”A quoi sers-je?”

Régulièrement, dans les voyages de presse, les concours, les dégustations, je débats de l’avenir des journalistes du vin, notamment face aux blogs.
Une chose est sûre: on n’a jamais vu autant de blogueurs dans les dégustations; et si on les y invite, c’est que la production a donné le feu vert. C’est qu’elle y croit. Et ne vous y trompez pas: je trouve ça bien. Les bons blogueurs apportent un salutaire vent de fraîcheur à la critique vineuse – et une nouvelle compétence aussi.

Mais il y a plus. Et si le métier même de journaliste, de passeur d’info, était bientôt à ranger au grenier de la communication?
C’est une des réflexions sur la planète com, ces derniers temps. Comme le résume très bien cet article:
Un néo-journalisme en prise directe » OWNI, News, Augmented

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La presse du vin, aussi obsolète que la plume sergent-major?

Si comme moi, vous avez bien tout lu, vous comprenez maintenant le titre de ce billet: « A quoi sers-je? »

Peut-être à réfléchir sur l’info qu’on nous pré-mâche. Pour vous la restituer en y ajoutant l’épice de la mise en perspective.

Si l’on vous dit que le rendement d’un hectare de vigne en Alsace est trois fois plus élevé qu’en Corbières, sans vous parler de la densité de plantation à l’hectare, notamment, ou encore du type de cépage, on ne vous donne pas toutes les clefs d’analyse.

Si l’on vous dit que le rosé ne peut être issu d’un coupage de vin rouge et de vin blanc, alors que bon nombre d’AOC autorisent l’assemblage de raisin rouge et de raisin blanc (avant le stade du vin, mais la différence est mince, qualitativement), et que nos amis chiliens le pratiquent régulièrement, idem.

Si l’on vous dit que les meilleurs chenins sont d’Anjou, les meilleurs rieslings sont d’Alsace, les meilleurs merlots sont de Saint Emilion, les meilleurs rosés sont de Provence, sans que celui qui vous le dit n’ait pris la peine d’en déguster qui soient issus d’autres pays, idem.

Si vous lisez, sous la plume d’un prophète autoproclamé du vin nature, « qu’il n’y a que cela de vrai », comme si il fallait d’abord entrer en religion avant de commenter un vin, le passer au cible de ses convictions, aux fins, ensuite, d’évangéliser son lectorat, idem encore.

Ce ne sont que quelques exemples, bien sûr; mais je les crois représentatifs de ce que peut apporter la formation d’un journaliste blanchi sous le harnais, ou plutôt, pour prendre une allégorie vineuse, lentement élevé en foudres usagés. Et c’est encore plus valable pour les journalistes spécialisés que pour les autres, me semble-t-il.

Mon rôle (et ma fierté) de journaliste, ce n’est pas d’orienter le lecteur, de le manipuler, de faire passer une quelconque conviction, de militer, mais juste de bien l’informer. La voie est étroite, sans doute m’arrive-t-il d’en dévier, mais le but est clair: tendre au plus d’objectivité possible.

Cette objectivité, on ne la demande pas aux blogueurs: eux peuvent se permettre tous les partis-pris, les enthousiasmes, les rejets, bref, la subjectivité. Ils peuvent même revendiquer la mauvaise foi, la naïveté, voire l’ignorance, car ils ne sont en définitive que des consommateurs – même avertis – qui prennent la parole. Ils n’ont de compte à rendre à personne.

Nous autres journalistes pouvons envier leur liberté de ton, mais notre métier – tel que je le conçois, en tout cas – nous oblige à plus de retenue.

Evidemment, à chaque fois qu’un journaliste se borne à recopier un communiqué de presse, il ne plaide pas en faveur du maintien de notre noble profession. Mais le problème est peut-être déjà dépassé: quand des journaux se groupent en réseaux et publient tous la même dépêche d’agence sans en changer une virgule (fautes incluses), on peut se demander si les éditeurs eux-mêmes croient encore dans la valeur ajoutée que peut leur apporter leur propre rédaction…

Mais si l’information de demain doit absolument être gratuite, évidemment, qui paiera le travail d’analyse?

Je n’ai aucune solution à tout ça. Aucune représentativité. Aucun poids, non plus.
Je suis journaliste, j’aime ça, et cela me fait vivre. Je suis blogueur, aussi, et j’aime ça; mais cela ne me fait pas vivre.

Mon cas personnel n’a rien d’extraordinaire, il ne mérite même pas un billet. Mais la thématique d’ensemble, si; alors j’espère qu’elle vous incitera à vous fendre d’un petit commentaire, et surtout d’un petit moment de réflexion. Quelle information voulons-nous?

Hervé LalauIMG_2518

18 réflexions sur “”A quoi sers-je?”

