Résurrection des cépages rares en Espagne

Dernièrement nous assistons en Espagne à une vague de résurrection de cépages rares. Fredi Torres, vigneron espagnol né en Galice, mais élevé en Suisse sur les bords du Lac Léman, (son domaine  situé à Gratallops, est composé de différentes parcelles sur les appellations Priorat et Montsant) nous en a présenté quelques spécimens à Trilla, lors de la fête des vieux cépages.

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Vino Etico Bodegas Gratias Tardana blanco 2015

La Tardana ou Planta Nova est un cépage autochtone de la région de Valence, qui comme son nom l’indique se vendange plus tardivement, en novembre.

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Gratias est un domaine familial situé en Manchuela,  dont la démarche est la récupération de vieilles vignes de cépages autochtones, bobal, tardana y pintailla et l’élaboration de vins éthiques. C’est-à-dire « des vins , dont le  prix de vente est honnête, où le prix payé pour le raisin permet au vigneron de vivre dignement , où les gens impliqués dans le projet sont fiers de leur travail , où le processus de production se développe de manière durable, où le principal objectif est de produire des vins à boire, où les gens sont importants car ils sont ceux qui rendent possible le miracle de vin , où le vin  est vrai » … Je vous ai déjà parlé dans un précédent article de leur rosé que j’avais bien aimé.

www.gratiaswines.com

Tardana Gratias 2015 est un vin frais dans une région solaire, travaillé en cuve inox, on ne sent pas trop l’alcool, la production est très faible, un millier de bouteilles. La robe est jaune paille, la gamme aromatique n’est pas très complexe, elle offre surtout des fruits blancs, pommes et poires accompagnés de quelques touches florales. La bouche est intéressante, onctueuse, légère et suave on y retrouve les fruits blancs et quelques notes citriques qui amènent une belle acidité finale. Un peu court cependant. Frais et facile à boire, peut séduire tous les palais, c’est un bon vin.

Je n’ai pas réussi à trouver de prix de vente, mais c’est en dessous de 10€-

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Arroba by …gratias

Vu que le cépage a presque disparu, on ne trouve pas de parcelles monovariétales, les pieds de vigne sont mélangés parmi d’autres cépages dans les parcelles appelées ‘parcelas mezcla’. Les raisins sont donc issus de différents terroirs, toujours de vignes en gobelets. Son nom est du au fait que les raisins présentent des touches de pourpre sur leur peau rose.

Pour quoi @: certains appellent le raisin de ce vin pintaillo et d’autres pintailla… d’oú pintaill@, en outre, une « arroba » est une unité de mesure très utilisée dans la zone pour le vin, 16,2 litres de vin concrètement.

La Pintailla est un cépage qui a un contenu très faible d’anthocyanes, et des profils  de flavonols presque semblables à ceux des raisins blancs.

Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est un vin singulier, il peut vous convaincre ou non, mais par pure curiosité et respect pour notre patrimoine, ça vaut la peine de le gouter.

La couleur n’est pas très intense, légèrement cerise, le nez est agréable avec ses notes de fraise et sa légère touche épicée, la bouche offre un corps léger, mais assez savoureux, le plus intéressant réside dans sa finale subtilement saline.

Facile à boire, assez gourmand.

Vol 13,5º

Le prix annoncé est d’environ 15€

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Mentrida Arrayán Albillo Real 2015, un blanc d’ albillo

Je vous ai déjà parlé de l’albillo blanc, (à propos d’un blanc de Madrid Picarana 2014 des Bodegas Marañones). Celui que présentait Fredi venait de la DO Mentrida, qui est aussi dans la région de Madrid. Une brillante couleur jaune doré, un nez délicat de fleurs blanches et de fenouil, une bouche grasse, ronde et assez persistante. Le nez est un peu toasté, le bois a besoin de s’intégrer davantage, mais il y a beaucoup de finesse dans ce vin, j’aime bien les notes citriques et d’herbes des champs qui agrémentent la finale-

PVP 12,50€

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La Forcalla de Antonia 2014 de Bodegas Rafael Cambra DO Valencia

100% Forcallà, un cépage autochtone de la région de Valence qui a pratiquement disparu à ce jour et que Rafael Cambra essaie de récupérer. Fredi nous raconte que le triangle formé par les villages de Fontanars del Aforins, Moixent et Font de la Figuera est appelé la Toscana Valenciana, tellement le paysage est idyllique, avec ses grandes maisons bourgeoises, et ses sols adaptés à la vigne. (750m d’altitude et vignes en gobelets).

