Vin de France : une catégorie trop souvent ignorée

Jusqu’en 2009, ces vins, dont personne ne parlait sauf éventuellement par mépris, s’appellaient « Vins de Table » (on peut se demander au passage pourquoi un vin destiné à la table serait une chose indigne); mais depuis 2009, ils portent non seulement le nom de leur pays d’origine, mais aussi, de plus en plus souvent, la mention de leur cépage(s) et de leur année de naissance. Et ce n’est que justice.

C’est une évidence, bien trop souvent ignoré par nous journalistes, qu’il existe un très grand nombre de consommateurs dans le monde (l’immense majorité en réalité !) qui, confrontés à un rayon de vins, n’ont rien à faire de concepts comme « terroir » ou « appellation contrôlée ». Ils veulent simplement un bon vin qui corresponde à leur goût. Depuis des décennies, les pays du Nouveau Monde leur fournissent ce type de vin en quantités importantes, mais la France semble totalement absente de ce marché. Il suffit de regarder la liste des marques de vins les plus vendues pour faire ce constat. On se félicite en permanence des performances des vins et spiritueux français à l’export, mais le tableau suivant nous donne un éclairage assez différent.

Marque/gamme Propriétaire Pays d’origine Millions de bt. 2014
Barefoot E&J Gallo USA 204
Gallo E&J Gallo USA 163
Concha y Toro Concha y Toro Chile 148
Robert Mondavi Constellation USA 136
Sutter Home Trinchero USA 121
Yellow Tail Casella Australie 118
Hardy’s Accolade Australie 105
Lindeman’s Teasury Australie 91
Beringer Treasury USA 80
Jacob’s Creek Pernod Ricard Australie 67,5

Les 10 marques de vin les plus vendues dans le monde en 2014, selon Drinks Business

 

Des 10 marques de vins les plus vendues dans le monde en 2014, aucune ne provenait de France, alors que ce pays est le deuxième (ou premier, cela dépend du millésime) producteur mondial. En dixième place, il y a bien la marque australienne Jacob’s Creek avec ses 67,5 millions de bouteilles vendues. Cette marque appartient quand-même au français Pernod Ricard, et je crois aussi que la marque JP Chenet, des Grands Chais de France, arrive vers la 11ème place. Mais, hormis ces deux exemples, dont un n’est pas produit dans ce pays, la France n’existe pas dans ce marché de volume. Et le volume est considérable. La marque de vin la plus vendue au monde s’appelle Barefoot et appartient au californien E&J Gallo. Elle a vendu en 2014 plus de 200 millions de bouteilles, et la suivante, qui est la marque Gallo elle-même, plus de 160 millions. Est-ce qu’il y a une raison valable pour que la France n’ai pas su développer des marques fortes pour ce segment très significatif du marché ?

Une seule des 10 marques du classement n’est ni des Etats-Unis, ni d’Australie. Il s’agit du Chilien Concha y Toro, en troisième place. L’explication de cette domination de ces deux pays n’est donc pas à chercher du côté des coûts de la main d’oeuvre, car aussi bien l’Australie que les Etats-Unis ont des coûts proches de ceux de la France. Il y a peut-être le coût de la terre à mettre dans le bilan, mais je crois qu’il s’agit plus simplement d’une absence historique de volonté et de moyens consacrés à ce type de projet.

the-world-s-top-10-wine-producing-countries_chartbuilderTrois pays d’Europe sont en tête de la production mondiale de vin, mais aucun n’a réussi à créer des marques capables de rivaliser en volume avec celles du Nouveau Monde. La faute à une vision de la production qui ne tient pas compte des consommateurs ?

