Bulles de Loire (1): fines et raisonnables

 IMG_4851Trois des quatre au travail pour cette dégustation. Jim prenait la photo. Hervé réfléchissait à sa prochaine blague. Marc peaufinait ses notes. David s’occupait du service. Un vrai petit ménage à 4 ! (photo Jim Budd)

Il y a quinze jours, 4 membres de ce blog collectif se sont retrouvés à Angers, à l’occasion du Salon des Vins de Loire. L’occasion fut trop belle pour ne pas tenter notre troisième expérience d’une dégustation partagée, après Champagne (2012) et Bourgueil /Saint- Nicolas-de-Bourgueil (2013). Evidemment, cela allait concerner une ou plusieurs appellations ligériennes, et nous avons opté pour deux appellations de vins effervescents, vu l’engouement actuel des marchés pour ce type de vin. Il s’agit de Crémant de Loire et de Saumur Brut, qui utilisent tous les deux la méthode dite « traditionnelle », ce qui signifie une seconde fermentation d’un vin tranquille en bouteille afin de générer pression et un peu plus d’alcool. Les règles précises de ces deux appellations diffèrent un peu, comme le démontre le tableau ci-dessous, mais en gros, elles sont très proches.

Crémant de Loire

Cépages autorisés (avec quelques règles quant aux proportions) : chenin blanc, chardonnay, cabernet franc, cabernet sauvignon, grolleau noir, grolleau gris, pineau d’aunis, pinot noir

Aire de production : 1600 hectares

Production moyenne : 97,000 hectolitres

Rendement : 74/80 hl/ha

Rendement au pressoir : 100 litres pour 150 kg

Vieillissement sur lattes : 12 mois minimum

reflet-chateau-saumurLes appellations de Saumur, tranquilles ou effervescentes, profitent de l’image du château éponyme, mais sait-on bien à l’étranger que ces vins viennent de la région Loire ?

Saumur Brut

Cépages autorisés (avec quelques règles quant aux proportions): chenin blanc, chardonnay, sauvignon blanc, cabernet franc, cabernet sauvignon, pineau d’aunis.

Aire de production : 1400 hectares

Production moyenne : 90.000 hectolitres

Rendement : 67/76 hl/ha

Vieillissement sur lattes : 9 mois minimum

 IMG_4844Tous ces vins, ainsi que la production effervescente de Vouvray et Montlouis, portent parfois la désignation suggestive (mais non réglementée, je crois) de « Fines Bulles de Loire ». (photo Jim Budd).

La production de ce type de vin en Val de Loire remonte au moins au 19ème siècle, particulièrement à Saumur, qui garde une appellation spécifique de nos jours. Les autres bulles produites dans la région le sont, en général, sous l’appellation de Crémant de Loire, qui a une base géographique plus étendue, c’est à dire Saumur, Anjou et Touraine. Mais on trouve aussi des vins mousseux faisant partie de deux appellations de vins blancs de la région tourangelle : Montlouis et Vouvray. Ailleurs dans les régions de la Loire, quelques producteurs élaborent aussi des vins à bulles, mais sans appellation contrôlée. Ils ont généralement comme désignation « vin mousseux de France ».

IMG_4853Rien n’échappe à l’oeil de Moscou… ou est-ce de Lalau ? (photo Jim Budd)

L’aire d’appellation Saumur concerne 1.400 hectares au sud de la Loire sur les coteaux  calcaires qui entourent la ville de Saumur. Une gamme assez large de cépages est autorisée : chenin blanc, chardonnay et sauvignon blanc pour les blancs, puis cabernet sauvignon, cabernet franc et pineau d’Aunis pour les rouges. Si la présence de cépages rouges surprend, je rappelle que les techniques de pressurage et la nature des baies permettent l’obtention d’un jus blanc à partir d’un raisin dont la peau est noire ou rouge. Après tout,  2/3 du vignoble champenois est planté en cépages rouges.

L’aire du Crémant de Loire est un peu plus grande : 1,600 hectares, et pour des sols plus variables. Les cépages blancs ne sont que deux : chardonnay et chenin blanc, tandis que sont autorisés 6 variétés plus ou moins rouges : cabernet franc, cabernet sauvignon, pinot noir, menu pineau et grolleau (gris et noir).

IMG_4848Marc cherche, et va sans doute trouver, une large gamme d’arômes dans son verre de bulles ligériennes (photo Jim Budd)

L’appétit croissant des marchés pour les vins pétillants à bien profité récemment à ces deux appellations, mais il semblerait que cela soit davantage le cas pour les Crémants de Loire, qui ont l’avantage d’inclure le nom de leur région dans leur désignation. Entre 2006 et 2013, les ventes de Crémant de Loire ont doublées, pour dépasser légèrement 13 millions de bouteilles en 2013. Si ceci est à relativiser à côté du géant champenois et ses presque 300 millions de flacons, le Crémant de Loire tient une bonne place parmi les autres Crémants de France (Alsace, Bourgogne, Jura etc).Deux tiers sont exportés et ces exportations ont augmenté de 24% entre 2012 et 2013. C’est le premier exportateur parmi les Crémants de France, avec 26% des volumes exportés. Cela tient à une place de leader sur le très important marché allemand, même si Bourgogne et Alsace le battent ailleurs. Les bulles de Loire (Crémant de Loire et Saumur ensemble) sont aussi leader sur le marché britannique. Les bulles de Vouvray ou de Montlouis se vendent essentiellement sur le marché français.

