Le Roi Chambertin est nu…

La scène se passe à Gevrey-Chambertin, le 12 novembre dernier, lors du repas qui suit la présentation du millésime 2014, pour la fête du Roi Chambertin.

Chambertin

A ma table, des vignerons, des représentants de l’ODG, trois journalistes et un blogueur. J’ose une question « de journaliste » : «Qu’en est-il des vignes du Domaine de la Vougeraie sur le cru Bel Air? Ont-elles été déclassées?» (pour rappel, en 2011, le domaine avait contrevenu au cahier des charges de l’appellation en concassant la sous-couche).

Un ange passe. Puis arrive cette réponse incongrue :«Ils ont dû tout remettre en place». J’ai envie de rire. A croire que la roche s’est reconstituée d’elle-même! (NB: Ce matin, Olif me dit avoir entendu confirmer qu’on avait bel bien déclassé la parcelle. Moi pas. Mais il y avait du bruit et je n’ai aucune raison de ne pas le croire).

Olif

Non ce n’est pas le Roi Chambertin, mais Son Altesse Olif, prince des blogueurs jurassiens

Vous vendangez quand? Moi, c’est déjà fait!

Le repas se poursuit. J’ose une deuxième question (je suis là pour ça!) : «Et comment se présente 2015 ?». Plus anodin que ça, tu meurs ou tu bosses pour Point de Vue Images du Monde. Quoi qu’il en soit, cette fois, les représentants de l’ODG sont à la fois rapides et enthousiastes : «Ce sera un très beau millésime, la nature nous a tout donné». Un vigneron, dont je tairai le nom parce que je n’émarge pas au Petit Journal, ni à Minute, y va cependant de son couplet… inattendu. En substance, il déclare: «Ils me font bien rire, ceux qui disent qu’il faut vendanger tard. D’autant qu’ils se sont pris la pluie».

C’est bien la première fois que j’entends qu’on pourrait vendanger trop tard en Bourgogne, mais bon, je suis là pour apprendre.

Le problème, avec les idées, ce n’est pas qu’elles soient bonnes ou mauvaises en elles-mêmes (on trouve bien des gens pour défendre des meurtres abjects au nom d’une idéologie rétrograde et totalitariste), c’est quand on les met à exécution, quand on les confronte à la réalité.

J’ai dégusté les vins du vigneron en question, je les ai trouvé décharnés – avec, il faut le dire, une belle constance au fil des millésimes. C’est vrai que vendanger à peine mûr, voire pas du tout, garantit un résultat très régulier d’une année sur l’autre. Aucun risque de voir son style de vins anorexiques ruiné par quelques belles journées d’automne !

J’ai pris pour règle de ne jamais dire à un vigneron, dont c’est le métier, ce qu’il devrait faire ou ne pas faire. Mais là, c’est lui qui a abordé le sujet. Je me borne donc à constater l’écart qu’il peut y avoir entre ses déclarations péremptoires (et plutôt dévalorisantes pour les autres) et la qualité de ce qu’il propose au consommateur. Mais ce vigneron est-il unique en son genre? Je n’en jurerais pas. D’abord, aucun de ses collègues à table ne l’a démenti. De plus, la dégustation du millésime 2014 m’incite à penser que ceux qui, à Gevrey, ont vendangé trop tard… ne sont pas légion.

23 sur 105

Sur les 105 vins que j’ai dégustés (oui, j’ai pris mon temps), en Gevrey-Chambertin simple, en Premiers et en Grands Crus, que de déceptions ! Surtout pour un amoureux de la Bourgogne comme moi (même transi). Que d’acidités mal fondues! Que de nez prometteurs qui cachent un petit corps malingre! Que de gourmandises espérées qui débandent en bouche! Que de sur-extraction ! Que de boisés secs qui, comme autant de pagnes, ne parviennent pas à cacher le manque de substance.

Bouvier

Un de mes vignerons préférés de la dégustation, dont j’ai sélectionné deux cuvées (et j’ai préféré l’appellation communale!) 

J’ai fait mes comptes: j’ai donné trois 16/20 (à la cuvée Racine du Temps, de René Bouvier, au Gevrey de Jane & Sylvain et au Clos Saint Jacques de Sylvie Esmonin). Trois vins qui m’ont vraiment semblé faire honneur au pinot, à la Bourgogne et à Gevrey, par leur qualité de fruit et de matière, leur équilibre, le soyeux de leur tannins. Leurs vignerons ont transcendé le millésime moyen.

