Ma bouteille « émotion » de l’été : Château Le Puy Barthélemy 2011

Nous l’avons bue le 22 aout dernier pour l’anniversaire de ma fille, c’est elle qui est allée la chercher à la cave. Il est vrai qu’entre Château Le Puy et ma fille, c’est presque une histoire d’amour ; elle avait déjà retenu un de leurs vins pour son mariage. Je n’ai donc pas été surprise de la voir revenir avec cette bouteille, parmi d’autres, dans les bras. Mais il m’est difficile de vous en parler sans vous avoir auparavant présenté le château et ses propriétaires…

Les Amoreau et Château Le Puy

Toute la famille Amoreau est attachante, Jean-Pierre bien sûr, sa femme Françoise, mais aussi son fils Pascal; je ne me lassais pas, quand nous partagions des Salons ou des dégustations,  de les écouter expliquer comment ils conçoivent le vin:  pur, savoureux, sans additifs.

Le domaine est situé à Saint-Cibard, dans les Côtes de Francs, sur un plateau au-dessus de Saint-Émilion; sur des sols calcaires poreux qui font remonter l’eau par capillarité, donc des vignes qui ne manquent jamais d’eau et qui n’en ont pas trop non plus. Le site est joliment nommé,  » le coteau des merveilles ». Les vignes de plus de 50 ans d’âge sont labourées au cheval.  Les vendanges sont manuelles, les tris successifs sont fréquents, les fermentations sur levures indigènes, la mise en bouteille sans filtration en lune vieille.Le bouchage à la cire.

Biodynamie-cire

Ils en sont à la quatorzième génération sans chimie (depuis 1610). Jean-Pierre et Pascal travaillent en culture biologique et biodynamique, tout comme leur grand-père, c’est-à-dire sans ajout d’engrais de synthèse, ni herbicides, ni pesticides, ni insecticides ou autres produits chimiques. En 1990, ils commencent des élevages sans aucune addition de sulfites.

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La Cuvée Barthélemy 2011      

La cuvée Barthélémy est la cuvée sans soufre du Château Le Puy ; elle est commercialisée dans une bouteille possédant la forme authentiquement ancienne des vins de Bordeaux.

Barthélemy est le prénom du grand-père de Jean-Pierre, les raisins sont issus de la plus belle parcelle du domaine, appelée «les Rocs», complantée de 85% de merlot et de 15% de cabernet sauvignon. Si les raisins ne mûrissent pas en même temps, il sera fait  plusieurs tris ; ils ne sont ni sulfités ni levurés ni chaptalisés à la  fermentation. Le vin est élevé 24 mois sans ajout de dioxyde de soufre. Il  est soumis à des batonnages en fonction d’un calendrier lunaire précis, et  mis en bouteilles sans filtration.

Sa robe pourpre profond envahit nos verres, le vin se fait déjà aimer, il évoque beaucoup de souvenirs autour de la table, on parle de Pascal, de Jean-Pierre, on se rappelle sa façon de parler de ses vins, sa passion au moment de les expliquer, ses certitudes. On aurait aimé qu’il soit là, avec Françoise, pour partager ce moment de plaisir.

Le vin s’ouvre, le nez se développe, offre des arômes de cassis, de groseilles, de prunes rouges, auxquels viennent s’ajouter quelques notes épicées et de sous-bois, mais c’est la bouche qui nous impressionne le plus. Elle est d’une très grande densité et profondeur, mais quelle merveilleuse suavité, quelle pureté ! Richesse, complexité mais séduction avant tout : les tannins sont soyeux, le vin est savoureux,  d’une extrême élégance et finesse. La finale est onctueuse, parfumée, fraiche, avec une très jolie acidité, en parfait équilibre avec la maturité et l’alcool discret. Nous n’en finissons pas de nous régaler, nous buvons lentement pour faire durer le plaisir.

La table est unanime, du pur bonheur.

Tu avais raison, Jean-Pierre quand tu disais de ton Barthélemy que c’est un vin émotionnel, envoûtant. Bien entendu, une bouteille n’a pas suffit!

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Prix de Vente Public: dans les 80€

Conclusion

Je vous livre les critères de Jean-Pierre Amoreau pour juger la qualité d’un vin :

  • Le vin doit désaltérer
  • Il doit être bon à la première gorgée
  • Et surtout il doit être digeste

Et quant à la question, c’est quoi le vin ? Il répond: « C’est un créateur de bonheur ».