Anivin de France, qui est l’organisme interprofessionnel qui gère la catégorie Vin de France, ne croit pas que cet abandon soit une fatalité. En prenant les choses à la base, c’est à dire à la vigne, et en cherchant des méthodes de culture rationnelles et efficaces, avec pour objectif la production de vins ayant un goût fiable et constant, conçus pour les marchés visés, Anivin estime que la France peut avoir sa place dans ce marché gigantesque. Et de tels vins auront leur place à côté de ceux, censé être plus prestigieux, des vins IGP ou AOP. Mais il ne suffit pas de vouloir, il faut aussi imaginer des modèles économiques. Un manuel de viticulture adapté à ce type de production a donc été produit, et j’y reviendrai.

Avant que quelqu’un m’objecte que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles, en demandant pourquoi changer ce qui marche très bien – autrement dit, le sacro-saint système des appellations, je vous demande de regarder deux choses : les parts de marché des vins français dans un marché global en hausse (ces parts déclinent régulièrement et plus vite que la hausse du marché), et les quantités de vins des catégories AOP et IGP qui ne trouvent pas preneur (elles augmentent). Alors on fait quoi ?

La catégorie Vins de France peut constituer une solution, non pas, comme insistent les responsables d’Anivin, en concurrence directe avec les vins ayant une mention géographique précise, mais pour s’attaquer à cet autre et vaste marché laissé largement en friche par la quasi-totalité des acteurs de vin en France. Bien sur qu’il existe quelques exceptions à cette dernière remarque, mais, jusqu’à présent, aucun n’a été capable de prendre une place importante. Le problème de base semble être que la viticulture française est entièrement dominée par une mentalité AOP/AOC, et n’est pas pensé en termes de produit final destiné à un marché spécifique, ni en termes de rentabilité pour un coût maitrisé. Les prix des vins en France sont trop souvent fixés en fonction des coûts de production et/ ou de la demande. Un des résultats est que bien des producteurs de grandes appellations vendent des vins en dessous de leur coût de revient. Il suffit de regarder les prix de certains bordeaux génériques en grandes surfaces pour s’en convaincre.

Concevoir un vignoble en fonction d’un type de vin à produire et d’un prix de marché visé n’a pas fait partie de la mentalité viticole française depuis longtemps. Une telle approche à duré un certain temps dans le Languedoc, mais avec des résultats pas toujours probants sur le long terme. Le «gros rouge» a marqué l’histoire viticole du pays, mais le monde a changé et ce modèle doit être repensé. Du coup, je pense qu’il y a une bonne dose de méfiance à l’endroit d’un tel mode de fonctionnement. Mais les connaissances et les techniques évoluent plus vite que les mentalités, comme le démontre le «Guide Pratique de la Viticulture Innovante» un petit manuel publié par Olivier Zébic, chez Dunod, en partenariat avec Vin de France. Par exemple, une conduite de la vigne en haie avec taille mécanique, un enherbement entre les rangs, une irrigation en goutte à goutte combiné avec des engrais nécessaires apportés dans le système d’irrigation, permettent de réduire les coûts à 1500 euros l’hectare tout en éliminant passages de tracteurs, tassement des sols et, paraît-il, l’incidence de certaines maladies des bois. Evidemment on récolte les raisins à la machine, mais comme déjà 70% du vignoble français. De telles approches sont évidemment recommandées pour des unités de production d’une certaine taille, disons de 300 hectares ou plus, et pour des vignobles homogènes sur les plans topographiques et parcellaires, ce qui permettra de rationaliser bien l’ensemble des coûts.

