Mille baisers de Béziers et merde au boycott !

Le boycott, je connais et j’ai donné, jadis. Je l’ai aussi proposé ici même à propos des Grands Crus Classés un jour où j’étais furibard. Il y a des cas où il me paraît utile. Quant à Béziers, Béziers sur Orb, que voulez vous, j’ai un léger béguin pour cette ville liée à l’histoire du vin. Ce n’est pourtant pas la plus riante, pas la plus coquette des cités, mais j’y passe souvent en train et je m’y arrête parfois. Comme ça, rien que pour le plaisir de remonter le Jardin des Poètes et de me retrouver sur les allées Paul Riquet avec cette envie folle de flâner jusqu’au restaurant l’Octopus ou jusqu’au bar à vins le Chameau Ivre où il fait si bon traîner le soir, sur la terrasse de la place Jean Jaurès. Surtout ne pas oublier la cuisine de Patrick Olry, à l’Ambassade, tout en bas, face à la gare.

J’aime ce restaurant dont on parle peu et qui propose pourtant une bonne carte des vins et de généreux plats de saison où l’on goûte le groin de cochon à la moutarde ou les ravioles de févettes. Enfin, si je ne veux pas rentrer, j’ai toujours la possibilité de passer la nuit à l’Hôtel des Poètes où l’on est si aimablement reçu.

BEZIER

Restons modeste. Cette envie folle et subite de parler de Béziers ne vient pas de moi. C’est l’ami Vincent Pousson qui me l’a soufflée. Ayant eu vent d’une fronde post électorale sur le net, il s’en est insurgé à sa manière que je trouve très belle. Oui, c’est vrai : il y a des artistes, des chroniqueurs, des sportifs même qui se proposent de boycotter Béziers depuis qu’un sympathisant (non adhérent) couleur bleu marine y a été élu maire dimanche dernier. Bon, ce type (le maire) ne m’inspire pas confiance et je n’aime ni son discours, ni ses allures droitières passablement extrémistes. Mais c’est affligeant de constater que des gens responsables osent condamner l’ensemble des habitants d’une ville simplement parce que la moitié d’entre eux a eu la faiblesse de se laisser entraîner dans une mésaventure frontiste. Autant je ne boirai pas de vin vinifié par un raciste déclaré ou un admirateur du Duce, sauf à l’aveugle bien sûr, autant je comprends aussi Olivier Py qui, en Avignon, avait manifesté son intention de ne pas travailler avec les édiles en cas de victoire de l’extrême droite (c’est finalement une des rares villes empochée par les socialistes, comme quoi…), autant je ne m’aventurerai jamais à boycotter cette sous-préfecture de l’Hérault dont j’admire la cathédrale Saint-Nazaire à chaque fois que le train s’apprête à entrer en gare.

En conséquence, je vous intime l’ordre de lire le papier de Vincent (voir le lien plus haut) auquel je m’associe en criant haut et fort : « Ne boycottez surtout pas Béziers ! ».

Michel Smith

11 réflexions sur “Mille baisers de Béziers et merde au boycott !

  1. Et comme vous ça me ferait mal de boycotter le domaine Saint-Vincent à Béziers (ancienne route de Bedarieux) même si, à ma connaissance, il ne produit pas de 100% Carignan. Le FN pousse où il y a du mal être. Boycotter une ville dont le maire est FN, c’est accentuer le mal être donc renforcer le FN. Et boire le bon vin en ce disant que c’est toujours ça que Ménard ne boira pas, c’est un plaisir qui ne se refuse pas. Non loin de là, Michel, se trouve L’Ancienne Cordonnerie dont je vous recommande le « Talon aiguilles », 100% Carignan celui-là. (C’est à Boujan/Libron)

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  2. Pierre

    Je connais bien l’Hérault, mais pas Béziers. Boycotter une ville FN, c’est pas contre la ville, c’est contre le FN. C’est une nécessité, un devoir pour ceux qui aiment la République. Le FN n’est qu’un héritage de cette honte française qui s’appelle l’extrême droite et le pétainisme. 6 millions de morts dans les camps. Un détail d’histoire. Honte au FN et à ceux qui votent pour cela, cette horreur.

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    1. Pierre, plus on boycotte les villes dirigées par le FN plus on agrandit le malaise sur lequel croît le FN. Si vous voulez soutenir le FN, boycottez. Le FN en fera ses choux gras. Combattre le FN, oui. C’est ce que je fais dans le Biterrois où j’ai ouvert un bar à vins/librairie. Toutes les semaines quasiment on invite des écrivains, des comédiens, des photographes et même des humoristes. On a invité des auteurs coréens, on parle de l’autre et on goûte (et déguste) des vins (dont beaucoup sont bio). C’est une goutte d’eau (ou de nectar), mais au moins, face au racisme tonitruant du comptoir (on fait aussi café de village), on affirme et on démontre que l’autre est intéressant, que découvrir est passionnant, que s’ouvrir est bénéfique. Boycottez ne fait que renforcer l’idée que l’autre nous veut du mal.

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  3. Je ne suis pas Héraultais, mais je connais Béziers un petit peu. Et je suis le premier à dire non au FN et à tout ce qu’il représente. Le maire actuel n’est pas FN, même s’il a leur soutien. Mais il s’entoure de gens pas très fréquentables que même le FN récuse. C’est la direction de cette ville qui me débecte, mais pas la ville en elle-même et encore moins une partie de ses habitants. Ceux-ci ont besoin de notre soutien pour continuer à vivre tout simplement.
    Maintenant que tout cela est dit, je précise que ce blog coopératif ne s’interdit pas la politique – du moins pas moi – mais que notre sujet principal est le vin. C’est parce que Béziers est une ville du vin que je me suis autorisé à évoquer ce boycott ridicule qui ne résout en rien les difficultés de vie de mes amis Biterrois.
    Voilà, c’est dit. En attendant, tant que vous ne signerez que de votre prénom je ne répondrais plus à vos observations.

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    1. Hier, sur RTL, lors de l’émission « On refait le monde », j’ai entendu les invités débattre du « cas Ménard ». J’ai du mal à situer ce Monsieur dont l’itinéraire politique a été très curieux (d’abord trotskiste, puis PS, et maintenant, associé au FN…). Par ailleurs,Reporters sans frontières, ce n’était pas une mauvaise idée. Bref, l’homme est complexe. Curieusement, il a lui-même fait partie des polémistes… d' »On Refait le Monde »! Avant qu’on ne l’en écarte, semble-t-il, pour son flirt avec l’extrême droite.
      A ce propos, au delà de M. Ménard, ma conception du débat démocratique me pousse à dire que dans un tel panel de polémistes, il devrait y avoir aussi des gens d’extrême-droite. Les écouter n’oblige personne à adhérer à leurs vues, alors que le fait qu’il ne soient pas là discrédite un peu le débat.
      Mais ce qui m’a choqué, hier, c’est la réaction d’une autre polémiste invité par RTL, Mme Diallo, à une mesure prise par la nouvelle municipalité de Béziers: le « couvre-feu » pour les moins de 13 ans non accompagnés à partir de 23h.Je me demande juste si la polémiste en question a un enfant de moins de 13 ans et si elle le laisserait dans les rues de sa ville, seul, après 23h. Moi pas. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question de responsabilité parentale.
      C’est peut-être dommage si une mairie est obligée de compenser la carence des parents, mais si cela peut forcer ces parents à assumer leurs responsabilité, alors je suis pour. Bref, je trouve que ma consoeur a été mal inspirée.
      Pour le reste, d’accord avec toi sur tout Michel.

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