Personnellement, c’est la première fois que j’ai l’occasion de gouter ce cépage. Le vin est issu d’une seule parcelle de 1 ha sauvée de l’arrachage. On estime qu’il ne reste que 200hectares de ce cépage dans le monde entier.

La robe couleur cerise est d’intensité moyenne, un peut matte. Au nez, des notes de fruits rouges frais, sur fond balsamique, mentholé. La bouche est fruitée, fraîche, les tanins sont subtils et la finale est marquée par une acidité vibrante.

Vol 14º

La production se limite à 600 bouteilles pour un PVP de 10€

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SERIE ADRIANA OCHOA – 8A MIL GRACIAS

La série de vins 8A est une série spéciale, elle représente un hommage à toute une famille de vignerons.

Adriana explique “L’emblème de mon grand-père était le symbole 8A, mon père m’a appris à apprécier les cépages, et moi, j’essaie de transmettre dans mes vins notre philosophie et mon amour pour cette terre”. Elle voulait élaborer un 100% Graciano, à l’encontre de la tradition qui réservait ce cépage aux assemblages et, en faire un vin moderne. Le graciano est un cépage que l’on rencontre principalement en Rioja, et qui jusqu’à maintenant là-bas aussi était utilisé en assemblage. De plus en plus, on voit apparaître sur le marché des graciano 100%, personnellement, ils ne font pas partie de mes Rioja favoris, c’est un cépage que je préfère en assemblage. Son acidité est très élevée, il faut vraiment savoir le travailler.

Cet exemple de la Navarre m’a interpellée ; d’abord, par sa surprenante couleur profonde et violette, le nez a besoin d’aération, mais une fois que le vin a respiré, apparaissent des notes de fruits noirs, de groseille et de poivre blanc associées à des touches de cannelle et de cacao. L’amabilité de la bouche m’a étonnée, les tannins sont suaves et agréables, j’aime la note finale de thym et de romarin. Un vin qui incite à finir la bouteille, je n’y ai trouvé aucune rusticité.

Il faut absolument le décanter, pais pour 10€ c’est une bien jolie bouteille.

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En Conclusion,

Je dirais que tous les cépages autochtones ne méritent pas d’être récupérés, et que le fait qu’ils soient en voie de disparition ne les transforme pas en trésors de guerre. Cependant, les vins de cépages rares ont une identité propre, et c’est pour ça qu’il faut les défendre. C’est une bonne chose qu’il y ait des vignerons pour les récupérer, ils préservent ainsi notre patrimoine et les prix pratiqués doivent nous inciter à nous montrer curieux et à  les encourager à les sauver. L’Italie, le Portugal et la Géorgie en regorgent, ils offrent une belle typicité, l’Espagne en est riche aussi, la Galice en offre de très beaux exemples. Lutter pour la biodiversité dans les vignobles du monde  me parait incontournable et indispensable, cela peut aussi constituer un facteur d’innovation et de croissance pour les petites et moyennes entreprises viticoles, je pense qu’il y a un attrait des marchés pour ce type de vins.

Donc, oui, défendons ces vins autant que nous le pouvons!

