Et vous trouvez cela normal ? Ras le bouchon de liège !

 

Je ne peux m’empêcher de pousser une nouveau coup de gueule contre ces abominables petits morceaux de liège qui abiment tant des bonnes (enfin, potentiellement bonnes) bouteilles de vin. Comme Hervé, et probablement tant d’autres professionnels du vin, je trouve insupportable de se faire voler régulièrement quand, en ouvrant une bouteille de vin, on n’y trouve pas une substance ayant le même caractère organoleptique qu’un autre flacon du même lot. Et cela, pas vraiment par la faute du producteur, mais à cause de molécules malodorantes qui sont venues se nicher dans le matériel de la fermeture de la bouteille.

La semaine dernière j’ai donné un cours à un groupe d’oenophiles sur les vins du Portugal. J’avais sélectionné sept vins différents pour illustrer la séance. Sur ces sept bouteilles, deux étaient sévèrement « bouchonnées ». Je sais bien que 28% représente une proportion anormalement élevée, mais c’est bien arrivé et c’est insupportable ! Même si, de nos jours, la proportion de vins fermés par des bouchons en liège massif et abimés par le TCA (entre autres) se situe plutôt autour des 2%, ce chiffre reste inacceptable pour moi. Imaginez une seconde que 2% de vos yaourts ou autre aliments soient impropres à la consommation car sentant le moisi : cela ferait un scandale dont on parlerait dans tous le médias.

Au contraire d’une telle réaction, que je trouverais normale et qui consisterait à se révolter contre une forme semi-organisée d’escroquerie, très curieusement, plein de gens semblent accepter cette part de risque dans le domaine du vin et préfèrent parler, avec un ton illuminé, de l’attrait du bruit de « pop » comme avantage de ce système de fermeture issu d’une technologie dépassée.

J’avoue ne pas comprendre une telle attitude quand, face à la déception subie d’avoir dépensé 10, 50 ou 500 euros pour une bouteille de vin et que celle-ci termine dans l’évier plutôt que d’enchanter nos papilles et d’illuminer réellement nos esprits, on se réfugie dans une vision pseudo-romantique en parlant de « magie » ou de « mystère » (je vous promets que ce sont avec de tels termes que j’entends des consommateurs défendre les bouchons en liège massif). Et les derniers communiqués du lobby du liège appuient fortement sur cette corde irrationnelle.

Le vin contient effectivement sa part de magie et de mystère, et cela fait partie indubitablement de son intérêt. Mais cette part réside, selon moi, dans sa substance même, et non pas dans son contenant ou des ingrédients de celui-ci. On peut, à juste titre, considérer qu’un bon verre aidera le vin à s’exprimer bien mieux qu’un verre à moutarde. Mais le vaisseau dans lequel le vin a vécu une partie de sa vie et a été transporté jusqu’à votre table, ainsi que son système de fermeture, doit être d’abord étanche, ensuite neutre sur le plan organoleptique. Si ce n’est pas le cas, et systématiquement, alors il faut en changer. Car il n’y a pas que le TCA et ses petits copains dans cette affaire ; il y a aussi l’oxydation variable qui joue, d’une manière encore plus élevée sur le plan proportionnel et avec le temps.

Malheureusement, tous les vins que je désire acheter ne sont pas encore fermés par des capsules à vis ou de bouchons en verre (ou par des bouchons reconstitués et propres de type Diam). Mais le jour ou cela arrivera, je n’achèterai ni commanderai au restaurant aucune autre bouteille de vin. Il est grand temps de tourner la page du bouchon de liège massif et d’accepter que la beauté du vin se trouve uniquement dans sa partie liquide et tout ce que cela engendre en nous et d’arrêter de se laisser prendre pour des pigeons par les fabricants de liège. Le liège, c’est sûrement utile et efficace comme isolant, mais évitons de continuer à le laisser en contact avec nos vins.

David

 

49 réflexions sur “Et vous trouvez cela normal ? Ras le bouchon de liège !

