L’illusion du naturel

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Dans son dernier numéro (49), la revue suisse Vinifera, qui est produit par Jacques Perrin, consacre un dossier d’une douzaine de pages à un sujet qu’il intitule « Le rêve du vin naturel », sous-titré « La guerre du vrai goût ». Pour éclairer son dossier, et pour suivre son introduction qui fait une excellente analyse de ce phénomène de la micro-société du vin qui est le mouvent dit « vin naturel »,  Perrin a invité plusieurs professionnels du vin, journalistes et vignerons, à répondre à deux questions :

1). « On parle beaucoup aujourd’hui de vins naturels, de vins vivants, de vins sans soufre, de vins sans soufre ajouté, etc. Ce débat tourne la plupart du temps au pugilat verbal et aux attaques personnelles. A votre avis, pourquoi ce sujet suscite-t-il autant de passion ? Pouvez-vous définir en quelques lignes votre approche du sujet ? » 

2). « Depuis février 2012, le législateur européen a adopté le projet de label « vin bio » qui certifie également les vinifications en plus de la culture des raisins. Que pensez-vous de cette évolution ? Le consommateur va-t-il gagner ? Et le vigneron ? »

Ont répondu à ces deux questions ; Stephane Derenoncourt, François Mitjavile, André Ostertag, Vincent Pousson, Jacky Rigaux, et votre serviteur. Michel Bettane a également contribué un article plus long et bien étayé. Je ne vais guère sur Facebook, mais, puisque j’y suis inscrit, je reçois des notifications qui m’indiquent que le petit monde des fervents des vins « sans soufre etc » réagit, pas toujours avec finesse et pas nécessairement ayant lu le dossier. Je vais donc vous présenter, ci-dessous, mes réponses à ces deux questions, telles qu’elles ont été publié dans Vinifera, mais aussi quelques extraits des réponses de mes collègues et des remarques supplémentaires.

1). Le sujet autour du vin dit « naturel »

Ce sujet est flou, paradoxal et parfois polémique parce qu’il n’existe aucune définition de l’expression « vin naturel ». « Sans soufre rajouté » serait plus claire. « Sans soufre » serait, en revanche, mensonger car tous les vins contiennent du soufre étant donné que cette substance est présente dans le raisin et produite aussi en cours de sa fermentation. D’ailleurs 0,5% de la croûte terrestre et fait de soufre : c’est donc un produit « naturel » !

Un autre problème (d’ordre philosophique) inhérent à ce débat, souvent trop manichéen je vous l’accorde, est l’acception donnée du terme naturel. Pour les défenseurs du vin « naturel », la nature est nécessairement « bonne ». Pour moi, cette approche, que je qualifierais de rousseauiste, est naïve et erronée. La nature d’est pas d’ordre moral. Elle est, point ! Elle est donc amorale. Pour vérifier ce point de vue parachutez des défenseurs de la thèse de la « bonne » nature dans la jungle (amazonienne ou autre) sans kit de survie et allez récolter l’avis des survivants éventuels deux jours plus tard sur la nature et sa supposée bonté !

Une troisième source de confusion a ses origines dans le premier point : pas de définition du terme, donc des grandes variations dans le terrain couvert. Sans soufre rajouté ou peu de soufre rajouté ? « Bio » ou pas « bio » ? Levures indigènes ou cultivés ? Vinification soignée et attentive ou laissez-faire ? Tout cela manque singulièrement de clarté.

Il fait rajouter que le contexte socio-communautaire qui entoure ce type de vins (ou ceux qui se désignent par ce terme très flou) a tendance à rendre encore moins claires nos perceptions. L’engouement actuel pour ces vins, de la part d’un groupe de consommateurs un peu fanatisé et un peu détaché des réalités des marchés autres que leur microcosme, ne milite guère en faveur d’un débat clair et instructif, même si cette micro tendance peut, dans certains cas, aiguiller un ensemble plus large de producteurs sur les pistes de progression pour l’avenir.

Enfin, l’absence de formation au goût, et la tendance de bon nombre de consommateurs à être suiveurs dans leurs goûts, amènent certains amateurs à prendre de sérieux défauts dans certains vins « naturels » pour des éléments de caractère bienvenues.

2). Législation européenne sur le vin bio

Pour faire très court, je pense que c’est un bonne chose, car la plupart des gens parlaient déjà de vin « bio » sans savoir que seuls les raisins pouvaient obtenir cette certification.

Mais je me méfie beaucoup des diktats et de la pensée magique. je crois, notamment, que la viticulture « bio » peut, dans de nombreux cas, être plus nocive pour la planète en terme de bilan carbone qu’une viticulture raisonnée et intelligente.   

Parmi les choses que j’ai lu de la part des mes collègues qui ont répondu aux deux mêmes questions, plusieurs remarques me semblent bien éclairer le débat autour de la première question, car tous semblent assez d’accord que le label vin bio est une bonne chose qui clarifie la situation.

Pour Stéphane Derenoncourt (qui, soit dit en passant, est connu pour son grand respect des sols et de la plante dans son travail viticole), « on assiste depuis quelques années à un engouement pour les vins dits naturel, sans soufre, en liberté, vivants, tous ces adjectifs qui tentent de donner une identité à une production compliquée, très inégale. Adjectifs que masquent souvent des produit de piètre qualité, plein de défauts (c’est pas bon mais c’est nature). Le phénomène s’est initié et se développe généralement dans les grandes villes….là ou les gens sont déconnectés avec la nature »

Je trouve ce dernier point particulièrement intéressant et j’ai pu observer la même chose. En effet, les plus ardents défenseurs de vins dits « nature » sont souvent issus des grandes villes, comme si l’absence de la nature, la vrai, créait une sorte de nostalgie un peu frénétique de tout ce qui est considéré comme « naturel ».

Derenoncourt poursuit avec une analyse des défauts les plus fréquemment trouvés dans ce type de vin (bretts, oxydation etc) et conclut ainsi :

« On peut donc définir ce mouvement comme un concept, l’expression d’une philosophie, éloignée des notions d’œnologie et d’histoire, puisque le vin n’est pas une invention de la nature, mais bien de l’homme. La destination naturelle d’un raisin fermenté, c’est le vinaigre. Pendant plus de cinq mille ans, les hommes ont cherché à stabiliser le raisins fermenté pour garder ses qualités. Les Romains y ajoutaient des plantes aromatiques pour masquer les défauts alors devenus insupportables. Le vin est né avec le soufre, qui a permis, en le stabilisant, d’affiner sont esthétique à travers la notion de l’élevage. D’un point de vie agricole, chaque praticien, paysan comme vigneron, sait à quel point la nature n’est pas gentille. Chaque initiative agricole ou viticole est en fait un combat contre ses lois. Sans doute les troubles environnementaux créent-ils des stress invitant les consommateurs à des valeurs refuges, même peu fondés »

Le rôle du soufre dans la vinification et l’élevage est assez mal connu et a mauvaise presse à cause ce certains excès (passés, sauf exception) dans son usage à la place d’un hygiène impeccable. Mais il est, en général, essentiel. Les vins « sans soufre » ne durent pas bien dans le temps (j’ai pu le vérifier lors d’une dégustation avec Marcel Lapierre dans son chai, quand sa cuvée de Morgon sans soufre, éclatante dans sa jeunesse, s’effondrait progressivement avec le temps) et voyagent très mal (ou alors il faut créer et respecter une chaîne de froid, ce que renchérit beaucoup le coût final au consommateur et limite l’accès à ces vins qui sont, du coup, des produits très élitistes).

