatif de « grand » dans le titre. Elle l’a refusé, à juste titre, préférant utiliser le mot « meilleur ». Lancée à la hâte début 1988, cette dégustation n’est plus vraiment représentative, sauf pour signaler que le Château Les Palais, qui arrivait en tête, avait quand même plus de 50% de Carignan, le reste de l’assemblage étant surtout marqué par le Grenache. Lors de cette confrontation qui, je le répète, n’a plus aucune valeur autre qu’anecdotique, le premier Minervois (3ème position) était le Château de Fabas, domaine un peu oublié de nos jours. Pour une raison que j’ignore, le Minervois de Jacques Maris n’avait pas accédé à la finale… Peut-être n’était-il pas en mesure de nous fournir les millésimes demandés… Or, je dois dire que le très élégant Château Maris 2010 que j’ai goûté cet été aurait sa place de nos jours sinon sur le podium des grands vins du Languedoc-Roussillon, au moins dans les dix premiers. Il se buvait sans se faire prier et se présentait merveilleusement étiré, corsé à point, et pour couronner le tout, particulièrement long en bouche.

Photo©MichelSmith
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Vigne plantée en 1922, raisins récoltés sur le tard, le 10 Octobre 2010 pour être précis, vinifié en foudre puis élevé en barriques sur 18 mois, le vin n’est pas donné puisqu’il se commercialise autour de 20 € le flacon. Faut dire que non content de se consacrer « Cru Classé du Languedoc », Robert Eden ne se gêne pas pour mettre en exergue sur la page de couverture de son site web une phrase tirée d’un article du Wine Spectator où il est mentionné comme étant un des « apôtres biodynamiques » du Languedoc. Rien que ça doit justifier le prix !

Michel Smith

9 réflexions sur “#Carignan Story # 191 : Maris, premier grand cru ?

  1. Alain Drillat

    Château Les Palais, Fabas et autre Maris, des noms qui résonnent avec un fond de nostalgie à mes oreilles… C’est par ces vins et quelques autres (La Voulte-Gasparet, Lastours et autres Fitou des caves de Fitou et de Villeneuve les Corbières) que j’ai commencé mon « éducation » en matière de vins rouges. Cela remonte à la fin des années 80, d’où la nostalgie. Avant je ne savais pas que le vin rouge pouvait être bon… La cuvée Randolin du ch Les Palais était pas loin d’être mon rouge préféré. Il doit d’ailleurs me rester un 89. Quand à Fabas j’aimais aussi beaucoup leur blanc.

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  2. Alain Drillat

    Please, help ! C’est que je suis un béotien en cuisine : babas / savarin au rhum et accompagné de VDN rouge ? ou il faut remplacer le rhum par ton VDN ? ou remplacer le rhum par autre chose ?

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    1. Alain, je ne suis pas un crack de la cuisine mais j’aime tester différents horizons. Le VDN rouge sublime un bon baba au rhum léger et mieux encore, quand le sirop est préparé avec le VDN rouge lui-même en substitution du rhum.

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