Pourquoi je n’ai pas signé, et je ne signerai pas, pas la « pétition Giboulot »

The road to ruin is paved with good intentions.

Ce vieux dicton anglais (l’équivalent de la « route de l’enfer », en français), s’applique parfaitement à la sorte de frénésie qui agite le microcosme para-viticole (un peu bio-intégriste sur les bords et même au milieu), autour du cas du vigneron bourguignon Emmanuel Giboulot et la menace d’une condamnation qui pèse sur lui. Il passe au tribunal aujourd’hui-même parce qu’il a refusé de traiter ses vignes contre cette maladie redoutable qui s’appelle flavescence dorée.

DCF 1.0Vigne atteinte de flavescence dorée

Je suis certain que beaucoup de signataires de la pétition de soutien à M. Giboulot avaient de bonnes et honorables intentions. Qui, en effet, souhaiterait utiliser (ou voir utiliser) des insecticides sur le vignoble, de nos jours? Protégeons la nature, les abeilles, les plantes sauvages et tout et tout! Oui, bien sûr! Et la quasi-totalité des vignerons pensent maintenant ainsi.

Mais comment faire, et avec quoi ? Et que faire lorsque surgit une maladie aux effets redoutables et qui peut devenir une pandémie capable de ruiner la viticulture de tout une zone sans la prise mesures drastiques ? Surtout si aucun produit agréé « bio » n’a l’efficacité nécessaire contre cette maladie.

Mais je crois aussi que bon nombre des ces signataires n’ont pas pris la peine de s’informer de la situation et de ce cas en détail. Est-il est possible que certains soutiens à ce Monsieur aient d’autres visées que la vérité? Il serait doublement dommageable qu’une partie de ceux-là se disent journalistes, car je craindrai dans ce cas pour leur impartialité et leur respect de la plus élémentaire déontologie. Les faits, d’abord les faits !

220px-Flavescence_dorée_3Feuilles malades

Cette maladie de la vigne était, jusqu’à récemment, limitée dans son extension géographique au Midi de la France. Mais de nouveaux foyers ont fait leur apparition en Gironde à la fin des années 1990, et en Bourgogne un peu plus de 10 ans plus tard. Autrement dit, la maladie est en expansion. Elle provoque des pertes de récolte importantes et peut tuer la vigne si aucun traitement n’est appliqué. L’agent responsable est un phytoplasme, un micro-organisme de type bactérie qui se loge dans le liber de la plante; le liber étant une formation secondaire située à l’extérieur de l’anneau de cambium, donc faisant partie de l’écorce. Ce micro-organisme se multiple dans la vigne, mais aussi dans une cicadelle (Scaphoideus titanus) qui le transporte. Et il s’y conserve à vie, se développant par foyers et pouvant se propager rapidement. Par exemple, dans le cas de la Bourgogne, un hectare un peu à l’abandon était affecté initialement, et fut arraché en 2011. Onze autres hectares autour ont du être arrachés autour l’année suivante !

cicadelle-de-la-flavescence-doree-1Cicadelle

Cette maladie, aux effets potentiellement désastreux pour la viticulture dans son ensemble, fait l’objet, depuis 1987, d’une politique d’observation, de quarantaine et, si besoin est, de traitement obligatoire. Depuis 1994 il est obligatoire dans toute la France. Il n’existerait pas de méthode de lutte directe contre le phytoplasme, mais on peut lutter contre son vecteur, la cicadelle. Une approche préventive, alliée à une politique d’observation très assidue, sont également nécessaires pour limiter l’extension de cette maladie. Il faut, par exemple, arracher et brûler les vignes abandonnées, mais aussi repérer rapidement les pieds atteints dans les parcelles cultivées, puis les arracher et brûler. La Bourgogne, par exemple, a mobilisé 3,000 personnes dans ce seul but, permettant ainsi de cibler les zones à traiter.