 

Hasta Pronto,

MarieLouise Banyols

 

21 réflexions sur “Résurrection des cépages rares en Espagne

  1. Le problème est posé dans les bons termes: à quoi sert de conserver un lézard vert, ou un rhinocéros unicorne, ou un cepagé « oublié »? Notons que, pour ce qui concerne les cépages, on ne parle pas d’une espèce mais simplement d’une variété (un cultivar), càd une « race » parmi l’espèce V. vitifera.
    Présent au salon de Trilla aussi, mais occupé à mon stand, je n’ai hélas pas eu le temps matériel d’aller déguster ailleurs.
    Quand Plageoles a commencé à remettre à l’ordre du jour cetains cépages, le même problème s’est posé. Il est sans doute bon (sans doute ?) de perpétuer une « collection » de cépages en nombre suffisant pour éviter l’extinction, mais de ne produire du vin en quantité commerciale qu’avec ceux qui ont … un intéret commercial. Mais pour juger de cela, il faut parfois plusieurs millésimes et sans doute plusieurs vignerons, en plusieurs endroits.
    La seule alternative c’est le « tout sauvignon », ou le « tout chardonnay » etc …

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  2. Denis Boireau

    Un autre interet de certains cepages ‘oublies’ est la resistance aux maladies: j’ai du baco, de l’othello, et de l’oberlin, qui produisent avec zero traitement. Et malgre les croyances de l’INRA il n’y a pas de contournement de resistance depuis plus de 100 ans. Reste a ameliorer la qualite des vins que ces cepages resistants produisent…la il y a encore du boulot.

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    1. Denis, j’ai rendu visite (ma fille est ici pour deux mois) à un ami ariégeois dont le père – maire de son village à l’époque – produisait du vin « meilleur que ceux des voisins » dans des vignes complantées mais à majorité de Baco. Il m’a rapporté qu’il « atteignait parfois » onze degrés (contre 8,5 vol % ailleurs) car ses vignes étaient rarement malades. Le Couserans est un petit paradis sur terre, mais pas vraiment un vignoble exceptionnel. Vive le cheval de race Mérens par contre … une race un peu anecdotique elle aussi. Il en existe un gros haras … en Flandre!

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  3. J’adore les cépages oubliés, j’en tiens une rubrique depuis 10 ans, bien avant la mode, tout simplement parce que la variété est une richesse et deuzio, parce qu’il y a 10 ans, on était encore toujours dans Le Chardonnay, Le Sauvignon, Le Cabernet, Le Merlot, et que de ceux-là à toutes les sauces, j’en avais ras le cul (in het Frans dans le texte). Donc, bravo Marie Louise!
    Marco

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    1. georgestruc

      La question est intéressante mais complexe. Tout d’abord, opération sauvetage en constituant des banques, des collections, sous réserve qu’elle soient actives. Ensuite, l’aspect commercial est très secondaire (désolé, Charlier…) ; les vignerons qui cultivent des cépages modeste et oubliés sont pour premier objectif de produire avec eux un vin singulier, doté de caractéristiques appréciables et de contribuer à valoriser un patrimoine. S’ils parviennent à créer un marché d’amateurs, le but est atteint et il ne feront jamais de grandes affaires commerciales de cette façon-là. J’en déguste beaucoup depuis que mon fils est agent commercial et traque ces productions. Jusqu’à maintenant, aucune déception, et des surprises très agréables. Denis Boireau a raison : le mythe du contournement de résistance a été créé de toutes pièces…et c’est une attitude dogmatique inqualifiable qui s’est installée sur le sujet.
      Merci Marie-Louise, votre conclusion est capitale ; et amitiés à Marco (tu viens plus nous voir ?)…On a parlé de toi avec Roberto Petronio tout juste avant-hier à Gigondas.
      Petite correction, Charlier ce n’est pas Vitis vitifera mais Vitis vinifera. La vigne ne peut se « porter » elle-même, n’est-ce pas ? En terme de taxonomie, comme vous le savez tous, Vitis vinifera possède une sous-espèce V. vinifiera vinifera, qui a son tour est à l’origine de nos cépages qui sont des cultivars. Tout va bien à Corneilla-de-la-Rivière ?