André Ostertag garde raison et argumente subtilement sur la difficulté des acceptions et pour une position humaniste : « On voit bien là toute l’ambiguïté de ce mot naturel, sachant que la nature, elle, transforme le moût en vin et le vin en vinaigre, seule une intervention « surnaturelle » saura faire d’un vin du vin ! En l’occurrence le vin semble bien davantage le résultat d’un volonté humaine que le choix délibéré de la nature. Faut-il pour autant en conclure que le vin est un produit de culture plus que de nature et que la revendication même du mot nature dans le vin ne serait qu’un abus de langage ? « 

Vincent Pousson met le doigt sur un autre aspect de la question : « plus encore que de vin, c’est de politique dont il s’agit. Le vin sans soufre représente pour beaucoup une lutte contre l’établissement, un refus de l’agriculture traditionnelle, la manifestation d’une foi alternative, voire altermondialiste. Généralement, pour prendre un exemple français, on vote pour lui comme on voterait pour Mélenchon ou un parti d’extrême gauche. En tout cas, en ce qui concerne les penseurs, les idéologues sincères de cette mouvance. Ensuite s’appliquent les règles purement liées aux commerces et aux effets de mode de la société de consommation. »

Nous aurons donc affaire, avec les défenseurs des soi-disant vins « naturels », de citadins  un brin nostalgiques du « bon vieux temps » (mais qui ignorent ses réalités historiques), assez éloignés de la nature et ses contraintes, mais qui prennent leurs rêves pour de la réalité, tout en nourrissant une haine viscérale de tout ce qui réussit. Des bobos démagogues en quelque sorte ? Cette expression est sans doute excessive, mais le côté absolutiste, voir délirant (lire certaines remarques d’Alice Feiring pour en être convaincu)  de quelques défenseurs le rend tentante. Espérons, dans ce cas, que cette mode sera aussi éphémère que toutes les autres.

David

54 réflexions sur “L’illusion du naturel

  1. Alain Bradfer

    Cher David,
    Merci pour ce rappel à la raison. Je me souviens d’une dégustation avec Marcel Lapierre. Trois morgon: un « ni collé, ni filtré, ni sulfité » avec une contre-étiquette spécifiant que la température de conservation ne pouvait excéder 14° (Kermit Lynch, seul client à l’époque pour ce vin prenait toutes les précautions et ne le livrait qu’à des cavistes sélectionnés). Le deuxième était « ni collé, ni filtré », mais sulfité. Le troisième était filtré et sulfité. Celui qui a emporté notre adhésion (avec celle de Marcel) était le deuxième… Une leçon à méditer par les bobos qui ne ne trouvent de vertus à un vin qu’à la condition qui fleure bon la fosse septique.

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  2. Oui Alain, j’ai fait la même dégustation avec lui et elle était très instructive, et merci pour ton commentaire. Nous savons bien que le diable sent le soufre mais c’est absurde de diaboliser ce produit si utile et « naturel ».

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  3. L’illusion, certes. On a tous été confronté à des vins non soufrés repoussants.
    Mais il faut avoir l’honnêteté de dire que de grands vignerons se sont intéressés depuis plus de 20 ans au sujet, Marcel Lapierre, cité par David, mais aussi des gens plus inattendus comme Henry Marionnet, ou dans un secteur très différent puisqu’il s’agit du négoce, Gérard Bertrand. Leurs vins peuvent présenter des faiblesses dans le long terme (garde de plus de 5 ans), j’en conviens aussi. Mais pris sur le moment, il faut admettre qu’ils sont réjouissants !
    Reste que ce mouvement a eu pour effet de baisser considérablement les doses de soufre et rendre nos vins plus agréables, plus digestes, plus équilibrés.
    Reste aussi, David, que dans ton article tu abordes moins le cas des vins bio. Il me paraît indéniable, et ce ne sera pas Stéphane Derenoncourt qui me démentira, que la « mode » des vins bios est faite pour durer et que les vins tirés de l’agrobiologie comptent parmi les vins les plus excitants depuis 30 ans.

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  4. Michel, je pense que les bons vignerons ont réduits d’eux-même les doses de SO2 dans leur vins, poussés par leur propre goût, le rôle de la critique et l’intérêt des consommateurs. Je ne crois pas que le microcosme des « sans soufristes » ait eu un effet là-dessus.
    Quant au bio, je ne suis ni pour, ni contre. Ce n’est jamais la fait d’être en bio qui produit un bon vin. En revanche, on peut dire que bon nombre de vignerons qui adoptent cette approche sont également plus attentifs que la moyenne à l’ensemble du processus, de la vigne à la bouteille. Beaucoup des vins que je préfère ne sont pas dans la mouvance bio, mais tous viennent de gens qui sont très soigneux et attentif à tous ce qu’ils font.

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  5. David, thank you for this article. We need many more like it. And you have succeeded in persuading me to actually buy a wine magazine — something I haven’t done or been tempted to do in many a moon. One of my worries is that the wine staff I’ve encountered in certain restaurants « branches » know only « natural wines. » Their taste and judgement of the quality of a wine have been formed by these wines, and wines made by what we might might define as ‘classically good winemaking’ and which we might find excellent are written off as « trop technique. » Additionally, many people are introduced to wine in restaurants. So if they go, say, to Septime and drink a bottle of robustly fizzy Etna Rosso (as I have done), they’ll think that’s the way the wine should taste. And it’s natural. Will a generation of urban wine drinkers adopt such natural wines as their gold standard? Tastes do change and I fervently hope they don’t change in that direction.

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  6. I totally agree Jacqueline. If it is any encouragement, these restaurants are thankfully quite limited in their numbers. There are also signs of reactions against these multiple defects in wines that portray themselves as « natural » (and hence « good »?). I recently read a comment by François Simon, the Figaro’s restaurant critic who listed under a paragraphe entitled « trop vus », le diktat du vin nature. I ma

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  7. (second part of my comment to Jacqueline)
    I always return as defectuous any wine served to me in a restaurant or wine bar that is unduly fizzy, unusually oxidized or smelling considerably of barnyards. If we all keep doing that then maybe they will get the point and stop buying this crap.