Quelles sont les méthodes de traitement ? Il y en a deux, une qui est agrée par les instances « bio », l’autre pas. J’ai toujours pensé qu’il valait mieux utiliser, dans bien de cas, un produit de synthèse sélectif qui n’est pas nocif pour la faune que des poisons absolus, même si ces derniers sont « naturels ».  On meurt rapidement et sûrement en ingérant certains champignons, par exemple, alors que bien des aliments faisant appel à de la synthèse chimique n’ont aucun effet néfaste avéré sur le corps. Une fois de plus, la nature n’est pas toujours « bonne ».

Mais écoutons  un autre vigneron bourguignon, Olivier Leflaive, dont le billet d’humeur ( « Tout bio, tout beau ?« ) relativise bien des choses à ce sujet (cliquez sur le lien pour accéder au texte complet): 

« En cas d’attaque violente, quel que soit le mode de traitement,  nous ne nous interdisons rien en choisissant bien évidemment le moins polluant. Nous sommes avant tout pragmatiques et refusons l’intégrisme aveugle car nous considérons qu’il y en a déjà assez dans le monde! Un exemple frappant? La lutte contre la flavescence dorée, fléau qui s’accélère, et face auquel nous avons actuellement deux solutions :

1) la première, acceptée par l’approche biologique: un produit (pyréthine) à base de molécule identique au sarin (un gaz mortel) qui élimine bien la flavescente, mais qui tue aussi toute la faune auxiliaire (typhlodrome, abeilles).
2) la deuxième, un produit chimique, mais sélectif, donc qui n’attaque pas la faune auxiliaire.

Vous l’avez compris, dans ce cas le produit «bio» est plus nocif que le traitement chimique! Alors, que faut-il faire ? Que feriez vous à notre place? Bio à fond ou décision raisonnée?

Sans certitude absolue, nous avons décidé d’être raisonnable… »

Emmanuel Giboulot a décidé de ne pas être raisonnable et de s’opposer à la nécessité, pour le bien de tous, de traiter chimiquement (mais tout est chimie, et alors?) contre cette maladie. En plus, il désobéit à la loi, comme ces crétins qui ont saccagé, en Alsace, voilà quelques années, une vigne expérimentale de l’INRA sans aucune raison scientifique valable, juste par peur du progrès, ou, du moins, d’un progrès possible.

L’obscurantisme est malheureusement toujours vivace. Il prend des formes multiples, comme chez « l’humoriste » M’Bala, à travers le mouvement « pro-life » et ses avatars, et parfois, je le crains un peu, chez certains soi-disant « défenseurs de la nature ».  Car comment qualifier autrement que par le mot d’obscurantistes des propos aussi aberrants que ceux tenus par certains soutiens de Monsieur Giboulot, qui prétendent qu’on peut lutter contre la cicadelle avec la couleur orange ou des morceaux d’aluminium (tiens, l’alu est devenu écolo, maintenant?).

Refuser la science, ou la solidarité face à de vraies menaces, tout en se créant une belle plateforme publicitaire auprès d’un public naïf, ne soulève aucune sympathie de ma part.

David

122 réflexions sur “Pourquoi je n’ai pas signé, et je ne signerai pas, pas la « pétition Giboulot »

  1. Carole Méric

    Je trouve cet article lamentable qui dit tout et son contraire, lamentable ! Et il faut faire circuler votre article un maximum ? Mais qui se fait de la pub sur le dos de qui ????

    Vous n’avez la maîtrise de rien ! Vous un ignorant ! ce qui explique vos idioties !

    Sachez que je suis une amie proche d’Anne Claude Lefflaive et son époux qui EUX sont en biodynamie et qui soutiennent emmanuel giboulot et sa famille ! Ils étaient présents le jour du procès avec de très jolies bouteilles …. Olivier Lefflaive, l’autre partie du domaine n’est pas en bio !!!!! Vous devriez avoir honte de sortir un tel torchon ! Vous ne valez pas mieux que votre article, vous êtes nauséabond !

    Sachez que j’en ferai part auprès du domaine de Puligny Montrachet, je parlerai des cinq du vin !