J’ai aussi attribué neuf 15/20: à Denis Berthaut, pour Les Chezaux; à Philippe Charlopin, pour son Chambertin; à Sylvie Esmonin, à nouveau, pour son Vieilles Vignes; à deux cuvées de Jérôme Galeyrand (En Billard et La Justice); au Domaine des Beaumont, pour son Mazoyères Chambertin; à Bouvier à nouveau, pour son Charmes-Chambertin; à René Leclerc, pour son Griottes-Chambertin; et enfin à Pierre Damoy, pour son Clos de Bèze. Là encore, de très jolis vins, solides et bien habillés de chair juteuse.

Esmonin (c) Lalau

J’ai épinglé deux cuvées de cette vigneronne, en Premier Cru et en appellation communale

Je rajouterai, pour faire bonne mesure, les 13 et les 14/20: Alain Burguet pour la Cuvée Mes Favorites, Eugène Illia, Thierry Mortet pour sa Vigne Belle, le Domaine des Varoilles, Jean-Philippe Marchand pour Les Cazetiers, Jean-Michel Guillon pour La Petite Chapelle, Philippe Charlopin pur sa cuvée Vieilles Vignes, Launay-Horiot pour son Chambertin, Bouchard Père & Fils pour son Clos de Bèze, Perrot-Minot pour son Charmes Chambertin) et Jérôme Galeyrand à nouveau, pour sa troisième cuvée, En Croisette Vieilles Vignes (carton plein pour ce producteur, donc!). Soit 11 vins, peut-être pas grandioses, mais plaisants.

Au total – ce n’est bien sûr que mon jugement, mais je vous le donne quand même (sinon à quoi ça sert que je me déplace?), 23 vins m’ont semblé avoir de quoi susciter, plus que de l’intérêt ou du respect, la simple envie de les acheter.

23 sur 105. Toutes choses étant égales par ailleurs (et je sais bien quelles ne le sont pas), c’est une moyenne bien inférieure à celle des dégustations du même type auxquelles j’ai pu participer récemment à Saumur-Champigny, à Cahors, en Côtes de Gascogne ou en Saint Joseph. Ou pour prendre une appellation réputée « chère », en Côte-Rôtie, où tout, ou presque, était bon. Et le millésime n’explique pas tout.

Charlopin (c) Lalau

Un Chambertin doit être bon, même dans un millésime moyen – si non, à quoi ça sert un Grand Cru?

 

Enfumage

Pour parler de la cherté, justement, je remarque que mes coups de cœurs ne sont pas plus nombreux, en terme relatifs, dans les crus que dans les communales. Par ailleurs, il faut s’y faire: comme nous l’expliquait très bien notre ami David, ce lundi, le Bourgogne rouge est cher, non tant du fait de la qualité moyenne de sa production, que du fait de sa rareté.

Imaginons un monde idéal où l’on rase et l’on boive gratis: à peine un quart des Gevrey-Chambertin 2014 proposés lors de la dégustation du 12 novembre me plairaient assez pour que j’ai vraiment envie de les boire. Tous les classements de l’Unesco, toutes les hiérarchies de crus n’y changeront rien. Tous les beaux discours sur l’identité de tel ou tel climat, de telle ou telle parcelle, tombent à plat quand dans le verre, je ne sens que le bois vert d’une barrique et l’acidité mordante d’un pinot austère (on dirait un oxymore!). Quelques questions me démangent encore: le drosophile est-il classé au patrimoine de l’humanité? Doit-on produire des grands crus dans les petites années? Il y a-t-il un marché pour les petits coups à boire vite fait au comptoir, sur le fruit, la buvabilité, à 150 euros la quille? Pourquoi ai-je la désagréable impression que souvent, les Bourguignons nous enfument?

Fumée

Personne n’aime se faire enfumer. Et c’est écrit noir sur blanc à l’entrée d’une cave bourguignonne (Photo (c) H. Lalau 2015)

Est-ce juste une question de maturité de la vendange? C’est aux vignerons de le dire.

Tout ce qui précède aura-t-il une quelconque incidence sur les ventes de Gevrey-Chambertin 2014? Certainement pas. Les vrais aficionados et les investisseurs semblent prêts à tout pardonner à la Bourgogne – et c’est tant mieux pour elle. D’aucuns diront qu’on juge ces vins trop tôt; et c’est vrai, mais rien n’oblige les vignerons à nous les présenter à ce stade, si ce n’est l’espoir de vider leurs chais au plus vite. Je répondrai quand même que je serais très étonné de voir des vins gagner en matière avec le temps.

Mais je ne suis qu’une petite mouche sur le coche (Dury ?), mes avis n’ont pas le poids d’un Parker ou d’un Bettane (heureusement, car ma responsabilité sociale serait par trop écrasante) et je n’oblige personne à les suivre.

