Comment faut-il noter les vins?

Certains critiques donnent des notes aux vins.

D’autres, des étoiles.

D’autres, rien du tout.

Cela mérite sans doute qu’on s’y attarde un peu.

De mon temps…

De mon temps, à l’école d’avant 68, on notait sur 20. Mes enfants, eux, ont tout eu: des notes sur 10, sur 100, sur 50+20, parfois même sur 47 (sans compter les points bonus). En primaire, bien sûr, pas de points, ils avaient des feux verts, orange et rouges (pour « compétences acquises », « en voie d’acquisition » et « non acquises »); le but avoué étant de ne traumatiser personne – d’ailleurs, contrairement à nous, qui connaissions les notes de toute la classe, annoncées par le professeur, celles de mes enfants étaient aussi secrètes que le code d’accès de l’appartement de Julie Gayet. Moyennant quoi toute leur classe est passée dans le secondaire, même ceux qui savaient à peine écrire, ce qui prouve l’excellence du nouveau système.

Mais pour revenir au vin, il me semble qu’une note ne peut avoir de vraie valeur que si elle a le même sens pour tous.

C’est loin d’être le cas.

fiche OIV 6

70 points pour rien

Ainsi, dans les concours, la note minimale pour obtenir une médaille est généralement de 82/100.

En fait, si on y réfléchit bien, les 70 premiers points ne servent à rien.

Si l’on estime que 12 est la note à partir de laquelle on peut attribuer l’argent (ou le bronze), alors 82-70= 12.

Pour la médaille d’or, la note est de 85. Là encore, 85-70 = 15. CQFD.

Quant aux vins au-dessus de 90, ils sont tous Grandes Médailles d’Or… Passées les bornes, il n’y a plus de limite.

Il faut dire que cette notation s’appuie généralement sur une fiche OIV qui, sans doute, a ses mérites, mais où, si l’on suit le règlement à la lettre, et hormis quelques défauts oenologiques criants, le simple fait d’être versé dans un verre donne déjà 40/100 au produit: mettez une croix  partout dans la colonne insuffisant, c’est ce que vous obtenez.

Mais je vous en ai déjà parlé, je n’y reviens pas. 

FICHE OIV

Le même raisonnement s’applique peu ou prou aux notations « à la Parker »: en dessous de 90, pas de salut; pas de notoriété. A se demander à quoi servent les 89 premiers points.

Comme beaucoup d’Européens, je préfère, quant à moi, les notes sur 20. C’est mon côté vieille France.

Reste à voir ce que recouvrent ces notes.

Ainsi, Jancis Robinson applique la grille suivante:

•20 points: Exceptionnel
•19 points: Digne d’une grande attention
•18 points: Un peu au dessus de Supérieur (sic).
•17 points: Supérieur.
•16 points: Remarquable.
•15 points: Moyen.
•14 points: Médiocre.
•13 points: Défectueux.
•12 points: Plus que déséquilibré.

J’ai du mal à suivre, je l’avoue. La moitié de 20 étant 10 (oui, j’ai fait les maths classiques), et même en tenant compte de la propension de nos amis anglais à conduire à gauche, à mesurer en douzièmes de pieds et à couper les cheveux en quatre, un vin défectueux ou plus que déséquilibré ne devrait pas obtenir plus de 9.

Ma notation est sans doute moins précise que celle de Jancis – ou plutôt, je ne me suis jamais donné la peine de mettre des mots sur chaque nombre.

Ce qui est sûr, c’est que 12 est la note minimale pour que je parle d’un vin – c’est d’ailleurs aussi le minimum pour les sélections que nous faisons chez In Vino Veritas (toujours à l’aveugle, bien sûr).

Un 14 est déjà une belle note.

Un  16 ou un 17 sont des notes exceptionnelles, que je ne donne qu’assez rarement.

Il m’arrive de donner des demi-points; c’est le cas, par exemple, quand l’impression générale donnerait 15, mais qu’un petit manque de longueur, ou un nez un peu faible, m’incite à redescendre d’un cran, à 14,5.