    Carole, la compagne d’Emmanuel Giboulot

    PS : et pour ma part, pour notre histoire, je ferai circuler au mieux votre nom ainsi que votre article auprès de nos amis, ils sont nombreux comme vous pouvez l’imaginer 🙂

    Je ne vous salue pas

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    1. Madame, accusez-vous Olivier Leflaive d’avoir menti dans son communiqué?
      Par ailleurs, un peu de calme dans l’argumentation ne ferait pas de mal. Nous, nous saluons quiconque veut bien nous parler et dialoguer avec nous, nous expliquer avec des arguments.
      La question de la lutte contre les parasites, et même votre engagement bio, qui est respectable, mérite mieux que l’invective.

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      1. Carole Méric

        On a recours aux invectives lorsque l’on manque de preuves, c’est exactement cet article, Monsieur !

        Vous utilisez le mot « accusation » rien ne le montre dans mon commentaire.
        Je dis que je connais très bien Anne Claude Leflaive dont le domaine est en biodynamie. C’est tout. Nous avons son soutien 🙂 Et que je ferai circuler votre article 🙂

        Calme, croyez moi je le suis, vous n’êtes rien à côté de ce que l’on traverse..

        Les adresses de viticulteurs, ça se trouve très facilement sur internet…………..
        Vous auriez voulu savoir, vous auriez fait preuve de curiosité, vous nous auriez contacté et ensuite vous auriez eu votre propre opinion..

        J’entend déjà mon compagnon me dire, ne vas pas te rabaisser, ne vas pas te mettre à leur niveau..

        Vous existez parce que nous sommes là et c’est bien le nom de Giboulot qui se trouve sur votre papier !!!! Alors même si vous n’êtes pas d’accord avec notre vision des choses, je vous demanderai de nous respecter.

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  2. « la deuxième, un produit chimique, mais sélectif, donc qui n’attaque pas la faune auxiliaire »
    « Vous l’avez compris, dans ce cas le produit «bio» est plus nocif que le traitement chimique! »
    On va presque nous dire que c’est sans danger … Les produits chimiques utilisés sont du chlorpyriphos-éthyl, un insecticide organo-phosphoré , des néonicotinoïdes impliqué dans l’effondrement des colonies d’abeilles ou les pyrethrinoides. Tout ces insecticides sont à large spectre (donc qui touche aussi la faune auxiliaire) et ont des effets neurotoxiques pour l’homme en particulier le chlorpyriphos-éthyl.

    Liste des produits et conditions d’application :
    http://www.stop-flavescence-bourgogne.fr/lutte.html#liste-des-produits-et-conditions-dapplication

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      1. Mais nous vous respectons, et même nous vous donnons la parole, Madame.
        J’ai moi même diffusé la pétition de soutien à M. Giboulot sur ce site même et sur mon site personnel la semaine dernière. Vous pouvez le vérifier ici: http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2014/02/19/l-affaire-giboulot-8109945.html et ici: https://les5duvin.wordpress.com/2014/02/19/le-cas-emmanuel-giboulot/
        On pouvait y trouver les arguments de M. Giboulot, clairement exposés.
        Bien sûr, j’ai laissé à chacun la liberté de se faire une opinion sur le bien fondé de la signer ou pas. Pour votre information, certains des 5 du vin eux-mêmes l’ont fait, d’autres pas.
        Nous avons aussi fait référence au billet d’Olivier Leflaive parce que c’est son avis, et que ses arguments sont recevables. Toutes les opinions peuvent s’exprimer ici.
        Il y a cependant un problème: il dit qu’il a des vignes en bio et en biodynamie. Vous dites que non. Il y a forcément quelqu’un qui se trompe ou qui trompe.
        Par ailleurs, je maintiens que M. Giboulot, dont je respecte les idées, l’engagement, la sincérité, l’honnêteté, la personne, aurait dû agir autrement, à savoir déposer un recours contre l’arrêté avant et non ne pas traiter. Je ne pense pas que c’est insultant pour qui que ce soit, on a bien le droit en France d’avoir des avis différents sans recourir aux noms d’oiseaux.
        Alors me dire que dialoguer avec moi, c’est s’abaisser, désolé, mais ça ne passe pas.
        Je fais mon maximum pour rester poli et l’esprit ouvert, je prends en compte vote nervosité, je sais les ennuis que l’establishment peut faire aux vignerons, notamment bio, par d’autres amis vignerons, et je compatis, mais là, vous allez trop loin.