  1. Si, c’est quand même la faute du producteur qui choisit «ces abominables petits morceaux de liège».
    Et c’est aussi la faute des journalistes qui ne mentionnent jamais qu’une bouteille est bouchonnée.

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  2. A force de le lire sur ce blog, je ne peux être que convaincu par ces paroles.

    Les seuls arguments en faveur du bouchon en liège sont de l’ordre émotionnel.
    Mais l’émotion que nous procure un vin bouchonné… n’est pas vraiment souhaitée !

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  3. Il s’agit en tout cas d’un effroyable amalgame dans cet article Hervé!
    Le TCA et le problème classique de bouchon sont deux sujets bien distincts. Nous en avons déjà longuement parlé sur notre site. Il n’a jamais été question de TCA dans les grands blancs bourguignons. Le TCA est souvent le résultat de l’émanation de produits toxiques lors du (sur-)nettoyage des caves ou des bateaux à partir de produits chimiques. Des résdus demeurent et finissent par contaminer tous les vin en cours d’élevage… ou de transport.
    Le problème de bouchon, au sens classique du terme, n’est véritablement apparu qu’en 1995. Auparavant cela arrivait. le liège étant une matière vivante. Tu connais forcément le problème des grands blancs bourguignons. Ils seraient les meilleutrs du monde, pourtant parfaitement incapables de tenir plus de dix ans sans que le détenteur des flacons doivent commencer à en avoir la trouille. Il existe même une page dédiée au sujet: http://oxidised-burgs.wikispaces.com/
    Je connais deux journalistes experts de la Bourgogne, dont je tairai le nom ici, car ils sont beaucoup trop connus, qui se refusent aujourd’hui à acheter des blancs Bourguignons s’ils n’ont pas de bouchon DIAM. Trop de problème au bout de dix ans sur les bouchons classiques, même s’il est aujourd’hui avéré que le problème de premox n’en résulte pas exclusivement.

    Et la bombe, en bouquet final, est que Penfolds refuse depuis plusieurs années de vendre son Grange avec des bouchons en liège. Si un amateur ou un collectionneur veut malgré tout des bouchons en liège, il doit signer un document comme quoi il dégage Grange de toute responsabilité…

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  4. Pour Grange, votre propos est inexact. Pour le reste, je ne vous suis pas toujours mais vous semblez dire qu’il y a deux sortes de problèmes liés au liège : une contamination qui ne vient pas que du liège, mais aussi du liège, et une oxydation variable. Il me semble avoir parlé des deux, et sans amalgame.

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    1. Peut-être bien Alain. Mais c’est aussi, depuis peu, l’argument qui est mis en avant dans les communiqués officiels de l’association de producteurs de liège, avec un soutien pseudo-scientifique à la clef, ainsi que des sondages auprès d’un certain public. Peut-être n’ont-ils rien de mieux pour se défendre !

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  5. David, le cas de Grange n’est pas inexact. A priori cela dépend des marchés!
    En Suisse il faut signer un document pour obtenir un bouchon en liège sur un Grange. Si le cas de la France est à priori différent, cela résulte fort probablement du fait qu’il se vend beaucoup moins de Grange dans votre pays qu’en Suisse.
    Ce n’est pas plus compliqué que cela.
    Nous, Vinifera-Mundi, connaissons suffisamment de vrais amateurs ici de ce vin pour le savoir.
    Désolé de vous contredire et cela n’empêche en rien que votre site est parmi ce qu’il se fait de mieux 🙂 🙂

    Bien cordialement

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    1. Je veux bien vous croire Jean-François, mais je vérifie cela aussi auprès de la source afin de donner des informations plus complètes. En tout cas Grange n’est disponible en France que sous liège, tandis que Yattarna, le Chardonnay haut de gamme de Penfolds, l’est uniquement sous capsule à vis.
      Et merci pour votre compliment !

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    2. Selon ce que j’ai pu lire sur ce problème de « premox », les causes sont multiples et pas nécessairement imputables au seul liège. Je cite, dans un désordre assumé : le bâtonnage, les élevages longues en milieu oxydatif (ce deux étant liés, je pense), l’abaissement des dosages en sulfites, la maturité croissante des raisins pas toujours bien triés.