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      1. Puisque la situation de notre petit village perdu dans l’hinterland perpignanais est évoquée, je me permets de rappeler qu’il a fait l’objet d’un épisode politico-viticole (ou politico-vinicole avec « n ») déplaisant. J’étais absent au moment des faits et n’en sais que ce que la presse en a dit, ce que la rumeur villageoise rapporte et ce que j’ai appris de la bouche même d’un conseiller municipal concerné, kinésithérapeute de profession. Il avait jadis un beau verger de figues, en plus, pour l’export.
        Nous avons sur le territoire municipal un couple de bergers qui laissent paître en liberté leurs moutons, y compris sur des terrains ne leur appartenant pas. Des luzernes, cultivées malgré la sécheresse qui sévit, ont ainsi été ravagées.
        La bergère surveille pourtant son troupeau mais son aspect extérieur et aussi ses habitudes ont créé un petit problème. Elle est bretonne ou normande mais de confession musulmane et porte la burka (pas un foulard, la totale), y compris au volant de sa fourgonette. Son époux est afghan ou iranien, je ne sais pas au juste, et ils ont deux fils d’une vingtaine d’années.
        Jusque là, c’est une curiosité mais ils s’inscrivent à cause de cela moins bien dans le tissu social catalan.
        Hélas, leur propriété les met souvent en contact avec celle, voisine, de notre collègue vigneron Noël Lafforgue et de sa jeune compagne, qui tient, elle, depuis peu un ranch avec des chevaux. Noël fait partie des « Caves qui se rebiffent » de Calce (son domaine chevauche les 2 communes). Il détient un diplôme de viti-vini mais est aussi diplômé du conservatoire de musique, étant un trompettiste de talent. Ses vins sont de qualité, vendus en vrac pour partie, en bouteille pour le reste et il gère son domaine en bio, ayant repris les vignes d’un oncle (grand-oncle ?), celui-ci étant connu pour ses opinions d’extrême droite, sa misogynie et sa camaraderie avec M. Lepen père, qui venait – paraît-il – s’approvisionner à la cave. Mais je tiens Noël – bel homme en plus – pour quelqu’un de courtois, serviable et très pondéré. Nous nous entendons bien.
        Or, il y aurait eu des « mots » entre le couple hippo-viticole et le couple plus capro-orienté.
        Hélas, les mots ont dégénérés et tant Noël que son épouse ont été agressés, battus à mort par terre (par les bergers et leurs fils, costauds) avec fractures variées du nez, du massif facial, de la mâchoire …. Le conseiller municipal, autorité locale d’astreinte ce jour-là, est venu en médiation mais a été mollesté aussi, moins gravement toutefois.
        Les agresseurs ont pris le maquis pendant quelques jours, puis ont été saisis par les forces de l’ordre, mis en examen et incarcérés. Les chirurgiens se sont occupés des Lafforgue pendant ce temps-là.
        De nombreuses manisfestations ont eu lieu à Perpignan, notamment devant les grilles du Palais de Justice, à l’appel de la communauté musulmane mais aussi des associations anti-racistes et des passionarias de l’extrême gauche locale. Le slogan le plus fréquent était : « Libérez notre bergère » ou bien « Nous avons besoin de notre bergère ». Le tribunal de Perpignan est encore plus sous-staffé que dans les autres départements de France (jusque 8 ans parfois pour un divorce par consentement mutuel) et je ne sais pas où l’affaire en est.
        D’une part, on ne peut pas m’accuser de sympathies rexistes ou xénophobes, d’autre part, le récit que je vous ai fait est quand même « orienté », je le ressens moi-même.
        Voilà ce qu’il y a eu de plus saillant à Corneilla depuis 7 ou 8 semaines.
        Sinon, la sécheresse est épouvantable. Le géologue qui siège dans le commentateur sera intéressé d’apprendre que, du côté de la frange côtière, les nappes phréatiques sont tellement déplétées que l’eau de mer les envahit petit à petit (suivant les services de l’Agriculture), que la captation d’eau potable devient impossible et que l’arrosage des cyprès est déconseillé (!). Et les grenaches ont coulé presque partout. Même chez l’expérimenté Gérard Gauby, où la vigne est bichonnée à l’extrême et menée avec prudence, les grains sont de très petite taille, confie-t-il à la ronde. Je songe personnellement à engager Ken et Barbie parmi mes vendangeurs, et quelques pokémons, si la MSA m’y autorise.