Reste que pour ma consommation personnelle, pour le millésime 2014, je m’en tiendrai à d’autres provenances, découvertes lors de ce même périple bourguignon, et qui me semblent offrir de meilleurs rapports qualité prix. En blanc, par exemple, je choisirai Rully ; j’ai adoré celui du Château Davenay, mais aussi celui de Patriarche (comme quoi le négoce a du bon). Ou Saint-Aubin, en 2012 (Château de Chassagne, cuvée En Rémilly). En rouge, je préfèrerai 2013 ou 2012, et j’irai à Givry, pour le Premier Cru La Grande Berge, du Domaine Voarick (Maison Michel Picard) et en Aloxe Corton (Premier Cru Les Maréchaudes, de Vincent Sauvestre)…

Ce ne sont là que quelques cuvées au hasard, mais qui me donnent bien envie de m’intéresser, comme David et Sébastien, à cette autre Bourgogne, moins prestigieuse, peut-être, moins exclusive, mais plus abordable. La suite au prochain voyage…

Hervé Lalau

25 réflexions sur “Le Roi Chambertin est nu…

  1. Entièrement d’accord avec le sens de tes remarques Hervé. J’ai aussi assisté à cette dégustation, que je n’ai eu ni le courage ni la patience d’achever, sortant de ma dégustation des Côtes de Nuits Villages relaté ce lundi. J’étais surpris par autant de vins durs, maigres et aussi, pour certains : en tout cas très déplaisants à déguster. En effet, très peu m’ont donné envie de les boire mais je pose aussi ta question sur la pertinence de proposer ce millésime à la dégustation à cette époque.

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  2. mauss

    De David :
    « mais je pose aussi ta question sur la pertinence de proposer ce millésime à la dégustation à cette époque. »

    Voilà un point crucial. A quand l’organisation par ces entités officielles de dégustations sur des millésimes ayant passé l’âge ingrat de la jeunesse ? S’il est vrai qu’il y a des millésimes faiblards partout, en Bourgogne comme ailleurs, on sait aussi à quel point, dans cette région, ce qui prime, ce qui doit primer, c’est le nom du vigneron qui ne prendra pas le risque de nuire à sa réputation en mettant sur le marché un millésime moyen ou médiocre.

    Exemple : les vins d’Arnaud Mortet, de Rousseau ou de Claude Dugat : ils étaient là ? Probablement non. Mais l’acheteur, l’allocataire devrai-je dire, ne se fait aucun souci sur la qualité de leurs 2014 eu égard au style, au niveau du millésime. Ceci aurait dû être noté quelque part…

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    1. Amusant; je n’avais pas connaissance du billet de l’homme du GJE quand j’ai écrit le mien et nous ne passons pas TOUTES nos vacances ensemble, mais il cite deux des 3 vignerons que je mentionne sur 3 aussi. Et je suis d’accord sur Armand Rousseau en plus. Je reste convaincu que, au-delà des préférences des gens (légitimes) il y a une QUALITE INTRINSEQUE dans le vin.

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    2. Je me posais également la question : Rousseau, Sérafin… ?
      L’idéal serait de lister tous les vins dégustés… les absents de ta sélection sont soit des vins non retenus, soit des vins non présents… ce qui n’est pas du tout la même chose.

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      1. C’est vrai. Mais ceux qui ont choisi de ne pas présenter leur vins au Roi Chambertin – ce qui était leur droit le plus strict – l’ont fait en toute conscience, ils ne peuvent pas s’étonner de ne pas être cités.
        C’est peut-être dommage pour eux, a posteriori, mais quand on porte la mention d’un appellation, je pense qu’il est mieux d’en jouer le jeu à fond. Ils auraient mieux fait de venir, surtout s’ils sont convaincus de produire bon – ils auraient pu ainsi sortir du lot!

        Par ailleurs, quand je déguste 105 vins, je fais des choix, je ne commente pas tous les vins – imaginez le temps que ça prendrait.
        Même les guides de vins ne le font pas.
        Et puis 105 vins de de plus de 40 producteurs différents, c’est tout de même assez représentatif d’une appellation, je trouve.

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  3. Il ne s’agit effectivement pas de cette dégustation-ci, mais je fais le même constat qu’Hervé depuis …. 40 ans! Elevé par une grand-mère qui tenait le Bourgogne pour le,plus grand vin au monde (les 2 couleurs), mais avait parfois des mises belges (authenticité?), j’ai hérité du goût des grands bourgognes. Malheureusement …
    Toutefois, vous avez tous vu Marlon Brando dans « Un tramway nommé désir » si vous n’avez pas lu T Williams. Et il y a cette réplique fantastique de Melle Blanche DuBois (avec 2 majuscules): « I’ve always depended on the kindness of strangers ». Eh bien, grâce à deux ex-confrères généreux (ils se reconnaîtront), l’un chirurgien, l’autre gastro-entérologue, j’ai bu depuis 3 ans au moins DEUX gigantesques bt de Bourgogne provenant de cette appellation (deux!): Chambertin 2007 (petit millésime pourtant) de Mortet et un Lavaux St Jacques 2005 monumental de chez Daugat. Quand à Damoy dont tu as apprécié le Clos de Bèze, Hervé, j’ai eu la chance de faire la même expérience plusieurs fois par le passé. Dans ces cas-là, on comprend la réputation des vins de la Côte-de-Nuits. Mais ils représentent sûrement moins d’UN POURCENT du volume produit, les bons. Voilà le hic.