Tous des éléphants

Reste le problème du 20/20

Là encore, comme dans l’enseignement, c’est plus une affaire philosophique, voire d’engagement politique,  qu’une affaire de calibration.

La perfection existe-t-elle? Pour un devoir de maths, sans doute: là où il n’y a qu’une réponse possible, pas de doute possible, on peut obtenir le maximum des points. Mais pour une dissertation de français, un travail de dessin, un examen de musique, c’est plus difficile. A moins bien sûr que le prof ne décide que tout le monde a le droit à la note maximale, parce que toute hiérarchisation porte en germe une inégalité.

Ah, l’inégalité! Vous connaissez l’histoire: une équipe de souris dispute un match de foot contre une équipe d’éléphants. Au début de la partie, emporté par l’action, un éléphant écrase une souris. Le capitaine des éléphants vient s »excuser auprès du capitaine des souris. « Ne vous excusez pas, répond celui-ci, ça aurait très bien pu nous arriver aussi ».

Nous sommes tous des éléphants… en puissance.

Et pour  le vin?

Il m’est arrivé de donner 20/20. Ou plutôt, 100/100, car c’était dans un concours, à Québec. Mais c’était un peu de la provocation.

Je me trouvais dans un jury où tous mes collègues me donnaient l’impression de finasser. Etait-ce de l’inexpérience? La peur de s’engager? Une difficulté à se situer? Toujours est-il que tous les vins obtenaient des notes entre 80 et 83. Tous n’étaient pourtant pas médiocres, loin de là. Et il n’y avait aucune sorte de logique – les 80 n’étaient pas spécialement moins bons que les 83. J’étais systématiquement plus haut que la moyenne, mais deux autres jurés (sur 6) donnaient des notes très basses.

En cas de grand écart, il nous arrivait de discuter notre note. J’ai entendu alors à plusieurs reprises, chez mes deux collègues, une formule du genre: « Pas mal du tout, je donne 74/100 ». Quand on sait que la plus petite médaille est à 82, il y avait de quoi se poser des questions.

Arrive un superbe liquoreux (nous avons su plus tard qu’il s’agissait d’un Tokaji de Disznokö).

Je lui ai donné 100/100. Comme d’habitude, mes deux collègues ont donné 78 et 81, ou quelque chose du genre – avec de grands sourires. En voyant ma note, ils ont commencé à se poser des questions; la présidente du jury aussi – on essaie en général d’éviter des écarts trop importants, et là, plus de 20 points séparaient la note la plus basse de la note la plus haute. J’y suis allé de mon petit laïus: « Il y a deux façons de noter. Soit on ajoute des points pour arriver à la note qu’on veut; soit on retire des points par rapport à la meilleure note possible. Vous dites que vous appréciez ce vin. Expliquez moi où vous enlevez les points. Pour moi, il est parfait, nez, bouche, longueur, expression, aucun défaut, je lui mets 100. Maintenant, à vous de jouer. »

Résultat des courses; je suis resté à 100 et tous ont changé leurs notes; le vin a obtenu la grande médaille d’or.

Je n’en suis pas peu fier. Ca fait du bien, parfois, d’avoir raison.

Mais en dehors de ce cas particulier, j’avoue qu’il est rare que je donne la note maximale. Peut-être parce que je veux la réserver aux très grands vins; peut-être parce que je veux inconsciemment prouver que je suis plus  exigeant que je ne suis en réalité. Peut-être parce que la perfection n’est pas de ce monde.

A la réflexion, j’ai tort: tout vin qui suscite l’enthousiasme (et ce n’est pas si rare que ça) mériterait sans doute la note maximum.

Maintenant ami lecteur, votre avis m’intéresse. Quel type de notation vous semble-t-il le plus adapté au vin? Ou préférez-vous qu’on ne donne pas de notes?

Préférez-vous qu’on décrive le vin? Ou pas?