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  4. mauss

    On ne peut qu’être favorable à cette préservation de cépages rares. Soit cela se fait via des institutions qui prennent en charge les frais de ce « musée », soit on espère que les vignerons les exploitant trouveront vite suffisamment de clients pour pouvoir en vivre décemment.
    La Suisse réussit assez bien en ce domaine et en France, avec des Plageoles et Marionnet (et Brumont ?) sans oublier l’INRA, on peut espérer une belle sauvegarde.
    Par ailleurs, je ne vois pas qui cela peut gêner et avec le temps, on verra bien si certains cépages permettent des vins intéressants.
    Conclusion : une initiative à soutenir. Donc, merci pour ce billet !

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  5. @Denis Boireau: Un glissement de ces commentaires vers le sujet des résistances permet d’inciter à la prudence. Bien sûr, la successsion des générations est lente dans la vigne (un an de cycle), les « contacts » sont moins intimes et de moins de proximité que dans le modèle des maladies infectieuses humaines.
    Je ne suis pas un spécialiste du développement des résistances de la vigne aux attaques cryptogamiques. Toutefois, s’il est avéré que le baco (et d’ailleurs pas mal des hybrides qu’on a appelés producteurs directs jadis) n’est pas attaqué par le mildiou ou l’oïdium (et peut-être d’autres espèces) depuis un siècle, il est probable qu’il faudrait plusieurs mutations chez ces champignons pour arriver à s’implanter sur ce cépage et qu’ils n’y sont pas encore arrivés.
    Toutefois, la résistance de ces mêmes champignons aux produits sensés les combattre – ce qui n’est pas identiquement le même sujet, attention à ne pas confondre – s’est observée de manière de plus en plus rapide. Souvent, une mutation d’un seul gène a permis de la voir se développer. Cela explique cette faculté.
    Beaucoup d’autres facteurs expliquent néanmoins la résistance aux attaques, et notamment l’intensité de la pression. Le baco n’est plus très représenté dans le vignoble français (litote) et les mycoses n’ont donc, statistiquement, que peu d’occasions de tenter de l’infecter. Si on le développe, le risque que cela marche « une première fois » augmente. Et, une fois la faille trouvée, elle se répandra vite.
    Regardez le vignoble de la Ribera del Duero (majoritairement du Tempranillo, sous d’autres noms) : on n’y connaissait quasiment pas l’oïdium jusqu’en 1988 alors que le phylloxéra avait sévi là aussi. Une fois que celui-ci s’est implanté, il a posé problème.
    Inversément, nos grenaches maurynates nécessitent moins de traitements que les parcelles plus bas dans la vallée (même à Estagel). Je pense que le soin apporté au vignoble de Maury par la majorité des intervenants, et le rendement réduit sur cette appellation, participent de cette relative impunité. Car les conditions climatiques sur ce finage seraient plutôt plus favorables au développement de la bébête. De même, la quantité de carignan est relativement réduite sur Maury, car il n’était pas autorisé dans l’encépagement du VDN quand celui-ci était la seule préoccupation, ou presque. Et donc idem pour le volume d’oïdium présent (car le carignan y est archi-sensible).
    Ce que je veux dire, Denis, c’est que la résistance que le baco présente aux maladies cryptogamiques pourrait (conditionnel de prudence) s’amenuiser si ce cépage prend de l’essort.
    Pendant très longtemps, en dehors des espèces expressément résistantes (comme Nocardia, Listeria et les lactobacilles au sens large, incluant Leuconostoc et Pediococcus) et bien sur des Actinomyces qui en produisent (auto-résistance), on posait en dogme que les Gram-positifs étaient uniformément sensibles à la catégorie d’antibiotiques appelés « glycopeptides », dont le prototype est la vancomycine. Par contre, les porines des germes à Gram négatif ne laissent pas passer ces molécules relativement grosses. Malheureusement, dès qu’on a commencé à utiliser larga manu cette classe d’antibiotiques (développement du traitement des endocardites et chirurgie des valves, multiplication de la chirurgie orthopédique et de ses infections à staphylocoques etc ) et notamment en prophylaxie chirurgicale, on a vu apparaître des souches de coques à Gram positif qui ne répondaient plus. C’est devenu à présent un problème majeur de la médecine hospitalière et même de ville.
    La belle Annie Lennox chantait « Don’t mess with the Missionary Man » et je pense que le même message vaut avec les résistances.