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  8. David. I entirely agree with you about the extremists within the ‘natural’ wine movement – some produce undrinkable, faulty wines that can fetch ludicrously high prices. However, perhaps because there is no real definition of ‘natural’ the movement is pretty broad church certainly on the evidence of those producers who attend the annual RAW and REAL wine fairs in London. Among the attendees there are producers whose wines I admire and from whom I would buy with confidence – Domaine du Closel (Savennières) and The Millton Vineyard (Gisborne, NZ). Jim

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  9. There are bound to be some good wines amongst this very mixed bunch. What I object to is the totally absurd name given to very different animals and the pretence that what is natural is « good ». This stems from ignorance (or incompetence, or both) and unfortunately influences the unwitting consumer.

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  10. Marc LEDAN

    Merci pour cet article que je qualifie volontiers de « gros bons sens », cela fait du bien. Le débat entourant la question du soufre en vinification n’est pas neuf, il y a bien 20 ans qu’on en parle. Déjà un milieu des années 90, l’excellente revue belge, IN VINO VERITAS, proposait un article de fond intitulé « La Vie Tumultueuse de l’Agent Sulfite, matricule SO2 » qui expliquait en détail mais de façon vulgarisée le rôle incontournable joué par l’anhydride dans le processus de vinification. Aujourd’hui, pour les nouveaux consommateurs, je crois qu’il serait bien utile de reprendre un peu cette pédagogie pour dé-diaboliser ce bon vieux soufre qu’on a enfermé dans une vision « intégriste ». Retenons que l’important c’est d’arriver à s’en passer le plus possible mais l’éviter totalement relève dans le meilleur des cas de l’exploit (l’artiste travail sans filet) et dans le pire des cas de la « roulette russe ».

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  11. Romain Mayet

    « Le vin sans soufre représente pour beaucoup une lutte contre l’établissement, un refus de l’agriculture traditionnelle, la manifestation d’une foi alternative, voire altermondialiste. Généralement, pour prendre un exemple français, on vote pour lui comme on voterait pour Mélenchon ou un parti d’extrême gauche.  »

    Et au final, il est souvent revendiqué en vin sans IG, espace de production libéral par essence, créée à la demande des « industriels » pour les « industriels ».
    Il y a ici une indéniable ironie.
    Sinon merci pour cet article intéressant.

    Je partage beaucoup l’analyse de Derenoncourt.
    Depuis que l’on fait du vin, on s’évertue soit à élaborer un produit « stable » en lui-même (vins oxydatifs…), soit à le stabiliser ou à le rendre acceptable par adjonction d’épices, d’aromates, de SO2, d’alcool…
    Le vin est un produit de transformation qui, sous certaines conditions, peut permettre l’expression d’une synergie entre les facteurs naturels (sous-sol, sol, climat…) et les facteurs humains (choix du végétal, travail, vinification…). Mais lorsqu’une position dogmatique ou idéologiquement manichéenne tend à imposer par principe la prédominance d’un facteur sur les autres, l’uniformisation et la standardisation du goût ne sont jamais très loin.

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  12. Jacques Lesimple

    je lis avec bonheur vos billets que ce soit ce dernier mais aussi « A bas l’obscurantisme régressif » et « le biomystique et ces travers ». Je suis convaincu que le bon vin « nature » revendiqué est un concept fumeux, plus une idée marketing qu’une pensée construite. Je suis oenologue conseil donc ayant reçu un minimum de formation scientifique. La tentation de certains vignerons de suivre les promoteurs des vins nature est grande puisque ces derniers font souvent le buzz auprès de certains médias, de cavistes et de restaurateurs « branchouille ». L’originalité à tout prix. La remarque de Vincent Pousson par rapport à la politique est juste; nous sommes là encore dans la théorie du complot, un peu contre la science et les intellectuels en général.
    Vous parlez d’un groupe de consommateurs fanatisés, suiveurs dans leurs goûts. Buveurs de contre étiquette en gros. Je crois surtout qu’il y a un gros déficit de culture scientifique de base ainsi que de pensées en général.
    Produire à coup sûr de bons vins sans soufre est assez illusoire. Avec moins et même beaucoup moins que ce qui se faisait, c’est possible mais cela demande de la part des vignerons une maîtrise et une rigueur technique sans faille.
    Noter que certains vignerons déclarent abusivement ne pas utiliser de soufre. S’ils n’utilisent pas de solution sulfureuse, ils brûlent des mèches de soufre dans leurs fûts donc obligatoirement leurs vins sont sulfités.
    Le bon vin n’a pas à se justifier par des concepts. Plus le besoin de décrire un vin diminue, meilleur il est. D’ailleurs un grand vin, c’est le plus souvent quelque chose d’impalpable et d’indéfinissable.

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  13. David, I decided to keep the fizzy Etna Rosso (which was from one of the vin natur gurus Kornellissen (sp?)), because of the weather. It was a really hot, muggy June day and the wine resembled a Lambrusco more than an Etna Rosso but, as it happened, the weather called for a nice Lambrusco. So I kept it. There was a heavy, 1/3″ sludge of tartrate crystals at the bottom of the bottle. The barman said, « It always does that. » I didn’t feel it was my job to explain.

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  14. Erix Samson

    Après la mode du vin naturel, voici maintenant la mode des anti-natures, qui se répandent dans la presse et la blogosphère.

    Il est évident que certains vins naturels ont des défauts, mais bien moins en proportion que les vins industriels.
    Qu’ils le veulent ou non, ceux qui luttent contre les vins dits naturels (whatever it means) font le lit du vin industriel.

    Je ne veux certes pas boire de vin naturel avec des défauts, mais je ne veux surtout pas boire de vin bourré d’engrais, de pesticides, d’herbicides, d’insecticides, récolté par des machines avec des rendements monstrueux, pressé , filtré, collé et soufré à mort, plein de copeaux de bois, au degré d’alcool rectifié, chaptalisé et qui a le même goût tous les ans quelle que soit la météo.
    Il me semble que la plupart des vignerons dits naturels, ont un respect minimum de leurs vignes, de leurs clients et d’eux-mêmes, ce qu’on ne retrouve pas souvent chez les vignerons industriels.

    Donc oui, la définition d’un vin naturel est encore floue aujourd’hui, et le terme naturel n’est peut-être pas le plus adéquat, mais de grâce ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Le vin industriel, produit par 99% des vignerons aujourd’hui, est bien défini lui, et c’est justement lui qu’on ne veut plus boire.

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    1. Marc LEDAN

      A lire votre commentaire, on ne peut pas dire que vous êtes animé par la nuance. Il y aurait donc d’un côté la frêle brebis naissante et de l’autre le gros méchant loup, entre ces deux extrêmes RIEN.

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      1. Erix Samson

        Face à ces attaques concertées contre le vin naturel, il est nécessaire de passer en mode « défensif », ce qui n’est jamais bon en communication, je l’admets bien volontiers.

        Ca n’est sûrement pas par hasard que tous ces articles se multiplient au même moment contre le vin naturel, et il faut bien un peu grossir le trait pour se faire comprendre.

        J’essaye toutefois de rester poli et ouvert, et d’étayer mon argumentation. Je manque certainement de diplomatie, dans l’emportement de ma passion, veuillez je vous prie, m’en excuser.

