Ce titre ressemble au nom d’une cuvée, mais voilà, c’est celui de ma toute dernière rubrique carignanesque, la der des der, ma révérence à moi, mon ultime Carignan Story, entreprise commencée il y a 5 ans.
Déjà j’entends au loin les emmerdeurs-moqueurs: «Ouais, ce couillon arrête parce qu’il n’a plus rien à dire». Et les pinailleurs-enquiquineurs d’ajouter: «De toute façon il commençait à se répéter». Jusqu’aux railleurs patentés de surenchérir: «Personne ne la lisait, cette rubrique: au mieux une poignée de lecteurs chaque dimanche, c’est de la roupie de sansonnet»!

Autant l’affirmer tout de suite, sans aucune fausse modestie de ma part, quoique l’on dise, tout le monde a raison… enfin, en partie. Je mets fin à cette rubrique car, après m’être bien amusé, j’ai l’impression de me répéter, de tourner autour du pot, de ne plus avoir d’étonnement. Oh, je sais, sur les peut-être 250 et plus domaines visités et leurs vins dégustés, il y en a autant et peut-être plus que j’ai oublié ou d’autres que je n’ai pu voir, faute de temps et d’argent. Plus autant qui tout simplement, ne se sont pas bien manifestés auprès de moi ou qui n’ont pas répondu à mes appels à échantillons. Beaucoup plus que je n’espérais, cependant. Car ils sont au bas mot un bon demi-millier de vignerons, beaucoup moins de négociants et caves coopératives, dans le sud de la France, à consacrer ne serait-ce qu’une de leurs cuvées au bon vieux Carignan de pépé. Et quand je livre cette estimation, c’est sans compter sur les estrangers, les Sardes, Catalans, Chiliens, Israéliens, Californiens ou autres que je n’ai pu, ni su contacter.

Car je suis un journaliste défroqué lent et fainéant qui doute sans arrêt et qui promet un peu trop à tort et à travers. Ainsi, j’avais juré que j’irai faire un tour en Aragon pour explorer Cariñena dont on affirme que ce serait le fief du cépage. Des projets plus personnels m’en ont empêché. Je m’étais aussi promis d’explorer le Sulcis en Sardaigne, une des seules appellation dédiée au Carignano. J’aurais aimé aussi pouvoir sillonner le vieux pays, celui dont nous venons tous plus ou moins, la Palestine, l’Égypte, la Syrie, le Levant, la Turquie, qui sait la Mésopotamie, entre Tigre et Euphrate. Retrouver le cépage des pionniers, le Carignan de l’Algérie chérie, de la Tunisie, du Maroc. Puis me laisser transporter jusqu’en Argentine, Uruguay, Chili… L’Australie peut-être ? J’en ai trouvé des vins de ces contrées qui me sont arrivés je ne sais plus trop comment, souvent par plus intrépides que moi (n’est-ce pas Bruno Stirnemann et Jean-Marie Rimbert ?) et je vous ai livré ce que j’en pensais sur le moment, le plus objectivement possible, sans trop jouer le spécialiste, maladroitement parfois, en m’amusant, en me moquant.
Au passage je vous demande aussi de me pardonner pour mon manque de rigueur journalistique, mes hésitations, mes imprécisions coutumières. J’ai même osé parler de mon propre Carignan, le Puch, celui que je fais depuis 7 ans avec des copains ! Vous vous rendez compte, un journaliste qui en vient à faire sa propre pub ? Quel manque de sérieux ! Me croirez vous si je vous dis que cela ne m’a rien rapporté, pas même une bouteille vendue ! Il se trouve que lorsque j’ai démarré cette rubrique, j’ai tenté dès le départ de me positionner en explorateur, en découvreur parfois, volontairement naïf, en véritable amateur. Certes un peu connaisseur, mais amateur et tenant à le rester. Et pour finir, j’ai modestement contribué avec des amis vignerons à la création d’une association ayant pour nom, Carignan Renaissance.

