Vin et radio: peut mieux faire !

on air

La radio est un média formidable qui pourrait très bien servir la cause du vin, de sa connaissance et de son appréciation, en informant sur bon nombre de ses aspects : historiques, géographiques, culturels, humains, techniques, économiques et même, très imparfaitement et partiellement, sensoriels. Mais paradoxalement, en France du moins, on utilise très peu ce média pour parler du vin. Pourquoi ? Probablement par un excès de timidité devant des interprétations abusives de cette satanée loi Evin. Mais aussi par une absence de courage et de volonté de la part de producteurs et responsables des stations de radio dans ce pays.

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Je dois avouer de suite une forme d’intérêt dans cette affaire. Oh ce n’est pas que je gagne ma vie en parlant du vin à la radio. Ma contribution hebdomadaire, qui dure depuis 10 ans maintenant, à la seule émission consacrée au vin en France est payée à un taux horaire bien inférieure au SMIC. Il s’agit d’ In Vino BFM, qui passe deux fois par semaine (plus podcasts) sur la chaîne de radio BFM Business, une filiale du groupe NextRadioTV d’Alain Weil (ainsi que RMC et BFM TV, par exemple).

Mais là n’est pas le sujet. Mon interrogation porte plutôt sur l’absence d’intérêt des médias dits « grand public » pour le vin, sujet pourtant riche en ramifications de tous genres, et bien plus qu’une « boisson alcoolisée » ! J’étendrai même ma perplexité aux radios spécialisées, car je n’entends que très rarement parler du vin sur France Culture, par exemple.

Quand nous avons débuté cette émission sur BFM, en Septembre 2003, on ne croyait pas que cela allait durer plus d’un an, tant les chaînes de radio avait une sainte frousse devant ceux qui tombent, avec des foudres juridiques, sur tout ce qui bouge dès lors que cela parle de boissons alcoolisées. Il faut ici saluer la ténacité et l’esprit d’entreprise du producteur de l’émission, Alain Marty, sans lesquels l’émission n’existerait pas. Nous avons respecté, dès le début,  l’esprit de la loi Evin qui régit dans ce pays la « publicité » (les guillemets sont là car cette loi n’a jamais défini ce qui est entendu par le terme publicité) pour l’alcool et le tabac, en prônant, en permanence,  une consommation modérée. A entendre certain confrères, cela faisait de nous des sortes de collaborateurs ! Je leur répondais alors que s’ils souhaitaient donner du temps d’antenne au vin, qu’il y aillent, mais qu’il valaient mieux respecter la loi et pouvoir parler du vin que de vivre en cachette en maugréant sous le radar des médias. Je constate, malheureusement, que personne d’autre n’a osé monter une émission régulière sur le vin. J’aurai préféré, et de loin, qu’il y ait de la concurrence, car cela aurait certainement poussé notre émission à se remettre en cause et s’améliorer, mais ce n’a pas été le cas.

Faut-il conclure que le vin n’intéresse pas grand monde ? Ou bien que ce n’est pas un sujet radiophonique ? Ou, comme je l’ai déjà suggéré, que les radios en France ont tellement peur de procès de la part de l’ANPAA, et des condamnations par des juges sous la coupe de cette association puritaine qu’ils bloquent sur ce risque sans raisonner plus loin ?

J’avoue ne rien savoir de la bonne réponse à cette question alors que j’entends parler tout le temps de « marchés de niches » et de « fragmentation d’auditoire ». Il reste qu’In Vino BFM est toujours là après plus de 10 ans, que son audience grimpe régulièrement et dépasse le lectorat de magazines spécialisées, et que nous n’avons subi qu’une seule remarque de la part du CSA depuis le début.

Nous essayons de donner une vision multiple du vin, ou tout le monde peut avoir un temps de parole : producteurs, journalistes, restaurateurs et amateurs, par exemple. A la grande différence de ce qui se passe à la TV, personne ne nous a jamais empêché, nous les chroniqueurs, de citer des marques ou noms des producteurs des vins que nous avons aimés…ou détestés.

Si quelqu’un pouvait m’expliquer pourquoi la radio et le vin ne semble pas fonctionner en France, hormis ce cas particulier, je serai heureux de le lire.

David Cobbold

5 réflexions sur “Vin et radio: peut mieux faire !

  1. En Belgique où la loi Evin n’existe pas, étant la marque d’un génie français, nous avons quelques émissions vins ou plutôt passages vins au sein d’émissions culinaires. Nous avons même eu des émissions télé 100% vin (Millésimes); l’émission Télétourisme parle régulièrement de vin, quand la région mise en avant en produit. On reste quand même loin derrière d’autres thématiques.
    Manifestement, il y a une attente, un engouement du public belge pour le vin, l’information autour de ce produit.
    On doit cependant constater que l’information gratuite est de plus en plus abondante au travers des blogs, des podcasts, des sites, aussi cela concurrence-t-il peut-être les radios et télés. Par ailleurs, les producteurs de vins, pris séparément, restent plutôt des petits joueurs en termes de vente et donc de petits annonceurs.

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  2. georgestruc

    Il est clair que le risque encouru à parler de vin dans une émission radio spécialisée freine tous les élans des producteurs. Nous vivons comme des clandestins, des passeurs, des braconniers, situation exaspérante mais bien réelle. Même les radios dites « locales », lors d’événements organisés par des syndicats de crus ou de villages, sont frileuses et n’en font pas « des tonnes » sur le sujet. Ou alors, ledit sujet est contourné, placé sous l’égide de « rassemblement culturel » par exemple. Hervé a raison, ce vide radiophonique est compensé par les très nombreux blogs qui fleurissent partout sur notre territoire et celui de nos voisins. Problème, leur accès nécessite un effort, car l’information qu’ils contiennent n’est pas reçue de façon passive.
    On aura du mal à modifier les lignes du système, hélas.

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  3. La trouille, toujours la trouille…
    Moi, je verrais bien Hervé et Marc reconvertis accessoirement en journalistes-producteurs d’une émission des 5 du Vin sur France Cul ;-). Pas vous?

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  4. Laurence Charbit

    Bonjour Cher David,
    Je vous écoute depuis trés longtemps sur bfm par l’intermediaire des podcasts. Depuis janvier , plus rien! Où est passée l’émission? Y a-t-il eu un souci? Vos détracteurs auraient-ils gagné? J’espère vous lire ou vous entendre à nouveau trés prochainement.
    Bien à vous
    Laurence Charbit

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