Cosmique de répétition

Une fois n’est pas coutume, je confie « mon » mercredi à un un confrère blogueur, André Fuster (http://vitineraires.blogspot.fr), dont j’apprécie la démarche scientifique, didactique et souvent à contre-courants (même telluriques). Mais il vous en parlera mieux que moi…

Quand Hervé Lalau m’a contacté pour me proposer de reprendre mon billet « la biodynamie et son cosmique de répétition » sur le blog des 5 du Vin j’ai trouvé l’idée sympathique et plutôt flatteuse.
Puis je me suis dit que le reprendre en l’état n’était sans doute pas la meilleure chose à faire : sur mon blog – et en particulier dans le billet dont il s’agit – je choisis très régulièrement d’utiliser un ton et une forme qui peuvent avoir tendance à énerver mais qui, moi, me font souvent rire (j’ai en outre la faiblesse de penser qu’ils en font rire deux ou trois autres). L’inconvénient est que mes contradicteurs choisissent quasi-unanimement de s’en prendre à cette forme – certes critiquable – mais bien plus rarement au fond. C’est parfois un peu pénible.

Il y a un autre aspect, spécifique à la biodynamie et son cosmique de répétition, qui me chiffonne bien plus: quelques jours à peine après avoir publié ce billet, je participais à une dégustation de vins en biodynamie (il y avait aussi de la cosmoculture: « dans l’espace personne ne vous entendra crier… »), dégustation à laquelle j’ai d’ailleurs été diversement accueilli.

Après cette dégustation, discutant agréablement avec quelques sympathiques rencontres faites ce soir-là, je disais  à Sylvain J. un truc de ce genre : « Au delà de la provoc et des trucs sur lesquels je me fais plaisir, le fond de mon billet porte sur l’horreur qu’il y a à choisir ses actes en fonction de la position des étoiles et des constellations. Ca revient à renoncer à des milliers d’années d’évolution de la pensée et, plus généralement, au libre arbitre, pour choisir la pensée magique ».
Vu sa réaction, j’étais passé à côté; c’est qu’un titre à la con et quelques pirouettes ne suffisent pas toujours à être intelligible…

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Et puis faire deux fois le même billet, c’est d’un ennui mortel. Alors je vais essayer d’arranger tout çà pour les 5 du Vin…

Avec le soutien du Ministère…

Dans les 4 feuillets qui, ici, me servent de punching-ball, il y a tout un tas de choses qui me font bondir.

Commençons par le final : on y apprend que ce truc a été pondu avec le soutien du Ministère de l’Agriculture !
J’aimerais savoir comment a été budgétée cette plaisanterie qui, donc, est l’oeuvre du Mouvement de l’Agriculture Biodynamique (MABD); qui est mis en ligne sur le site de la FNAB et qui (je ne m’en lasse pas), « Bénéficie du soutien du Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt ».

Mais entrons dans le vif du sujet (et je cite):

« Puis viendront les planètes infra-solaires avec Mercure et Vénus, et ensuite les planètes supra-solaires avec Mars, Jupiter et Saturne. D’une façon générale, les planètes infra-solaires ont une action sur le calcaire et les forces de croissances. Les planètes supra-solaires plutôt sur la silice et les forces de structuration.

Les positions particulières d’alignements cosmiques auront une influence. Les oppositions sont marquées par une interpénétration des forces des planètes qui se renforcent mutuellement. Elles tendent à renforcer les processus de vie. Les conjonctions au contraire représentent des forces qui s’opposent entre elles.

Dans son calendrier des semis, Maria Thun a déterminé les jours selon une qualification: fruit, fleur, racine et feuille, en fonction du positionnement de la lune devant les constellations dans le ciel. Chaque constellation est en rapport avec un élément : terre, eau, air et feu. Il s’avère que ces jours, s’ils sont très usités aux vignes, peuvent également présenter nombre d’applications à la cave. »

Astronomie, astrologie

Un premier commentaire: les constellations sont une création humaine. Elles ont été imaginées et construites par des prêtres et autres astrologues (entre les deux corporations, la différence était parfois marginale) selon leur ressemblance avec divers éléments connus de l’Homme, afin d’essayer de comprendre le Monde et son fonctionnement. Afin aussi (surtout ?) d’essayer de comprendre la volonté des Dieux et « accessoirement » d’asseoir leur pouvoir sur le peuple qui, lui, n’avait pas accès à cette « connaissance ».

L’astronomie, elle, est une science. Une science qui est en mesure de calculer et prévoir le mouvement de la Lune dans le ciel et donc, pourquoi pas, son alignement avec telles ou telles autres planètes ou étoiles.
En revanche, prétendre avec l’astrologie que le passage – prévisible et calculable – de la Lune devant une constellation (dont il a été arbitrairement décidé il y a quelques millénaires qu’elle existait en tant que telle et qu’elle était rattachée à un signe d’eau) avait des effets radicalement différents de son passage devant une autre constellation affublée d’un signe de terre relève de l’ésotérisme le plus échevelé.

De grâce, qu’on ne me serve pas l’habituel couplet sur la Lune qui joue sur les marées et joue donc sur la sève.
Car au-delà du fait qu’il y a deux sèves (l’élaborée et la brute et qu’elles circulent en sens inverse… il va donc falloir faire un choix sur celle qui est asservie à la Lune !), pour le coup, l’effet de la Lune est moindre que… celui du tracteur qui passe à côté!
On évitera aussi d’avoir recours à la galéjade des accouchements plus fréquents en période de pleine Lune. Même si chacun est bien sûr convaincu que parmi le règne animal, la Femme, bête sauvage par excellence, est la seule à être asservie au pouvoir de la Lune! Car les souris, les éléphantes et surtout les marmottes – pour ne prendre que des mammifères – s’en sont, elles, affranchies après des millénaires d’évolution.

Il est habituel et humain de chercher du sens là où il n’y en a pas. Il est tout aussi habituel et humain de renoncer à la Science, qui peut sembler par trop froide et complexe, pour se réfugier dans un confortable gloubiboulga de pseudo-science et prétendus « savoirs » ancestraux.

Qui n’a jamais jeté un oeil à son horoscope, ou bien marché dans la rue en évitant de mettre le pied sur les intersections de pavés (et les merdes de chien)?
Pour autant, que l’on puisse se jeter dans les bras de ceux et celles qui prétendent savoir lire dans les étoiles… C’est à pleurer.

En outre les conséquences techniques sont, elles aussi, à pleurer :

« Si le vin présente un caractère très réduit ou trop fermé, le soutirer en lune montante peut lui être bénéfique, et en jour fruit afin de l’ouvrir davantage. Un vin trop ouvert peut être soutiré en jour racine pour le recentrer un peu sur lui même, le resserrer. La Lune descendante a un effet réducteur et resserre les vins ».