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      1. Totalement mon opinion David. Vous n’êtes néanmoins pas sans savoir que de nombreux experts continuent d’imputer le problème aux seuls bouchons. Des experts, pas des gens qui ne s’occupent pas à plein temps de vin…
        Et comme le dit Clives Coates, il convient de distinguer premox de vieillissement normal… Exactement comme le commun des mortels, pardon, des consommateurs n’est pas capable de distinguer TCA de problèmes « traditionnels » de bouchon…
        Donc j’en arrive à la conclusion que vous et moi pouvons croire ce que nous voulons, le débat reste ouvert.
        La meilleure preuve est qu’il ne serait plus du tout d’actualité si la raison réelle du problème avait été élucidée.
        Tant pis pour nous deux…

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      1. Comme j’en ai discuté avec l’importateur suisse au téléphone (je l’ai appelé en début de semaine), je lui communiquerai le nom des deux grands amateurs de Grange qui m’ont donné cette information.
        Comme je lui ai également indiqué, cette fois non pas à titre personnel, mais en qualité de online wine journalist, nos différents articles élogieux sur le travail de Penfolds n’ont jamais émis ce genre d’information et n’en contiendront jamais.
        Vous l’avez compris, quoi qu’il advienne des bouchons, je crois que le problème ne peut être résolu. Aussi agaçant qu’ils soit, les bouchons défectueux resteront présents. A moins de trouver des solutions auxquelles vous voulez croire (là aussi nous nous sommes bien marrés sur la position défendue ici, pardon), il faudra s’y faire. Un vin défectueux sur 30 bouteilles, c’est vrai ça a de quoi changer le cours de l’histoire…. Même Alain Moueix le dit, il ne sera possible de le résoudre avat zéro tolérance….. A vous suivre, faudrait-il vendre Pétrus avec un bouchon à vis?

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  6. Chers amis des « Cinq »,

    Je viens d’être « victime » une fois encore, de la malédiction de votre blog. TOUT s’est bloqué et j’ai dû « rebooter » pour m’en sortir, après avoir coupé le courant en enlevant la prise d’alimentation ! Pas la meilleure manière de traiter un pc. Pourtant, il est tout neuf, avec toutes les mises à jour et toutes les sécurités possibles.
    Je compose à nouveau ce billet, car il en vaut la peine, au moyen d’un traitement de texte cette fois. Je remarque une fois de plus que cela arrive alors qu j’émets une opinion à contre-courant du « mainstream » et du lobby du liège.

