Le vin n’est qu’un perpétuel grand marronnier.

Si, si, je vous le jure ! En trente ans, qu’est-ce qui a vraiment changé dans le discours sur le vin ? C’est bien simple, pas grand chose et je me le disais l’autre jour en lisant l’article d’un confrère, je ne sais plus lequel et de toute façon cela n’a que peu d’importance, qui se lamentait sur l’excès de bois que la dégustation d’un Bordeaux, je crois, faisait ressortir. Et c’est alors qu’après une de ces siestes au cours desquelles il m’arrive de réfléchir, je me suis dit que mille milliards de mille sabords, mais je tenais peu ou prou les mêmes propos il y a 30 ans sur tous ces « super pinards » boisés que l’on voyait fleurir et qu’on nous infligeait sous le nez. Conséquence : hormis la croisade des vins « nature », les discours n’ont guère évolués et les sujets non plus, soit-dit en passant. Il n’y a qu’à lire les blogs du vin pour s’en rendre compte…

Peter Fischer dans son chai à barriques. Photo©MichelSmith
Peter Fischer dans son chai à barriques. Photo©MichelSmith

À part le boisage du vin (au lieu de l’élevage), le sempiternel débat sur la machine à vendanger (bien ou mal ?), sur les vertus de la conduite sur fils (comparée au gobelet), ou sur les rendements (petits ou justes), la cryoextraction, la chaptalisation, la macération (carbo ou pas carbo ?), la décantation, les levures (industrielles ou indigènes), le goût de bouchon, des brettanomycès, la grande distribution, la dégustation, le prix du vin, la garde du vin, les livres sur le vin, la grande musique dans les chais, les œnologues starisés, les classements, les spéciaux vins, les guides, les salons, les primeurs, le millésime, le vin bio, le rosé, que sais-je encore, rares sont les sujets qui n’ont pas encore été abordés à maintes reprises dans la presse. Chez nous les journaleux, quand un sujet est ressassé, comme l’élection d’un pape ou la chasse aux œufs dans le jardin, la rentrée des classes et les vacances au ski, on le classe comme étant un « marronnier ». Et un marronnier, c’est chiant !

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Alors, hormis les vins « nature » et son corollaire sur les effets bons ou mauvais de l’anhydride sulfureux, quel discours nouveau a-t-on à nous offrir ? J’ai beau réfléchir, je ne vois rien de très convaincant : le vin considéré enfin comme bien patrimonial ? Oui, peut-être… La nouvelle législation sur les appellations ? hum… Les mariages des rosés et des blancs avec la cuisine asiatique ? Mouais… L’œnotourisme ? Ma foi, pourquoi pas ? Le vin diabolisé sur la route ? Ça commençait déjà. Les capsules à vis ? On en parlait aussi. Les bag in box© ? Vieux comme Hérode. Les cuves en forme d’œuf ? Probablement, mais on peu pas dire que l’ovoïde se soit répandu partout.

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

Non, c’est un fait, s’il n’y avait le net et l’avènement du Piquepoul de Pinet et des vins du Sud (mais là, je prêche pour ma paroisse !),  le rosé-pamplemousse et le pet’nat’, je ne vois rien de franchement nouveau à l’horizon. Faudrait peut-être qu’ils se bougent le cul nos vignerons, non ? Et vous ? Voyez-vous quelque chose de nouveau qui puisse faire débat ? Vous cassez pas trop le ciboulot, y’a rien à gagner !

Michel Smith

14 réflexions sur “Le vin n’est qu’un perpétuel grand marronnier.

  1. Peut-être tout simplement la façon de communiquer sur le vin?
    Moins élitiste, plus ouverte (parfois), plus fun, plus réactive, « in ». Notamment avec les réseaux sociaux, les blogs.
    Une façon de faciliter les échanges et de « draguer » de nouveaux consommateurs!
    À la vôtre!

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    1. georgestruc

      Bien sur, André, parfaitement raison. La nouveauté ne vient pas de ceux qui parlent du vin, mais des consommateurs, de plus en plus curieux, à la recherche de ce qui tient aux racines du vin, à son environnement ; un gisement que l’on commence seulement à explorer et qui promet de belles années et de beaux événements sous l’égide de structures et de personnes qui savent s’y investir. La recherche du débat ? Infructueuse…Là n’est pas le sujet, ni l’objectif.

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  2. – L’apport des neurosciences dans la dégustation,
    – la maîtrise de la fermentation malolactique chez les vignerons de Loire,
    – l’intérêt des plantes bio-indicatrice dans la viticulture,
    – la nécessité de séparation des AOC en deux : les villages et cru et les régionales,
    – l’équilibre économique des petites exploitations viticoles,
    – la transmission des vignobles du Roussillon, du Languedoc, du Muscadet

    J’ai gagné un rosé-pamplemousse ?

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  3. Denis Boireau

    Et pour ajouter à la bonne liste de Jocelyn:
    – le redémarrage de la viticulture en Ile de France
    – le renouveau des vins Bretons
    – la sauvegarde des cépages oubliés
    – la réhabilitation des hybrides et des 6 cépages interdits
    – un statut juridique ou une tolérance officielle pour les vignes non commerciales: patrimoniales, historiques, culturelles, pédagogiques et vignes de loisirs.

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  4. Bien les gars, ça gamberge… Mais j’évoquais mes débuts, fin 70 début 80. Il est vrai que l’on commençait juste à parler de malolactiques, de piégeage sexuel et de semis dans les rangées de vignes… Quant aux neurosciences dans la dégustation, j’avoue que c’est un sujet trop ardu pour moi.
    @Denis : tu mets la Bretagne jusqu’en Vendée ? Ou tu t’arrêtes à la Loire ?
    C’est bon, continuez !

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  5. Mickael Kara

    Et si ce qui était nouveau c’était… qu’on attend sans cesse du nouveau? Les techniques viticoles se sont quand même sacrément modérnisées depuis les années 80, mais il faut toujours raconter quelques chose de nouveau, chaque millésimes doit balayer la vérité du précedent. Le vin c’est aussi un éloge de la patience, pas besoin de réinventer l’eau chaude tous les jours je pense. Il y a tellement à découvrir que je trouve triste de s’attarder sur des débats qui reste assez périphériques bien souvent. Le vin et son goût/plaisir doivent se suffire à eux-même, le reste n’est que littérature.

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  6. Goûté un insolite Picpoul noir 2012 du domaine de l’Ile St-Martin il y a peu …

    Les neurosciences (ou la psychologie cognitive) pour comprendre comment le vin, « nature » ou non, nous mène par le bout du nez, que l’on soit simple amateur ou prescripteur chevronné.

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  7. mauss

    « Finalement, je crois que la chose la plus importante à signaler en 30 ans dans l’univers du vin, c’est l’avènement en France, mais aussi en Espagne et en Italie, de vignobles que l’on n’attendait pas. »

    … ou, en mots réduits : la fin de certains monopoles qui bénéficiaient – comme Bordeaux – d’une certaine clientèle captive, fidèle par force, infidèle maintenant avec ces découvertes si intéressantes d’autres régions.

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  8. Je suis d’accord avec la 1ère remarque, celle de « Martinez ». Facebook, Twitter et les blogs apportent vraiment un regard nouveau, différent sur le Vin. Et révèlent un immense intérêt de la part des jeunes générations, que l’on ne soupçonnerait pas…
    Autre révolution pour moi : l’intérêt nouveau de la Chine pour le vin. Un choc culturel dont on est très loin de mesurer toutes les conséquences économiques, techniques et culturelles

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