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  15. réponse à Erix.
    Pourquoi vous faut-il polariser les vins à ce point en deux camps ? Votre analyse ne correspond en rien à ce que j’observe dans le vin depuis 30 ans. Il y a toute une gamme de vins, avec des approches (et volumes de production) différentes. Et des vins que vous décrivez comme « industriels » peuvent être très respectables et utiles, voire nécessaire à plein de consommateurs qui n’ont pas vos moyens. Mais il y a aussi des artisans, modestes ou de luxe, qui élaborent d’excellents vins sans verser dans le délire puriste et naturiste du zéro entrant. Pourquoi cette obsession de « pureté » ? La cuisine fait appel à plein de produits qui la rendent plus savoureuse.

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  16. Saur Cédric

    Cher tous
    Une petite expérience : allez chez un copain vigneron demander à sentir un bidon de SO2.
    Vous ne serrez pas déçu du voyage.
    Deuxième chose faite doser le SO2 sur un vin réellement sans sulfite par la méthode de référence : bilan zéro sulfites. Si les levures produisent des composés souffrés ils n’ont rien avoir avec les sulfites…
    Et pour finir tout vigneron fonde son fond de commerce sur le fait que son voisin fait moins bien que lui qui détient la vérité absolue.
    Donc après la mode nature voici venu la mode anti. Après tout les vins natures sont ce qui se faisait de mieux il y a 100 ans avant l’introduction massive de l’oenologie corrective puis préventive.
    Ce retournement de situation fait essentiellement vendre du papier à la RVF.
    Au final un bon coche dury n a pas un pet de SO2 (je l ai fait analyser) et ça vieillit plutôt pas mal.
    Évidemment certains vins tiennent plus du vinaigre et cela est valable quelque soit son mode de production bio ou super industriel. Goûtez et faite vous votre opinion mais cela restera du cas par cas : en dégustation il n’y a que deux réponses j aime ou j aime pas.

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  17. erix

    Si on considère élitiste le fait de devoir prendre des précautions pour conserver le vin, alors oui je suis élitiste. Si on considère élitiste le fait de chercher à comprendre comment le vin est fait, à aller en vacances parler avec les vignerons, à faire l’effort de chercher les bons cavistes plutôt que d’aller chez Nicolas ou au supermarché du coin, alors oui, je revendique l’élitisme.

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  18. erix

    @David: je ne sépare le vins qu’en 2 catégories, ceux qui me plaisent et ceux qui ne me plaisent pas. Et il se trouve qu’il n’y a que très peu de vins industriels, même des très chers, dans la première catégorie et très peu de vins naturels dans la seconde.

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  19. erix

    @David: j’ai des obsessions mais pas celle de la pureté. Je ne suis même pas pour le vin bio, et je comprends certaines pratiques correctives raisonnées, notamment dans les années difficiles comme c’est le cas en ce moment.

    Mais je refuse d’être malade en buvant du vin. Combien de gens sont venus chez moi en me disant : « non merci, pas de blanc, ça donne mal à la tête », ou « pas de mélange SVP, je suis malade le lendemain » ou encore après un troisième verre « non merci, je n’en prends plus, je ne voudrais pas vomir ». Nous avons tous entendus ça, et je passe mon temps à expliquer aux invités que non, le bon vin ne fait pas vomir, ni ne rend malade, ni ne tape à la tête.

    La question centrale est celle du respect de soi, des autres et de l’environnement. Cela passe par des rendements maitrisés, des pratiques raisonnées, une vinification mettant en valeur les cépages et les terroirs, bref tout ce que le vin industriel méprise et écrase.

    Je bois pas vin naturel – quand il est bien fait – car je préfère ces goûts. Je préfère le goût des fruits au goût du bois, par exemple. Mais j’en bois aussi car j’ai remarqué assez rapidement qu’il nuisait moins à ma santé.

    Je fais attention à ce que je bois, comme je fais attention à ce que je mange. Je préfère un bon fromage à une vache qui rit. Je fais attention à ce que je mange, comme je fais attention à ce que j’écoute, Je préfère Miles Davis à Justin Bieber. C’est une philosophie ou tout au moins un mode de vie, ou de résistance.

    Alors je ne suis pas bien certain de comprendre l’utilité des vins industriels que vous évoquez. Ils ne sont même pas intéressants pour les vignerons eux-mêmes, qui sur ce type de produit vont se faire totalement dépasser par les nouveaux pays du vin. Les vignerons « nature » ont montré une nouvelle voie .

    Il est devenu à la mode, depuis le fameux article sur les « biocons », de se moquer d’eux et de pointer leurs « dérives », avec force d’amalgames et de pseudo arguments scientifiques sur la nature qui ne serait finalement pas si naturelle que ça. Très bien, si vous préférez siroter un grand Mouton Rotschild en mangeant un bon Babibel en écoutant Lady Gaga, libre à vous de profiter des bienfaits de l’industrie.

    Vous dites qu’il existe certains petits propriétaires qui font d’excellents vins sans verser dans le délire. Ma fois, cela ressemble pas mal à ma vision du vin nature ! Ces vignerons là, tels des M. Jourdain modernes produisent donc du vin nature sans le savoir !

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  20. Erix Samson

    @David: pourquoi sous-entendre que les vins natures seraient nécessairement élitistes et chers ? Je n’achète que rarement des vins à plus de 10 EUR la bouteille, et en consommation de tous les jours je trouve des cubis de vins natures qui me reviennent à moins de 5 EUR le litre.

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  21. Nous avions dit, je crois, que nous n’acceptions plus les commentaires anonymes. Je propose donc de retirer ceux qui ne comportent pas un nom, un prénom et une adresse email valide.

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      1. Je ne suis pas concerné, mais tant que le débat reste poli et que les protagonistes font des efforts pour étayer leurs réponses, je ne vois pas pourquoi on l’interromprait.

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  22. georgestruc

    Très intéressant sujet, qui fera encore disserter les fanas, les pros, les amateurs, les vinificateurs, les contre…. Au moins, cette question du soufre, plus exactement du SO2 apporté, soit au cours de la fermentation, soit à la mise en bouteille, a-t-elle conduit les producteurs à limiter les quantités de cet intrant et à donner aux vins une meilleure lisibilité. J’ai connu une époque où on ajoutait du SO2 à la bouteille (c’était une solution aqueuse de méta-bisulfite de potassium, susceptible de libérer environ 50% de SO2) dans chaque cuve en fermentation sans trop de calcul quantitatif *… Dans les caves coopératives modernes, cet apport est régulé dès l’entrée de la vendange en cuves par une pompe doseuse.