Si le vin est réduit, faut surtout le soutirer à l’air ! Et, en cours de soutirage, vérifier que la baste dans laquelle on le fait passer n’a pas un ciel saturé en CO2. Sinon, on soutire pour rien, même si le ciel astral est favorable et la Lune montante.
Pour le reste, n’ayant jamais vu de publication traitant de l’influence de la Lune descendante sur les échanges gazeux …

Fatalement, ce qui vaut pour les soutirages vaut aussi pour la mise en bouteille.
« Dans tous les cas, nous n’embouteillons qu’en jours fruits et racines. Les jours feuilles donnent des vins trop marqués par l’eau et les jours fleurs favorisent l’acidité volatile »

Je la refais : « Les jours feuilles donnent des vins trop marqués par l’eau et les jours fleurs favorisent l’acidité volatile«  (!!!).
Selon le jour de la mise (enfin, selon la position de la Lune le jour de la mise en bouteille !) les montées de volatile seront ou pas plus faciles ? (je ne parle même pas de marquer le vin par l’eau). Sur ce coup là il va peut être falloir revenir aux fondamentaux et se poser la question de savoir d’où vient la volatile, et comment elle se forme dans le vin !? Mise en bouteille en jour fleur ? Volatile !
C’est à pleurer. Même pas de rire, en plus.

Alors, bien sûr il faut lire : « Travailler sur le vin représente symboliquement ce que l’on fait sur le sol lors d’un binage. On l’ouvre vers les forces de la périphérie. De ce fait, la position des planètes dans le ciel au moment du travail va concentrer l’influence de celles-ci dans le vin. »

Le mode affirmatif est une pure merveille, pour un bijou splendide et abscons en diable. Un modèle du genre, au delà du fait que çà ne veut strictement rien dire.

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La foire aux éléments

Avec le recours aux étoiles et à ceux qui savent y lire, il y a aussi des éléments « techniques » ou « scientifiques » qui me font dresser les cheveux sur la tête.

Ca, c’est grandiose : « Le carbone est lié à plus de 400.000 éléments. Aussi, si le soufre s’immisce dans le fort intérieur du carbone pour lui donner sa mobilité et que l’on peut jouer sur la mobilité et le comportement de celui-ci, l’approche de la matière s’en trouve changée. 50 à 60 dilutions ont été testées sur des vins à tendance oxydative. Des résultats intéressants sont apparus avec les dilutions 4CH, 5CH, 27CH et 41CH. Chacune de ces dilutions apporte une caractéristique propre, les 4CH et 5CH offrent un côté plus esthétique et opulent au vin, la 27CH est proche d’un sulfitage classique, la 41CH verticalise et raffermit le vin ».

Bon, il n’y a à ma connaissance que 118 éléments chimiques connus, on est donc assez loin des 400 000.
En outre, le carbone ne dispose que de 4 liaisons de covalence. Donc  » Le carbone est lié à plus de 400.000 éléments », c’est du grand n’importe quoi.

Selon Philippe B., qui fait au demeurant de jolis vins, ce n’est pas incompatible, ce truc serait une erreur de traduction depuis le teuton.
Bon, 400 000 c’est 400 000, même outre-Rhin. Et puis, je commente ce qui est écrit, et si les mecs sont pas capables de faire – et vérifier – correctement la  traduction de leurs documents à diffusion publique, alors on a pas le cul sorti des ronces !
En attendant, ce truc est un non sens. Erreur de traduction ou pas.

« Dans le fort intérieur du carbone »

La suite est magnifique, elle tient en un mot « Aussi« .  Un connecteur logique qui indique un lien de cause à effet, une suite implicite et obligatoire, c’est de toute beauté. Surtout quand derrière, il y a du pur délire.
Passons sur le « fort intérieur » (dans mon premier billet, j’ai déjà fait ma vanne à propos de Fort Alamo avec des Brett autour) pour ne retenir que la substantifique moelle :  « si le soufre s’immisce dans le fort intérieur du carbone pour lui donner sa mobilité et que l’on peut jouer sur la mobilité et le comportement de celui-ci, l’approche de la matière s’en trouve changée ».

Ben ouais, on change l’approche de la matière, çà on l’avait compris dès l’apparition des 400.000 éléments (-118)  qui n’existent pas.
Sérieusement, on est là dans le discours habituel de la biodynamie: d’abord on t’assène la piste aux étoiles; et si tu n’es pas convaincu ou que tu sors ta blouse blanche, on te finit à la physique quantique. Enfumage de haute volée.

Vu que le vin est l’oeuvre des micro organismes (aussi un peu des vignerons, je vous rassure), on parle bestioles :

– d’abord ma vieille copine Saccharomyces cerevisiae :

« Constituer un pied de cuve lors de coefficients élevés permet de démultiplier l’activité des micro-organismes et permet une bonne prise de celui-ci. Lorsque l’on veut relancer une fermentation languissante, le faire au moment de coefficients de marées élevés permet d’optimiser les chances de réussite ».

Que dire? A part, bien sûr, que pendant les grandes marées, je continuerai à aller chercher des palourdes pendant que d’autres feront des pieds de cuve. Encore une fois, on affirme un truc sorti de nulle part. Ca ne repose sur rien, pas un élément. Rien. Du vent.

Alors comme ça, l’activité et l’implantation (et ce n’est pas du tout la même chose !) des pieds de cuves seraient au taquet pendant les grandes marées ?! Ben voyons…

A ce stade, je précise qu’aux échecs « ?! » signale un coup douteux (à part quelques tics de ponctuation et une meilleure appréciation de mes limites, je n’ai rien retenu de mes années à jouer aux échecs).
En outre, si tu es en fermentation languissante et que tu attends la grande marée pour la relancer, j’aime autant te dire que t’as pas intérêt à être en jour fleur, sauf si tu aimes la volatile, ça va de soi.

– puis vient cette vieille horreur de Brettanomyces bruxellensis :

« Des vignerons souffrant de la présence récurrente de Brettanomyces pourraient essayer de pulvériser une silice de corne dans leur cave. Ou bien il serait envisageable d’employer une pulvérisation d’extraits de fleurs de valériane afin d’utiliser son principe d’enveloppe protectrice pour créer un milieu plus centré sur lui-même. Ces indications peuvent éventuellement servie de pistes de réflexion pour de futures expérimentations. »

Bon, on notera la rassurante présence du mot « éventuellement » , ainsi que l’utilisation judicieuse du conditionnel. Ce serait presque salvateur.
Presque salvateur car, franchement: « employer une pulvérisation d’extraits de fleurs de valériane afin d’utiliser son principe d’enveloppe protectrice pour créer un milieu plus centré sur lui-même » c’est beau comme un séminaire de remotivation des cadres en Ariège et sous une yourte !
Là, les mecs : si vous envisagez de lutter contre Brett en pulvérisant de la valériane dans la cave, j’aime autant vous dire que vous allez au devant de quelques problèmes du genre pénible et qui sent le poulailler !