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  3. Ping : Ecologie raisonnée, voir l’affaire Riboulot | saint yrieix la perche

  4. Mario Cilla

    Voilà un article lamentable! Méprisant pour les citoyens qui défendent la biodiversité. Vous prouvez dans ce document :
    1 – votre méconnaissance total de l’agriculture biologique
    2 – un mépris profond pour ceux qui ne pensent pas comme vous.
    3 – une absence de compréhension totale de la situation dans ce cas précis.

    Bref, au lieu d’insulter ceux que vous qualifier d’obscurantistes, vous devriez vous informez correctement et arrêter de défendre une agriculture aux résultats catastrophiques pour l’environnement et la santé humaine.

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    1. Jacques Maubuisson

      Ce commentaire de Mario CILLA n »a aucun rapport avec l’article (excellent) des 5 du vin. c’est manifestement du coupé-collé; une réponse-type pour faire passer pour des victimes ceux devant lesquels on se prosterne pas comme des sauveurs de la planéte et de l’humanité (crime de lése-majesté) . Attention, RIBOULOT n’est pas simplement un « bio », il fait de la « biodynamie », autant dire que c’est un bio-charlatan. Nous sommes fatigués par tous ces bobos shootés au PROZAC qui veulent nous faire revenir au temps des chasseurs cueuilleurs (espérance de vie 20 ans?)

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  5. On le dit et on le répète: nous n’acceptons plus aucun commentaire qui ne soit pas signé d’un nom et d’un prénom, avec contact possible par email.
    Nous prenons nos responsabilités, nous donnons nos avis, qui peuvent être divers, nous attendons la même chose de nos commentateurs.

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      1. Jean-Marc L, lui, nous a laissé une adresse email valide. Mais c’est vrai qu’il n’a pas donné son nom, je vais donc supprimer son commentaire de ce pas.

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    1. carbonnier

      Monsieur, au vu des commentaires ici, je vous remercie de garder votre calme et d’avoir toujours du respect, même pour les plus naïfs insultants, qui, en plus se cachent? Il faut du courage et des convictions pour vous. Bref, je suis amateur de vins et vis dans le Médoc, je pensais bien faire en buvant du vin ‘bio’. Aujourd’hui, avec ce que j’ai appris, je n’en boirais plus mais irai sur les vins ‘naturel’. Qu’en pensez-vous? Bonne continuation. Pierre.

