Et si l’on parlait des sodas?

En France, on parle beaucoup des ravages de l’alcool. Sans beaucoup de discernement, d’ailleurs – notamment quand on amalgame la consommation du vin et des spiritueux… Combien de fois avons-nous vu des journaux importants, du Monde au Figaro en passant par Libération, illustrer le sujet de l’alcoolisation des jeunes, par exemple, avec des photos de verre de vin? Occultant totalement que ce binge drinking se fait rarement avec du vin.

201314_consomation_alcoolAu Figaro, on parle d’alcool et on montre du vin…

Et si, pour changer, on évoquait les ravages des boissons sucrées?

En 2014, un habitant de Los Angeles a testé un régime à forte teneur en sodas pendant 4 semaines (à raison de 10 canettes de Coca-Cola par jour), et il a pris 10,4 kilos.

En Grande-Bretagne, The Telegraph a publié la video de ce Régime Coca-Cola, avec un article d’explication.

Aucun grand média français ne l’a reprise, par contre, à ma connaissance.

Comment expliquer ce contraste dans le traitement de l’information, surtout dans un pays de tradition viticole comme le nôtre?

Quelques chiffres

Surtout qu’il y aurait matière à creuser, simplement sur la base des chiffres disponibles sur la toile, en fouinant un peu.

On y apprend ainsi que depuis 1990, la consommation française de vins a presque diminué de moitié, passant de 80 à 50 litres par tête d’habitant (source Anivin); et que dans le même temps, la consommation de sodas a plus que doublé, passant de 30 à 65 litres par personne et par an; toujours sur la même période, la proportion de personnes en surpoids est passée de 8,5% à 15%.

Et puis, pour faire bonne mesure, je vous livre les deux cartes suivantes.

Sur la première, issue d’un travail du Wine Institute, est exprimé le pourcentage de personnes consommant régulièrement du vin (soit au moins une fois par semaine), par rapport à la population de chaque région. Plus la couleur est sombre, plus la proportion est élevée.

Ainsi, 28,5% des Picards consomment du vin au moins une fois par semaine, contre 43,5% pour les habitants des Pays de Loire. C’est dire si la France est diverse, à ce niveau là également.

vin région f

% des habitants de la région consommant au moins une fois du vin par semaine

Sur la seconde carte (Source Docplayer), est figuré le taux de personnes en surpoids par rapport à la population de chaque région. Là encore, plus la couleur est sombre, plus la proportion de personnes en surpoids est élevée. Je ne dois pas vous rappeller, je suppose, qu’outre le côté esthétique (qui ne regarde que chaque personne), le surpoids est un facteur de risque pour bon nombre de maladies, comme les troubles cardiovasculaires, le diabète et l’arthrose.

6199397-9262223.jpg

% des habitants de la région en surpoids

Par besoin de sortir de l’ENA ni de l’école de médecine pour établir une corrélation: les régions où l’on compte le plus de personnes en surpoids (Nord-Pas de Calais, Picardie, Champagne-Ardennes et Lorraine) sont également celles où la consommation régulière de vins est la plus faible. Bien sûr, il y a d’autres facteurs régionaux à prendre en compte (notamment le régime alimentaire, qui diffère pas mal de Lille à Marseille), mais si j’étais responsable au Ministère de la Santé, je me poserais quand même la question: et si le vin, consommé régulièrement et dans des quantités raisonnables, avait des vertus insoupçonnées?

Et plutôt que de faire du vin ma bête noire, comme les addictologues de  l’ANPAA,  je m’intéresserais un peu plus à une poudre blanche, en vente libre celle-là: le sucre.

Confrères et amis de la grande presse, quand organisez-vous un débat sur ce thème? Faudra-t-il attendre l’interdiction des publicités sur les sodas?

Hervé Lalau

6 réflexions sur “Et si l’on parlait des sodas?

  1. Ce qui est aussi passionnant c’est de comparer les cartes de consommations de vin avec les cas d’hospitalisation liés à l’alcool, syndromes de dépendance et intoxication aiguës.
    Et on s’y aperçoit que les départements les plus préoccupants en matière d’hospitalisation lié à l’alcool sont le Nord et la Normandie qui ne sont pas vraiment les département ou l’on consomme le plus de vin…
    http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/07/10/le-binge-drinking-touche-toutes-les-generations_4678240_4355770.html

    J’aime

  2. georgestruc

    Excellent papier, Hervé ; nos médias sont étrangement silencieux sur ce sujet. Qui pourrait les mobiliser afin de livrer clairement des données objectives sur cette question ? La consommation de sucre est supportée par les grands producteurs de cette denrée magique, et ils y mettent des moyens considérables !!. Une usine qui met en bouteilles de l’eau de source (la majorité des eaux distribuées sur le marché) fait beaucoup plus de marge si elle fabrique également des boissons gazeuses sucrées (recette simple : eau + sirop + arôme de synthèse + gaz carbonique) ; la siroperie de ces usines possède une très grande importance. Seul pb : le traitement des eaux de lavage ; le sucre étant un redoutable booster de bactéries filamenteuses. A côté de cela, le traitement des effluents vinicoles est d’une très grande simplicité.

    J’aime

  3. Ping : Taxe soda | Les 5 du Vin

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.