  1. Jean Pierre Glorieux

    Le suivi de quelques blogs de belle tenue m’ont, depuis 10 ans ,permis de prendre de la distance avec les modes et courants porteurs de ce milieu .(le vin ,la culture du vin ,histoire et société )

    Est- ce dû à de profondes racines champenoises, terre d ‘abondances et de redondances qualificatives où distinguer l’essentiel tient du parcours du combattant ?

    Découvrir ce Rosé de Cahors (Côt) créé par un ami vigneron (Ph Pontié) peu enthousiaste au début et qui ne regrette pas ce pas de côté ;comparer un Valengrain des Riceys (O Horiot) aux meilleurs chardonnays bourguignons , croiser des acharnés à remettre en culture des cépages anciens (Aiton Savoie ) passer une soirée verre en main à comparer les mérites de la biodynamie en Corbières (Trillol) , écouter Mr Laurent nous décrire sa passion pour Les Pinots ( à La Celle sur Ource 10 ) etc,etc …

    Sans les blogs** je serais passé à côté , je boirais sagement de l’étiquette , oubliant le contenu du verre et tout ce qui intervient en amont de la vigne aux chais .

    Rien que pour cela MERCI LES BLOGUEUX !

    ** et le Dico du Vin.

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  2. Vous avez raison, les blogs ont multiplié les occasions de découvrir de bon s vins. D’ailleurs, en ce qui me concerne, ma décision de tenir un blog de vin a été motivée par le fait que beaucoup de dégustation de bons vins, de belles rencontres, de beaux sujets d’articles… ne trouvaient pas de débouchés dans les trop rares pages disponibles de la presse classique.
    Merci de votre commentaire.

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  3. Allons, allons Hervé, un coup de déprime ? Et moi alors, sers-je à quelque chose ?
    L’important reste de se donner un peu de plaisir et de donner du plaisir aux autres. C’est encore mieux quand on a quelque chose à dire, à transmettre, à communiquer au travers de son travail.
    En 2012, avec mon épouse, à la soixantaine nous avons commencé une nouvelle vie. Mettre en route une cave neuve en bio presque nature plus des chambres d’hôtes plus une table d’hôtes. Sûrement, comme disait Raffarin, » la route est droite mais la pente est forte ». Principalement pour vendre du vin. Chaque jour ou presque, les clients nous encouragent, les professionnels pas beaucoup ! On se demande parfois si on ne serait pas mieux à se prélasser au soleil dans une villa sur la Côte comme beaucoup de retraités. Mais alors comment s’exprimer ?
    Revenons à ce que j’attends d’un journaliste vineux même si c’est un journaliste blogueur.
    D’abord, c’est une fenêtre ouverte chez les voisins. Vous savez, depuis mon domaine, je n’ai pas souvent l’occasion de sortir, de voir, d’entendre, de déguster voisins et collègues, surtout quand on vient de Paris. Et bien sûr, si c’est bien écrit, le voyage en est d’autant plus agréable. Un bon mot, une belle tournure de phrase, c’est un rayon de soleil…
    Ensuite, si je passe un peu de temps à vous lire, c’est que j’y trouve un intérêt professionnel, j’espère apprendre quelque chose de nouveau, qui va m’aider à comprendre et à progresser dans le vin et en cave. Pour ce faire, l’écrit doit être lumineux. Quand je vous lis, plus souvent que nécessaire, je note un bon mot, une tournure de phrase, un paragraphe entier parfois. Mais l’écrit reste alors que les paroles s’envolent. Donc la forme doit être irréprochable et au blog des 5, vous vous en sortez plutôt bien.
    Enfin, vos histoires doivent être pertinentes, justes, tenir debout. Et là-aussi j’apprécie.
    Donc Hervé continuez comme ça, moi ça m’intéresse. Je serais prêt à payer (un peu) pour vous lire. Par contre, je peux vous offrir le gite et le couvert quand vous venez dans notre belle région exagérément dénommée Drôme provençale. La Provence n’est jamais montée jusque dans la Drôme ! Vous pourrez aussi déguster les vins d’un neo winemaker.
    Pour finir, parlons un peu des blogueurs ou si vous préférez des blogueuses. En tant que vigneron chambre et table d’hôtes d’un certain standing, nous sommes tout désignés pour recevoir les blogueurs oenotourisme invités aussi bien par l’interprofession des vins de la vallée du Rhône que par la région Rhône-Alpes. Pourquoi des blogueurs ? Parce que les journalistes ne se déplacent pas sur de tels sujets, parce que ça fait plus moderne dans les agences de RP, parce que tout le monde s’en moque ? Mon impression reste très négative (nous avons dîné avec eux ou elles), ils ne savent pas prendre des notes, les retours en ligne sont très superficiels, les retours concrets en chambre comme en vin inexistants. Tant pis, nous avons tout de même facturé chambre + dîner !
    Petit bémol tout de même, ils ne sont pas tous pareils. J’ai reçu l’autre semaine en tant que client anonyme « Le blog dOlif » et là j’ai découvert un presque « pro ». Salutations au Docteur Olivier qui en a profité pour écrire un petit mot sympa sur notre aventure.
    A quoi sers-je ? Aujourd’hui et dans notre société, il faut éviter de douter. Par contre, il nous faut un cap, un objectif et s’y tenir tant qu’on peut. Avoir raison contre la tendance générale est souvent difficile tenir mais vous êtes dans le vrai. Nous avons besoin de journalistes tels que vous.