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  6. Christian Juphard

    Cher Monsieur Cobbold
    J’ai bien lu votre article et suis à vrai dire un peu effaré par tant de subjectivité journalistique… Cette subjectivité dont vous taxez à loisir ces soutiens qui ont bien sûr « d’autres visées »… On nage dans la thèse complotiste et dans l’amalgame, si je ne m’abuse… Et que dire de ces signataires « un peu bio-intégriste sur les bords et même au milieu », qui ne pensent pas comme vous et sont tous manipulés par ces médias peu scrupuleux… Non, ils ne sont pas tous mauvais mais mal informés (un peu de condescendance pour les simples d’esprit…). Vous qui souhaitez vous appuyer uniquement sur les faits, reconnaissez que votre discours est plutôt peu argumenté et très caricatural… A moins que vous ne soyez comme moi amoureux de Brassens et ayez repris à votre compte cette jolie antienne de notre cher Oncle « ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons »… Pour ma part, je pensai que c’était du second degré, mais tout le monde peut se tromper (La preuve…)
    Bon, ensuite, vient le temps de l’information, un petit rappel sur cette grave maladie dont les soutiens de Mr Giboulot ne savent absolument rien, ils ne doivent pas avoir Internet, ces rétrogrades, je suis même certain que leurs pétitions sont en papier recyclé…
    Le sommet de votre « argumentation », c’est bien sûr la déclaration d’Olivier Leflaive ! Eleveur et vinificateur hors pair, dont le raisonnement touchera à coup sûr tous les vrais amateurs, moi le premier ! Un homme qui a choisi, entre le bio à fond et le raisonné, et il a raison, c’est certain… Qui dirait le contraire ? Enfin, moi, je serais Mr Leflaive, j’aurais surtout des raisons de me sentir un peu instrumentalisé tout de même … Car si je servais de caution à une thèse journalistique (C’est plutôt flatteur), j’aurais envie qu’on aille un peu au fond des choses, et qu’on ne se serve pas juste des arguments qui arrangent… Alors, voilà, oui, je fais du bio, mais je suis aussi capable d’agir raisonnablement parfois, parce que le bio, hein, ça va bien, quand ça va bien … OK. Mais quand même, dans le point 3 des 6 pratiques communes entre bio et raisonné qu’avance Mr Leflaive, que peut on lire ? « Pas de préventif mais du curatif (sauf soufre et cuivre) ». Or il n’y a aucune trace de flavescence dorée ni sur les vignes de Mr Giboulot, ni autour… On fait du préventif ou pas ? Non, selon Olivier Leflaive ! Ben alors, Mr le journaliste irréprochable ? Vous auriez pu au moins faire une petite allusion à ce point, non ?
    Bon, que dire de la fin de l’article : on s’enfonce inexorablement dans l’insulte et l’amalgame (faut bien se lâcher un peu, finalement, ça fait du bien, c’est pas bon de se retenir, et puis ils sont tellement ignards…)… Donc on a, en vrac, des crétins qui ne respectent pas la loi, des saboteurs, des fans de Dieudonnés (tant qu’à faire dans l’amalgame, autant aller jusqu’au bout !), des obscurantistes qui refusent le progrès, les ogm … (Ho, c’est à peine voilé, vous trouvez que j’exagère ?)…
    Bref, mettons un peu le fond de côté, voilà quelqu’un qui tacle allègrement les journalistes, et qui impose son opinion en se focalisant sur les arguments qui l’arrangent et en oubliant soigneusement les autres (la maladie, ça n’arrive pas qu’aux plantes) … Mais bien sûr dans le respect de la loi et c’est là le principal… C’est cela le journalisme ? On m’aurait donc menti à l’insu de mon plein gré … Peut être … personne n’est à l’abri de la manipulation …

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    1. M. Juphard. D’abord merci d’avoir signé votre commentaire.

      A propos de M. Leflaive, Je ne vois pas les choses comme vous. Il faut croire qu’il a mis en suspens le « pas de préventif », pour ses vignes en lutter raisonnée comme pour ses vignes en bio, puisqu’il n’a pas été assigné au tribunal, lui. Tout indique donc qu’il a traité. Et si vous lisez bien son texte jusqu’au bout, on peut logiquement en déduire qu’il a traité ses vignes bio avec le produit non-bio qu’il juge moins nocif. Peut-être va-t-il perdre sa certification bio, ou demandera-t-il une dérogation. C’est son affaire.
      Parler d’une instrumentalisation à son égard, en tout cas, c’est un peu exagéré: nous ne l’avons pas forcé à écrire son billet, et alors qu’il pouvait pas ne pas connaître le contexte, à quelques jours du passage de M. Giboulot au tribunal.
      Pour le reste, je veux souligner, primo, que les 5 du Vin peuvent avoir des opinions diverses sur tous les sujets; c’est le cas ici; secundo, que ceci est un blog, et que, oui, nous nous y lâchons parfois plus que dans nos articles écrits pour les magazines qui nous emploient. C’est toute l’ambiguité du « blog de journalistes ». Un espace de liberté, mais pour des gens qui sont censés faire preuve d’objectivité. Difficile de trouver l’équilibre.
      Mais franchement, lisez Libé, écoutez France Inter; je pense que même ici, nous sommes des enfants de choeur en matière d’engagement, de caricature et de subjectivité, par rapport à ces grands et nobles médias…
      Je trouve même – c’est de la vanité de ma part – que nous faisons quand même pas mal d’efforts pour essayer de mériter notre titre de journalistes. Quant à dire que nous sommes irréprochables, non, bien sûr.
      Vous avez le droit d’être critique, sévère, même. Merci de rester juste, quand même…