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  6. Bonjour,

    Je suis ravi de lire votre prose, concernant les cépages oubliés. Notre association Terres de Treilles a crée un salon des vins « cépages et terroirs oubliés » sur Chabeuil, à 10 kms de Valence dans la Drôme, le 14 et 15 novembre 2015, et nous réitérons cette année, le 12 et 13 novembre.

    Onze vignerons, Domaine Henry, de la Ramaye, Combe de la Belle, Clos centeilles, 2 vignerons des Côtes de Gier, un vigneron association de Trièves….

    Le public, environ 400 personnes était un public de curieux . C’est quoi les cépages ou terroirs oubliés ? Atypique est le mot qui a le plus couru durant ce salon . Des jeunes en formation de sommelier n’ont pas arrêté a la suite du salon de revenir à chaque cours sur le contenu du salon. Succès assuré du vin rosé à base d’Aubun.

    Vous avez raison, déjà de belles choses, domaine Henry, Clos de Centeilles, la Ramaye.

    Connaissez vous la Mondeuse Blanche , le Persan, la Verdesse, déjà de belles promesses.

    L’histoire du Viognier est éloquente. Ce cépage n’est pas passé loin de la destruction, il y a quelques dizaines d’années.
    Nous nous allons continuer à promouvoir ces cépages, car ils nous parlent, ils ont plein de belles choses à nous conter, plein de mystères, de poésie, nous allons les chouchouter.

    Bien cordialement

    Vidal Pierre coprésident de Terres de Treilles

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      1. Bonjour,

        Donnez votre nom à l’entrée du salon, et la porte s’ouvrira à deux battants

        Il va sans dire, que les journalistes du site sont les bienvenus. J’avais d’ailleurs au début, contacté Messieurs Lalau et Smith, qui m’avaient orienté sur plusieurs pistes.

        Les intervenants sur ce sujet sont également les bienvenus. Même processus, donnez votre nom à l’entrée.

        Et puis, si vous connaissez des vignerons, cultivant des cépages oubliés, nous sommes preneurs, pas facile pour qu’ils se déplacent (peu de vins ,très sollicités……….)

        Bonne journée

        Vidal Pierre.

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  7. mauss

    Et une réussite à ne pas oublier : le Gringet de Belluard : voilà un vin rare dont les qualités le placent sans hésitation parmi les plus grands vins blancs de France.

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  8. Etant intervenant – peu souhaité mais, je le reconnais, jamais censuré – de ce site, et ami de plusieurs signataires, je sais que je pourrai entrer gratos au salon. Et là, ça grince: est-ce que la gratuité est un bien? On invite toujours les prescripteurs, ou bien ceux qu’on considère comme tels. Que méritent-ils? Quelle est la valeur des « critiques »? Généralement, même s’ils sont des assidus, ils n’ont jamais RIEN produit eux-mêmes. La plupart des accrédités – et les 5 du vin font exception, je le souligne – sont notoirement incompétents, techniquement. Mais ils ont le droit d’avoir un avis, qui vaut autant – pas plus – que celui de n’importe quel citoyen. Nous vivons dans un monde de clientélisme, où l’apparence des choses est beaucoup plus importante que leur contenu réel. Ouf, soixante ans, plus trop lontemps à tirer ici-bas.
    Le salon de la « Fête des Vieux Cépages », détaillé par MLB, et où Michel Smith fait figure de pillier incontournable, ne génère quasiment pas de vente (mon record perso est 230 € en une journée). Pourtant, il fait le plein d’exposants,et non des moindres.
    A méditer. Fuck the system.

