Tandis que je sirotais mon 98 « Noblesse du Temps » du Domaine Cauhapé, un majestueux Jurançon aux notes d’abricot confit et de zeste de pamplemousse, je prenais soin de visionner de temps en temps mon second écran pour suivre l’époustouflant match Federer-Monfils (Roger plié en trois sets, pour ceux qui ne le sauraient pas) tout en pensant à ma chronique à venir, celle du Dimanche. Oui, les nouvelles cuvées de Carignan abondent en cette fin d’année… et j’ai de quoi, sans trop me vanter dépasser sans encombres le cap du quatre centième numéro ! Je sais, toutes ces confidences n’ont pas grand-chose à voir, mais c’était juste pour vous titiller, pour vous montrer que je ne bois pas QUE du Carignan, que je bosse réellement pour vous, que je me défonce même… Et pourtant…

L’autre soir, je me trouvais à Narbonne dans les murs du Célestin. Derrière les Halles, c’est un petit un bar-caviste très vins « natures » (désormais, il faut le préciser…) où l’on goûte des bouteilles parfois surprenantes, mais bonnes, notamment pas mal de vins issus de cépages « autochtones » comme l’on dit, dont quelques flacons de Carignan, plant aragonais, certes, mais implanté dans le coin depuis le Moyen-âge. Patrons du lieu, Hyacinte et Xavier Plégades, dont je loue avec force la gentillesse et le goût du risque (mélanger une musique assourdissante à une gastronomie audacieuse arrosée de vins sudistes n’est pas donné à tout le monde !), n’avaient rien trouvé de mieux que de prêter leurs fourneaux pour une nuit au plus frondeur des journalistes-blogueurs-culinaires, Vincent Pousson, fraîchement débarqué par le train de Barcelone pour préparer des plats courts mais bien mijotés, des sortes de tapes tendance Catalane. Résultat, ce fut un joyeux délire qu’il est prévu de remettre sur le tapis le 13 Décembre au même endroit. Voilà, si vous résidez dans les parages, vous êtes avisés.

C’est dans cet indescriptible charivari (Vincent est aussi à l’initiative du Charivari dont je vous avais entretenu cet été) que j’ai pu goûter à la bonne température (merci Xavier) et photographier pour vous le vin de Jean-François, dit Jeff, Coutelou. L’homme dirige à Puimisson, charmant village proche de Béziers, le Mas Coutelou, domaine classé en agriculture biologique depuis 1987, d’où il vinifie toutes sortes de vins aux étiquettes joyeuses et décalées, des cuvées propres à séduire les bistrots tendance vins naturels. Chez lui, il y a de la Syrah et du Grenache en quantité, mais le Carignan a droit de cité. Non mais, manquerait plus que ça !

Ce soir-là, Jeff présentait plusieurs vins, dont un Carignan 2007 guère à sa place dans ce genre de soirée où l’on ne pouvait que se concentrer sur la gaudriole et le rythme afro-cubain. Le vin le plus facile d’approche, compte tenu des circonstances, a bien entendu retenu mon attention. Il s’agissait du « Flambadou », un mot très Languedocien qui désigne un instrument en métal avec un embout de forme de cône dans lequel on glisse du lard que l’on fait ensuite flamber dans la cheminée au dessus d’un lièvre à la broche, par exemple. Cela a pour effet de saisir les chairs de l’animal et de lui donner un goût inimitable. Servi froid dans sa gelée, en compagnie de quelques brins de cresson, le jarret de cochon de l’Ariège, pays natal de Vincent, faisait un effet bœuf (ça m’a échappé !)sur ce Vin de France 2013 proposé à 21 € sur table, ce qui me paraît honnête. Je l’ai juste trouvé un peu jeune, mais il était bien charnu, savoureux, pas trop acidulé, ni trop tannique, juste ce qu’il me fallait dans ce genre d’ambiance festive où les produits campagnards étaient bien mis à l’honneur. La bouteille a été vite vidée, ce qui est un bon signe… Ceux qui l’attendront s’en serviront pour accompagner un lapin de garennes, par exemple.
Michel Smith
Heureux que vous avez découvert les vins de Jeff, dont le domaine est le sujet de mon blog http://amarchinthevines.org/
Flambadou 2013, oui il faut le garder plus longtemps si possible, le 2007 est superbe.
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J’comprends pas bien, Michel. Ton Jeff, est-ce qu’il ne serait pas tout seul? Sinon, va falloir foutre le camp de ce trottoir et aller chez la madame Angèle.
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