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      1. Christian Juphard

        Messieurs Lalau et Cobbold
        Ne vous méprenez pas sur mon sujet, et mon objet ! Je viens régulièrement visiter ce blog que j’apprécie, et notamment la sensibilité et la justesse des commentaires de Mr Lalau lors de ses dégustations…
        C’est surtout la forme que j’ai voulu critiquer dans cet article, ce n’est effectivement qu’une opinion, car effectivement, on peut chacun avoir des avis et les défendre…
        Si l’article avait simplement parlé du bien fondé de prévenir ou pas : voilà du fond … Chacun apporte ses arguments, et on discute, à côté d’un bon verre…
        Si l’article avait parlé des excès de buzz qui accompagnent invariablement ce genre d’affaires dans le contexte médiatique actuel, ok, c’est aussi un sujet sur lequel on peut débattre.
        Mais l’on trouve de nombreux sujets annexes, tous amalgamés, ce que Mr Cobbold reproche d’ailleurs à ses propres détracteurs et qui se retrouve dans son article ! bio-intégrisme, vigne expérimentale de l’INRA, bio opposé à la notion de progrès, public naïf, journalistes condescendants et j’en passe… Est ce que cela était bien nécessaire et constructif si l’on est dans une optique de débat ? Est ce que tous les signataires sont des incultes, n’y a’t’il pas des scientifiques ou des personnes qui connaissent le sujet parmi eux ? c’est un peu extrême, non ?. D’ailleurs, dans la réponse ci dessous, Mr Cobbold est bien plus mesuré, le débat est possible, la démarche bien plus productive, si j’ose ce mot !

        Pour ce qui est de l’argument Leflaive, Giboulot n’a traité ni avec le bio, ni avec le non bio ; il n’y avait pour lui pas de maladie à des kilomètres à la ronde, donc pas de raison de traiter… C’est sa position et son risque… Libre à ceux qui sont autour de traiter leurs propres vignes !

        Pour ma part et pour terminer, je précise que je suis caviste, que je rencontre pratiquement tous mes producteurs, des gens du crus, passionnés, des artisans de la terre, à qui l’on dicte encore beaucoup de choses alors qu’ils connaissent mieux leur métier que quiconque. Les vins que je choisis sont parfois bio, souvent raisonnés, souvent ni l’un ni l’autre, Je vends du Mr Zito, passionné et fervent de la biodynamie, du Mr Harmand Geoffroy, plutôt raisonné (mais qui est désespéré lorsqu’il rachète des vignes à un voisin de devoir creuser plusieurs dizaines de centimètres pour retrouver de la terre, car il n’y a plus que du sable en surface, ravagé par la chimie), du Yquem et d’autres grands bordeaux, on connait leurs positions sur la chimie et aussi les problèmes de fertilité dans cette région d’ailleurs… Autant de sujets de réflexion annexes, certes, mais qui doivent nous amener à chercher les alternatives que vous citez Mr Cobbold, et peut être que l’histoire de Mr Giboulot et sa désobéissance civile (et civique ?) qui sont un grain de sable dans le désert peuvent apporter quelque chose à ce débat… Je dis bien peut être … L’intérêt général, c’est aussi la santé des gens, n’est ce pas d’ailleurs le principal ?

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      2. Je vous remercie de votre commentaire mesuré et parfaitement censé, Monsieur Juphard. Je voudrais ajouter que le propre d’un support comme ce blog, qui n’est ni payé, ni contrôlé par quiconconque, est de pouvoir, de temps en temps, se « lacher » sur des sujets qui énervent un peu. Il est tout à fait juste que j’ai pratiqué dans cet article l’amalgame un peu facile, voire volontiers provocant. Mais il est vrai aussi que le comportement un peu suiviste de beaucoup qui ont signé ces pétitions sans aller voir sur le fond du problème m’a passablement énervé. Ce n’est pas perce que ces vignes sont indemnes de la présence de la cicadelle qu’on peut, moralement, s’abstenir de traiter. La bête vole et peut aussi se transporter facilement, vu sa petite taille. Et, connaissant l’extrême morcellement du vignoble bourguignon, je pense que la situation potentiel s’aggrave encore. L’efficacité des traitements, y compris le Pyrévert, agrée bio, semble se confirmer. Et, paradoxalement, le produit « bio » semble plus nocif pour la faune auxiliaire que des produits de synthèse non-bio. C’est là ou j’ai un différend important avec les tenants d’une ligne dure « bio ». Je pense qu’un peu de pragmatisme ne fait pas de mal dans ces situations. Et que la solidarité entre vignerons devrait permettre de passer au delà des sa religion dans ces cas très difficiles.

