Beaucoup de domaines m’étaient familiers c’est vrai, mais, beaucoup d’autres m’étaient inconnus, je n’ai pas réussi à les approcher tous, dommage.
Dans les découvertes,
Au Clos des Grillons (Gard), voilà un certain temps déjà que j’entendais parler de ce domaine, mais comme Nicolas Renaud ne fréquente pas les Salons, je n’avais jamais eu l’occasion de déguster ses vins. Je n’ai pas été déçue, immédiatement, on sent qu’il se passe quelque chose dans le verre. Dans tous ses vins on retrouve beaucoup de finesse et de fraicheur. Le domaine de 18 hectares est travaillé en biodynamie et, bien sûr, les vins ne connaissent aucun intrant hormis un mini dose de soufre. J’ai beaucoup aimé :
- Le Clos des Grillons Côtes du Rhône blanc 2016, issu de grenache blanc 50%, de bourboulenc 30% et d’une pointe de clairette 20% est un vrai délice. C’est un jus éclatant de fruits blancs frais. La texture parait légère, mais il y a du volume, de la vivacité, de la longueur, une finale très attractive, avec une pointe de salinité qui appelle aussitôt un autre verre ! Une bien belle découverte.
- Esprit libre 2016, un rouge classé en Vin de France, c’est sa cuvée expérimentale, l’assemblage change chaque millésime, selon les envies du vigneron et les matières qu’aura apportées l’année. Le 2014 était un 100% carignan, le 2015, un 100% cinsault, sur 2016, Esprit Libre est un rosé/rouge résultat d’un assemblage de picpoul et de grenache noir en macération carbonique absolument délicieux. Il y a toujours cet énorme fruité et cette fraîcheur très désaltérante ! Très juteux, floral, fluide, avec beaucoup de finesse, c’est un vin de soif, d’une grande gourmandise, on en redemande !
- A l’ombre du Figuier 2015 une cuvée classée en Vin de France, issue de vieux grenaches qui donnent un vin très complexe et frais, bien typé grenache, pur, fruité et floral à la fois. Toujours cette finesse et cette fraicheur. C’est bon et digeste, un vrai bonheur.
- Vieux Sage 2016, un 100% syrah également en Vin de France, très impressionnant ! Une fraîcheur incroyable, un côté floral absolument magnifique et si facile à boire ! Un grand coup de cœur.
C’est vraiment le domaine qui m’a le plus impressionnée.
Les autres découvertes, je les ai faites dans la Catalogne Nord, des domaines dont j’avais également entendu parler mais que je n’avais jamais eu l’occasion de gouter.
- Chez Can Torres, devenu maintenant La Gutina
Le domaine de Joan Carles Torres & Barbara Magugliani, se trouve sur les contreforts des Albères, dans un paysage magique encore peu connu. Il se compose d’une cave et d’une propriété familiale comprenant 3,5 ha de vieilles vignes plantées dans les années 1953, 1961 et 1968, ainsi que d’autres vignes plus jeunes plantées en 2000, 2012 et 2015.
Les vins que j’ai retenus :
- Anyet 2015 : un blanc issu de cépages Grenache blanc et gris sans appellation
Fermentation en cuves inox à température contrôlée. Conservation en inox jusqu’à la mise en bouteille au cours du printemps suivant. Production : 500-600 bouteilles. J’en ai aimé l’intensité et la personnalité du nez avec ses notes de poires, de romarin, de fenouil. La bouche est grasse, mais fraiche, pleine d’herbes méditerranéennes, avec des touches citriques et balsamiques très bienvenues en fin de bouche. Un très joli blanc tout en arômes, fraicheur et d’un bel équilibre !
- Demontre : un rouge issu de 80% Grenache noir et 20% de Carignan. Fermentation en cuve souterraine. Conservation en inox jusqu’à la mise en bouteille au cours du printemps suivant. « Demontre » est une ancien mot espagnole qui signifie « petit diable » qui va bien à ce vin totalement naturel, artisanal, sans soufre. Barbara explique qu’ils ont toujours travaillé comme ça et qu’ils ont découvert qu’ils faisaient des vins naturels sur Internet ! C’est très « mignon », si c’est vrai ! Enormément de fruit dans cette cuvée, mais aussi des notes florales, des épices. La bouche est savoureuse, la finale fraiche, réglissée et intense et dégage une énergie positive.
- Idò : un rouge, issu de vieilles vignes de Grenache noir plantées entre 1953 et 1963 Fermentation en inox. Élevage pendant un an en fûts de chêne. Production: 1 200 bouteilles. C’est un vin plus sérieux, mur, épicé, un jus dense, fruité et frais. Complexe et long, il ne manque pas de caractère.
Au celler La Salada de Toni Carbó
Celler La Salada, c’est un domaine créé en 2011 par Toni Carbó et son épouse Anna dans le Pla del Penedès pour enfin élaborer les vins naturels qu’ils ont toujours souhaiter.