Je sais que beaucoup, y compris parmi mes collègues sur ce blog, risquent de hurler en lisant ces lignes. Mais qu’ils regardent les réalités du marché en face ! Les vins issus d’AOC ou des approches analogues ne sont pas pour tout le monde., soit par choix, soit par ignorance, soit pour des raisons économique. Et depuis quand est-ce que ces vins-là offrent toujours une garantie au consommateur d’un goût et d’une qualité constante et capable toujours de plaire ? Trop d’aléas existent dans une production hyper-morcelée comme celle de la France actuelle. Des variations entre millésimes, bien entendu, mais aussi, et surtout, des variations entre une marque et une autre (j’entends par « marque » la signature de tout producteur). Bien entendu je ne prône pas l’arrachage en France de tous les vignobles pour devenir une usine à vins calibrés et standardisés. Mais entre tout et rien il existe une marge et je ne vois pas pourquoi ce pays, et une partie de ses producteurs de vins, n’aient pas la possibilité de prendre une part de ce grand gâteau. Il n’y a pas de règles de production dans la catégorie Vins de France. On peut donc créer en toute liberté, avec le marché comme seule sanction. Le régime de semi-liberté enfin accordé aux droits de plantations devrait encourager une telle production, d’autant plus que les appellations semblent plus que frileuses dans leurs demandes de droits.

SagetLes Saget, spécialistes des vins de Loire, font partie des acteurs du segment Vin de France 

Les marchés principaux pour ces Vins de France, avec ou sans mention de cépage sont, du moins pour l’instant, les pays du nord de l’Europe (Royaume Uni, Allemagne et Pays Bas), puis, avec une progression plus rapide, les Etats-Unis. La progression de ces marchés, si elle n’est pas réellement fulgurante, semble néanmoins poser des problèmes d’approvisionnement aux acteurs, d’où la nécessité d’encourager des jeunes ou moins jeunes viticulteurs à concevoir leur vignoble dans l’optique de fournir du raisins de la qualité requise et pour un prix rémunérateur.

160119LaVilettteGrenacheCloseLa Villette est une marque dans la catégorie Vin de France qui appartient à Badet Clément et Cie, basé en Bourgogne. J’ai dégusté plusieurs bons vins de cette marque dont un Pinot Noir et cet assemblage GSM. 

Après la récente conférence de presse donné par Anivin pour annoncer la progression (encore modeste avec un doublement en cinq ans) des volumes vendus sous la catégorie, une dégustation d’une quinzaine de ces vins m’a permis de me faire une petite idée sur leur nature, et j’en ai été agréablement surpris. Les producteurs s’appelaient Saget La Perrière, Grands Chais de France, Badet Clément, Wineforces, Lionel Osmin, Vinadeis, La Compagnie Rhodanienne, Gabriel Meffre, Gérard Bertrand et Barton& Guestier. J’ai particulièrement aime les vins de Badet Clément, de Saget, de Lionel Osmin et de Gérard Bertrand. Ce dernier, appelé Kosmos, étant ambitieux par son prix comme par son profil.

En tout cas je souhaite une pleine réussite à cette catégorie naissante, qui peut très bien exister à côte des plus traditionnels en faisant gagner des parts de marché pour la France à l’export. Pour cela, il faut que des marques fortes émergent rapidement. Vendre la France, en restant simple et humble, mais avec une vision tourné résolument vers le consommateur.

David

21 réflexions sur “Vin de France : une catégorie trop souvent ignorée

  1. Non seulement je ne hurle pas, David, mais j’approuve et j’appelle même de mes voeux le développement des Vins de France, pour trouver un nouveau débouché à des vins qui n’ont rien à faire en AOC. Aujourd’hui, plus de la moitié des vins produits en France portent une AOC, ce qui dévalue la mention et ne correspond absolument pas au type de demande, ni en France, ni à l’étranger.
    Et on en arrive à des hérésies comme le fait de vouloir mettre du Colombard dans le Muscadet pour qu’il soit plus vendeur! On marche sur la tête. Améliorons d’abord l’offre de base, et son marketing!

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  2. A titre de comparaison, voici quelques éléments tirés d’un marché proche, mais plus concurrentiel en termes d’origines: le marché belge. Vin de France n’est en effet qu’une des mentions de la catégorie VSIGP (vins sans Indication Géographique de Provenance)

    Vins Sans Indication Géographique de Provenance

    Par ailleurs, je constate que bon nombre de grandes marques « françaises » de cette catégorie (Cambras, Vieux Papes, etc) ont abandonné le vin de France pour des vins d’autres pays de l’UE, notamment l’Espagne, ce qui tend à prouver que le Vin de France n’est pas assez bien placé au plan du prix, au moins pour les entrées de gamme, s’entend.