Je passe sur le reste, ce serait par trop redondant.

Juste un truc, de petites remarques de fond à partir d’un détail dans cette compilation à la Prévert :

« Des expérimentations avec des granulés homéopathiques ont été pratiquées par Bruno Ciofi au Domaine de la Pinte dans le Jura, sur des cuves allant vers la réduction. Des essais ont été réalisés sur une cuve de 10 hl et une autre de 50 hl, avec 5 gr de granulés de cuivre en 5 CH. Les résultats ont été extrêmement intéressants puisque la réduction a disparu ».

Ce n’est pas parce que le résultat escompté a été obtenu que l’essai et la méthode testée sont valides.

Comme dans tout essai, les résultats, on s’en tamponne le coquillard avec une patte d’alligator femelle ! Ce ne sont pas les résultats qui sont intéressants (surtout s’il n’y a pas de témoin !), c’est la façon dont ils ont été obtenus.
C’est cette information, et celle là seulement, qui permet de tenter de les reproduire, et surtout qui permet d’en déduire l’intérêt et les limites.
Un résultat donné sans son protocole expérimental est un truc qui n’existe pas et ne vaut pas la peine d’y passer du temps.
Je n’en passe donc pas plus.

Alors, pour moi, que des pistes de recherche puissent « servir de bases à des expérimentations futures, pour aller vers des vins toujours plus sains et qualitatifs » est un voeu pieu, voire une Profession de Foi, qui sera partagée de l’immense majorité des amateurs.
Faut-il pour autant l’habiller de cosmogonie et d’extraits de valériane sans amener le moindre élément objectif ? On me permettra d’en douter …

André Fuster

 

59 réflexions sur “Cosmique de répétition

  1. mauss

    A l’Académie du Bon Sens (ABS à créer), statut immédiat de « Membre Fondateur » et « Membre Perpétuel » au sieur Fuster !

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  2. Merci André d’avoir pris du temps pour raisonner l’irraisonnable. Sans avoir votre bagage scientifique, cela fait longtemps que je trouve le jargon abscons genre « new age » des biodynamistes absurde et leur affirmations invérifiables. Et si on creuse un peu l’histoire personnelle du fondateur Steiner (un anti-alcool raciste) on ne peut que s’étonner davantage du crédit porté à ses oeuvres, lui qui n’a jamais pratiqué l’agriculture.

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    1. Avec plaisir (j’imagine que ça se ressent à la lecture …)

      Sur Steiner et la biodynamie c’est l’éternel débat que l’on peut avoir sans fin et sur bien d’autres cas (par exemple Céline) : faut il ou pas dissocier l’oeuvre, quelle qu’elle soit, de ce qu’était (ou de ce que l’on pense qu’était) son créateur ?
      Mais il est clair qu’à la lecture de Steiner et de ce qu’est pour lui une ferme biodynamique on peut se demander comment on en est venu à de la monoculture productrice d’alcool sans qu’il fasse des saltos dans sa tombe !

      Pour le reste : je n’ai pas de souci sur le fait que l’on me vende du rêve avec un peu de ying et de yang (surtout quand les vins me plaisent). Là ou çà pique c’est quand, et c’est le cas dans le document dont il s’agit, le discours sort du cadre de l’aimable discussion philosophico-éthylique pour en venir à des cas concrets que l’on prétend valider à l’aide de prétendues preuves pseudo-scientifiques, afin d’en faire des modèles applicatifs.

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  3. Alain Leygnier

    Ca fait du bien de lire ce texte anti-sornettes. La doxa biodynamiste, l’astrologie, séduisent de plus en plus les cerveaux religieux, a-critiques. Je pense notamment à un vigneron cadurcien qui explique sans rire que le vortex de son dynamiseur reproduit le mouvement la création du monde… L’avenir des charlatans est assuré.

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    1. Tu as raison Alain… André aussi, bien entendu. Je ne suis pas de ceux-là (les charlatans), loin de là, mais je me dois de poser tout de même la petite question naïve de circonstance : comment se fait-il que la centaine (voire le double si l’on ajoute ceux qui ne la pratiquent qu’en partie) de vignerons qui se revendiquent de la biodynamie en France, pour ne rester que chez nous, arrivent à produire parmi les plus grands vins de notre pays ?

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      1. Je ne sais pas, mais je doute que ce soit en pulvérisant de l’extrait de valériane dans la cave, ou en ne mettant pas en bouteille en jour fleur.
        On peut toutefois se demander si, par hasard, un nombre considérable d’entre eux n’étaient pas déjà fort grands avant de passer à la biodynamie ou si la biodynamie est, de facto, un sauf conduit infaillible vers les grands vins.

        Mais on se retrouvera bien sur sur le plaisir du vin, des vins. Même si leurs contre étiquettes me hérissent le poil j’ai en cave quelques flacons qui se revendiquent de la biodynaie et me réjouisssent tant par le contenu que le contenant (mais pas pour les mêmes raisons).

        Que l’on fasse de grands vins en biod est une chose, que cela valide le discours en est une toute autre (bien des navigateurs sont arrivés à bon port en étant persuadés que la Terre était plate).