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  9. mauss

    « Fuck the system » : cela mérite quelque développement :

    – que rejeter ?
    – comment ?
    – quoi mettre à la place ?
    – comment ?
    – et le tout dans quel but ?

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  10. Monsieur Charlier

    Ayant eu des responsabilités dans l’associatif bénévole, j’ai toujours cherché quand cela était possible de pratiquer des manifestations gratuites. Elles furent rares mais réelles, et après avoir beaucoup bataillé verbalement avec les membres de l’association. Dans un monde d’argent, c’est très jouissif . Avec l’association présente, nous avons fait plusieurs dégustations gratuites et nous allons continuer.
    Une des politiques du salon, réside dans le fait de distribuer un maximum d’invitations, nous sommes proches de la gratuité, dans le but de faire venir un maximum de visiteurs.
    Vous inviter, prenons votre exemple, c’est pour moi, une façon de vous remercier de tout ce que vous avez pu écrire ici et là, c’est créer une complicité certes virtuelle, et si vous venez au salon, elle pourra prendre peut être un tour plus réel. Et puis en tant que vigneron et homme de discutions et de controverses, votre avis nous sera un point de réflexion. Vous méritez la représentation donnée par vos interventions. Je ne cache pas non plus, que nous en tirerons « profit » pour la notoriété du salon.
    Soixante ans c’est jeune. J’espère que c’est juste un moment de déprime.
    Pour nous, certains vignerons nous disent qu’ils ont besoin progressivement de faire un certain chiffres, sinon, ils ne reviennent pas. Donc, faut développer la connaissance de ce salon, pour emmener des visiteurs, même si nous souhaitons rester un salon modeste.
    « Fuck the system »,grand débat, Mauss en pose quelques questions.

