Quand François Lurton se met au gin…

Il faut un vigneron un peu sorcier pour distiller un vin de Sauvignon pour faire de cette fine un gin nommé Sorgin.

                                                                                                                     John William Waterhouse The Magic Circle 1886

Sorgin veut dire en basque sorcier ou sorcière, c’est bien tombé. De là à dire qu’il ensorcelle, il faut le boire, philtre savoureux, pour le savoir.

Sorgin

 Le Sorgin est un Premium Distilled Gin, enrichi de plantes aromatiques et d’agrumes, mais dont la base est des plus originales, puisqu’elle se compose d’un distillat de vin de Sauvignon des Côtes de Gascognes. On peut le déguster pur, à température ambiante ou rafraîchi, ou en gin tonic. Pour la deuxième option, le tout, c’est de bien choisir le tonic. Il faut éviter les trop exubérants qui bousculent inconsidérément la subtilité du breuvage.

Le gin

Transparent, il n’offre guère d’envolées exubérantes, mais une flopée de notes délicates et parfumées que le nez désire analyser en priorité. Il y a bien sûr l’accent de la baie de genévrier mais à peine suggéré, suivent les nuances d’agrumes confits, le citron vert avec sa touche vanillée, le jaune qu’on croit cédrat, mais le soupçon de gentiane et de poivre cubèbe nous fait hésiter entre citron et pamplemousse. Puis, comme emportés par une brise volatile, les pétales viennent virevolter à hauteur des narines, violette en premier, suivi d’une fleur certes jaune et d’un trait odorant à la fois végétal et fruité, le bourgeon de cassis.

La première impression buccale est la fraîcheur, même à température ambiante, celle des agrumes et de leurs graciles amertumes. Elle remue l’onctuosité du milieu pour en faire surgir les arômes, les floraux cette fois en tête. L’amer reste une constante, comme la basse continue d’une composition baroque, et se contrebalancer par l’impression sucrée de ce genièvre ensorcelé. Mais la combinaison des ingrédients génère des perceptions supplémentaires comme l’amande, le bouton de rose, le gingembre et la cardamome.

Ingrédients

Un œil sur la composition confirme les arômes sentis : baies de genévrier, zestes de pamplemousse et de citron jaune et vert, pétales de violette et de genêt, bourgeons de cassis, ces derniers affûtant l’impression Sauvignon.

L’avantage d’utiliser un alcool à base de raisins plutôt qu’issu de céréales, c’est la douceur et l’onctuosité qu’il engendre et en fait ainsi un alcool qui peut se boire seul.

Il titre 43°.

Pourquoi ?

 

Fin 2016, François Lurton décide de se diversifier en relançant l’activité de distillation dont avait hérité son arrière-grand-père, Léonce Récapet, en 1880. En cette fin du 19es, Léonce n’avait que 22 ans, mais cela ne l’empêcha pas de se consacrer à la distillation avant d’acheter 10 années plus tard quelques châteaux girondins et se vouer à la viticulture. Le Sorgin est à la fois un hommage et un retour aux sources.

Supplément Sorgin tonic

 

Le Schweppes Premium Tonic Ginger & Cardamom, choisi pour sa fraîcheur, son élégante amertume et sa note citronnée, s’accorde bien avec le gin Sorgin. Proportions : 1 dose de gin pour 4 de tonic. C’est la ronde des bitters. Quand on aime ça, ce mélange est des plus tops. Très sapide, les amers s’effacent au profit du fruité et du floral, le tout servi avec franchise, sans détour. Ce tonic met bien en valeur le caractère certes subtil du Sorgin, mais aussi sa personnalité bien affirmée.

http://sorgin.fr/

 Ciao

 

 

Marco

5 réflexions sur “Quand François Lurton se met au gin…

  1. Quelle bonne idée de faire une place aux spiritueux dans les 5duVin.
    Beaucoup de poésie et de beauté dans cette ouverture. Magnifique tableau que ce fougueux « Cercle magique ». Fine description dans la précision pour le goût…
    Pourquoi les images publicitaires des spiritueux sont-elles souvent plus travaillées que celles proposées pour le vin?
    J’aurais envie de dire plus « léchées » mais le terme n’est peut-être pas bien choisi, quoi que!!!

    J’aime

    1. Hello Nadine, les alcooliers ont plus de moyens de communication et ont en général un public assez jeune qui aime les belles photos et les publications bien léchées. Par contre, au niveau du contenu, c’est souvent épouvantablement « brosse à reluire », sans vraiment une bonne explication du produit, mais je suppose que les consommateurs réguliers de ce genre de boissons n’en ont cure.
      Marco

      J’aime

  2. Je note que le gin, alcool peu cher à produire en version bas de gamme et qui peut (ou pouvait) utiliser à peu près n’importe quoi (comme le vodka) comme matière première était connu dans l’Angleterre du 19ème sous le descriptif éloquent de « mother’s ruin ». Il était vendu (ou donné) à très bas prix aux marins (d’ou la tradition de gin en Espagne car Menorca avait un port important pour la marine anglaise). On vendait ce produit en vastes quantités dans des pubs qu’on appelait « gin palaces ». Pas grande chose à voir avec des produits sophistiqués comme celui dont Marco nous parle, mais l’histoire existe.

    J’aime

    1. Certes David et par chez nous c’était le genièvre qui se buvait dans les classes sociales pauvres, un alcool de populace en quelques sortes, mais dont l’abus était tel qu’une loi n’en autorisait l’achat d’alcool que par 2 litres à la fois, un budget difficile à réunir à l’époque. Aujourd’hui, le gin est devenu une eau-de-vie de luxe comme ce Sorgin qui se vend à presque 50€ la bouteille!
      Marco

      J’aime

  3. georgestruc

    Belle envolée en faveur de ce gin, dont je ne connaissais pas du tout l’existence. A quand un papier sur l’absinthe, dont la production est repartie au point qu’on en trouve maintenant en GD (niveau de qualité pas top…) ?

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.