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      2. Alain Leygnierii

        Question faussement naïve, je le crains. Tu sais fort bien que la plupart de ceux qui se sont mis à la biodynamie, les Pinguet, Leflaive, etc. produisaient déjà de grands vins, avant d’être touchés par la gràce. C’est donc assez peu significatif,

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  4. Très amusant mais un tantinet trop long pour être BIEN lu par tout le monde sur ce blog. Je souscris évidemment à 100.000%.
    Attention: il me semble (les vétos confirmeront le cas échéant) que les gens du milieu du cheval nous affirment que les juments poulinent LE PLUS SOUVENT à la pleine lune (chiffres?). Et chez la femme, vu le nombre d’accouchements déclenchés ou au contraire retardés pour raisons de convenance (vacances du gynéco, date d’entrée en vigueur d’allocations, disponibilité des chambres, rotation des sages-femmes, pression commerciale des firmes qui vendent les prostaglandines …), la statistique est biaisée.
    Puis-je, sans fausse modestie, rappeler le papier commis dans IVV, il y a très longtemps, par votre Léon, et publié aussi chez sur le net http://wellcome.joueb.com/news/des-origines-de-la-biodynamie ?
    Pour les marées, l’attraction lunaire est effectivement en cause, mais aussi le fait que son orbite est elliptique, d’une part, et que la terre n’est pas une sphère parfaite d’autre part: la force d’attraction n’est donc pas harmonieusement compensée par la force centrifuge liée à la rotation axiale. En outre, si mon souvenir est bon (pas expert en physique), la gravitation est une fonction de la masse (ou même du produit des masses des deux corps, en fait), mais aussi de l’inverse de la distance qui les sépare. J’admets que la distance de la terre à la lune est identique (ou très proche) entre les océans du globe et la tige des plantes, mais par contre la masse de la sève est insignifiante p/r à celle de l’astre lunaire ou bien des océans.
    Enfin, l’observation empirique accorde une importance à la lune en ce qui concerne les labours, les semis, l’abattage des arbres etc … mais existe-t-il des chiffres exacts? Et quand bien même la constatation serait exacte, l’explication n’en est pas pour autant évidente.
    Les crédules nous rétorqueront: « Il n’y a pas que la raison et les sciences pour appréhender le monde ». On est d’accord, il y l’ignorance et la connerie aussi.
    J’apprécie Patti Smith la chanteuse -bcp moins l’hystérique qui écrit – et le Dalaï Lama pour ses interventions pacificatrices, mais les voir tous les deux ensemble sur scène dans un show me confirme dans ma désespérance quant à l’intellect humain! Pourtant, certains vous soutiendront que c’est la force spirituelle du Tibétain qui fait vibrer les cordes vocales de la fille de Chicago.

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    1. Je profite de cette remarque pour te féliciter sincèrement, Hervé, d’avoir ouvert ton article de la semaine à André… Enfin, un vrai débat. Récurent, certes, mais nécessaire.

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    2. On ne la voit d’ailleurs que rarement sans un chapeau sur la tête. Et son admiration pour William Blake doit être perçue comme la quête de son père, un peu méconnu durant la phase active de sa vie, mais glorieux et adulé dès sa semi-retraite !!!!! (PS: il va me tuer).

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  5. Bien sûr que l’oeuvre est dissociable de la personnalité, dans le cas d’un artiste ou d’un littérateur. J’aime lire Mistral, Montherlant, Gide, Giono, Céline, Malraux ou les traductions de Brasillach (pour m’en tenir aux francophones) mais leur existence m’enchante moins. Par contre, quand il s’agit d’un donneur de leçons ou d’un « penseur », cette posture est de l’imposture. Steiner était mort au moment de l’avènement du fascisme allemand, mais c’est son impulsion qui a animé l’aile « verte » des nazis, et c’est lui qui a créé Weleda (la firme crapule de cosmétiques et d’adjuvants pharmaceutiques) et les écoles Waldorf. Rappelons que Weleda livrait ses produits et « sponsorisait » l’expérimentation au camp de Dachau et qu’elle prétend posséder une action favorable (je ne crois pas que le mot « guérir » ne soit jamais prononcé) sur certains cancers, notamment par ses extraits de gui! Pas un seul centre d’oncologie sérieux au monde ne confirme ces positions. Mantenant, leur crème hydratante n’est sans doute pas pire (ni meilleure) que celle de Nivea ou de l’esther laudé!

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  6. Denis Boireau

    Les discours astrologiques des biodynamistes devraient faire rire, ainsi qu’une partie de leurs techniques et pratiques dont la seule justification raisonnable est la pensee magique.
    MAIS la grande majorite des vins que j’ai aime, qui m’ont interesse, et qui plaisent a ceux a qui je les fait boire sont des vins de biodynamistes.
    En tant que materialiste borne j’attribue ca a une plus grande proximite et une meilleure attention au fruit a la vigne, et une plus grande attention a la vinification et a l’elevage en cave. Mais peut-etre que je me trompe et que dans les nombreuses techniques et actions des biodynamiste, il y en a qui marchent meme si la science et la raison ne savent pas aujourd’hui pourquoi.
    En tout cas face a la qualite du resultat (en moyenne bien sur!) je suis pret a soutenir et encourager la biodynamie , et me contenter de rire de leur publications clownesques.

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    1. Sous ma BONNE influence, Denis a fini par adopter les mêmes vues que les miennes. En fait, l’abandon de l’arsenal technique et chimique sophistiqué, et la réduction des rendements, doublé d’une augmentation de la faculté d’observation et de l’attention portée au détail ont permis l’élaboration de bons vins (chez certains). La plupart d’entre eux n’ont jamais lu RS.
      Mais il y a aussi ceux qui ont d’abord embrassé la mouvance steinerienne par son pôle « philosophique », et sont venus à la pratique agricole BD par après. Ils sont des dangers publics (pour l’esprit) et il y en a notamment dans les P.O.

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  7. Une dernière réflexion (on m’attend au stock à Rivesaltes pour aller faire un dernier plein de bouteilles avant le début des vendanges): parmi les vins que VOUS (un échantillonnage tout à fait non représentatif du collectif des amateurs de vin) buvez, il y en a qui suivent ces préceptes. Il s’agit PRESQUE tjs de domaines petits voire minuscules – je veux dire, quelques dizaines d’ha au maximum. Ceci entraîne plein de commentaires intéressants, mais je vous laisse le soin de les faire. J’en jette deux, vite fait: nous apprécions quasiment tous les vins de Plaimont, à quand la BD généralisée chez eux.? Et nous apprécions tous les vins de Gauby, qui n’est PLUS en BD après en avoir pourtant expérimenté une large tentative. Bonne journée.

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  8. Denis Boireau

    Reponse a Luc sur la raison, la science, l’ignorance et la connerie:
    Quelques etudes scientifiques puis 30 ans de carriere en hautes technologies m’ont demontre que ce que la science et la raison nous apportent dans notre comprehension du monde est infiniment petit par rapport a ce qu’on ignore.
    Donc je ne ferait certainement pas l’amalgame entre ignorance et connerie, et je ne les opposerait pas a science & raison.
    Les resultats des biodynamistes me le prouvent chaque jour (heu non. En fait chaque fois que je bois leur vin, donc malheureusement pas tous les jours). Bien qu’on ignore pourquoi, et bien qu’eux-memes ignorent pourquoi – leurs publications en temoignent -, ils font de bons vins.
    Donc je suis pret a accepter l’empirisme, la casuistique, l’experience sans fondement scientifique, je peux applaudir au diffuseur de soufre de la Tour Grise, et surtout je garde a l’esprit l’infini de mon ignorance.