Qu’on vous dise quelques mots sur son origine? Ou son producteur?

Ou voulez-vous qu’on laisse le tout  à votre imagination?

Qu’on parle de l’étiquette? Ou des conditions de la dégustation? De la quantité qu’on a bu, et de ce qu’en pense la belle-mère?

D’avance, merci de vos réactions. Après tout, c’est pour vous qu’on fait tout ça!

Hervé/Lalau

26 réflexions sur “Comment faut-il noter les vins?

  1. Cher Hervé,
    Il me semble que lorsque je vois deux vins ayant la même note, rien ne me dit ce qui les différencie. Aussi, les notes, je m’en tape le coquillart. Le top, pour moi, c’est quand dans un article je peux trouver une information objective ( de quoi est fait ce vin, par qui, où, etc.), une information subjective (ce que l’auteur de l’article a ressenti, ce qui est venu à lui lors de la dégustation) et un récit, une manière de raconter le vin, de mêler tout à la fois les conditions de la rencontre (l’atmosphère, la météo, l’ambiance), le portrait des protagonistes ( le vin, celui qui le fait, celui ou ceux qui le boit/boivent) et, pourquoi pas, une once d’imaginaire, d’images, de métaphores ( ce vin est une femme en chemise de coton qui rit sur une place de village, ce vin se boira mieux sur un muret de pierres en solitaire, ce vin nécessite d’être déguster à l’arrière d’une limousine entre le restaurant et le casino, etc.). Mais bon, c’est juste mon sentiment. En attendant pour cette chronique, je vous mets 19,5/20

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    1. Julien Wayaffe

      C’est très bien dit, Thierry. Un bon vin, pour moi, provoque toujours des émotions particulières. C’est important de les transmettre, avec, à côté, des informations plus concrètes afin de savoir clairement de quelle bouteille, de quel vigneron on parle, et des informations un brin plus subjectives quant à sa propre analyse sensorielle. En ce qui concerne les notes, je m’amuse à en attribuer, en fonction de mon degré de plaisir, en point final de mon article. Sur 100, en l’occurence. Mais il n’y a que très peu de crédit à y apporter par rapport au contenu de mon compte-rendu. Comment devrait-on noter objectivement un vin de soif extrêmement bien réalisé, top fruits, top fraicheur, tout en simplicité, par rapport à un vin complexe, puissant, qui révélera des notes différentes au fil des gorgées? A chaque vin son ou ses occasions. La plupart des vins peuvent également proposer plusieurs modes de lecture.
      Je dirais donc que si il y a un sens à donner à mes notes, c’est par rapport au plaisir que j’ai pu en tirer, et pas forcément par rapport à la qualité réelle du vin, ce qui rend le maximum quasi impossible à atteindre dans ce cas de figure.

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  2. Sébastien Ferré

    Bonjour Hervé,

    Je suis 100% d’accord avec Thierry sur le peu d’intérêt de la note numérique pour différencier un vin et sur l’importance de l’imaginaire et de l’histoire associée au vin. A moins de noter uniquement la qualité objective, l’appréciation d’un vin revêt selon moi un caractère très personnel et subjectif qui peut biaiser la notation. Bien sur la note peut être un bon outil pour hiérarchiser des vins dans un concours. Mais n’est-ce pas plutôt une manière de dire « c’est ce vin que j’ai préféré » plutôt que « ce vin est le meilleur »? Je vous rejoins d’ailleurs complètement sur le fait que tout vin qui suscite l’enthousiasme mériterait sans doute la note maximum.

    Vous n’avez pas abordé dans votre article le concept de cartographie de dégustation (« wine mapping ») développé par Hervé Bizeul. Cette approche prend beaucoup de sens pour moi car elle me permet de relier la dégustation à un contexte et d’utiliser la mémoire associative pour me souvenir d’un vin. Pour ma part, je pense qu’une des conditions pour trouver un vin bon et agréable à déguster est de le comprendre et de comprendre le travail du vigneron en coulisse.