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  3. Ayant travaillé pour la famille Perrin, il y un vin, La Vieille Ferme qui est bien installé au USA, et peut être Mouton-Cadet en Bordeaux, mais je ne connais pas leur chiffres d’affaires. Un autre problème avec la mention Vin de France c’est qu’on trouve dans cette catégorie aussi bien des vins très communs que des petites merveilles, celles le vrai amateur de vins est en train de chercher, mais cela n’est pas trop connu, vu les quantités limitées; par exemple : Le Grand Blanc d’Henri Milan, à St Rémy. Une bouteille que je rencontre dans toute l’Europe au super marché sur mes voyages pour Inter Rhône, c’est J.P. Chenet. Mais récemment, j’ai travaillé pendant deux mois aux Pays-Bas, et dans les supermarchés à peine 10% des vins sont français.

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  4. Mike, j’ai mentionné JP Chenet dans mon article. C’est la seule marque française dans le TOP 20.

    Hervé, on est bien d’accord. Le producteur qui voit son vin (AOP Bordeaux par exemple) vendu en supermarché autour de 2 euros serait bien mieux loti financièrement avec un vignoble, bien adapté et taillé mécaniquement, produisant du Vin de France sans limitation de rendement. Et, avec ce vignoble bien conçu et conduit, entièrement enherbé, le vin serait probablement bien meilleur aussi, comme le bilan écologique.

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    1. georgestruc

      Comment peut-on dire que le vin serait meilleur et le bilan écologique également ?? Pourquoi meilleur (le vin) ? Quelles preuves ? Quelle démonstration ? Quant au bilan écologique, merci pour la consommation d’eau et les intrants fertilisants…Conduire la vigne en haie offre des surfaces foliaires considérables et fragilise la plante, dont les besoins seront difficilement satisfaits. Quelques fongicides seront les bienvenus…Vive la chimie !

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    1. Valérie Delannoy

      La Vieille Ferme est passée en Vin de France sur plusieurs marchés export (dont les USA) et je crois aussi en France. Elle est restée en AOC (Ventoux et Luberon) sur les marchés pour lesquels la catégorie Vin de France, trop méconnue, n’était sans doute pas assez porteuse.

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  5. Pour essayer d’être complet, je ne suis pas persuadé que le choix de la mention « Vin de France » ait été très futé, car elle porte à confusion.

    Ainsi, quand on va sur le site » Vins France », ont se retrouve face à de belles photos de vignes avec comme texte: « Découvrez les Vins de France ». Mais si l’on clique sur un accord vin et met, par exemple, on ne trouve que des suggestions d’AOC…
    A croire que le Vin de France ne fait pas partie des Vins de France (vous me suivez toujours?….).

    Evidemment, l’autre problème, c’est que les sites institutionnels veulent bien parler des zones de production (même si c’est faire un amalgame entre bon et mauvais producteurs, mais ne peuvent pas mettre en avant une marque ou un groupe.