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  4. C’est bien dit Hervé et je sens souvent la même chose que toi. La presse du vin se réduit comme peux de chagrin, en France du moins. Et couvrir les vins d’ici et d’ailleurs prends du temps sans rapporter de quoi vivre. Je pense aussi que le formation est un outil négligé dans ce domaine. Pour avoir du recul, il faut de l’expérience et avoir des outils pour juger, comme tu l’indiques dans ton article. Relativiser les discours prôné par producteurs ou autre porte-paroles à l’aune d’une connaissance d’un sujet forcément complexe. Puis respecter la base de l’information en le séparant des ses avis personnels.

    à Thouroude : J’étais dans votre région (j’ai vu effectivement les panneaux « Drome Provençal ») tout récemment pour un rallye moto autour du Ventoux. Si j’avais eu connaissance de votre adresse, je me serais bien arrêté chez vous. J’ai pu néanmoins, hors cadre strictement professionnel, organiser une dégustation de quelques vins de Ventoux pour mes amis motards venus de partout en Europe.

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    1. David est aussi bien sûr invité. Ce sera l’occasion de baragouiner mon anglais.
      Vous ne vous doutez pas de l’aura dont vous bénéficier encore. Les bons journalistes bien sûr pas les publications qui ne sont pas toujours à la hauteur. Un papier quelconque peut décrédibiliser le numéro, voire le titre. Idem d’ailleurs pour le raisin et notre vendange.

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  5. Silvia Bonnet

    Votre article, un brin nostalgique, dépasse le cadre de la presse du vin et pose la question plus générale du rôle du journaliste dans la construction de l’information. Internet et les réseaux sociaux ont révolutionné profondément l’information: comment elle se collecte, elle s’analyse, elle se diffuse, elle se reçoit, elle se comprend, elle se critique… Même si la prolifération de l’information, directement liée à la facilité d’utilisation et l’accessibilité des nouveaux médias, produit parfois le pire, je crois cette ouverture plutôt positive. Et je crois aussi de plus en plus que les journalistes de métier, d’expérience, ont un rôle important à jouer dans la validation des informations, leur mise en perspective… voire dans la correction des fautes d’orthographe et de syntaxe! Soyez rassuré, vous servez à quelque chose!

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  6. Vous avez tous peu ou prou raison.
    Mais n’oubliez pas que notre monde, dans tous les domaines, tourne désormais autour de la communication.
    Ce sont les agences de com qui, mandatées par les vignerons ou leurs comités interprofessionnels, font la pluie et le beau temps sur ce petit monde de journalistes (vrais ou pas) et de blogueurs (compétents ou pas) qui agissent ensuite à leur guise. Le but étant les trois quarts du temps de faire du remplissage lors d’un voyage de presse ou d’une manifestation histoire de contenter le client. Un tweet à la con de deux lignes d’une blogueuse branchouillarde mais célèbre dans son milieu vaut-il mieux qu’un article dans une revue réservé aux dentistes ? Un article qui reprend mot pour mot (y compris les fautes) le communiqué de presse d’une agence est-il plus intéressant qu’un article de fond dans un blog intéressant mais peu lu ? Est-il préférable de dépenser du fric pour inviter en grande pompe un groupe de pseudo-journalistes histoire de remplir un autocar pour une manifestation sans grand intérêt ?
    On voit que la com est devenue un immense fourre-tout qui prétend informer le temps d’un week-end tous frais payés une horde de visiteurs-râleurs dont les trois-quarts ne sont là que pour passer du bon temps aux frais de la princesse. Comment ces gens-là peuvent-ils informer à leur tour intelligemment sur un aspect du vin qu’ils n’on fait que survoler ?
    Le journalisme du vin (et les blogs) redeviendront utiles (ils le sont déjà pour certains), à mon sens, que lorsque l’on comprendra qu’il faut payer le professionnel afin qu’il passe du temps à enquêter, à rencontrer, à dialoguer, à apprendre. Or, hormis quelques exceptions et quelques initiatives personnelles, il n’y a plus de journaux qui s’intéressent à ce genre de travail.
    Nous sommes bel et bien dans l’ère du n’importe quoi, de l’inculture, du zapping et de l’article qui ne doit pas dépasser 10 lignes au risque de faire fuir le Lecteur.
    Pardon pour ce pessimisme de fin de vie. J’en appelle à notre cher Léon pour envenimer encore plus ce débat. Et merci, Hervé, de nous faire revenir sur ce sujet brûlant.