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      3. Christian Juphard

        Je suis d’accord avec vous Mr Cobbold, utiliser le produit le moins « toxique » même s’il n’est pas bio relève du simple bon sens… Et le militantisme aveugle n’a jamais fait bon ménage avec la science avec conscience…

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  7. Je suis frappé par la part de passion, et l’absence relative de raisonnement, dans certains commentaires sur mon article. Il est vrai que l’humour a du mal à passer dans mon texte, et que je n’aurai probablement pas du provoquer de la sorte dans certaines phrases. Mais, sur le fond et non pas sur la forme, je n’ai pas trouvé beaucoup d’arguments. Et on y mélange souvent des sujets annexes qui n’ont rien à voir avec le fond.

    Avoir des avis différents n’implique pas nécessairement avoir des certitudes, mais, dans le cas qui nous concerne, il est au moins certain que la flavescence dorée n’a pas encore rencontré une opposition efficace à sa propagation (qui s’opère par le vecteur de la cicadelle), hormis des insecticides. Il est aussi certain que cette maladie est potentiellement ravageuse. Les contrôles par le piégeage d’insectes adultes effectués en Bourgogne prouvent clairement l’efficacité des traitements préconisés. Mais l’usage des ces substances pose un vrai problème de conscience pour certains exploitants en bio, et le dilemne doit être cruel. A quel moment doit-on estimer que l’intérêt général de la viticulture doit passer avant celui d’un individu et ses convictions? Il n’est jamais facile de trancher ce genre de question. Il y a de multiples cas qui démontrent que l’individu a parfois raison de s’opposer à la majorité. Mais, à titre personnel, je ne trouve pas que ce cas en fait partie. C’est mon droit et c’est le sens de mon article. Je n’ai rien « contre » la pratique de l’agriculture bio, sauf quand cela devient une forme de religion fermée à tout raisonnement. Il me semble évident que nous devons encourager l’abandon des traitement lourds quand cela est possible. Mais quand il n’y a pas d’alternative, que fait-on ?

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  8. chenaux christiane

    Ignorants !!!beaucoup de cancers sont dus aux pesticides e insecticides ….Particulièrement ds la vallée du Rhone et la région Paca ou les agriculteurs développent des cancers du sang leucémies lymphomes .ect Cherchons d’autres solutions ou préférons la vigne aux hommes Renseignez vous sur les études épidémiologiques avant d’écrire de telles ignorances

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  9. Clémentine Mass

    Et pourquoi pas un article de journalisme d’investigation sur ce thème :

    « L’agriculture raisonnée en Côte d’or »

    Plein de questions se posent à moi quand ce terme est utilisé :
    Que recouvre cette pratique au nom si rassurant ?
    Les chiffres de consommation de pesticides ont-il enfin baissé grâce à elle en Bourgogne ?
    Permet-elle de sortir de cette monoculture qui imbibe notre terre, vaporise dans notre air, du phyto depuis plus de 50 ans ?
    Pourquoi l’oppose -t-on tant au ‘Bio’ alors qu’elle est raisonnable* ?
    Est-elle encadrée par une charte ? un label, des contrôles, une formation t viticole ?
    Ou bien est-ce le libre jugement du viticulteur qui fixe la limite du raisonnable ou du non-raisonnable ?

    …ce serait intéressant à mon avis
    (avis de bourguignonne native et chauvine, habitant au milieu des vignes, issue d’une famille d’exploitant, buveuse de bon vin)

    * car pour moi, ‘etre raisonnable’ c’est agir dans un souci de protection et de prévention : protéger sa santé, celle des autres, éviter de gaspiller, d’abimer, bref, faire attention