    Le soufre est un élément chimique que la vigne trouve dans le sol et le sous-sol, et que la pulpe ou la peau retiennent en solution sous différentes formes moléculaires simples (sulfites SO3-, sulfate SO4–………). Cet élément entre ensuite dans la composition de molécules complexes (fonctions thiol en particulier) qui sont capables de transformations sous l’influence d’enzymes pour donner des composés aromatiques, certains désagréables (H2S, œuf pourri, que certains dégustateurs indulgents qualifient d’arôme « animal »), d’autres, appréciés. Le principal composé soufré volatil étant le 3-mercapto-hexanol (3MH), que l’on trouve surtout dans un certain nombre de vins blancs.

    Cependant, attention à bien distinguer le rôle du SO2 apporté par l’homme, produit bactéricide à effet antiseptique, et celui du soufre que les baies renferment.

    Le commentaire que vous avez rapporté, reproduit ci-dessous, entraîne une confusion. Je cite :

    « 1). Le sujet autour du vin dit « naturel »

    Ce sujet est flou, paradoxal et parfois polémique parce qu’il n’existe aucune définition de l’expression « vin naturel ». « Sans soufre rajouté » serait plus claire. « Sans soufre » serait, en revanche, mensonger car tous les vins contiennent du soufre étant donné que cette substance est présente dans le raisin et produite aussi en cours de sa fermentation. D’ailleurs 0,5% de la croûte terrestre et fait de soufre : c’est donc un produit « naturel » ! ».

    Premièrement, la fermentation ne possède pas le propriété de « produire » du soufre à l’état d’élément chimique, ce serait une grande première et, deuxièmement, ce soufre, hérité d’un prélèvement par la plante depuis le sous-sol ne possède aucun rôle antiseptique. Seul l’ajout d’une molécule bien connue pour jouer ce rôle (SO2) est capable de protéger le vin contre des accidents, hélas fréquents, au cours du stockage et du vieillissement. Alors, dire que « sans soufre » est un propos mensonger parce que cet élément existe dans certaines molécules du vin relève d’une torsion sémantique redoutable car il est bien clair que « sans soufre », mentionné sur une étiquette, désigne l’absence d’apport volontaire par l’homme. En toute logique on devrait écrire « sans SO2 ajouté ». Un peu de rigueur n’est jamais inutile.

    Mes propos n’ont rien de « sulfureux », comme vous pouvez en juger !…

    Georges TRUC

    * Une anecdote, vécue au cours de mon enfance : dès le début des fermentations (en cuves béton) mon père préparait une solution de métabisulfite de potassium qu’il logeait en bonbonne verre dans laquelle on puisait ce qu’il fallait ajouter, lors des années difficiles marquées par la pourriture, dans chaque cuve, en fonction de leur contenance.

    Lors d’une campagne de vinification, arrive un monsieur « bien mis », inspecteur des fraudes, qui demande à visiter toute la cave et à vérifier tous les contenants (cuves, foudres, barriques et même les bonbonnes !!). Mon père, débordé de travail en cette période cruciale de la vinification, lui demande poliment s’il lui est possible de revenir en fin de campagne. Refus catégorique. Et le voilà inspectant les cuves, les foudres, les barriques (facile) puis les bonbonnes (plus difficile). Les « hommes de caves », responsables du décuvage et des pressoirs, le voient s’approcher de la bonbonne à métabisulfite. Aucun ne bronche. Il enlève le bouchon, donne un grand coup de nez dans l’ouverture et……tombe raide sur le sol, suffocant, crachant ses poumons ; le beau costume tout maculé ; le médecin, appelé à la rescousse, lui offre… des paroles apaisantes et un calmant. On ne l’a plus jamais revu !!

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    1. Cher Georges, j’ai bien aimé l’anecdote! Et la démonstration. Toutefois, pour la mention « sans soufre ajouté », il me semble que ce n’est pas David qui est dans l’erreur, mais la législation. Celle-ci exige que l’on déclare « Contains sulfites » dans toutes les langues du pays de consommation. Et même si l’on n’en ajoute pas, on pourrait en retrouver à l’analyse à cause de la présence « naturelle » de ce composé dans le vin fermenté. Alors c’est la mention légale qui devrait être changée, à mon sens…

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      1. erix

        Peut-être même que la législation devrait imposer d’indiquer la quantité de soufre ajoutée ? Cela serait bien plus clair pour tout le monde.

        On accuse les vignerons naturels d’avoir trop communiqué sur le « zéro soufre ajouté » (mention clairement indiquée sur pas mal de bouteilles), alors que c’est la loi elle même qui a placé le débat sur ce terrain miné avec la mention « contains sulfites » inadaptée (puisque comme indiquée plus haut, tous les vins contiennent du soufre).

        Cela étant dit, il ne faut pas forcément se focaliser sur le soufre, et on ne peut pas indiquer toutes les bonnes pratiques sur l’étiquette ou la contre-étiquette. A la fin ça serait un roman, sur la vie du vigneron et ses valeurs. Ce qui compte, c’est le contenu de la bouteille, et éduquer les consommateurs sur ce qu’ils boivent.

        Sur les bouteilles d’eau il y a la liste des taux de sels minéraux. Qui lit ces indications ? Qui sait les interpréter ? Qui choisit son eau en fonction de ces valeurs numériques ?

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      2. georgestruc

        OUi, Hervé, la réglementation, pourtant simple, a laissé place à des interprétations peu précises. C’est la directive européenne 2003/89/CE du 10 Novembre 2003 qui est en cause ; elle arrête que soient indiquées les substances qui sont ajoutées au denrées alimentaires, dont le vin. Concernant les « ingrédients » à base de soufre, elle indique que doit être mentionnée leur présence : « anhydride sulfureux et sulfites en concentrations de plus de 10 mg/kg ou 10 mg/l exprimés en SO2 ».

        Donc, le seuil à partir duquel l’indication est obligatoire est de 10 mg/l de SO2, ce qui est peu de chose ; on retiendra que c’est bien la molécule SO2 qui constitue la base limitative de cette évaluation, ce qui semble normal (plus grande facilité de mesure dans le produit, les sulfites étant susceptibles de se combiner dans des molécules complexes).

        J’ai personnellement dégusté des vins sans SO2 ajouté ; très agréables produits, séduisants, mais je ne les rentrerais pas en cave pour une conservation de plusieurs années (trop risqué, malgré la technicité et les compétences du vigneron). Prudence…

        Ceci dit, le débat va s’enrichir étant donné que les expériences relatives aux vins sans SO2 ajouté vont se multiplier et que cette « niche » s’agrandit de jour en jour.

        Allez, bonne journée à tous, je pars dans 30 minutes afin de déguster des vins d’un cru de la vallée du Rhône, en l’occurrence Rasteau… et mon esprit est tout émoustillé !!

        Georges TRUC

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  23. Erix, vous vous sentez inspiré, je vois! Je vais essayer de vous répondre d’une manière succincte.

    Nos points de divergence

    1). Vous caricaturez volontairement ma position. Je n’ai pas dit que les vins « nature » n’était pas « naturels ». J’ai juste dit qu’il me semble erroné de faire une adéquation entre « nature » et « bon ». La nature n’est pas « bonne » sur le plan moral, ni nécessairement bonne pour la santé (comptez le nombre de poisons dans la nature).