Pour ce dernier article dominical -(je passe le relais à Marie-Louise Banyuls), je vous propose un vin simple mais joyeux découvert lors de ma récente retraite sur la Côte Vermeille, aux 9 Caves, à Banyuls-sur-Mer qui s’affirme de plus en plus comme un lieu incontournable dans ce pays où les bonnes choses, en dehors du vin, se font rares alors qu’il y en a pléthore. Ce Carignan 2014 du Domaine de L’Encantade, à Trévillach, que j’ai dû payer autour de 10 € si mes souvenirs sont bons, revendique pleinement son appartenance à la mouvance des vins naturels vinifiés en macération carbonique dont je vous parlais dans mon avant-avant-dernier numéro, avec certification Nature et Progrès. Il ne fait que 12° et il paraît presque inoffensif au premier abord. Je l’ai bu en trois fois sur trois jours : le premier jour, il était bon, sans plus ; le second jour, il m’interpellait et me faisait comprendre qu’il était heureux de me rencontrer ; le troisième jour, j’avais du fruit et de la fraîcheur et cela se buvait avec une facilité déconcertante et réjouissante.
Alors voilà, je continuerai à évoquer de temps en temps le Carignan dans mes articles réguliers paraissant le Jeudi. Merci à mes camardes de blog de m’avoir permis ce petit supplément hors des sentiers battus. Je vous quitte l’âme légère, laissant la place toute chaude à une amie. En attendant, bonne carignade à tous !
Michel Smith
Merci pour ces découvertes, Michel. Tu sais qu’un individualisme coupable et un côté décadent, plutôt que … renaissant, me retiennent de m’affilier aux « clubs », quelqu’en en soit par ailleurs l’intérêt. Mais soutien moral – solidarité sainte de l’artisanat chantait Brassens – à Carignan Renaissance. Mon « Quattrocento » à moi s’écrit 14 vol %, au moins!
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On va pas se carcagner, Michel. Vous avez « tenu » une rubrique pleine d’enseignements, de coups de cœur, d’amour, de coups se griffes aussi, quelquefois ; le sel de la terre à travers votre cépage chéri. Par le plus grand des hasards, cette retraite ne serait-elle pas vouée à écrire enfin, ou à achever, votre livre sur le carignan ? Si tel était la cas, alors grand courage et revenez nous annoncer cette publication dans quelques temps. On vous voit à Vinisud en février ?
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Probablement Georges… Ce qui est certain, c’est que si je me décide à écrire le bouquin en question, je risque fort d’avoir besoin de votre témoignage de géologue. L’occasion de passer un bon moment, je n’en doute pas !
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Je me réjouis par avance d’une telle possibilité.
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Quant aux chiffres d’audience, Michel, les 5 peuvent témoigner qu’ils n’étaient pas si mauvais pour un jour de repos. 762 visites encore dimanche dernier, 815 celui d’avant… (données WordPress).
A jeudi!
Hervé
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Oui, et de belles visites souvent… J’en profite encore pour les remercier ! 😉
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A Saint-Denis, les chiffres d’audience n’étaient pas mal non plus: on a compté jusqu’à 5.000 cartouches, paraît-il! Pour la semaine prochaine, je ne sais pas. J’irai chercher ma dose au salon de Patrick Böttcher, VINI BIRRE RIBELLI (bien sûr, ribelli), dans un stade et à un tir de Kalash de Molenbeek. J’espère que tu viendras nous faire une petite visite, Hervé. Je fais table commune avec Agnès Henry (Tour du Bon).
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« Ite missa est ! »
Sinon, très subjectivement, la voix du carignan… désormais :
Que les dimanches vous tiennent en joie.
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Mea culpa, voici le bon lien des enfants qui s’ennuient le dimanche :
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J’attendais un peu pour réagir…
Toutes les bonnes choses ont une fin. En tout cas, je faisais partie des lecteurs attentifs à ta rubrique dominicale. Je sais que quand l’occasion se présentera tu n’oublieras pas de nous présenter tes découvertes carignanestes lors de tes billets du jeudi.
Ton N° 301 est donc le dernier d’une longue série et tu as au moins le mérite de l’avoir fait et de t’y être tenu.
Sur la durée, ce n’est pas évident de tenir ! Ca peut vite devenir une obligation, une contrainte…
Maintenant tu peux souffler et être fier de ce que tu as fait… cette rubrique me manquera c’est certain.
Heureusement ta plume et ta passion continueront à nous faire rêver, découvrir des vins et des régions, etc… avec ce ton qui te va si bien.
Michel au plaisir de te faire déguster ma dernière cuvée Iskis 2013 comportant 80% de carignan… et qui devrait te plaire cette fois (contrairement à ma cuvée Diaoul 2011 au travers de laquelle tu avais été bien embêté… Cf 04/2014 !)
A bientôt
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Merci ! Oui, je goûterai volontiers… lors de Vinisud, par exemple ?
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Oui, par exemple… mais je suis dans le salon OFF « Vignerons Hors Piste »… et je sais que tu n’aime pas trop le principe !
Sinon j’essaierais de te faire passer une bouteille à Perpignan
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Grand merci Michel pour les découvertes que vous m’avez fait partager, les émotions que vous avez su transmettre et le plaisir que j’ai eu à lire vos billets carignanesques!
Au plaisir de vous retrouver le jeudi – et je me réjouis d’avance de vous voir, de temps à autre, tâter de nouveau du Carignan comme d’un pot de confiture de framboise tentateur…
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C’est joliment tourné ! Merci ! 😉
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