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  10. Il y a un point qui me parait éssentiel dans cet article, c’est celui des vignes abandonnées. Une de nos vignes voisines est abandonnée. Son proprietaire, peu scrupuleux, ne la traite pas, pour une raison très simple, c’est qu’il s’agit d’une société qui conserve cette parcelle pour des raisons spéculatives(futur POS etc…). Alors, l’obligation de brûler, il s’en tamponne. Et pensez vous qu’il soit facile d’agir pour imposer que ces vignes soient traitées? Peut être qu’une des pistes serait de contrôler ces vignes à l’abandon et de contraindre les proprietaires à en prendre soin. J’ai signé cette pétition, pour autant je suis tout sauf une khmer vert ,mais je pense que le débat doit être ouvert et qu’il faut que l’on cesse de s’étriper entre « bababobobios » « et chimistespollueurs » en tous les cas entre vignerons…Voilà, un modeste témoignage… bonjour à tous sous le soleil du Languedoc!

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    1. Oui Catherine, les vignes abandonnées sont un vrai problème qui en engendre d’autres. Je pense que la contrainte légale (inspection, puis brûlage si contamination) est la seule solution. Mais, si la parcelle est contaminée, il faut ensuite traiter autour (rayon à déterminer en fonctions des inspections menées), sans oublier que l’insecte vole et peut être transporté par les humains et leurs outils.

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  11. Fundamentalisme is nooit goed, enkel gemakkelijk. « Nee, nooit,onder geen beding. » Is gemakkelijker dan afwegingen maken en ‘nooit’ spuiten even fout als spuiten zonder infectiedruk. Kinderen vaccineer je toch ook. Of niet soms?

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  12. Frédéric Lamboeuf

    Je vous recommande de lire le texte très court de « La Dent d’Or » de Fontenelle, il date de 1687 et correspond très bien à cet article et les commentaires qui s’en suivent. Je n’ai rien trouvé dans votre article qui parle du cas précis de ce vigneron, ses vignes, son environnement, les propriétaires voisins, leurs plaintes ou non. Vous avez crucifié une personne au nom d’une idée générale mais était-elle coupable dans ce cas précis, je n’en sais toujours rien, aucun journaliste n’a su m’informer correctement.

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    1. Frédéric, je n’ai « crucifié » personne, j’ai simplement dit que je ne signerai pas des pétitions en défense de ce vigneron vu qu’il refusait de prendre les précautions qui me semblent nécessaires dans cette situation, mettant ses propres convictions devant l’intérêt général. Savoir si les parcelles voisines avaient une population de cicadelles n’est pas nécessairement pertinent, vu le rayon d’action de la cicadelle adulte et le morcellement des parcelles en Bourgogne, ou des tracteurs font des kilomètres pour aller d’un bout d’un domaine à un autre, en croisant des dizaines de parcelles qui appartiennent à autant de structures. Je lirai ce texte avec intérêt.

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  13. je suis content de vous lire et vous êtes toujours dans la continuité de votre philosophie. Chacun voit à midi à sa porte, vous n êtes pas vins naturels moi oui. La différence des hommes font progresser les intelligents.
    Je respecte vos choix mais je me suis posé une question.
    Pourquoi la maladie est apparue dans les années 1990 alors que la ciccadelle a toujours existé.
    Je suis l un des rares personnes à se poser cette question importante je pense…
    pour rappel http://www.vinpur.com/view.php?node=353
    Jean charles Botte

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    1. Jean-Charles, d’après mes informations cette cicadelle, et la maladie qu’elle transporte, est apparu dans le midi de la France au début des années 1980. Elle provient de l’est des Etats-Unis, en particulier de la région de Finger Lakes. Difficile de savoir pourquoi, comme pour le phylloxera un peu plus de 100 ans avant, dont les effets catastrophiques sont bien connus, et qui s’attaquait à un vignoble dont les traitements chimiques étaient absents et à des vignes de tous âges et dans tous les types de sols, sauf les sables ou les paluds (et nous savons maintenant que la raison de cette indemnité est mécanique). Si vous voulez parler de vin dit « naturel », c’est avec plaisir mais c’est un autre sujet.

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  15. Le Conte des Floris Catherine

    Non on ne peut pas imposer de ne pas faire un traitement qui est juridiquement obligatoire.mais il doit être fait avec un produit labellisé bio.

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  16. Ping : Giboulot, le vin | Les 5 du Vin

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