    http://be.vins-france.com/fr/que-boire/cuisine-du-monde/

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  6. georgestruc

    Tout ceci est bien gentil, mais on oublie, me semble-t-il, que les surfaces nécessaires pour engager une refonte complète avec, comme l’écrit David, taille mécanique, enherbement total, etc… ne sont pas si nombreuses (je me réfère à ce que je connais, la vallée du Rhône).
    Allez suggérer aux vignerons de Rasteau, de Cairanne, Sablet, Séguret, etc… de faire ainsi: impossible; c’est un concept théorique. Certes, dans la plaine des basses terrasses du Rhône, il y aurait des surfaces à convertir (céréales versus vignes); on voit bien que la transformation de l’existant est totalement utopique. Ce sont de nouveaux vignobles qu’il faudrait planter. D’où une production dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne trouverait pas nécessairement un créneau avantageux sur le plan commercial. Et on peut ajouter que de tels voisinages altèreraient peut-être la notoriété des vins d’AOC… Vaste débat. Les « grandes » (grosses) maisons françaises citées par David, où s’approvisionnent-elles? En Espagne…pas en France, tout au moins pour la majorité des volumes qu’elles brassent.
    La production industrialisée représente une source indéniable de revenus, mais elle contribue à donner une image minimaliste, voire négative, des vins d’AOC à une époque où le consommateur est de mieux en mieux averti. La consommation de vins bas de gamme (bas de prix, ne vexons personne…) correspond-elle au quotidien du consommateur moyen ? Pas certain du tout. Souhaitons-nous revenir à la bouteille étoilée de 1 litre, capsule rouge à languette, afin de boire le jaja des deux repas quotidiens ? je croyais que ce stade faisait partie d’un passé révolu.
    Hervé, très justement dit: on peut et doit sortir de l’AOC des vins qui n’ont rien à y faire, mais leur coût de production interdit de les placer sur le segment évoqué; de plus, ils représentent, en terme de transformation du vignoble, des surfaces ridiculement faibles.
    Enfin, ce que prône l’auteur cité par David « Par exemple, une conduite de la vigne en haie avec taille mécanique, un enherbement entre les rangs, une irrigation en goutte à goutte combiné avec des engrais nécessaires apportés dans le système d’irrigation », bravo pour les bilans eau et fertilisants! Voilà de l’agriculture responsable, économe est respectueuse de l’environnement! Non, mais, de qui se moque-t-on? Irriguer et fertiliser, cela existe, bien entendu, mais avec une conduite classique de la vigne, chose très différente. De plus, des vignes traitées de cette façon auraient une durée de vie assez faible et la qualité des raisins ne serait jamais garantie.
    Si on me le prête, je jetterai un oeil sur ce bouquin, mais je ne l’achèterai pas… Qui se dévoue? Au fait, il a été financé par qui? Vin de France…

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  7. Georges je crois que vous allez un peu vite en besogne en extrapolant à partir d’exemples qui ne peuvent pas (manque d’eau, topographie trop accidenté) se prêter à de telle approches. Et vous ignorez aussi dans votre argumentation le consommateur (majoritaire à l’échelle mondiale) qui n’a rien à faire des AOC et de la complexité de l’offre qui va avec. Et ce consommateur veut, et peut obtenir d’autres pays, des vins très acceptables à moins de 5 euros la bouteille. Pourquoi la France serait-elle absente presque totalement de ce marché ? Et pourquoi tant des vins AOC se bradent à bien moins de 5 euros sans que le producteur ne gagne décemment sa vie ?
    Le Sud-Ouest de la France, et même tout l’ouest du pays probablement, à assez de terrains qui ne manquent pas d’eau et qui ne sont pas très accidentés. Un système de goutte à goutte bien managé n’est que peu gourmand en eau, et les engrais (quand nécessaires) seraient bien moins gaspillés quand distillés dans ce système que par un épandage classique. Il ne s’agit pas d’arroser la vigne, mais d’y apporter, en quantités suffisantes, de l’eau à des moments critiques pour maintenir qualité et quantité. La taille en haie à fait ses preuves ailleurs. C’est beaucoup moins couteux et moins apte à accueillir des maladies du bois.
    Bien entendu les exploitations doivent être assez grands, disons de plus de 100 hectares. Et alors ?
    Je ne vois pas en quoi une telle production porterait tort à des AOC qui méritent leur statut et leur prix. Ces deux types de production s’adressent à des segments du marché différents. Si les AOC ont réellement peur de ce type de concurrence, c’est peut-être aussi qu’ils ont des choses à se reprocher en matière de rapport qualité/prix.