- La Bufarrella 2015, un blanc de Xarel·lo de macération pelliculaire(4 mois et demi) vraiment très expressif avec ses notes de poires, d’herbes aromatiques, ses touches anisées de fenouil, c’est sauvage et à la fois charmeur avec ses effluves florales de jasmin. On est séduit, même si le vin n’est pas tout à fait limpide. La bouche est tout aussi intense, un peu terreuse, mais très fraiche, et vive dominée par une acidité très marquée. C’est un blanc qui ne manque pas de gras, il a la structure d’un rouge, les notes de fruits blancs se retrouvent accompagnées de quelques saveurs tropicales et miellées. La finale est épicée et persistante. Un Xarel.lo étonnant de complexité.
- Roig Boig 2016, un rouge jeune issu d’un assemblage très particulier: sumoll, torbat, mònica, xarel.lo, carinyena, parellada et malvoisie; élevage de 4 mois en cuve inox. C’est un rouge léger, il ne titre que 10,5%, un vin de soif fruité, très attractif, savoureux et suave. Un vin parfait pour l’été.
- L’Ermot 2016, un blanc de macabeu élevé 5 mois en cuve inox, il titre 13º C’est un vin très fruité, j’ai surtout retenu les notes anisées, et de fleurs champêtres. La bouche est franche et sapide et dégage une grande énergie. C’est un vin sincère.
- Tinc Set Blanc 2016, un blanc de soif, assemblage de xarel.lo et macabeu.11,5%, sans complication, se boit simplement avec plaisir.
- Vinya Maçaners 2015, un monovariétal de sumoll, issu de vignes âgées de plus de 80 ans. C’est un rouge frais très plaisant, qui nous ramène à la Terre, on y retrouve une pureté de fruit en même temps que des notes terreuses, un mélange d’acidité et d’amabilité. La bouche ne manque ni de corps ni de parfums, une joli côté floral la marque, la finale est épicée et vive Il est resté 17 mois en barriques usées. Est-ce le fait de ressentir la terre dans le verre qui le rend authentique ?
Toni Carbo et Gloria du domaine Els Jelepins dans le Penedes, en plein échange….
Chez Oriol Artigas
Oriol Artigas est un jeune viticulteur, œnologue et professeur de Marketing et publicité dans le vin, qui s’est installé dans la Zone de la DO Alella, il s’est intéressé tout spécialement à la récupération de vieilles vignes d’Alella et Vilassar de Dalt où il est né. Il élabore beaucoup de parcellaires, j’ai découvert des vins singuliers, empreints d’une grande personnalité. Il explique qu’il cherche avant tout à traduire le terroir, le paysage vinicole. Certains sont « osés » et s’adressent à des palais avertis dans ce style de vins. L’homme est très séduisant, son discours convainquant mais, comme peut-l’être celui de nombreux vignerons. J’ai retenu:

- La Rumbera 2016, un blanc de Pansa Blanca pour 80% et 20% de Grenache blanc, il titre 12,5º débordant de personnalité, empreint de fraicheur, à la fois fruité et floral et à la finale saline très marquée.

- El Beier 2016, un vin qu’il élabore en collaboration avec un autre viticulteur Jaume Vilà, qui a conservé des vieilles vignes de Beier. Le Beier est un cépage autochtone du Valles Oriental et du Maresme, mais qui est en voir de disparition. C’est un raisin assez sucré et il doit son nom aux abeilles qui aimaient le butiner. Il en reste de manière testimoniale à Alella, c’est un patrimoine génétique que Oriol veut absolument préserver, car c’est un Trésor à ses yeux. C’est un rouge de 12º, à la couleur très lumineuse, j’ai du mal à le décrire, il en restait très peu, il ne m’a pas paru très complexe ni très expressif, mais très agréable à boire. Il s’en est produit 786 bouteilles et se commercialisera surtout à Granollers.
- La Prats Vinyes Velles 2016, c’est une très vieille vigne de 103 ans où l’on y trouve plus de 30 variétés de raisins en complantation. La couleur du vin pelure d’oignon foncée témoigne de l’assemblage de cépages rouges et blancs, le nez est assez végétal, des notes herbacées aromatiques, dominent les notes fruitées assez discrètes, un peu de pomme…la bouche est fraiche, sauvage, légèrement fruitée, assez ronde, toujours dominées par des notes de plantes, d‘eucalyptus. L’impression finale est celle d’une très grande fraicheur méditerranéenne, celle d’un vin différent, pas d’un GRAND VIN au sens où on l’entend généralement, mais un vin qui nous raconte un morceau d’histoire et en ce sens il est hautement respectable et émouvant.
Ce que j’ai aimé dans ce Salon :
- La présence des vignerons de la Catalogne Sud et de l’Occitanie
- Un très joli marché de producteurs
- Le lieu, nous étions dans l’Eglise des Dominicains qui date du 13ème siècle.
- Et avant-première le soir, du 1ER MAI un documentaire espagnol de Clara Isamart « Fermentations spontanés ». Des images de vignobles magnifiques, des paysages à couper le soufle, des hommes sincères, une autre perception du vignoble, beaucoup d’émotion. Clara nous a livré un documentaire magnifique, Bravo.
- J’espère qu’il y aura une deusième édition!
Hasta Pronto,
Merci Marie-Louise, très intéressant billet. Bel hommage à tous ces vignerons passionnés et amoureux de leurs vignes, qui font autant d’efforts. Les vins nature semblent tenir la route, non ? D’après certains, ils puent et sont imbuvables…Savez-vous comment pouvoir visionner le film de Clara Isamart ?
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