    2). Par conséquent, il me semble que vous faites fausse route en prétendent que seuls des vins avec peu ou zéro entrants seraient acceptables pour votre santé. Tout le monde sait (ou doit savoir) que l’alcool, à dose excessive, est mauvais pour la santé. Il me semble que le danger est davantage là-dedans que dans des proportions infinitésimales de sulfites ou d’autre chose.
    Vous avez, il me semble, une préoccupation avec votre santé liée à la consommation de vin. Personnellement ce n’est pas ma préoccupation et je ne connais pas d’études sérieuses qui échafauderaient vos hypothèses autour du vin « naturel », hormis le bon sens qui conseille d’éviter des vins trop soufrés et la nécessité absolue de limiter sa consommation d’alcool.

    3). Vous semblez adopter une vision très restrictive (peut-être inspiré par Nossiter) du monde du vin, dans lequel il n’y aurait, d’une part, que de gros méchants « industriels » et, d’autre part, de bons petits artisans. La taille des producteurs des vins est très variable et, de mon expérience, on trouve des bons et des mauvais de toutes les tailles. Estimer que seuls les petits peuvent faire des bons vins est une position politique qui ne se repose sur aucun fondement gustatif.

    Nos points de convergence

    1). Je suis bien d’accord avec vous pour préférer Miles Davis à Justin Bieber (que je ne connais pas bien mais dont le peu que je connais me conseille d’éviter), mais je ne vous pas trop le rapport. Du reste, Davis a aussi vendu beaucoup de disques, il me semble. Est-ce que cela nuirait à la qualité de sa musique ?

    2). Je suis aussi d’accord avec vous qu’il vaut mieux chercher son vin chez son caviste (voire chez Monoprix) que chez Nicolas ou d’autres enseignes de la GD. A condition (dans mon cas) que celui-ci ne soit pas un inconditionnel de vins « nature ». J’ai été caviste pendant trois ans et je sais que la sélection dépend surtout du goût (et des situations concurrentielles).

    3). Je suis aussi d’accord que le respect de l’environnement est un sujet central. mais je n’ai pas l’impression que seuls les « naturistes » s’en préoccupent.

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  24. Merci beaucoup Georges de vos commentaires éclairants et de ce bel anecdote. Me voici mieux informé et je ne parlerai plus que de vins « sans soufre ajouté » à l’avenir, en évitant des torsions sémantiques !

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  25. Erix Samson

    Je n’ai pas besoin de J. Nossiter pour me faire ma propre idée du vin, de ce que j’aime et de ce qui est bon pour moi (oui, j’attache de l’importance à ma santé et à mon bien-être en général).

    Je me suis intéressé au vin naturel, avant même qu’il porte ce nom et devienne une mode. J’ai beaucoup blogué sur le vin naturel dans les années 90 et j’ai arrêté quand ce sujet est devenu une mode. Il y a aujourd’hui beaucoup de gens pour prendre le relais.

    Autant la mode du vin naturel m’a énervé en son temps (je n’aime pas les modes, de façon générale), autant je ne supporte pas ce nouveau courant « anti-naturel », dont on ne sait pas trop pour qui il roule (ou bien on le sait trop, malheureusement). Les amalgames et raisonnement plus ou moins foireux sont faciles, pour ceux qui essayent d’écouler leur vinasse. Ce n’est pas parce qu’il existe quelques vins naturels râtés, qu’il faut tous les jeter à l’égout. Et oui, il y a aussi des cons chez les vignerons naturels… comme dans tout groupe de plus de 2 personnes 🙂

    J’ai passé beaucoup de temps à rencontrer des vignerons chez eux, à comprendre leur démarche. Je citerais, par exemple, Lapierre (déjà mentionné plus haut), Philippe Laurent (Gramenon), Thierry Puzelat (Tue-Boeuf) et Eric Pfifferling (Anglore), parmi des douzaines d’autres. Le fait de citer Philippe Laurent vous renseignera sur depuis quand je m’intéresse à ces vins. Il se trouve que les vignerons dits naturels, sont – en général – des gens vraiment intéressants, bien plus intéressants en tout cas que les vignerons industriels.

    Je n’éprouve pas attirance pour ce qui est industriel, notamment dans les domaines artistique, alimentaire et technologique. Je crois que les grandes idées sont portées par de petites équipes passionnées, pas par des multinationales déshumanisées, qui se cachent derrière de prétendus « plans qualité » et autres normes bidonnées par leurs propres soins (à coup de lobbying, marketing et autres).

    Vous écrivez plus ou moins que les vignerons natures sont des extrémistes. C’est bien mal les connaître. Je pense qu’ils contribuent à faire évoluer le monde du vin dans la bonne direction, et aussi qu’ils donnent des pistes pour faire progresser le monde du vin en Europe.

    Bien cordialement, Erix.

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    1. Monsieur Erix,

      Nous ne tenons pas spécialement à que vous dévoiliez votre identité complète au public, il suffit que nous la connaissions nous. C’est la règle que nous avons édictée (et annoncée), non pour vous en particulier, mais pour tous les commentaires, voici quelques semaines. Car il nous semble que si nous prenons la responsabilité de nos textes, les commentateurs peuvent prendre celle de leurs commentaires.

      Pour les 5 du Vin
      Hervé Lalau

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  26. Erix, ayant déjà tenté de voir aussi bien ce qui nous rapproche que ce qui nous sépare, je ne poursuivrai pas dans cette voie. Mais faites quand même plus attention à ce que je dis, puis à ne pas déformer mes propos. Vous dites par exemple « vous écrivez plus ou moins que des vignerons natures sont des extrémistes ». Cela veut dire quoi, « plus ou moins » ? Je ne crois pas avoir écrit que ces vignerons, dont certains sont très respectables et produisent de bons vins, sont des extrémistes.
    Mon premier problème est d’abord avec le terme « naturel »; qui n’a aucun sens ni valeur pour moi. Mon deuxième, dans votre argumentation, est avec la polarisation du monde du vin que vous effectuez. Je ne pense pas non plus qu’il faille rejeter tout progrès scientifique en pensant que « tout était mieux avant ». Les vins du 19ème siècle nous sembleraient, très probablement et pour la plupart, bourrés de défauts. Je ne suis pas non plus un adepte inconditionnel du « small is beautiful », même si je défendrai toujours la place de l’artisan dans tous les domaines. Il faut un peu de tout pour faire un monde et on ne peut pas s’attendre à ce que tout le monde aille chez un caviste (il n’y en a pas partout et leur choix peuvent aussi laisser à désirer) pour acheter son vin. Rappelez vous qu’au moins 70% des vins sont vendus en GD en France et que leur prix moyen est inférieur à 4 euros. Ce n’est pas l’univers de l’artisan vigneron, mais c’est la réalité.

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  27. erix

    David, je vous cite « … sans verser dans le délire puriste et naturiste… ». Les vignerons naturels sont donc dans un délire puriste (c’est ce que j’avais interprété comme « extrémiste », désolé).