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  4. mauss

    Raison de plus pour la critique d’aller chercher les nouveaux producteurs, pas encore sous les spots habituels, et qui font bon à très bon à des prix qui restent acceptables.
    Qui parle des Borgeot et autres noms de St Romain, St Aubin et communes moins connues mais où il y a des perles ?
    Je reste convaincu qu’avec un petit effort de visite, on peut faire de belles découvertes. Comment ? En demandant aux sommeliers des restaurants locaux leurs dernières découvertes.
    Exemple au Montrachet où j’ai pu découvrir les vins (le Puligny) du Domaine Jean Pascal & Fils. Sûr : faut se bouger les fesses 🙂

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  5. Voir, cher François, mon papier de lundi sur les Côtes de Nuits Villages. Je ne connaissais pas les vins d’Ambroise auparavant, par exemple. Et l’avantage d’une dégustation collective, à l’aveugle, est qu’on couvre une forte proportion d’une appellation et que les préjugés (pour ou contre, expériences passées etc) restent au placard.

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  6. ESMONIN SYLVIE

    En général,je ne fais pas de commentaires car je ne peux être juge et partie. En effet, mes vins sont cités dans cet article…
    je vous trouve tous très sûrs de vos commentaires, ce n’est pas toujours facile de produire des raisins de qualité,je ne veux pas excuser certains vins dégustés, car moi aussi je les ai testés et cette dégustation est très intéressante pour nous, vignerons; c’est déjà là une sérieuse raison d’organiser cet évènement,nous permettre de comparer nos vins aux autres et voir l’incidence des choix de mes collègues. Oui ,par exemple la date de vendange…Je suis par conviction une adepte de la maturité des raisins, mais ce qu’il faut savoir c’est que certains organismes qui se permettent de nous contrôler,poussent,par leurs communiqués,à vendanger tôt…
    J’aurai beaucoup de choses à souligner mais je dois vous quitter car je n’ai plus le temps…
    Sylvie

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  7. Sylvie Esmonin nous dit « très sûrs » dans nos commentaires. Je pense qu’Hervé est plutôt modéré dans son approche et n’a pas de certitudes. En revanche, du moment ou des vins sont présentés à la presse, il faut bien donner son avis, sinon à quoi bon ? J’ai assisté aussi à cette dégustation mais, à titre personnel, je ne me sentais pas capable de commenter les vins, les trouvant, pour la plupart, dans une phase tellement ingrate que je n’aurai rien pu dire d’utile. Ne serait-il pas préférable de tenir cette dégustation un an plus tard par rapport à la date de vendange ?

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    1. ESMONIN SYLVIE

      Je crois que je ne me suis pas bien exprimé.
      Bien sur que cette dégustation est organisée pour que vous puissiez déguster et donner votre avis; loin de moi, de contester votre avis sur les vins dégustés ( c’est vos choix, votre gout et il est tout à fait respectable).
      Par contre le millésime présenté lors cette journée est 2014 a déjà 1 an d’élevage et on peut commencer à le cerner;on ne déguste pas le 2015 tout jeune en établissant un classement noté des vins (comme le font encore certains dégustateurs). Sur ce millésime tous les vins ont finis la FML et la base de comparaison est déjà plus juste ,il y a eu aussi un an d’élevage qui va permettre de voir les choix des vignerons ( futs ,lie,soutirage……) bien sûr certains des vins dégustés seront mis en bouteilles dans les jours qui viennent d’autres attendront le printemps. A mon avis ,c’est un bon moment pour commencer à les comparer(pour les raisons précédentes);attendre un an de plus oui, mais certains (mises avant Noël et je peux vous dire que j’ai vu les palettes de bouteilles chez des collègues) ne seront plus présents pour une présentation aux journalistes.
      Quand j’ai parlé de certitude ,ça ne visait pas les avis sur les vins mais les avis sur » ma » Bourgogne,c’est pourquoi je vous redis qu’il n’est pas toujours facile de faire un bon raisin et un bon vin ,le pinot noir est un cépage très exigeant.Donc quant en conclusion je lis en substance « passez votre chemin ,pas d’envie allez voir ailleurs » (je grossis très légèrement le propos) ça me fait un peu mal ,car comme moi, certains de mes collègues travaillent beaucoup pour vous donner du plaisir et pas uniquement gagner beaucoup d’argent…………………. sylvie

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