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    1. Au delà du fait que mon billet ne traite pas de la qualité réelle ou supposée des vins mais seulement de celle du discours, de mon point de vue c’est tout de même un chouia plus compliqué que ce que vous écrivez.
      Il y a sinon de bons ou de mauvais vins, du moins des vins qui nous parlent plus ou moins, pour des raisons pas toujours liées à leur qualité intrinsèque. Dans l’un ou l’autre cas aucun de ces vins ne prouve quoi que ce soit.

      Alors, bien sur, Science et connaissances ne sont pas universelles et n’embrassent pas tout ce qui existe.
      Une fois qu’on a dit çà …

      Pour autant la démarche scientifique ne tient rien pour acquis et remet sans cesse ses avancées (réelles ou supposées) en question afin d’aller plus loins, encore mieux. Ce qui n’est pas le cas, loin de là, des dogmes et croyances qui m’occupent et me préoccupent ici. Quand bien même ils tentent, au travers du document que je commente, de se teinter d’un discours scientifique qui ne me semble pas résister à une lecture un tant soit peu sérieuse et critique.
      Le vin n’y est qu’un prétexte, le fond du problème repose sur le système de pensée et de croyances qui est sous jacent.

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    2. Oui et non, Denis, comme toujours. J’accepte sans réserve ce que l’expérimentation, ou l’expérience qui est son petit frère désordonné et brouillon, nous enseigne. Et ce n’est pas parce que je ne l’explique pas que cela n’est pas réellement ainsi. Ce que je refuse, c’est l’explication à tout prix, par les moyens et les modes de pensée les plus fumeux. Et après, l’extrapolation en dogme. L’exemple de l’influence des astres (les « tempêtes » solaires par exemple) sur certains phénomènes humains (je veux dire terrestres, pardon) est parlant. Mais une constellation INVENTEE par l’homme, et changeante dans le temps (en termes d’années lumière, ça fait long), ce n’est pas la même chose. Les purins, d’orties ou autres, et la silice (et autres) qu’ils apportent ne me troublent nullement. Mais en dose infinitésimale, ils me font rire et, d’autre part, le fait qu’ils aient été « dynamisés » par des mouvements rotatoires, une corne de ruminant et des incantations relèvent de la psychiatrie clinique.
      Le gourou de la Coulée a écrit jadis un « article » (une sourate, en fait) sur la vitamine C, pour le compte d’IVV, qui frise le délire. Comme souvent dans les maladies mentales, il s’agissait d’une construction très élaborée et avec un semblant de cohérence interne. Mais le contact avec la réalité était totalement absent! Ma réponse, en termes calmes et surtout de façon factuelle a subi le veto de Philippe Stuyck, pour des raisons que je ne m’explique tjs pas (il y a prescription, c’était dans les ’90ies). C’est la seule fois où j’ai été interdit de parution, en dehors d’un édito incendiaire parlant des crus classés du Bordelais. Mais là, il a eu raison: on ne critique pas ses annonceurs au-delà d’un certain seuil. Et je l’avais franchi.

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  9. Bel article joliment tourné sur le fond comme sur la forme contre les mystificateurs.
    Un point me turlupine. Nombre de vignerons bio-dynamistes n’ont lu ni Thün ni Steinert et se contentent des deux préparations de base : les 500 et 501. Nombre d’entre eux étaient plutôt sceptiques la première fois en « dynamisant » avec un balai dans un seau en cachette de leur chef de culture ces préparations sur une parcelle. Je ne nie pas que psychologiquement le fait d’avoir passé le cap de l’essai vous « engage » un peu dans la voie choisie.
    Ce qui me turlupine c’est que quand un vigneron a pulvérisé cette préparation d’eau et de silice (dans des quantités infimes), un quidam qui n’est pas au courant de ce qui s’est fait le matin ne peut que remarquer un port plus érigé de la plante par rapport aux plantes voisines. C’est ce genre de constat qui fait dire à de nombreux vignerons : « je ne sais pas comment ça marche mais quelque chose se passe sur la plante. »
    Peut être que la plante est sensible au placebo… je ne sais pas, mais ces expériences titillent mon esprit cartésien.

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    1. Le fait de pulvériser des décoctions ne transforme pas quelqu’un en biodynamiste. L’huile essentielle de menthe possède des vertus (comme on dit) incontestables sur le transit abdominal. Le problème est qu’elle est peu standardisée, que tout le monde n’y réagit pas de la même manière et que les « herboristes », qui s’appellent parfois « naturopathes » (comme psychopathe, névropathe), la vendent à des prix exorbitants. En outre, au-delà de certaines doses, elle peut engendrer des effets secondaires. A l’inverse, à dose infinitésimale (lire: homéopathiques), elle n’a AUCUNE action.
      N’importe quel soulard (j’en suis parfois un) qui a expérimenté la boldo (avec ou sans phosphate de soude, de bicarbonate de soude et sulfate de soude ajoutés) vous dira que, dans les 20 minutes, la nausée diminue, la vidange gastrique se ressent, le transit abdominal s’active et « l’état général » s’améliore. On pense que cette plante est un cholagogue, entre autres. Cette expérience, on peut la répéter des dizaines de fois et sur des dizaines de … foies différents. Et une double dose augmente l’effet, mais aussi le seffets secondaires (diarrhée). Or, il s’agit de sels sodiques à petite dose (de l’ordre de la centaine de mg à peine dans la spécialité commerciale) et d’un alcaloïde extrait de la feuille. Et ça marche, mais ne transforme pas l’utilisateur en adepte de la médecine chamanique, celtique ou … anthroposophiste!
      La carte American E xpress possède un pouvoir de séduction auprès de certaines femmes bien supérieur à celui de la carte du parti commuiste – j’ai utilisé les deux à des périodes différentes de ma vie – mais je ne me sens pas la force d’expliquer pourquoi!

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    2. afuster

      A tout le moins il faudrait deux rangs de vignes voisins dont l’un a été pulvérisée de préparation XYZ diluée dans de l’eau et l’autre l’a été d’eau pure.
      A près on peut éventuellement continuer à discuter.
      Mais le simple discours qui dit cette vigne a été aspergée de 501 et je connais quelqu’un qui l’a vue et a constaté combien elle était plus belle que l’autre qui ne l’avait pas été est, en termes expérimentaux, un peu court.
      Ceci sans remettre en cause votre bonne foi qui n’a rien à voir dans l’histoire.