    Au fond votre problème est-il avec l’approche raisonnée en général (quel que soit le nom qu’on lui donne) ou juste avec le terme « nature » ou « naturel » ? Si c’est juste avec le terme, alors essayons de trouver la juste appellation.

    Quand à votre défense des vins industriels, au titre qu’il faut bien approvisionner les grandes surfaces, j’ai bien du mal à vous suivre. Ces producteurs là, n’ont pas besoin de publicité, ils maitrisent déjà fort bien tous les canaux de distribution. Admettons qu’il répondent en effet à un besoin, fournir de l’alcool sans grand intérêt à des clients qui ne s’intéressent pas vraiment au sujet, est-il pour autant besoin de tirer sur les vignerons naturels (ou tout autre terme plus adéquat) ?

    Je ne suis certainement ni passéiste, ni contre la science. Je n’ai jamais dit que les vins étaient meilleurs avant. Et oui, je sais aussi que parfois de grandes entreprises peuvent réaliser de belles choses, même si je crois qu’en tout il faut conserver une dimension humaine (dont la passion).

    Je ne cherche pas convaincre qui que ce soit, chacun est libre d’apprécier les vins qu’il veut (les égouts et les écouleurs, ça ne se discute pas dit-on). Je suis juste étonné par le grand nombre d’articles « anti-nature » qui sortent au même moment.

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  28. Marc LEDAN

    Une question : combien faut-il de lignes de commentaires pour être inscrit au GUINNESS ?

    Une interrogation : comment se fait-il que notre ami Lucky Luke Charlier ne soit pas encore intervenu dans ce débat, lui qui a pourtant la réputation de dégainé plus vite que votre ombre ???

    Un dernier mot : « Faut rigoler » dixit Henri le Salvateur

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  29. erix

    A propos des vins à moins de 4 EUR, ne pensez vous pas, qu’à terme un pays comme la France n’aura aucun moyen de résister à la pression des nouveaux pays, comme la Chine, l’Inde ou autre.
    Sur le vins industriels, je ne vois pas comment la France peut rester compétitive.

    Par ailleurs, je vois parfois dans certains supermarchés une armoire avec des vins plus haut de gamme. Ce sont en général de mauvais vins, mais vendus très chers (>50 EUR).

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    1. pierre sauvage

      Complètement pas d’accord.
      Les vins français (« industriels », si ça veut dire quelque chose…) n’ont pas souffert au point d’être menacés de disparition par les vins espagnols, portugais, grecs … et l’Inde ne produit rien et ne produira rien qui vient/viendra dans nos cuisines (ni dans celles du reste du monde) et la Chine ne sera jamais un concurrent sérieux (parce que vous croyez que les normes sanitaires chinoises vont pouvoir rester aussi basses ou être accepté en Europe ? Les coûts de transport aussi bas ? le niveau de vie chinois aussi bas ? etc etc …).
      Le monde de la bière n’a pas été envahi par les bières chinoises, indiennes ou brésiliennes.
      Et il n’est pas près de l’être.
      Il faut arrêter de penser que tout sera chinois ou ne sera pas.

      Et puis, Erix, ce que vous n’avez pas compris c’est qu’il y a un monde entre « l’industriel » et le « nature ».
      C’est d’ailleurs ce monde, ce secteur, qui est le plus important quantitativement, qualitativement et intéressant en termes … « philosophiques ».

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  30. erix

    Merci Pierre. Je comprends maintenant mon erreur.
    Je suis tout à fait rassuré quand vous m’indiquez que les industries françaises sont bien armées pour résister. C’est vrai que l’exemple de la bière est particulièrement saisissant quand on sait à quel point la bière française continue de rayonner sur le monde. Stella est d’ailleurs très prisée sur la côte Ouest des US, quelle belle réussite !

    Pouvez-vous m’indiquer quelques uns de ces vins qualitatifs qui pourraient m’enivrer philosophiquement ?
    Je veux bien m’engager à les acheter et à publier ici mes notes de dégustation les plus objectives, je ne demande qu’à être conquis.

    Cordialement, Erix.

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    1. pierre sauvage

      Je m’avance ou vous mélangez un peu tout ? car je ne crois pas que la bière française ait jamais « rayonnée sur le monde » … ni les vins bas de gamme (industriels) français d’ailleurs.
      Seulement si la bière française appartient aujourd’hui à des grands groupes étrangers (Heineken en premier lieu), l’Europe (dont la France) ne s’est pas mis à boire de la bière chinoise même si leurs coûts de production sont surement très inférieurs aux nôtres.
      Les vins bon-marché (en Occident et non seulement en France) sont espagnols, australiens, italiens, sud-africains, etc.
      Qu’est ce qui vous permet d’affirmer que l’Europe/le Monde boira du vin chinois demain ? C’est le genre de raccourci tellement rapide qu’il saute la phase « réflexion ». On va direct au but. M’enfin vous êtes dans la croyance apparemment… concernant ceci et concernant le « vin naturel/industriel ».
      (Stella est belge, je vois pas le rapport)
      Bien à vous

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  31. erix

    Dans les années 70 des tas de patrons de PME industrielles françaises (textile, métallurgie, etc.) ne croyaient pas non plus qu’il allaient disparaître. L’électronique n’existe plus en France (à de rares exceptions près) et je ne sais pas s’il y a un futur pour l’industrie automobile. Je sais que le vin se développe pas mal en Inde en ce moment et commence tout juste à démarrer en Chine (parfois grâce à des entrepreneurs français). Certains chinois commencent à racheter de grands domaines français, clairement, il y a là quelque chose qui les intéresse.

    J’ai vécu aux US et à moins de $6 (environ 4€) je n’ai jamais vu un vin français dans un supermarché. Que du Chilien, Argentin, etc. Dans la catégorie au-dessus (de $6 à $26), quelques très rares bouteilles françaises, du très mauvais en général, mais surtout de l’Argentin, du Sud Africain, de l’Australien. Dans la catégorie encore au-dessus on commençait seulement à voire des bouteilles françaises.

    Je faisais écho à la phrase de David qui indiquait que les vins industriels ont un rôle, à savoir approvisionner la grande distribution en vins à très bon marché.
    Mon message est que les domaines industriels ne pourront pas résister à la poussée de pays (Chine, Chili ou autres, peu importe) dans lesquels les frais et les contraintes de production n’ont aucun rapport. Je ne crois pas que cela soit le futur de la filière française. Celle ci doit s’accrocher à l’image de qualité des produits français et se concentrer sur des produits à forte valeur ajoutée, pas sur de la production de masse.

    L’avenir nous dira si l’industrie du vin française pourra résister. Si cette industrie va si bien pourquoi a-t-elle tant besoin de s’énerver contre le vin naturel qui ne représente qu’une toute petite partie de la production ? Pourquoi l’Europe juge-t-elle nécessaire de légiférer sur le bio ? Ne serait-ce pas parce que les consommateurs demandent autre chose ?