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  8. Hugo Mazel

    Je suis bien d’accord avec David, il nous faut une refonde du système AOC qui ne marche pas en Export. Seul Bordeaux et un peu Bourgogne s’exporte bien (Champagne à part). Au niveau des vins que l’on dit premier prix ou excellent rapport qualité prix, nous sommes à des années lumières de la concurrence, et je fais partie de la concurrence. Étant commercial export pour un gros vignoble espagnol j’ai la chance de voyager en Europe et en Amérique du sud. C’est simple en Amérique du sud on ne trouve que très peu de vin français, JP Chenet est présent en GSM et je crois que c’est un des seuls en Colombie. Italien, Espagnol et vignoble du nouveau monde sont présent en force avec des vins sans AOP dans ces marchés émergeants.

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  9. Jacques LEHOUSSEL

    « Les vins issus d’AOC ou des approches analogues ne sont pas pour tout le monde., soit par choix, soit par ignorance, soit pour des raisons économique. Et depuis quand est-ce que ces vins-là offrent toujours une garantie au consommateur d’un goût et d’une qualité constante et capable toujours de plaire  »
    Avec de telles affirmations, tout devient possible ! Le vigneron dont l’objectif sera de plaire à tout le monde, via un vin constant ne m’intéresse pas.
    Attention de ne pas mettre le doigt dans un engrenage fatal entraînant, à terme, la disparition des petits producteurs. La viticulture a su résister au phénomène de concentration qui a balayé tous les autres secteurs de l’agriculture; donc aidons la à s’organiser, à faire sa promotion auprès du « grand public » au lieu de considérer ce dernier comme incapable de comprendre qu’un vin ça vit, donc de lui proposer des « standards » passe partout et finalement sans grand intérêt
    Vive la diversité et l’éducation au goût pour le plus grand nombre et tant pis pour ceux qui préfèrent la monotonie

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  10. Chai Clos de Lélu

    Merci Armel pour ton petit mot.
    Nous sommes heureux que tu te sois plu au domaine.
    Nous t’avons gardé une ou deux bouteilles que tu pourras passer récupérer un soir chez nous. Dis-nous quand tu peux passer !
    Bien à toi

    Charlotte et Thomas CARSIN
    Vignerons
    Clos de l’Elu – Saint Aubin de Luigné
    Dom : 02 41 78 39 97
    Th : 06 89 33 45 22
    Ch : 06 61 46 86 93
    http://www.closdelelu.com

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  11. Jacques, personne à bord de ce blog souhaite la disparition du « petit » vigneron, mais il me semble (et c’est mon avis ainsi que celui d’Hervé ….je ne sais pas pour les trois autres) qu’il y a de la place pour les deux approches : une viticulture artisanale et une autre plus « industrielle » dans son approche. D’ailleurs c’est déjà la cas dans une certaine mesure, sauf que la France n’a pas pris les choses à bras le corps dans la deuxième catégorie. Et je ne vois aucune raison de mépriser les consommateurs qui souhaitent un produit fiable, bien fait et accessible aussi bien par son prix que par son étiquette. Vous préférez peut-être que ces gens boivent de la bière ou des sodas et non pas du vin ? Il faut des « entrées » au monde du vin. A force de joueur sur la corde (trop sensible en France) du « small is beautiful » et de l’élitisme pour initiés, vous risquez de diminuer la population des buveurs de vin et celle des producteurs avec. La viticulture australienne, à côté des géants que j’ai cité, est florissante aussi par une multitude de petits producteurs, mais ces deux structures ne s’adressent pas aux mêmes consommateurs.