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      1. Il est vrai qu’avec cette méthode d’expérimentation des discours relatés de celui qui a vu, on a déjà démontré la présence d’un monstre dans le Loch Ness.
        Mais bon… ces histoires m’interrogent quand même…

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  10. mauss

    Existe t’il des Domaines qui ont pratiqué, sur une même parcelle (ou un même terroir), 50 % traité en BD et 50 % sans BD; puis traité les vins séparément selon les principes à appliquer dans les deux cas, et enfin vérifié leur évolution au fil du temps ? Sur l’exemple des GC alsaciens mis en bouchage liège et en bouchage capsule ?
    A tout le moins on constaterait :

    a – s’il y a une différence notable de style, de goût
    b – et donc le cas échéant quelle en serait la cause ?

    Annexe : sur la séparation homme/oeuvre, il est évident qu’on doit la faire, sinon c’est se couper d’oeuvres méritant largement la lecture. Ex : Rebatet avec son Histoire de la Musique ou Les Deux Etendards.

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    1. afuster

      J’ai vu passer des trucs de ce genre (avec parfois – mais pas toujours – des protocoles expérimentaux ne relevant pas que de Pif Gadget. Faut que je fouille dans mes archives et on en reparle (si quelqu’un ne le fait pas avant moi))

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      1. @ Fuster: mes parents étaient des musiciens amateurs éclairés. Ma mère est une inconditionnelle de von Kar. Et ils sont allés ensemble assister au festival du Festspiele à Bayreuth au moins FOIS dans leur vie (at a cost !). Votre serviteur n’aime pas trop (litote) Mozart, un des compositeurs chéris du maîtren et n’a

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  11. Suite, après une fausse manoeuvre: il fallait lire « VINGT FOIS et aussi (…) du maître » et n’apprécie pas plus que cela la voix humaine dans la musique dite « classique ». Exception: ein deutsches Requiem. En outre, les choeurs m’enchantent dans Verdi. Sinon, effectivement, la Franconie toute proche, et son vin, m’ont occupé bcp plus que la muzak de Richard.

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  12. afuster

    Personnellement je me suis arrêté à Vivaldi, éventuellement Bach.
    Mozart m’est d’une insupportable modernité et, à l’instar de Desproges, Wagner me donne envie d’envahir la Pologne (mais, à tout prendre, je préfère quand il est dirigé par Bernstein que par Karajan. Mais, bon, hein …).

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  13. mauss

    Chute gravissime du sieur Fuster qui n’a pas encore compris à quel point il y a Bach, rien, encore rien, et ensuite les autres. Bach avec Richter et Walcha, hein !

    Vivaldi ! le Claude François de l’époque ! tss…

    Bon : je sors : on va se faire gronder !

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    1. 🙂

      Coup bas !
      Encore que les orphelines de l’Ospedale della Pieta puissent (très éventuellement) être comparées aux claudettes, Bach c’est quand même le type qui a « transcrit » je ne sais combien de concertos de Vivaldi !
      (un peu comme Franck Sinatra avec « son » « My Way »)
      Sans parler du Psaume 51 de JeanSéb qui n’est qu’un copié collé du splendide Stabat Mater de Pegolèse (oui, je suis très baroque).

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    1. Il y a par exemple le lien ci dessous.

      Le truc a donné lieu à un powerpoint visible via le lien mais, à ma connaissance, à aucune publication écrite dans aucune revue scientifique (le papier paru dans « Viti »en Mars 2013 n’est pas une publication dans une revue scientifique …), ce qui la fout un peu mal.
      Il faut dire que, même si c’est touffu (normal çà parle beaucoup feuillage. Oui, je sais : je suis un drôle naturel) c’est, surtout, assez peu probant. C’est quand même un peu contrariant.
      Ou pas.

      Cliquer pour accéder à vigne_silice.pdf

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  14. Il y a aussi un truc de longue haleine (depuis 2006) mené par Georg Meissner, à Geisenheim .
    Je n’ai pu aller l’écouter à Toulouse lors de son dernier passage et je n’ai reçu (car je ne l’ai pas demandé …) ni le texte de son intervention, ni ses résultats.
    Je corrige çà et on en reparle ultérieurement !

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  15. Pour l’invasion de la Pologne, je ne suis pas sûr que Desproges ait eu la primauté (je l’apprécie pourtant bcp). Cela figure dans une scène d’un film de Woody Allen. Il faudrait comparer les dates mais c’est peu important. Ensuite, l’excellent critique oenologique et journaliste Herwig Van Hove, par ailleurs professeur émérite de physique (mécanique des fluides, je crois) à la KUL (université de Louvain), bon joueur (amateur) de flûte baroque lui-même, a une formule consacrée que j’adore. Lui aussi (et moi itou) est un passionné de JS Bach:  » Le disco, ça commence avec Telemann. »

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  16. mauss

    Nous voilà dans une phase particulièrement délicate d’une passion à tous points supérieure à celle du Vin : et dieu sait qu’on l’aime aussi celui-là !
    On devrait lire Wagner comme Michel Onfray nous dit de lire Nietzsche en laissant au vestiaire les saloperies d’interprétations de politicards vicieux. Il y a des pages et des pages de sa musique qui resteront intemporelles, d’une beauté définissant la beauté en musique… mais bien sûr, en absolu, nous resterons avec Bach, le seul au sommet des sommets.
    Bon : ne voulant pas me faire jeter de ce blog par ailleurs accueillant, voilà bien une passion commune nécessitant une réunion bacchique avec mets itou accueillants.
    Ayant grande latitude de sujets sur mon propre blog, ne jamais hésiter à me vilipender sur des choix musicaux qui sortiraient, Messieurs Charlier et Fuster, des normes minimales que sont les vôtres !
    La seule écoute de la Cantate 149 ne doit pouvoir se marier qu’avec un GC de Vosne : c’est clair ?

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    1. Onfray, c’est comme un BHL sur qui on n’aurait pas envie de frapper. Il s’exprime bien, il défend brillament des points de vue ineptes et il n’a rien compris à rien. Il n’y a qu’en France qu’on peut trouver des énergumènes comme cela. Faut dire qu’il existe des « role models »: Rousseau et Lacan pour n’en citer que deux. Comme baudruches, on ne fait pas mieux.

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    2. Le 18 septembre j’organise avec quelques amis une dégustation « on se risque sur le bizarre », à Libourne : il y aura des vins de Polynésie, de la Réunion ou de Madagascar, pour ne citer que ceux là.
      Le fond musical ne sera pas assuré par Boulez.
      Si l’un ou l’autre d’entre vous est dans le secteur à ce moment là, nous pourrons continuer cette discussion de visu.