    Merci pour vos chroniques et bonne journée!

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  3. Il me semble que nous gagnons à préciser dès le début l’objectif poursuivi par la dégustation pour mieux adapter le système d’évaluation.

    S’il s’agit d’une dégustation de vins de même millésime, d’une même propriété dans des millésimes différents, d’une même appellation, nous parlons bien d’un exercice de hiérarchisation. Le dégustateur prend alors le visage d’un juge qui attribue des notes, souvent en comparaison avec les autres vins présentés. Dans ce cas, peu de place à mon sens pour les envolées lyriques susceptibles de traduire nos émotions, quelle que soit leur nature. La cotation destinée à évaluer la qualité intrinsèque de chaque échantillon se voit alors inévitablement influencée par celle des autres vins présents…

    S’il s’agit d’une chronique consacrée à un domaine ou d’une dégustation isolée, l’approche est très différente. Je m’interroge alors sur la réelle utilité de la note. Que signifie réellement une cotation isolée ? Permet-elle au lecteur de situer le vin dans un cadre plus global ? Je ne le pense pas. Pour reprendre l’exemple de l’école, imaginons un élève qui obtient 9/10 à un examen. Renseignements pris, ses parents réalisent que le professeur concerné est vraiment très généreux dans ses cotations et que le dernier de la classe a obtenu 7/10 au même examen. Et voici que la valeur de ces 90% fond comme neige au soleil. A contrario, je me souviens être rentré fièrement à la maison avec un 5/10, exhibant l’implacable argument que j’appartenais au groupe de 3 élèves (sur 30) qui avaient échappé à l’échec.
    Revenons au vin. Dans ce cas précis, il me semble indispensable, d’une part, d’expliquer, d’étayer, d’argumenter et de communiquer les renseignements indispensables à la compréhension du vin (et de la critique) et d’autre part, de fournir au lecteur des informations concernant le(s) cépage(s), la nature du sol, la durée et l’objectif de l’élevage, …

    S’il faut noter, ma préférence va à la cotation sur 20. Le système du gourou sur 100 est absurde. Par quelle explication liée au vin lui-même est-il possible de justifier l’écart d’1 point sur une échelle de 100 ? Dans le système en question, inutile de l’ignorer, en-dessous de 90/100, point de salut ! Nous pouvons imaginer que les conséquences d’une note de 89/100 sont aussi lourdes que celles induites par un 90/100. Mais pas dans la même direction.
    J’apprécie la démarche de J. Robinson qui prend le temps de « qualifier » chaque tranche de son système de cotation. En revanche, je ne cerne pas l’intérêt de multiplier les étages inférieurs de l’échelle. Où faut-il situer le seuil de sélection/élimination ? Finalement peu importe, du moment que le lecteur est clairement informé. Si vous retenez les vins à partir de 14/20 et que vous nous expliquez les qualités qu’ils doivent présenter pour obtenir cette note (qui devient minimale…), il n’y a pas de souci.

    Nous savons l’exercice de cotation périlleux et relativement aléatoire. Pour ma part, je testerais bien le système suivant, que je soumets à votre réflexion.
    Prenons une échelle de 1 à 10. J’élimine les vins de 1 à 6 (quand je ramenais un 6/10 à la maison, les seules paroles dévastatrices de mon père étaient : « Imagines-tu que quasiment 1 notion sur 2 de cette branche t’échappe complètement ? »).
    Entre 1 et 6…), la note dépend du degré de déception lié aux faiblesses ou défauts (pas de 0, derrière tout flacon se cache un travail, quelle que soit sa valeur – « pour l’encre » disaient nos profs).
    Au-dessus de 6, j’introduis les demi-points ce qui, j’en conviens, nous ramène à une nouvelle échelle de 10 mais uniquement pour hiérarchiser les vins jugés de qualité suffisante. Pourquoi ne commencer qu’à 6.5/10 ? Simplement parce qu’aucun lecteur n’accorderait sa confiance à un vin qui a reçu une note de 1 dans une échelle de 10, même si on lui explique qu’un océan de crus ont été éliminés en amont et que ce 1 représente un premier degré de réussite. Chercher les mots ou expressions pour qualifier chacun de ces 10 niveaux de réussite me semblerait être un joli exercice, loin d’être facile.