Mission accomplie, nous avons partagé ce soir-là un moment de bonheur, c’est vrai nous étions prédisposés, en famille, heureux, mais cette bouteille y a largement contribué.

Merci à Pascal, Jean-Pierre et Françoise.

Hasta Pronto,

Marie-Louise Banyols

14 réflexions sur “Ma bouteille « émotion » de l’été : Château Le Puy Barthélemy 2011

  1. J’ai dégusté le vin de ce château à deux reprises et je ne l’ai jamais aimé. Il fait que quelqu’un me donne l’occasion de changer d’avis. Une fois il était nettement déviant au nez et rêche en bouche (bretts, très probablement), l’autre fois dur et sans fruit. Une explication ?

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    1. Il m’est effectivement arrivé de trouver une bouteille telle que tu l’as décrite, mais je puis t’affirmer que ce fut une exception, j’ai eu l’occasion de le déguster maintes fois et à cahque fois, ce fut un vrai bohneur. Ma relation avec les Amoreau influencet-elee mon palais, ? tu peux le penser, mais je ne le crois pas. Si nous avons l’occasion de nous rencontrer prochainement, nous en dégusterons une bouteille ensemble.

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    1. Hervé LALAU

      Ah, la problématique du prix! Certains (dont je suis), ne mettront jamais plus de 50 euros dans une bouteille de vin. Sauf bouteilles d’exception, bien sûr, millésimes anciens, rareté, etc… Mais il y a aussi des amoureux sincères du vin parmi les gens riches, pour qui 80 euros n’a rien de cher.
      On peut aussi se dire qu’il vaut mieux mettre 80 euros dans une grande bouteille qu’avoir à se farcir 10 bouteilles d’un vin médiocre à 8 euros – quand c’est médiocre, c’est de toute façon toujours trop cher.
      Bref, je pense qu’il y a autant de réponses que de gens. Il faudrait aussi mettre le prix en rapport avec le coût de revient du vin.

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  2. TRES intéressant article et commentaires « navenant » (en flamand dans le texte). Je ne bois plus JAMAIS de Bordeaux, sauf les millésimes de naissance de mes gosses, que j’ai encore en cave. Mais un texte comme celui-ci incite à changer d’avis (ou Combaude-Guillot p.e.). Une petite question à MLB: est-ce que la phrase « … une bouteille d’exception comme un grand Bourg. ou un GCC bordelais » n’est pas une déformation professionnelle? Qu’est ce que ces régions ont d’exceptionnel(les) en soi? J’en ai bu des MILLIERS moi-même (littéralement) et suis parfois tombé sur du très bon (La Tâche, certains gevreys, Corton Renardes, Les Perrières sur Meursault, des vieux Las Cases d’avant l’osmoseur, des vieux Chevalier blanc ….). Mais pas plus qu’ailleurs et même plutôt moins. Bien sûr, quand un sommelier arrive à placer Petrus à une table de mafieux russes, le chef est content et le comptable aussi. mais à part ça?

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    1. Oui, c’est une déformation professionnelle je l’avoue, c’est juste que tout le monde comprend quand on parle de GCC ou de grand Bourgogne et surtout en accepte le prix. Je ne comprendrai jamais pourquoi on accepte de payer aussi cher pour ces vins là, sous prétexte qu’ils sont connus et reconnus et pas pour une bouteille certes mal connue, mais exceptionnelle. Evidemment dans ce cas là, l' »exceptionnalité » est très subjective et donc contestable, alors qu’elle l’est moins pour les GCC.
      Par expérience, je puis vous dire qu’il est bien plus facile de vendre au restaurant une bouteille de Petrus qu’une Barthélémy à plus de 150€. Il faut une vraie relation avec le client pour y arriver.

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  3. Cyrille Allais

    Madame,
    En dehors des considérations des experts, amoureux tout autant que vous du vin, ayant leurs expériences, leurs préférences, leurs conceptions, respectueuses et respectées, je tiens en amateur et lecteur régulier des cinq à vous remercier de cette très belle critique. La beauté du vin est dans vos mots; de l’amour, un flacon pour sublimer un instant, une cave comme un écrin, une connection intangible, un nom, une odeur, une perception familière et pourtant surprenante similaire à la découverte d’un nouveau tableau d’un peintre familier, un vigneron, caviste, une histoire commune qui rassemble, l’ouverture d’une bouteille de vin…

    Je fais parti des « moins de 50 » mais goûterais ce vin, je ferais un écart grâce à vous, et peu importe si il y a moins cher et meilleur, le vin m’est subjectif, non rationnel, il vit.

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