Ne poussez pas trop loin le bouchon!

L’autre jour, lors d’un voyage de presse, j’ai dû me farcir une bonne heure de présentation sur les avantages supposés des produits d’un bouchonnier.

C’est qu’il était sponsor de l’événement. Et les organisateurs ont fait le forcing pour nous faire assister à la présentation, mes collègues journalistes et moi. Dieu sait pourtant que j’aurais préféré être ailleurs. Je ne crache pas dans la soupe: ce n’était pas pour ça que j’étais venu.

De toutes façons, je ne vois pas comment je pourrais en parler dans mes articles. J’écris pour le consommateur et le consommateur ne choisit pas les bouchons des vins qu’il boit. Ce sont les producteurs qui le font pour lui.

Une exception, peut-être: les capsules à vis. Comme elles se voient, le consommateur peut se déterminer en fonction de cette différence. A titre personnel, vous savez que je suis favorable à ce type de bouchage. Mais je ne me fais pas d’illusion sur mon influence.

Dans tous les autres cas, le consommateur ne découvre le bouchon qu’une fois la bouteille ouverte, alors je pourrais bien lui vanter le Diam’s, le Nomacorc ou l’Amorim que cela ne changerait rien.

Boule.kugel

Pousse le bouchon!

Je constate quand même que nous autres journalistes sommes de plus en plus les otages de ces fournisseurs de la production, que ce soit au sein des concours (souvent abondamment et ostensiblement parrainés par tel ou tel bouchonnier) que des présentations de presse.

Je profite de cette modeste tribune pour leur dire, ainsi qu’à leurs charmantes attachées de presse (qui ne font que leur boulot, bien sûr), que ce type de communication m’ennuie. Que même si j’en avais l’envie, je ne pourrais les aider. Et que je n’en ai pas l’envie.

Je le dis poliment aujourd’hui, mais j’ai bien peur un jour de ne plus pouvoir me retenir de le dire de manière plus véhémente, et publique, lors d’un de ces événements sponsorisés.

 Hervé Lalau

9 réflexions sur “Ne poussez pas trop loin le bouchon!

  1. Voila, c’est dit. Maintenant tu devrais te pencher sur le financement des événements vinicoles organisés pour la Presse. Si le vin n’avait que les financements publics pour communiquer, tu n’irais pas souvent en voyage à la découverte d’une appellation ou d’une autre. Si seules les interprofessions organisaient les concours pour faciliter la promotion des vins, on ne goûterait pas tous les millésimes. C’est dommage que ces sponsors dont tu parles ne travaillent pas mieux leur présentation. S’ils ne savent pas faire autre chose que payer, on peut le comprendre mais, je reconnais qu’ils peuvent être nuls en communication quand on leur propose (ou qu’ils demandent) d’intervenir lors d’un événement qu’ils sponsorisent. Dans ceux que tu cites, j’en ai vu qui venaient vendre leur bouchon comme s’ils s’adressaient à un vigneron pas bien renseigné. Devant un public d’oenologues ou de journalistes, c’est maladroit à la limite du ridicule. Limite qu’ils semblent avoir franchie devant toi! Sans eux tu ne serais pas invité, espérons que c’est par incompétence en communication qu’ils t’imposent leur produit et non par vengeance.

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  2. mauss

    Je ne sais trop de quel événement Monsieur Lalau a été la victime, mais, pour y avoir assisté deux ans de suite à Bordeaux, la société DIAM finance et organise une matinée où sont discutés des sujets « vins » sans que cette société mette une pression même mineure sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils développent. Dans un tel cas, DIAM est un financier intelligent.
    Maintenant, quand ils sont face à des producteurs, comme c’est le cas lors de notre réunion annuelle à Villa d’Este, DIAM, TARANSAUD ou VERALLIA sont bien là pour parler de leurs produits, de leurs recherches, et pour toute personne liée directement ou non au monde du vin, on apprend des choses.
    Mais surtout, in fine, on compte tous sur l’intelligence des critiques qui doivent savoir passer outre les éventuelles pressions qu’ils peuvent ressentir lorsqu’ils participent à de tels événements financés par des fournisseurs.
    … et quand c’est trop de trop, et bien, comme ici Monsieur Lalau, ils ont toujours la possibilité d’exprimer leur mécontentement ! C’est déjà pas mal, non ?

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  3. J’ai déjà lu ce papier sur ton blog, Hervé. Je voulais le commenter le mois dernier un peu à la manière courte et explicite de l’ami Alain Leygnier qui participe lui aussi, bien que rarement, à des voyages de presse. Si, si, je l’ai vu…
    Tu me donnes l’occasion de le dire ici : dès lors que l’on accepte de participer à un voyage de presse, ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire, quand bien même ce déplacement serait-il raté. Au début de « ma longue carrière », j’assistais à tout et je critiquais à tour de bras. Maintenant, je suis zen.
    Au point où nous en sommes, avec l’expérience que nous avons, et pour avoir l’esprit plus tranquille, mieux vaut n’accepter que les voyages organisés par des attachés de presse sérieux et efficaces (il y en a peu, je le concède…) ou mieux encore, se les organiser soi-même, ce que je fais de plus en plus en impliquant parfois un ou deux autres camarades journalistes.
    Certes le déplacement dans une région est un peu onéreux, mais on y gagne en qualité de travail si j’ose dire. En demandant aux vignerons de nous recevoir chez eux, le plus simplement du monde, il n’y a plus aucun stress. Ainsi, on prend le temps de noter, de photographier, de vagabonder dans les vignes et les caves, d’échanger, de goûter, d’apprendre, de bien rigoler aussi.
    Et on peut parler bouchage en toute liberté avec la personne qui est la première concernée.

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  4. Alain Leygnier

    Je précise ma pensée : personne n’est obligé de participer à un voyage de presse et encore moins d’en rendre compte. S’instille depuis quelques années l’idée fallacieuse qu’un papier est le nécessaire renvoi d’ascenseur d’un voyage ou de l’envoi d’un échantillon. Dans les deux cas, il s’agit d’information, à traiter, ou non, à discrétion, et non d’un cadeau. J’ai en outre le souvenir de certains voyages de presse qui n’étaient précisément pas des cadeaux.

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  5. À mon tour d’en rajouter : Hervé, transparence pour transparence, il serait utile, à mon sens, que tu nous donnes les noms, 1) de l’attachée de presse; 2) de son client; 3) du bouchonnier…

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  6. Alain, Michel, M. Mauss et Mme Friedrich, ce n’est pas le problème. Le voyage a certes été accepté, et il était intéressant en lui-même, aussi je me félicite d’y avoir été. Mais mais cette présentation là n’avait aucun rapport, elle n’apportait rien en matière de vin ni d’article publiable.
    Si on m’avait proposé d’aller à cette présentation uniquement, j’aurais dit non, mais cela faisait partie d’un « paquet » qu’on ne m’a pas présenté ainsi.
    Quant à dire qui, et quand, et où n’est pas le problème, ce serait épingler une manifestation alors que bien d’autres pourraient l’être.

    Et j’autorise quiconque à sauter le mercredi sur les 5 du Vin si mes articles les défrisent.

    Hervé LALAU

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  7. Oh, oh, l’Ami… Je ne faisais que pointer pour être au plus proche du cochonnet. Sur le fond, tu as raison. Mais ça m’aurait amusé d’avoir des détails. C’est mon côté Voici 😉

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