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  17. Je précise que, si Bach ne souffre aucune comparaison, j’écoute de la musique « autour de lui ». Ca commence vraiment avec le Moyen Âge (ou presque) et puis il y a les sublimes Leçons de Ténèbres. On atteint le sommet absolu avec le baroque à son apogée. Ensuite, une longue phase d’obscurité qui s’éclaircit grâce aux romantiques. Après, tous les symphonistes slaves ou français et un génie absolu, Shostakovitch. Alors que les atonaux me gonflent en Europe, la vraie « grande musique » étatsunienne, le bebop et tout ce qui suit, remplit le monde d’espoir. Pourtant, elle démantibule la gamme « classique » aussi. En même temps, l’ombre immense d’Astor Piazolla apparaît. Et ensuite, la « pop » avec sans doute Bowie comme point créatif culminant. Malheureusement, comme un Doom’s Day inéluctable, la techno s’empare de nous et … presque aussi pire, Christine and the Queens! Non, pas ça, pas ça!

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  18. Deux remarques, de type général sur ce débat. Pour répondre à F. Mauss et d’autres, je suis en ce moment une expérience menée par un producteur (non-mystique !) à Chateauneuf-du-Pape et qui traite la moitié d’une parcelle homogène (sols et cépages) en bio et l’autre moitié en biomachin. J’en ai déjà parlé sur ce blog et le protocole a été établi par la Chambre d’Agriculture du Vaucluse. Je vous tiendrai au courant mais il faudra être patient !
    La deuxième est sous forme d’hypothèse simple : et si le principe actif du biomachin était le temps passé dans les vignes? Cela expliquerait peut-être, plus et plus simplement que les phases de la lune ou autre connerie mystico-débile, la réussite relative de leur entreprise.

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  19. Sujet qui devait déclencher une montagne de commentaires, et c’est ce qui s’est produit (mieux que les terroirs…j’en suis jaloux). De façon générale, les biodynamiciens passent beaucoup de temps au cœur de leurs vignes ; ils observent, sont attentifs à la réaction du matériel végétal et des fruits. Et, en cave, même chose. C’est, à mon sens, leur principale qualité. Les discours plus ou moins ésotériques que les uns et les autres copient et transforment sont effectivement entachés d’erreurs capitales et inacceptables.
    Une petite correction à ce qu’a écrit Fuster à propos des 400 000 « éléments » : il faut lire 400 000 molécules ; en effet le nombre d’entre-elles construites avec un atome de carbone est considérable. Cette confusion élément/molécules et très fréquente. A propos de l’influence des planètes, il faut là aussi restituer à l’astronomie ce qu’elle nous enseigne. Les très grosses (Jupiter et Saturne) semblent posséder une influence significative sur les éruptions solaire lorsqu’elle sont en opposition. Quant aux constellations, elles n’ont aucune influence sur quoi que ce soit à la surface de notre terre. Elles sont uniquement utilisées par les cosmogonistes comme « repères » dans le ciel ce qui est très différent. Donc, attention malgré tout à ce que vous écrivez au sujet des planètes, de la gravitation, des marées ; avant tout, repartir aux fondamentaux de l’astronomie est indispensable avant de critiquer. Il suffit de lire ou relire. La critique sera d’autant mieux fondée.
    Anecdote ancienne : du temps de ma jeunesse (c’est très loin, mais pas à des année lumières) on ne mettait jamais en bouteilles par vent du Sud (basses pressions) ; toujours avec le mistral (hautes pressions). Pourquoi ? question restée sans réponse ; cependant, par vent du sud, l’atmosphère est toujours humide, porteuse peut-être de plus de germes pas sympa. Mistral = temps sec, pas d’humidité et peut-être moins de germes. je n’ai pas eu l’occasion de vérifier (manip bio très lourde…pas les moyens).
    Ce qui est curieux, c’est que vous avez tous embrayé sur la musique. Très significatif, me semble-t-il : ouverture d’esprit, curiosité, déclarations des passions musicales des uns et des autres. Très intéressant (un vrai divan de psy et tout cela gratuitement ; vive le blog des 5 du vin). Je pensais que Léon n’aimait que le jazz, eh bien non. Merci d’avoir parlé de Bach avec fougue.
    En ce moment, je suis en compagnie des médiévistes car nous allons fêter en 2017 le 700° anniversaire de l’achat de Valréas par le Saint-Siège lorsque les papes étaient en Avignon , puis, un peu plus tard, de 3 autres communes, dont celle où j’habite, et qui vont constituer après la révolution « l’enclave des papes », fragment de terre vauclusienne dans la Drôme. Gilles Binchois, Clément Janequin, Guillaume de Machaut, et tant d’autres, peuplent les quelques heures d’écoute que je peux distraire du travail quotidien…

    Je vous invite tous -c’est un peu court, désolé- au ban des vendanges que nous organisons pour la première fois dans mon petit village de Visan (Vaucluse), ce samedi 29 Août. En préambule, satisfaction de l’âme et de l’esprit avec un concert (Mozart, Vivaldi, Puccini, Ravel (Tzigane, pièce de virtuosité), Beethoven, Schumann, Brahms, puis Piazzolla et Gardel pour célébrer les fêtes dansantes qui marquaient autrefois la fin des vendanges. Ensuite, satisfaction du palais et complément de celle de l’esprit sous la forme d’une dégustation dînatoire dans le cadre d’un hôtel particulier du XVIII°. Et il y aura de vins de biodynamiciens…de très grande qualité, je peux le garantir. On recommence l’année prochaine. Vous n’aurez alors plus aucune excuse pour ne pas venir.
    Bonne fin été à tous. Et bonne vendanges pour un certain nombre.

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    1. Parler de Bach avec f(o)ugue …, bien trouvé. On ne peut citer tout le monde mais nos « voyages » (de dégustation) permettent de fignoler les goûts musicaux. Ainsi La Côte Saint-André (pays de Bièvre): musée du chocolat et nombreux artisans-confiseurs, Hector Berlioz et son père acupuncteur, séjour de Jongkind … On mélange tout dans le sens anti-horaire dans une corne d’abondance, on dilue à peine et cela donne … du sel à la vie. Ah oui, j’oublie l’élevage d’autruches (les jeunes volatiles sont achetés en Belgique) sur la route qui mène à Bressieux où officient Christèle et Xavier Vanheule (Auberge du chäteau), excellente table et belle carte de vins. Tout cela s’ordonne comme dans une symphonie, c’est fantastique. Alors que nous y allons généralement en voiture, c’est bizarre, nous y entendons chanter le chemin de fer.