    Cela fait plus de 10 ans que je suis devenu producteur et je m’applique à faire aussi bien que possible, ne ménageant aucun effort et ne choisissant pas toujours la voie la plus aisée. Ma vie d’avant m’avait fait ouvrir littéralement des MILLIERS de col (lors de mes exposés au CERIA notamment, forts de cent participants) et j’ai acquis ainsi la conviction que le liège n’était pas une bonne solution.
    J’ai donc opté d’emblée pour les capsules à vis : trois marques successivement, la dernière, allemande, me donnant satisfaction (comme les autres par ailleurs) pour un coût très bas. Il s’agit du modèle rendu étanche par un joint en polymère, recouvert d’une fine pellicule d’étain. Mon premier millésime, 2005, avec deux vins sélectionnés au guide Hachette (dont un « trois étoiles ») est actuellement encore en pleine forme, presque jeune. Les dauphins/benjamins immédiats aussi, ce n’est pas lié à ce millésime-là.
    Toutefois, je vis comme un marginal, économiquement parlant, aidé par mes proches même pour les choses les plus élémentaires. Ma compagne, un de mes sponsors, est convaincue que le choix de l’obturation, sur certains marchés, est la cause principale de cette mévente. Elle veut dire par là que ceux que cela ne dérange pas sont devenus de bons clients, mais que nous « loupons » certains autres (nombreux), convaincus pourtant par le vin, mais ayant peur de la réaction de leurs clients à eux (pour les restaurateurs) ou de leurs invités (pour les particuliers). Moi, je pense surtout que ce sont de beaux imbéciles. Dans la vente, il ne faut jamais réagir ainsi : le client a toujours raison. Mais je suis bien évidemment un mauvais commerçant et c’est cela, selon moi, la cause de ma faillite commerciale.
    En Belgique, où je jouissais souvent d’un a priori favorable, tous mes revendeurs ont fini par jeter l’éponge, sauf un (le meilleur), après des débuts très réussis pourtant. On me dit souvent : « on ne me demande pas spontanément ton vin ». En fait, je sais que c’est presque toujours après une remarque défavorable concernant la capsule. Les « cavistes » n’aiment pas se compliquer la vie. Ils veulent des vins déjà assez renommés, si possible dans une cuvée rare, avec une quasi-exclusivité et en profitant de conditions d’achat très concurrentielles. Par contre, curieusement, il y a peu de défection parmi les restaurateurs, une fois qu’ils nous ont référencés.
    De guerre las, sur certaines cuvées, j’ai fini par me convertir au bouchon en verre. Et là, ces mêmes imbéciles n’y voient plus aucune objection. Pourtant, techniquement, l’obturation est un peu moins fiable et surtout, cela coûte très cher avec en plus une certaine fragilité.
    Conclusion : (1) sur mes vins en tout cas (3 couleurs et VDN), l’absence d’apport d’oxygène (par un bouchon devenu poreux) et l’absence de faux-goûts apportés par le liège (de différentes manières) assure une conservation parfaite dans le temps. Techniquement, le vigneron est comblé. (2) dans notre clientèle en tout cas, ceux qui ont tenté de nous suivre sont satisfaits de la fiabilité du produit, mais beaucoup n’ont pas osé et d’autres n’ont pas su convaincre leur clientèle. Financièrement, le vigneron est navré. Je déconseille donc fortement aux collègues de s’y mettre, s’il veulent nourrir leurs gosses.

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  7. Luc pose bien le problème, en tout cas pour un producteur dans des pays rétrogrades comme la France qui considèrent souvent que tout était mieux avant (avant quoi?) et que seule la « traditipn » est un projet valable (définissez le mot « tradition » maintenant : je vous assure que c’est pire que « minéralité » !).
    J’achète les vins de Luc d’abord parce qu’ils sont bons, mais aussi parce qu’il opte pour une fermeture fiable. Malheureusement je ne puis lui en acheter assez !
    Ce problème ne va pas disparaître je crains, car il est lié à la matière même du liège. Et je pense davantage à l’absence d’une étanchéité fiable et durable qu’au TCA/TCP et consorts.

    Et Luc, pas de parano sur tes problèmes de connexion stp. Le contenu n’a rien à voir là-dedans

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  8. Luc, un bon coup d’anti-virus actualisé pour commencer.
    Le site des cinq du vin n’a effectivement rien à voir avec votre station de travail. Un responsable assurance-qualité en informatique vient de parler (oui c’est mon vrai boulot)

    Je ne pense pas que la France soit rétrograde en ce qui concerne le bouchon.
    Lors de la présentation du millésime 2014 auprès de la presse, Véronique Drouhin faisait part, sur la base de son expérience tant aux Etats-Unis qu’en France, de la différence d’approche entre l’Europe et les USA. Ca m’a rappelé le fameux différend entre néo-expressionnistes américains et Nouveaux-Réalistes…. Le bouchon est perçu comme un instrument culturel…. Le second problème du liège est qu’il s’agit d’un produit vivant. Même sous forme de bouchon… Proche de la nature… Donc il faut s’attendre à des crissements de toute part… Non, les écolos n’ont pas forcément tort…. La preuve est que le problème de premox, régulièrement attribué -à mon sens en partie par erreur- n’est apparu qu’en 1995. Epoque à laquelle le mode de fabrication des bouchons a été changé….