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    1. Jacques LEHOUSSEL

      Bonjour David,
      Je sais bien que personne dans cette communauté souhaite la disparition du « petit » vigneron. Ce qui me gêne un peu, c’est cette idée de segmentation du marché, ce qui conduit inévitablement à installer un certain élitisme, ceux qui savent goûter, et d’ autres qui « boivent du vin ». Je n’aimerais pas que le « big is beautiful » remplace le « small is beautiful ». Face à des marques puissantes, le petit producteur sera tenté de vendre son raisin, voire même son vignoble, afin de s’assurer un revenu facile et moins aléatoire.
      Pourvu que la viticulture ne suive pas le mouvement général de l’agriculture : la recherche du prix bas, une qualité standard plus préoccupée de respecter des normes que de rechercher le goût et finalement un ennui généralisé.
      Tout le monde peut entrer dans le monde du vin; il suffit d’éduquer au goût et non de rechercher le prix bas.
      Or, ces grandes marques, qui semblent vous manquer, n’œuvrerons jamais pour éduquer le goût du consommateur, bien au contraire. Avec des moyens financiers bien supérieurs au reste de la profession, elles imposerons, petit à petit, l’idée que la constance et la régularité sont les critères essentiels, associés à des prix pour « monsieur tout le monde »
      Donc, faisons tout pour promouvoir le talent de nos viticulteurs et ne cautionnons pas l’industrialisation de la profession.
      Et pour terminer, je préfère de loin une bonne bière à un mauvais vin.

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  12. Christian ALBERT

    C’est bien de se mettre à la place du consommateur mondial, de décider de ce qu’il souhaite et de combattre l’élitisme … foutue spécialité française ! En harmonie avec le capitalisme ambiant devenu furibond, c’est aussi abandonner l’idée que l’on pourrait amener ledit consommateur à ne plus boire idiot, marché oblige ! Deux mondes viniques opposés : contrairement à vous, David, je ne me résoudrai pas à boire du JP Chenet… Excusez, je crains les sulfites qui accompagnent la machine à vendanger .

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    1. Jacques LEHOUSSEL

      Je partage votre avis
      Voici ce que dit le site de JP Chenet sur leur méthode de vinification:
      « Les raisins sont récoltés à parfaite maturité et sont rapidement pressés à basse température. Le débourbage se déroule à basse température avec du SO2 et un ensemencement de levures. Puis la fermentation alcoolique entre 16 et 20° C dure une semaine. Le vin est ensuite clarifié et conservé sous gaz inerte à basse température »
      ça donne vraiment envie !
      Résistons au « boire idiot »

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  13. Messieurs (Jacques, Christian et d’autres sans doute), je ne vois pas pourquoi vous insistez sur une vision « à pensée unique » pour la viticulture de ce pays. L’existence de grandes marques en Champagne n’a pas empêché l’émergence dune prolifération de (parfois) excellents petits producteurs qui marchent bien sur le plan économique, et même de mieux en mieux, et faisant des vins qui ne sont pas nécessairement pour tous les palais. Un marché qui devient important se segmente de lui-même, n’ayant pas peur des mots. Regardez aussi la bière, marché beaucoup plus concentré mais dans lequel on voit maintenant une masse de petites brasseries prendre place depuis quelques années, à commencer par les USA et la GB, pays dont vous semblez désapprouver les orientations plus libérales. Il y a la place pour deux types de vins, et le consommateur fera son choix, y compris de s’éduquer, s’il en a envie, ou de rester dans le simple plaisir de boire un coup de vin sans se prendre la tête ni de vider son portefeuille. Ces différents marchés existent dans le monde. Ma question est : pourquoi la France devrait-elle être totalement absente de la catégorie des vins simples?

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    1. Comme parfois le vin, votre réponse s’arrondit un peu ! In finé, nous ne parlons pas tout à fait de la même chose : vous marché, c’est à dire boisson, alors que nous évoquons la Culture. Après l’horrible siècle 1850-1960 pendant lequel en France et spécifiquement en France, le vin fût un aliment (!)… il est récemment redevenu en France un objet culturel, et s’éloigne depuis une décennie de la simple boisson d’accompagnement de repas… ce que réussit à faire très bien la bière ! C’est ce vin-là qui nous motive pour échanger ces mots, c’est ce vin-là que nous défendons !

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