2013, un millésime sans Grenache

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Cela se précise, 2013 verra peu de Grenache dans la bouteille. On en parlait, on s’en doutait, le Grenache n’a pas résisté aux variations de températures du printemps. Sa fleur délicate a coulé, nous voilà bien dépité. Certes moins que les vignerons qui chaque année encaisse une baisse de rendement.

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Photo Mas de Libian

La coulure limitée est souvent signe de qualité, comme l’explique Michel Gassier:

«Le développement du raisin commence, comme pour tout fruit, par la pollinisation de la fleur de vigne. Cette phase s’appelle la nouaison où les baies commencent à prendre forme et grossir. Au cours de cette phase, un certain pourcentage de fleurs non fécondées tombe : on dit qu’elles coulent. Lorsque ce pourcentage est à peu près de l’ordre de 50% nous restons dans un phénomène positif pour la qualité de notre matière première.»

  

Michel-Gassier_Coulure_Grenache_FR

Par contre quand la même coulure frise l’extrême comme cette année, la récolte s’en ressent et le faible volume produit met en péril le vigneron malgré la belle qualité récolté. Hélène Thibon (Mas de Libian) vient d’écrire :

 

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Photo Mas de Libian

St Marcel le 06/11/ 2013

Les vendanges sont finies, les sucres et les FML aussi……

Les vins sont beaux, sur le fruit, très croquants.

Mais bien différents de ce que nous faisons d’habitude.

Souvenez-vous du mois de mai………… Nous aussi, dans le sud, nous avons eu froid, très froid et peu de lumière. On s’inquiétait sur  les conséquences.

Nous l’avons su au mois de juin, à la floraison : le grenache (très sensible au manque de chaleur et de lumière) a coulé.

C’est une coulure historique : de mémoire d’homme, on n’a jamais vu une coulure aussi importante.

Certaines parcelles n’ont pas été vendangées, d’autres ont eu un rendement de 2, 3, 4 Hl/Ha…..

Afin de vous rendre compte, car c’est très difficile à imaginer, je vous joins quelques photos.

Les Syrahs et les Mourvèdres se sont mieux défendu de cette absence de printemps et nous ont donné une récolte « normale »

Aussi, nos vins sont très teintés Syrah.

La récolte est toute petite, un exemple : nous avons 70% de perte sur la cuvée « VIN DE PETANQUE » (les jeunes vignes sont toujours plus sensibles)

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Photo Mas de Libian

C’est dit et cela se confirme, les Côtes du Rhône ne ressembleront à rien d’habituel. Ils ont viré leur cuti et se prendront pour des Languedoc… Je veux dire par là qu’ils seront plus Syrah que d’habitude.

Les vins seront toutefois de très belle qualité, les échos, la dégustation des baies, celle des premiers jus, le confirme. Beau, bon, mais peu, voire très peu. À mettre en péril la stabilité économique des entreprises. Surtout que la perte de volume se répète année après année. En Coteaux d’Aix, à Château Bas, pas de Grenache non plus, 20% de perte supplémentaire après les 20% de l’an dernier et ceux de l’année d’avant.

2013 est donc un millésime d’amateurs, ce sont eux qui en profiteront le plus, les prix ne vont guère monter et les vins seront top. Faudra juste faire gaffe à s’en procurer vite fait.

Ciao

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Marc

photo Per Karlsson

13 réflexions sur “2013, un millésime sans Grenache

    1. C’est vrai Vincent, c’est un petit soupçon de provoque. Il est toutefois vrai que le Languedoc est plus généralement couleur syrah, alors que le Rhône sud est franchement grenache. Cette année, il y aura moins de différences entre les deux grandes entités viticoles, sauf peut-être en volume.
      Marc

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  1. georgestruc

    Oui, Marc, une coulure « historique » ; si je me réfère à mes propres souvenirs et à ceux des plus anciens que moi, jamais le Sud-Est n’avait subi un phénomène d’une telle importance. De Grignan-les-Adhémar au Languedoc et à la Provence, partout le grenache a coulé. Seules les fleurs de quelques parcelles ont « retenu » et présentent une quantité normale de raisins. Pourquoi ? Les réponses sont diverses : taille tardive, abri local, mode de conduite de la vigne ; c’est ce que j’ai constaté sur le plateau des Garrigues de Vacqueyras, où des parcelles pourtant mitoyennes présentaient des degrés de coulure très différents ; la date de la taille semblait représenter, tout au moins localement, la cause première de ces différences (induction d’un décalage des dates de floraison, ce qui a favorisé une nouaison plus tardive pendant une période moins froide et humide).

    La syrah est belle (couleur, palette aromatique), le mourvèdre aussi. Les blancs n’ont pas été affectés, sauf de façon très ponctuelle.

    Année difficile, marquée par une très faible récolte et, cela est vrai, par une modification du profil habituel des vins (syrah dominante), ce qui fait écrire à Marc que les CdR se prendront pour des Languedoc (réponse à Vincent Pousson).

    Les jus des rouges, au stade actuel de leur évolution, sont très aromatiques et intensément colorés. Ceux des blanc sont très élégants.