    Le problème résulte aussi du fait que les alternatives ne sont pas toujours fiables…. Bouchons synthétiques ou hautement technologiques à l’instar de celui que les Bourguignons essaient depuis près de 10 ans -mais il est impossible pour les personnes âgées d’ouvrir les bouteilles-, DIAM version 1, clairement un bouchon de piètre qualité, contre le DIAM d’aujourd’hui, à priori fiable quand il s’agit du bon, bouchons en verre, auxquels les Autrichiens notamment croient beaucoup (et moi aussi), même si les problèmes exposés par Luc sont réels…

    Quant à la capsule à vis, force est de reconnaitre qu’elle n’offre pas que des inconvénients. Je ne pense pas qu’un domaine sérieux comme Laroche l’utiliserait aujourd’hui exclusivement (je crois) si ça ne marchait pas.

    N’oublions pas quelque chose d’essentiel non plus.
    Les bouteilles aujourd’hui, impérativement de garde à en croire les consommateurs, sont en fait bues assez rapidement. DAns leur écrasante majorité. Il n’y a donc pas de raison de s’obstiner contre les alternatives au liège.
    Même si à titre personnel -mon côté poétique sans doute- cela me chagrinne.

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  9. Dans mon expérience (certes limitée pour ce cas précis à des vins mis en bouteille depuis les années 1970), les mêmes vins mis sous capsule à vis évoluent bien mieux (plus fruités, plus intenses, plus « harmonieux ») que ce vin mis sous liège. L’argument du type « uniquement pour des vins à boire jeunes » ne tient donc pas.
    Laroche module son offre en fonction des marchés, je crois. Pour la France (pays rétrograde donc), c’est le liège. Mais on peut choisir la capsule.
    Je crois aussi au bouchon en verre (Vinoloc ou autre), mais Luc pointe bien l’inconvénient prix par rapport à la capsule pour le producteur. Il y a aussi la question de la fragilité sous conditions de transport etc, ainsi que de se capacité de tenir dans le temps, qui reste à prouver.
    Je suis d’accord que l’image « nature » est pertinent pour certains, dont les adeptes des vins qui portent cette étiquette à la définition douteuse. Il n’y pas que de bonnes choses dans la nature, liège compris !

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  10. Alain Leygnier

    Je crois me souvenir qu’il y un certain temps, peut-être une dizaine d’années, voire davantage, le temps passe vite, château Margaux menait des expériences de vieillissement de pavillon rouge sous capsule à vis. En connaît-on le résultat ?

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  11. Oui, ils l’ont bien fait. Ils ont présenté les résultats sous forme de dégustation, je crois, à une réunion avec les Masters of Wine à Londres mais je ne sais pas ce qui en a été conclu. Je vais essayer d’en savoir plus. Pour le moment, le « marché », dans sa grande sagesse (!?) semble vouloir du liège massif dans les vins chers, pour une raison qui m’échappe complètement.

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  12. Voila ce que j’ai trouvé sur la question. C ‘est paru dans Le Figaro, en mars 2012 (F. Durand-Bazin)

    « Bouchon liège ou capsule à vis ?
    Les troisième et quatrième série opposaient quant à elles des vins bouchés liège avec des vins bouchés avec deux qualités de capsule à vis (hermétiques et perméables). Un vrai moment de vérité, tant le débat fait rage sur les qualités, et surtout les défauts du liège, parfois coupable de ce fameux goût de bouchon ou plus fréquemment de déviances aromatiques faisant perdre au vin sa netteté. Et surprise, sur les rouges issus de la vendange 2003, une petite majorité de dégustateurs préféra la jeunesse et la fringance du vin bouché en capsule à vis hermétique, quand une –importante- minorité privilégiait le bouchage traditionnel en liège. Pour le blanc (millésime 2004), les débats sont moins passionnés, la plupart des dégustateurs préférant le vin issu de la bouteille bouchée liège.