    Voici donc mon point de vue, avec les limites que représentent le conditionnement lié à nos habitudes de fonctionnement. Rien que pour avoir réactivé cette réflexion, je vous remercie vivement !

    A très bientôt pour d’autres partages et échanges d’idées !

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    1. C’est moi qui vous remercie. J’aime assez votre système.
      Évidemment, dans les dégustations avec fiche sur 100, nous n’avons pas le choix de noter autrement… sauf que l’on triche parfois pour que ça reflète mieux ce que l’on pense, et finalement, c’est assez proche de votre manière de faire.

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  4. J’ai tendance à considérer que la note est une bonne entrée en matière, même si effectivement en dessous de 82 on n’en parle pas. Difficile pour un critique de dire du mal d’un vin (seul l’autoproclamé Grand Dégustateur de Champagnes Richard Juhlin se permet de déinzinguer des vins qu’il n’a parfois même pas goûtés, mais je m’égare).
    Après, si je vois que le dégustateur s’est éclaté avec le vin, qu’il est enthousiaste, qu’il donne une vision personnelle mais précise de ses impressions, là je me tape de la note. C’est ce type de critique que je préfère.

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  5. Oui, l’enthousiasme, une belle vertu dont on ne devrait jamais se départir quand on parle de bon vin – le vin doit être fête, le vin doit être joie – et partage, avant d’être un « objet intellectuel ».

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  6. NicoJ

    Pour rebondir sur ce que dit Quitou, même une comparaison sur un millésime entre différents vins de différents domaines n’a pas vraiment de sens. En effet, le style de chaque domaine va influencer la note, même si on se veut objectif, car on n’est jamais au grand jamais objectif quoiqu’en disent certains!
    Si on voulait évaluer un vin objectivement, il y aurait les vins sans défaut et les vins à défaut. Mais même sur ce sujet les experts ne sont pas d’accord! Brett ou pas Brett, encore fermé ou réduit, très mûr ou oxydé, etc. Chacun avec sa virulente vérité….
    Et ensuite parler d’émotion, ce qui n’a rien à voir. Il m’est arrivé de vendre un vin qui pour moi présentait un caractère de Brett, certes acceptable, mais oenologiquement discutable, et qui faisait l’unanimité… donc avec défaut pour les puristes, mais bourré de caractère pour les autres…
    Les notes sont bonnes à alimenter un système qui a pour but de rassurer, de promouvoir, de hiérarchiser, enfin de créer des disparités… Excusez-moi de dire qu’un concours comme le mondial de Bruxelles n’a que peu de valeur, si ce n’est pour les jurys participants…..
    Personnellement je rêve de voir des critiques comme Bettane, qui plutôt que de sortir des guides qui se veulent quasi exhaustifs et dont l’évaluation de bon nombre de vins sont laissées à des collaborateurs (avec leur propre goût), sortir des guides sans note, mais avec une sélection de leurs vins préférés, par catégorie (petit prix, à boire jeune, à vieillir, etc.). Forcément que Bettane a ses propres préférences, mais il n’est pas plus objectif que quiconque même s’il possède un spectre plus large de connaissances. Il pourrait donc clairement les afficher, ainsi que tous ses congénères, et nous proposer une sélection. ça redonnerait d’ailleurs une valeur égale à tous, car chacun choisirait le spécialiste qui lui sied le mieux.
    Au final je pense que la notion de notes ne fait qu’alimenter un système qui nuit à l’univers du vin.
    Et je tiens à mentionner un label comme Terravin, en Suisse, qui offre une vraie alternative qualitative intéressante!