    Bien Cordialement

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  11. Il faut 150 pages pour s’expliquer mais si on dit A, il faut accepter d’aller plus loin, peut-être jusque B ou C. Je suis un personnage controversé, peu charismatique, en rebellion constante mais vers un but: convaincre. Je n’ai pas l’énergie pour changer tout cela moi-même. Qui l’a d’ailleurs?.
    De manière croissante (60 ans), le monde dans lequel nous évoluons me DEGOÛTE alors que je rencontre autour de moi des dizaines d’individus formidables, pour qui j’éprouve de l’estime, de l’admiration et de la sympathie. Comment cela se fait-il? Simplement parce que les règles du jeu de la société sont faussées, et de plus en plus.
    Jadis (oui, pour moi l’âge d’or n’a jamais existé mais c’était mieux AVANT), les mobiles humains étaient de faire progresser (ou au moins subsister) son entourage en mettant à profit les talents. Et les guerres, si fréquentes, étaient des accidents épouvantables générés par les rivalités entre des groupes d’hommes en concurrence.
    Maintenant, tout tourne autour de l’argent et de ses corollaires: la notoriété et la puissance, le pouvoir. Il n’y a plus aucun autre objectif. On ne joue plus de musique pour le plaisir, mais pour devenir pro, et célèbre. On ne joue plus au foot pour s’amuser, mais pour devenir une star multimillionnaire. On n’est plus sommelier pour gagner sa vie et conseiller les clients, mais pour devenir meilleur sommelier du monde et être acheté ensuite par telle ou telle enseigne. Je peux étendre cela au métier de vigneron mais vous aurez fait la démarche vous-même.
    Donc: 1) que rejeter? Presque tout, en tout cas le « liant » qui existe actuellement et qui passe par le cheminement producteur-transformeurs-distributeurs-communicateurs et vendeurs. J’essaie, vous le savez, de mettre cela en pratique en ce qui me concerne et j’éprouve beaucoup de difficultés à survivre, largement à cause de cela.
    2) Comment le rejeter? En n’entrant pas dans ce jeu et en le critiquant. C’est exactement ce qui s’est passé ici. « Fight from the inside » était un débat chez les marxistes historiques.
    3) Que mettre en place? Tout d’abord, je n’ai jamais brigué aucun mandat électif et ne suis plus encarté auprès d’aucune organisation politique depuis que j’ai 19 ans et demi. C’est à eux de nous faire des propositions et au peuple de les critiquer, les accepter ou les rejeter. Même ainsi, je suis convaincu qu’il faut faire une « mini-révolution culturelle » et que les cols blancs soient plus proches de la production, alors que les « paysans » (au sens large) prendraient plus en main leur gestion. On peut étendre cela à tout les domaines productifs (auto-gestion). Enfin il faut SUPPRIMER tous ceux qui ne produisent absolument rien. On s’entend, un chirurgien est un « producteur de soins », un notaire est un « producteur d’actes » etc… Je ne suis pas stupide au point de croire qu’un ingénieur qui ne construit pas un mur ou un pont n’est pas un ingénieur.
    4) Comment le mettre en place? Evidemment, les réformateurs ont montré tout au long de l’histoire de l’humanité que ce n’est pas le bon moyen. Il faut une révolution et pas forcément sanglante. Celle des oeillets au Portugal a bouleversé ce pays en douce, avec très peu de morts (moins que les septennats de Mitterrand).
    5) Dans quel but? Jadis, les progressistes (= la gauche pour faire simple) soutenaient … le progrès (héhé). On devait encore acquérir des connaissances, développer des techniques etc pour que … l’humanité se porte mieux. Maintenant, on a TOUT ce qu’il faut, mais cela ne profite qu’à un tout petit nombre d’indivdus, tellement petit que, en 60 ans de vie, je n’ai jamais rencontré l’un d’eux. Dans le monde du vin, les plus « gros poissons » que j’ai croisés ne font pas partie de ceux-là. Peut-être dans la famille Rothschild (sans doute) mais je ne les connais pas. Donc, être progressiste maintenant, c’est revenir en ARRIERE: régression, déflation, décroissance, dénatalité et plein emploi avec beaucoup de main d’oeuvre et peu d’automatisation en dehors des tâches sales, dangereuses ou épuisantes… donc de facto la mort du capitalisme en tant que tel.
    Voilà pour répondre à Mauss. Bien sûr, en 30 lignes on simplifie mais ma réponse est sincère, honnête et, je crois, raisonnable. Ghandi avait déjà un peu cette démarche, mais trop tôt et de manière trop absolue. Il ne faut pas revenir au rouet, mais à une filature humaine où ce sont des mains qui manient la canette et jettent la navette et pas un robot. Et il faut supprimer les chefs.
    Et pour Vidal: un « progrès » a permis de communiquer sans avoir besoin d’ambassadeurs: internet. « Video killed the radio stars » chantaient les Buggles. Je crois que les journalistes sont en voie de disparition. J’ai été chroniqueur (longtemps, avec passion et gratuitement) et mon fils aîné est journaliste de formation (mais il est devenu plongeur sous-marin de métier), donc pas de rancoeur de ma part. Mais les passe-droits et les privilèges, c’était bon du temps des fermiers généraux. Fini le règne des pique-assiettes.
    Soixante ans, ce n’est pas jeune et il ne s’agit pas de déprime. Ce monde qui a pour la première fois l’occasion de nourrir tout le monde, de chauffer tout le monde, de donner un toit à tout le monde, de soigner (pas guérir) tout le monde et d’instruire tout le monde n’a jamais été aussi injuste, aussi inégalitaire et EN PLEINE CONNAISSANCE DE CAUSE!
    Oui, Fuck the system, persiste et signe.

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  12. mauss

    A tout le moins, merci d’avoir posé quelques éléments de réponse. C’est vrai qu’on ne peut envisager le futur qu’avec un minimum de connaissances du passé et un regard critique sur le présent.
    Pour proposer un point de vue un chouilla plus positif, on peut estimer que les jeunes générations, qui n’ont pas connu « notre » liberté (j’ai dix ans de plus que Monsieur Charlier que je considère de facto comme un jeunot) ont et vont avoir une autre vue des choses. Ils se feront leur monde et sur des bases technologiques que notre génération ne pouvait même pas imaginer.
    bref : gardons un minimum de foi dans l’homme, non ?

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