    Entre cette demande nouvelle d’un côté et la poussée des pays émergents d’un autre, je vois assez peu de marge de manœuvre pour le vin industriel.

    Il semble que beaucoup ici aient un souci avec le terme « naturel ». D’autres, dont vous, doutent du terme « industriel » (que j’utilise en opposition à naturel, à défaut d’en trouver un autre). Mais tous admettent qu’il existe un monde entre les 2.

    Beaucoup aussi pensent que les vignerons « naturels » sont des extrémistes. Naturel ne signifie pas « Sans soufre ajouté ». Le terme naturel est né du fait que le terme bio ne s’appliquait qu’à la partie agricole du cycle du vin et rien n’existait pour qualifier la vinification. Un terme plus approprié serait probablement vins issus d’une agriculture et d’une vinification raisonnées.

    Article récent sur le sujet :
    http://blogs.rue89.com/no-wine-is-innocent/2013/11/07/ne-lappelons-pas-vin-naturel-mais-vin-transparent-231585

    Cordialement, Erix.

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    1. Jacques Lesimple

      Difficile de comparer l’industrie en général et le vin à mon humble avis. Il y a encore une industrie française malgré ce que l’on entend depuis des semaines, des mois et des années. Quant à ce que vous qualifiez d’industrie viticole, sachez que c’est un des derniers secteurs de l’agro-alimentaire ou les entreprises françaises sont encore parmi les leaders. Avec l’aéronautique, le secteurs des boissons est un des principaux poste excédentaire à l’export. Les Français investissent d’ailleurs beaucoup dans les vignobles du nouveau monde.
      La qualité des vins français s’est nettement améliorée ( face à la concurrence et aussi d’une prise de conscience tardive) depuis une bonne dizaine d’année et c’est en partie grâce à cette industrie. Pas seulement mais aussi.
      Je ne connais pas les US mais j’ai beaucoup de clients qui y vendent . Les marges pris par les revendeurs US peuvent aussi expliquer les prix. D’après ce que mes clients( dont quelques uns dans la démarche vins natures) m’en disent, le débat autour du vin naturel est très franco-français. De là à penser que cela devienne du french bashing …. j’espère que non. Quant à l’agacement de certains envers le vin naturel, c’est peut-être qu’au pays de Descartes, il reste encore quelques adeptes de la théorie du juste milieu que le déferlement du web et des blogs sur le vins natures ont saturés.
      Les intrants autorisés par la législation européenne pour les vins bio (dont les levures sélectionnés) sont les mêmes que pour les vignerons conventionnels qui ont de beaux raisins et qui savent vinifier. Reste le débat entre les indigènes (je préfère spontanée d’ailleurs) et les levures sélectionnées… Curieusement, vinifier des vins en indigènes est beaucoup plus technique que l’inverse. Malgré tout, c’est la qualité du raisin, du terroir et du travail à la vigne qui fait la qualité du vin. La qualité des vins est étroitement lié au travail du vigneron dans ses vignes ce que ne peut pas faire une viticulture industrielle à ma connaissance.
      Reste le terroir. Tous ne sont pas bons comme à l’étranger et à part vinifier d’une manière industrielle, il n’y a pas d’alternative.
      En France, nous avons la chance en grande majorité d’avoir des terroirs exceptionnels, résultar de notre histoire.
      Cela fait trente ans que je vinifie des vins blancs. Je n’ai jamais été vinifié dans le nouveau monde comme c’était la mode il y a encore une dizaine d’année. En tant qu’oenologue, si vous n’aviez pas été apprendre à vinifier à l’étranger, vous étiez un bon à rien.
      Aujourd’hui, c’est l’inverse. Vous voyez des modes et des couleurs…
      Je crois plus que jamais aux vins français.
      Bien cordialement

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      1. erix

        Merci de votre réponse détaillée, je suis d’accord avec la plupart de vos points.
        Vous soulevez de nombreuses questions importantes, qui chacune mériterait un article complet et un débat.

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    2. pierre sauvage

      C’est parce que vous pensez que ce qui n’est pas « naturel » est forcément « industriel » que vous vous plantez et passez pour un extrémiste pas très lucide.
      Le vin de qualité en France est surtout artisanal, parfois industriel, parfois « naturel ».
      (mais il existe un monde entre le supermarché et le « naturel », je vous conseille de vous renseigner, de le découvrir… et c’est là que réside la force et l’intérêt du vin français)

      Ce qui intéresse les auteurs du blog et les amateurs de vin c’est d’abord la qualité du vin et non qu’il fasse partie de la catégorie « vin naturel ».

      Et c’est pas avoir des soucis avec le terme « naturel » que de penser qu’un concept ne suffit pas à rendre un vin bon ou même intéressant, à n’importe quel point de vue.

      Bon week-end

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      1. erix

        Comme si quelqu’un prétendait ici que tous les vins naturels sont nécessairement bons. Evidemment que non, il y a des ratés, du moins bon et même du très mauvais dans le naturel aussi.

        Vous me dites qu’il existe des artisans traditionnels (je ne sais pas comment les appeler, sans créer une nouvelle polémique) qui font des vins de qualité ? Bien heureusement. Ils suivent certainement des concepts et des pratiques raisonnables dans l’intérêt des consommateurs, de leurs vignes et d’eux mêmes. Ce qui ne me parait pas bien éloigné des concepts du naturel en fin de compte.

        Je vous suis moins sur l’industriel de qualité, je ne vois pas trop comment sur de la production de masse on peut maintenir un bon niveau de qualité. Mais je ne demande qu’à être convaincu.

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      2. pierre sauvage

        « Vous me dites qu’il existe des artisans traditionnels (…) qui font des vins de qualité ? (…) Ils suivent certainement des concepts et des pratiques raisonnables (…). Ce qui ne me parait pas bien éloigné des concepts du naturel en fin de compte. »

        Si.

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  32. Marc Barranco

    J aurais dû commencer par lire cet article et les commentaires (trop longs d ailleurs ) pour comprendre le cheminement. Nous sommes en fin d année 2020, et le vin nature/ naturel est encore plus présent, de New York à Copenhague, de Barcelone à Paris et ce dans les restaurants les plus en vue. Pourtant les débats sont les mêmes, la mauvaise foi et les aigreurs d estomac qui vont avec.
    Dommage tout ça. … Le village où j habite est maintenant scindé en deux , d un côté les coopérateurs et de l autres les vignerons dits  » nature » , avec deux restaurants distincts , deux marchés etc …. Mais avec des gros cons dans les deux camps. On ne vient pas au vin naturel comme ça, on ne fait pas du vin naturel n importe oû, c est un cheminement. Jamais je ne reviendrai en arrière, et à voir son expansion , et ses adeptes en 2020, le temps n a pas effacé cette  » mode ».
    La plus grande question aujourd’hui reste : comment comprendre et maitriser le goût de souris sans sulfiter. Une question que les caves coopératives et les gros négociants se posent aussi ….

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