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  7. NicoJ

    Pour un exemple criant selon moi. Mais aussi pour la notion de « mondial », qui ne revêt, selon moi, aucun espèce d’intérêt mais au contraire crée de fausses disparités par comparaison entre caractéristiques incomparables. Et surtout des évaluateurs qui se retrouvent face à des vins dont ils ne peuvent juger la valeur par ignorance.
    Et votre avis?

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  8. j’ai participé à deux éditions, à Maastricht et à Bordeaux, en 2007 et 2008. Je n’y suis pas retourné depuis, alors je n’ai pas d’avis autorisé. Mes confrères Marc et David y vont régulièrement. C’est à eux de dire ce qu’ils en pensent.

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  9. NicoJ

    Ce n’est selon moi pas parce qu’on refuse de participer à ce genre de concours qu’on ne peut pas émettre d’opinion…. Mais enfin je ne voudrais pas que vous ne reteniez que ça de mon intervention et aurais préféré discuter sur un label comme Terravin…

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  10. Nous nous sommes mal compris. Je ne peux pas passer ma vie dans les concours et je m’abstiens juste de juger hic et nunc ce que je ne connais plus bien. Du temps où j’allais au CMB, c’était assez bien organisé, mais déjà assez grand. A Maastricht, ce qui manquait le plus, c’était le vignoble à visiter, pour moi, bien sûr! N’oubliez pas que pour un journaliste, il faut aussi pouvoir en ramener de quoi écrire.
    Après, une des raisons principales pour lesquelles on va dans ce genre de choses, ce sont les amis qu’on y retrouve, les autres dégustateurs, il y a un aspect « club », presque famille. Si on s’y trouve bien, on continue. Quant aux vins, comme on ne sait jamais ce qu’on déguste, les concours, c’est amusant, mais souvent frustrant. Ma question visait à savoir si pour vous, ce concours là, en particulier vous semblait plus critiquable que les autres.
    Mais comme vous dites, ce n’était pas l’essentiel de votre propos.
    Terravin: je suis pour, je suis allé plusieurs fois en Vaud, tout ce qui peut participer à accroître la confiance du consommateur est un pas dans la bonne direction. Je ne suis pas assez au fait des normes précises et de la crédibilité de la certification pour vous dire si c’est un gage de qualité tangible ou pas. Qu’en pensent les Suisses?

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  11. NicoJ

    merci pour votre réponse!
    Sachez que je suis respectueux de votre travail et profession, et que d’ailleurs je suis de près vos pérégrinations.
    Mais vous mettez un doigt sur un point qui me dérange personnellement (et auquel, même n’étant pas journaliste, ai été confronté en tant que jury). En effet il existe un sympathique microcosme de dégustateurs qui se connaissent et se rencontrent dans ce genre de concours aux allures de foires (ok c’est un peu provoc), mais ce qu’attendent les consommateurs (finalement c’est sensé leur être destiné ces concours) c’est des labels qui les aident dans leurs achats. Et bien combien de vins ayant des prix me furent (et pas qu’à moi) médiocres, voire indignes de leurs prix…
    Donc j’attendrais de la part des journalistes un peu moins de bons moments mais plus de sacrifices pour éclairer le consommateur, ce que vous faites à mon avis et je vous en félicite. Et qu’il y ait plus de Michel Smith, avec de l’impertinence et des formes de partis pris ô combien séduisants.
    Pour répondre à votre question au sujet de Terravin et pour les consommateurs que je connais, ce label est très bien estimé, pas pour les prix qu’il remet, mais pour le label en soi, qui signifie que le produit a été jugé comme suffisant qualitativement et surtout aussi qu’il correspond au style de vin qu’il prétend être. Il ne m’est jamais arrivé de tomber sur un vin de ce label en me sentant arnaqué. Après qu’ils m’aient tous plu est une autre question, mais la première chose avant le plaisir, si personnel, c’est de ne pas avoir le sentiment de se faire « avoir ».