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  7. Oui, je rejoins Michel sur beaucoup de plans et le sujet est d’importance. Regardons ce qui se passe dans mes médias généralistes. L’instantanéité de l’information nuit au recul nécessaire, à la pondération, à la vérification des sources et donc, parfois, à la vérité même. Les médias dits « sociaux » ne sont que rarement dans une dimension de réflexion. Comme la presse à sensation, ils semblent se nourrir essentiellement de l’anecdotique et de la provocation.

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  8. Il n’y aucun coup de blues de ma part, je vous rassure. Ni aucune tentation du « c’était mieux avant ». Il faut vivre avec son temps, essayer de faire de son mieux, ce qui peut vouloir dire dénoncer certaines dérives.
    A part ça, j’aime ce que je fais, à chaque vignoble que j’ai l’occasion de découvrir, à chaque vin qui me plaît, à chaque bon vigneron que je rencontre, ressurgit l’envie de le partager. En plus, j’ai la chance de travailler avec deux équipes géniales, In Vino Veritas, d’un côté, Les 5 du Vin, de l’autre, de pouvoir frotter mes neurones à ceux des autres, ce qui est le meilleur moyen d’être motivé.
    Merci les gars et les filles!

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    1. Pour info, voilà le genre de proposition que nous recevons quasi quotidiennement :

      Bonjour,
      J’espère que vous allez bien

      Nous proposons un catalogue pour les blogueurs et journalistes avec plein de produits/services sympa à tester.
      Peut-être seriez-vous intéresser pour tester des produits/services et en parler à vos lecteurs ?
      Si oui, pourriez-vous m’indiquer vos thématiques de prédilection et votre numéro de département pour que je puisse vous envoyer une petite liste de produits/services vous pourraient vous faire plaisir?

      Au plaisir de vous lire prochainement.
      Cordialement.

      Notez que l’on pale ici de « plaisir ». Et non d’information… La voilà notre époque !

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  9. Voilà, je voulais éviter de me faire de la pub. C’est raté. Je suis vigneron de fraiche date au Domaine de Provensol à Venterol dans la Drôme, attention pas dans les Alpes de Haute-Provence. Régulièrement, certains hôtes se trompent et ce ne sont pas tous des belges ! Pardon aux belges qui sont des clients réguliers et des winelovers. Venterol se trouve à une poignée de km au nord de Nyons. Bienvenue dans notre « petit paradis » dixit Giono puis par la suite Barjavel.

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  10. Félicitations Hervé pour ce sympathique échange. Le vin c’est dans une bouteille ou un verre mais aussi et surtout beaucoup d’échange. Voilà comment vous y contribuez. Merci.

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  11. Merci Hervé, j’ai la tête sous l’eau en ce moment, mais avoir soulevé ce thème, nous a donné à penser à tous. Une chose est sure, si nous servons à défendre des valeurs auxquelles nous croyions avec objectivité et à donner de l’information (qui sera toujours évidemment un peu subjective, en ce qui concerne,la dégustation, ), je crois que nous pouvons faire découvrir des vrais vins (qu’est-ce qu’un vrai vin????)à nos lecteurs. ou dans tous les cas partager nos émotions avec ceux que ça intéresse…Merci pour tous ces échanges

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  12. Le nombre de consultations de ce blog ainsi que ses commentaires est une invitation à poursuivre. Quelle que soit la communication qui bruisse autour du vin. La chance avec ce blog est que le lecteur n’est pas abstrait, il peut même s’exprimer. Certes ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir assembler les mots pour construire du sens et les provoquer (à propos du goût du vin). C’est pourquoi il y a des journalistes qu’on lit avec plaisir et des lecteurs qui s’abstiennent d’écrire. Continuer à bien écrire c’est résister à l’abrutissement et dénoncer la communication contre l’information. CONTINUEZ. A quand un article sur le vrai vin?

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  13. Journalistes, blogueurs, c’est comme les chasseurs : il y a les bons et les mauvais. Pour que les journalistes ne voient pas leurs effectifs se réduire comme peau de chagrin, il leur appartient non pas de critiquer les blogueurs (j’ai bien compris que ce n’était pas l’objet de ce billet), mais plutôt de balayer devant leur porte et dénoncer ceux qui donnent encore du crédit aux campagnes primeurs ou qui mettent des 19/20 à la pelle aux grandes maisons de champagne et autres annonceurs qui les font vivre …

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