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    2. Sans me donner le « molécules » pour le « élément » il m’avait été dit qu’il y avait une erreur de traduction. En ce cas pourquoi ne pas la corriger ?
      Pour ma part, ainsi que je l’indique dans mon billet je commente ce qui est écrit, pas ce dont qui peut être devait être écrit mais e l’a pas été.
      Quant à savoir si en réécrivant la chose ainsi :  » Le carbone est lié à plus de 400.000 molécule. Aussi, si le soufre s’immisce dans le fort intérieur du carbone pour lui donner sa mobilité et que l’on peut jouer sur la mobilité et le comportement de celui-ci, l’approche de la matière s’en trouve changée » on lui donne, alors, du sens (je ne dis pas « plus » de sens, juste « du sens »), là il y a comme un doute affreux qui me tenaille …

      Qualifions les constellations de répères. C’est, somme toute, ce qu’elles sont. Au delà du nom qu’on leur donne mes remarques portaient sur le sens qu’il y a à se positionner dans sa vie et/ou sa pratique professionelle selon si la Lune se trouve, ou pas, devant l’un de ces « repères ».

      Sur la mise et le vent : il y a quelques années, lors d’une présentation dans le midi avec une de mes jeunes collègues ingénieure, cette dernière pouffa lorsqu’un vigneron présent dans la salle lui fit cette remarque alors qu’elle parlait de filtration et de mise.
      Je lui fis remarquer qu’elle avait tort en indiquant qu’il y a en effet des explications très rationnelles à la chose, explications dont on en trouve trace, par exemple, chez le grand satan himself : Louis Pasteur.
      « Les plus vieux écrits sur le vin recommandent le mois de mars pour le premier soutirage, et que le vent du nord souffle, non le vent du sud, qui est le vent de la pluie, au moins dans le Jura. Ne croyez pas à un ancien préjugé ou à une routine aveugle. L’usage est ancien. Il est suivi généralement. Recherchez plutôt s’il n’est pas dans la nature des choses, tout bizarre qu’il vous aprait. Pour moi, il me semble fort rationnel. Le vin, surtout jeune, est sursaturé de gaz acide carbonique. Si le baromètre est très bas depuis plusieurs jours, le vin doit dégazer ce gaz. Il doit s’en élever de petites bulles du fond des tonneaux, capables d’emporter avec elles les parcelles solides les plus ténues des dépôts. Le vin sera donc moins lipide que si on le soutire par un temps de brise, alors que la pression atmosphérique tend à augmenter la solubilité des gaz dans les liquides. Telle est, je pense, l’origine de la pratique dont je parle.
      Un vigneron me dit un jour : « Nous croyons que le vent du nord colle le vin, et il ajouta : dans tous les cas il est bien sur qu’il colle l’eau de la rivière ». Rien n’est plus vrai en effet. La rivière de la Cuisance, qui traverse la ville d’Arbois, a sa source à quelques kilomètres seulement, dans les premières assises du calcaire jurassique. L’eau est chargée de carbonate de chaux dissous à la faveur du gaz carbonique. Par le vent de la pluie, l’eau de la rivière perd de sa limpidité. On distingue moins bien les cailloux qui forment son lit. Quelquefois on voit la mousse du fond se soulever. Qu’au contraire le vend du nord souffle, et l’on aperçoit une épingle à plusieurs pieds de profondeur ; n’est ce pas la confirmation de l’explication que je donnais tout à l’heure au sujet du vin et du conseil de soutirer de préférence par vent du nord ? » (Louis Pasteur. Etudes dur le vin. pp 46-47 de l’Edition originale (1866)).

      Merci de cette invitation … mais, même avec le smédiévistes, c’est un peu court en effet.

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      1. Ce qui est sûr, c’est que c’est plus facile de « dégazer » du vin dans une atmosphère chaude. Pas de sorcellerie: la solubilité du gaz carbonique est moindre quand la température s’élève. Les « mises d’été » seront donc, à conditions opératoires par ailleurs similaires, moins carboniquées que des mises d’hiver. Si le vent opère un réchauffement de la cave, ce qui est parfaitement envisageable, ou bien son contraire, il se peut donc qu’il modifie le résultat obtenu. Tout ceci est conjecturel, mais plausible.
        Par contre, que le soufre – élément mâle par essence, puisque diabolique – s’introduise dans la mimisse du carbone – substance femelle issue de gê-mêter, la terre nourrissière – ne peut que donner lieu à d’érotiques joutes néfastes à la sérénité du fluide ainsi obtenu.

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      2. Au delà de la température, je crois que c’est aussi (surtout ?) une question de variation de la pression atmosphérique. On en trouve trace aussi dans le « connaissance et travail du vin » (mais je préfère Pasteur) :
        « Remarques pratiques :
        On recommande justement de coller et de « lever la colle » par temps anticyclonique (haute pression atmosphérique, froid) pour réduire les brassages et les lies par les dégagements de CO2.
        La clarification est plus facile, plus rapide et meilleure en récipients de petite hauteur (ex : barriques de 60 cm de haut) ».
        (« Connaissance et travail du vin ». J. Blouin & E Peynaud. 5ème édition. p 253)

        Pour le reste nous sommes bien sur d’accord.

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  20. Oui, c’est la pression atmosphérique qui reste sans aucun doute le paramètre essentiel. Léon et André : l’amusante description du soufre qui se réfugie dans la matrice du carbone constitue, cela est vrai, une forme ridicule de description alors que l’étude des molécules soufrées est essentielle dans le domaine du vin (voir les arômes du Sauvignon, très bien étudiés – molécules de 3 mercato-héxanol [un thiol] qui se transforme sous l’action enzymatique des levures, d’où un acétate de 3MH, qui sent le buis…). Et tous les autres thiols souvent très aromatiques, aussi bien dans les blancs que dans les rouges.
    En fait, ce genre de littérature stupide dessert les biodynamiciens consciencieux qui ne se prennent pas trop la tête et gèrent avec toute l’attention souhaitable, leurs vignes, les vendanges, les vinifs et les élevages.

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  21. Biodynamicien ou biodynamiste forme oxymoron avec consciencieux. Si on a une conscience (éthique, philosophique, scientifique), on ne peut adhérer ni à Steiner, ni aux anthoposophistes. Et si on se contente, ce que j’approuve sans réserve, de faire « tout le reste » comme il faut, pourquoi s’affubler du qualif de BD? Un catholique qui accepte le divorce, l’euthanasie, le suicide, l’avortement, le mariage gay … n’a aucune raison de s’appeler un catholique. Il peut avoir la foi, par contre. Je précise que beaucoup de mes amis sont dans ce cas, et que nous vivons en parfaite harmonie (eux avec l’ivoire, moi plutôt l’ébène).

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