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  12. Hervé, je te félicite pour ce papier qui pose de vraies questions et avec la dose de recul nécessaire. Ta note sera excellente, quelle qui soit l’échelle.

    En matière de concours, nous sommes un certain nombre à avoir été confronté au genre de situation absurde à laquelle tu fais référence à propos du Tokay. J’ai présidé des jurys de concours à plusieurs reprises et je n’ai jamais voulu « niveler » les notes des autres. En revanche, je demande toujours aux dégustateurs de noter davantage les qualités des vins que leur défauts. Cela fait remonter les notes d’une manière conséquente. Mais, in fine, je ne crois que peu aux verdicts d’un groupe, y compris des groupes de professionnels, car le goût est individuel et quelques commentateurs, dont NicoJ, soulignent bien ce point. Il faut un engagement personnel et une justification de la part d’un journaliste, pas simplement une note, même si celle-ci peut servir de point de repère relatif. Que les commentaires aillent sur le terrain de l’histoire du vigneron, de son lieu de production, ou de ses techniques, peu importe. L’essentiel est de ressentir quelque chose, comme lorsqu’on lit un livre ou qu’on écoute de la musique.

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  13. Merci Nicoj pour ces mots sympas. Pour ma part, je ne suis guère favorable aux concours. j’ai participé à plusieurs et j’en suis toujours sorti désarçonné, sur ma faim, obligé de me battre littéralement pour un vin que les autres « juges » ne comprenaient pas et que je n’arrivais pas de mon côté à faire entendre. Il y a une forme d’injustice. Je n’ai besoin de nul concours pour me faire apprécier un restaurant, un film, un disque… alors pourquoi classer, noter, sectoriser le vin ? Notre cher vin est un produit libre. Laissons-le vivre. Quand bien même, moi aussi, je félicite Hervé d’avoir si bien abordé ce sujet délicat.

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  14. Pierre Sauvage

    Bon article ! 14 sur 20 (j’ai bien compris ? 😉

    Un des problèmes de « la note », c’est qu’elle est souvent décernée de manière relative (lors d’une comparaison, lors d’un concours,…) et apparait cependant comme une note absolue sur la bouteille (sous forme de note ou de médaille) ou dans la pub du domaine.
    Ca me parait très trompeur.

    En tant que buveur amateur, j’essaye de n’accorder que peu d’importance « à la note » même si je suis aussi influençable (ah j’ai déjà acheté des 9+ Parker)… mais je trouve encore plus désespérant les récits de dégustations d’amateurs (ou de « passionnés du vin ») qui se sentent le besoin de noter et/ou de hiérarchiser les vins qu’ils boivent (pardon : « dégustent »).
    Mettre le vin en chiffre, c’est un peu con quand même.

    Ah cette époque où l’on veut tout rationnaliser, hiérarchiser, optimiser…

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    1. Pierre Sauvage

      On peut l’aimer aussi et le boire de plein de manières… mais à mon avis on cherche un peu trop à le chiffrer.
      Chiffre t’on les plats ? Les amis ? Les bouquins ou les films ? Ses amours… ?

      Et à quoi correspond la note ?
      Si l’on est en dégustation comparative, elle n’a de valeur uniquement (!!) en comparaison avec les autres.
      Ou alors on fait un mix absolu/relatif. Bonjour l’ambiguïté.
      Si l’on est en dégustation pure, c’est relatif à sa mémoire gustative à laquelle on doit soustraire l’évolution de ses goûts dans le temps (et connaissances) multiplié par le coefficient moment « t » (conditions, envies du moment, contexte etc etc).
      Bref, aimons sans (trop) compter !