    Pour certains domaines et quelques caves coopératives, 2013 va correspondre à un choc économique particulièrement difficile à surmonter. Le négoce s’active sur les 2012… voire les 2011 lorsqu’il y en a encore en cave. Plus que jamais nos vignerons auront besoin de soutien et non pas d’entraves, encore moins de taxes nouvelles !

    Il faisait très beau, aujourd’hui, dans les vignes aux feuilles déjà automnales du Vaucluse. De quoi regretter encore plus ce printemps pourri…

    Bonne soirée,

    Georges TRUC

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    1. L’ensemble du Rhône enregistre un °alcoolique moindre que les années précédentes, même sur les Grenache qui ont fleuris sans avorter. On verra à la dégustation, je suis impatient d’y être, faudra encore un peu de temps.
      Marc

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  2. Heureusement qu’il reste du Carignan 😉 chez certains… 2013 sera l’année du Carignan, qu’on se le dise ! Chez nous aussi, la coulure a fait ses ravages bien qu’elle ait été moins sévère semble-t-il que dans le Rhône. Conséquences, avec le Carignan, le Grenache, la Syrah, le Mourvèdre… nous ferons en Roussillon d’excellents Côtes du Rhône 🙂

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  3. Les degrés, David? Mais le syndicat des Côtes du Rhône a demandé de pouvoir enrichir et/ou chaptaliser à concurrence d’un degré, cette année. Il a obtenu gain de cause sur le premier point, pas sur le deuxième.
    A noter par ailleurs que les méthodes d’enrichissement dites « soustractives » (cryoextraction, osmose inverse, filtration sur membrane, évaporation sous vide…) sont autorisées pour les vins AOC Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages rouges dans la limite d’un taux de concentration de 10 %.
    Le seul hic, dans cette méthode, par rapport à l’enrichissement au moût rectifié, c’est que l’on perd du volume.

    Pour l’effet terroir et pour l’effet millésime, vous repasserez. On parle business, ici! Ca servirait à quoi d’avoir l’AOC si c’était pour produire moins…

    Bon, je ne vais pas me faire que des amis, mais zut, à la fin, on nous prend pour des gogos!
    Non à l’enrichissement, de quelque type que ce soit, dans les AOC (au moins au Sud de la France!).

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  4. Denis Boireau

    Renversement des references interessant. Quand j’etais jeune (y a pas si longtemps) la syrah c’etait le Rhone, et le grenache c’etait le Languedoc. Selon Marc ce serait maintenant l’inverse…il y met un brin de provocation, mais encore une generation et ca pourrait bien etre la norme.

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    1. Enfin, le cépage le plus planté en Languedoc reste le carignan! Ces chiffres ne veulent de toute façon pas dire grand chose compte-tenu de l’étendue et de la complexité climatique du vignoble languedocien. Quant au Rhône, tout dépend si l’on raisonne sud (comme dans le papier que nous commentons) ou nord où hors de la syrah, point de salut. Méfions-nous des généralisations (souvent issues de la « science » commerciale) qui sont souvent balayées par la dégustation à l’aveugle.
      Pour info: http://www.si-vitifrance.com/docs/cvi/cvi09/tableaux/t_scep_bv08.pdf

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    2. Eh oui, quand j’étais jeune (années 70), la syrah faisait son entrée dans le Sud via Saint Gervais (Gard) chez les Stenmeier, au Domaine Sainte-Anne, sur le plateau des Celettes…

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      1. georgestruc

        La syrah, dans le sud de la vallée du Rhône, a constitué de façon majoritaire le « cépage améliorateur » destiné à supplanter les hybrides (Seibel et Couderc, et autres…) dont l’arrachage avait débuté dans les années 1955-1960. De très fortes superficies ont été rendues disponibles pour cette syrah venue du nord. le Viognier a suivi, mais plus discrètement. Et avec des succès variables. Aujourd’hui, la syrah des CdR sud est fort bien maîtrisée (bonne connaissance des paramètres guides de l’encépagement) ; il aura fallu le temps et l’expérimentation vigneronne pour y parvenir, chose pas forcément facile (difficulté de choisir de bons terroirs à syrah, et de surveiller avec beaucoup d’attention l’évolution de la maturité).

        Pour faire suite aux réflexions de Hervé, oui il y aura des vins moins riches en alcool cette année dans cette région. Enrichir, chaptaliser ? Inutile ! Ces vins là seront fruités, agréables, colorés et ils rencontreront l’adhésion des consommateurs. Pour ceux qui voudraient à tout prix mettre en cave des vins de garde, prière d’attendre une année plus propice ou alors d’acheter des 2010, 2009, 2007, produits qui deviennent rares sur le marché (encore pas mal de magnums disponibles dans ces années -là un peu partout : exemple la cuvée du Marot en Visan village – cave coopérative Les Coteaux -, grenache presque exclusif, uniquement en magnums, millésimes disponibles de 2000 à 2004 à un prix imbattable).

        Futures dégustations post malo pour bientôt ! Vous verrez, il y aura des surprises, dans le bon sens du terme (déjà perceptibles actuellement sur des jus en cours d’évolution).

        On vous attend verre à la main et sourire aux lèvres ! Et de plus cette année, en principe, production importante de truffes (il a plu au bon moment pour la délicate Tuber melanosporum).

        Bien à vous tous,
        Georges TRUC

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