IMG_4846 Les vins qui m’ont fait sourire étaient assez nombreux dans cette dégustation  (photo Jim Budd)

Notre dégustation

Nous avons demandé une seule cuvée, non-millésimé, de chaque producteur qui souhaitait proposer un échantillon. La dégustation a eu lieu le matin du lundi 2 février, dans les locaux d’InterLoire à Angers. Les vins étaient servis à l’aveugle et ordonnés ainsi : 11 crémants de Loire à dominante chardonnay, puis 30 Crémants de Loire à dominante chenin, et enfin 11 Saumurs bruts à dominante chenin.

Les vins que j’ai aimés et leurs prix (les vins en caractères gras sont mes préférés)

1). Crémant de Loire (à dominante chardonnay)

Renou Frères et Fils (6,40 euros), Domaine de Varinelles (7,80 euros)

2). Crémant de Loire (à dominante chenin blanc)

Château Pierre Bise (9,50 euros), Domaine des Bessons (7,60 euros), Domaine Lavigne 7 euros), Domaine de l’Eté (6,80 euros), Domaine de la Bergerie (8 euros), Domaine Pierre Chauvin (13 euros), Château du Fresne (7 euros), Château de Parnay (8,50 euros), Domaine du Bois Mozé (11,50 euros), Langlois Château (12,50 euros), Château du Cléray (12 euros).

2). Saumur Brut (à dominante chenin)

Domaine de Sanzay (7,90 euros), Domaine Matignon (7 euros), Vignerons de Saumur, cuvée Robert et Marcel (5,80 euros), Ackermann cuvée Jean Baptiste Ackerman (6,50 euros), Domaine Leduc Frouin (6,50 euros), Domaine de la Perruche, La Grande Cuvée (8 euros), Château de Montguéret, Tête de Cuvée (13,30 euros)

 

Conclusion 

On le voit bien, ces bulles-là sont très accessibles en prix (environ la moitié, au plus, des vins de Champagne) et il y avait beaucoup de bons vins dans une série d’une cinquantaine d’échantillons. On peut parfois leur reprocher une certaine neutralité, mais, dans l’ensemble, ils sont bien faits et valent très largement leur prix. S’ils n’ont pas souvent la finesse d’un bon Champagne, l’adage suivant reste valable : mieux vaut un bon Crémant (de Loire) qu’un mauvais Champagne.

 

David Cobbold 

 

 

 

22 réflexions sur “Bulles de Loire (1): fines et raisonnables

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  2. On boira sans doute du Saumur longtemps après que les fans de Trust auront disparu… Mentalité mesquine, disent-ils? Je réponds « attaques gratuites et généralisation abusive ». Saumur mérite mieux.La chanson aussi. Joli riff quand même.

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  3. Jim, 97.000 hl divisés par 1600 ha donne déjà 60,6 Hl/ha (si je me base sur les chiffres cités par David). DE toute facçon, il faudrait voir combien de ces 1600 ha sont réellement en production pour le Crémant de Loire. J’ai du mal à m’y retrouver dans ces aires; par exemple, celles qui produisent à la fois du Saumur Brut, du Saumur Blanc, du Saumur Champigny, du Crémant de Loire… Comment répartit-on tout ça en termes de rendements?

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  4. Hervé. The problem is that the AOC Crémant de Loire covers all of Anjou, Saumur and Touraine, so it is really very difficult to know exactly how many hectares of vines are used – unlike a more limited sparkling appellation like Montlouis or Vouvray. Château d’Aulée, for example, makes both Crémant and sparkling Touraine. The 50 hl/ha is the base yield.

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  5. I think we all agree about Hendrix, but I would not have put him in the same category as the other bands mentioned.

    As to the business on hand, namely Lore bubbles, the yields I mentioned seem quite realistic and fairly close to what obtains in Champagne. Do not forget that yeild is further restricted on the press. The figure of 50 hl/ha I saw also Jim but it makes little sens to me in the case of base wine for a second fermentation. One does not need (or even want) a low yield for this. My figures came from Wikipedia by the way.

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    1. Jim Budd

      David. Yes I saw the figures on Wikipedia. Whatever they are they are not the base yields as yield for Crémant is below that of Saumur, Vouvray and Montlouis. From Interloire site rendement de base: Anjou fines bulles: 60 hl/ha, Saumur 67, Touraine and Vouvray 65. Montlouis is also 65. Rendement de base for Crémant is 50.

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  6. Luc Charlier

    Et oh! Faut tout lire: « Je ne fais pas nécessairement miennes toutes les paroles de Bonvoisin », que j’écrivais !!!! Et le titre de ce « track » est SAUMUR (hors sujet?). Et puis, c’est du Rock français (tous les autres cités, non). Et puis on fait allusion à Gainsbourg (la nostalgie, camarades). Et puis, c’est votre co-fondateur (Berthomeau), qui termine généralement ses interventions par une réf. musicale. Et puis, vive l’esprit d’escalier. Et puis merde: vous générer près de 20 comments sur un sujet aussi … plat. Qu’st-ce qu’on dit? Merci, Loucky.
    Je viens de manger une choucroute dans une brasserie de Perpignan: avant cela (avec la Flammkueche): un 37,5 cl du Gewurz réserve 2010 de G. Lorentz: TOUT A FAIT correct et même bon. Ouf.

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      1. Luc Charlier

        Sick with a lasting and relapsing type of flu + reducing the area under vine + the whole of my Maury vineyard is still « unreachable » because the roads have disappeared during the November flooding and the commune is reparing them (heavy trucks block the way). So you are right: my pruning is at a halt for the time being.
        NB: do you know many a ploughman, let alone a viticultural worker working in the field at 21.10 ? Especially in France, to top the bill ! But I appreciate the keen eye of an interested observer and salute the expert photographer in that. You are definitely « Eager eye Jimmy ».

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