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  15. françoismb

    Nous sommes des êtres rationnels et émotionnels. Pour cela il me semble intéressant de donner un avis sur des vins d’abord sans défaut. Je simplifierait et me démarquerait des systèmes de notes connus en donnant des notes de 1 à 5 avec modération par + ou – : ce serait une note rationnelle sur la qualité du vin.
    Mais j’y associerait une note subjective; y a t il eu émotion ou pas E + ou – éventuellement à graduer, en sachant que la note émotion est la variable de chaque dégustateur. De toute façon il n’y aura que sa propre dégustation qui permettra de trancher

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  16. Russell Raney

    Merci Hervé pour le bon article sur ce sujet, qui crée toujours un bon débat. C’est assez simple pour moi: je trouve des notes sur des vins d’être peu (ou pas du tout) utile. et ça, à cause de la subjectivité croissant de vin. Je préfère beaucoup une description assez précise du vin, avec de l’information sur le terroir du vignoble, les methodes de production etc. C’est à dire, je pense qu’une critique ou révision du vin est plus utile aux consommateurs qui lisent les publications et blogs de vin. Et si un vin me semble d’être intéressant, je l’achète peut-être pour l’essayer moi-même – et pour confirmer si j’approuve la critique.

    Pour les concurrences des vins c’est naturellement nécessaire d’employer quelque sorte des notes – mais même dans cette situation, je ne trouve que les résultats sont utile quand il s’agit d’une groupe des dégustateurs (qui peuvent avoir un consensus sur les attributs d’un vin).

    Je vous prie de me permettre de partager ma traduction suivante d’un “manifesto” du groupe “Score Revolution” (ci-dessous) qui s’opposent le système de 100 points (comme Parker, Wine Spectator etc.). Je m’excuse pour les erreurs grammaticaux. On ne doit pas naturellement d’accord avec tous les « déclarations » du manifeste, mais pour la plupart, c’est mon avis.

    Voici le lien au website aussi:
    http://scorevolt.com/#

    Joignez “Score Revolution” en signant Le Manifeste:

    Le vin est une expression gustative du lieu où ses raisins sont cultivé, et des méthodes par lesquelles ils etaient cultivés; ces méthodes ayant été développer avec le temps (pendant des milliers d’années) pour s’adapter aux évolutions de la nature. Le mariage de la terre, du climat, de la culture et de la philosophie devient le terroir. L’idéal c’est qu’un vin dois presenter la connaissance de la région, et peut-être aussi celle de son vignoble qui a été le lieu de sa naissance. L’expression subtile du vin est mieux comprise par sa position géographique.

    Il y ont plusieurs paramètres dans le système qui finissent par affecter tous les vins, mais si le but est d’approcher le sujet avec un esprit “minimaliste”, c’est à dire de changer ou d’influencer le procédé le moins possible, tout en faisant la prévention des maladies du vin, en suite l’essence du terroir peut être certainement conservé.

    Si nous dépendons des palais biaisés de certains critiques sélectionés et peu objectives – et il n’y a pas des palais qui sont impartial, car le processus de gouter c’est extremement personnel – pour nous dire ce qui est bon, grandiose, et parfait, puis n’aurions nous pas donc sacrifié notre compréhension personnel des vins, et à ce titre, quel serait le point de le boire?

    Le système de classement “100 points” pour évaluer les vins est un outil maladroit et inutil pour classer les vins. Si le vin est, comme nous le croyons, une chose subjective, subtile, est empirique, donc par sa nature il est d’une ampleur inchiffrable. Le classement des vins avec un système comme celui-ci est tout simplement un symbole statique – une définition absolu, basée sur une simple rencontre avec un vin – et en conséquence c’est tout à fait inefficace lorsqu’il s’est appliqué à un produit dynamique, évoluant, est à multiples facettes, comme le vin.

    Pour discuter d’un vin, Il est indispensable de parler du tanin de l’acidité etc. De partager nos pensées et nos expériences avec d’autres humains est sans doute la partie la plus importante de la dégustation de vins. Pour introduire ce processus de classement est condescendante, excessivement simpliste, et souvent inexact.

    Le vin est infiniment variable. Ça c’est la nature du terroir, comme est aussi l’humanité,
    qui est inextricablement liée au terroir.

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