    Paul Pontallier tente de rassurer les amateurs de tire-bouchon : »Nul ne sait si nous opterons un jour pour les capsules à vis. Pour autant, nous devons continuer à expérimenter pour que les gens qui seront en charge de Margaux d’ici 30 à 40 ans puisse prendre les bonnes décisions ». Car c’est aussi ça, la force des très grands domaines : investir aujourd’hui pour les générations futures ».

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  13. David, je serais curieux de savoir, selon votre réponnse de 13:51, de quels vins il s’agit.
    Il n’existe pas de tels tests à ma connaissance. Le problème ne se posait même pas dans les années 1970. Aucun producteur sérieux n’aurait osé à l’époque se prêter à de tels tests iconoclastes.
    En lisant l’article de Jeannie Cho Lee MW sur le sujet, vous verrez, comme je l’ai dit, que le grand novateur en la question est Michel Laroche: http://www.jeanniecholee.com/ko/my_views/cork-vs-screwcap/
    Cela remonte au début du XXI siècle…

    En poursuivant la lecture de cette experte il devient évident que les systèmes de fermeture que vous préconisez, n’ont aucun avantage avéré. A moins de n’appartenir à une secte ou autre église comme je l’avais d’ailleurs indiqué à Vincent Pousson sur Facebook. Ce qui ne signifie pas que je sois contre les moyens modernes, tels que le bouchon en verre. Vous doutez des résultats… Les bouteilles sont pourtant en verre… Selon les personnes interrogées au Wine Spectator la proportion de bouchons en liège défaillants aurait même considérablement baissé!

    Deux autres articles méritant sérieusement le détour sont de mon Weinfreund Jamie Goode:
    http://www.wineanorak.com/wineblog/wine-science/so-will-first-growth-margaux-soon-be-using-screwcaps
    http://wineanorak.com/research_at_chateau_Margaux.htm

    Là aussi les conclusions sont les mêmes…
    Et en toute objectivité nous dégustons pour http://www.vinifera-mundi.ch entre 2500 et 3500 vins par an. Les problèmes de bouchon sont, comme l’indique Jeannie Cho Lee MW, plutôt rares. Sauf en ce qui concerne les problèmes de premox. Comme je l’ai indiqué plus haut.

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    1. L’expérience à laquelle je faisais référence, Jean-François, était une dégustation organisé par Robert Joseph pendant Vinexpo à Bordeaux il y a une quinzaine d’années. Car pas mal de producteurs de pays du Nouveau Monde menaient, depuis le début des années 1970, des essais comparatifs sur différents formes de bouchage (Penfolds continue des essais avec Grange qui n’est pas, pour l’instant, disponible en capsule, à la différence de tout le reste de leur gamme). Pour les producteurs concernés, (de mémoire il y en avait plus de 30) les vins étaient alignés par deux ou trois (parfois il y avait 3 types de fermeture) et les bouteilles totalement masquées ou transvasées afin qu’on ne puisse pas identifier le col. Quand il y avait une différence, c’était toujours en faveur de la capsule à vis et l’écart avait nettement tendance à se creuser avec le temps. C’est ce test qui l’a convaincu, et je n’était pas le seul !

      Quand à parler de secte, ce genre d’approche est très loin de moi. Je n’adhère à aucune, et je ne crois que ce qui je vois ou déguste !

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  14. On entend souvent la critique suivante à propos des vin capsulés: « ça peut convenir pour des petits vins à boire jeunes sur le fruit, des rosés de pique-nique, mais pas pour les vins de garde ».
    Je m’inscris en faux, ayant pu faire, en juin 2015, en compagnie de notre ami Marc, une verticale du grand cru suisse Le Clos du Rocher, à Yvorne. Nous sommes remontés jusqu’en 1982. Or, les vins de ce domaine sont embouteillés sous capsule depuis le millésime 1990 (on dit parfois que les Suisses sont lents, mais pour le coup, là, c’est la France qui est lente à la détente…).
    Résultat: un vin incontestablement bouchonné (1988), un autre suspect (1984), tous les autres, éclatants – 1994, 1998, 2002, 2008, 2014. L’année dernière, lors du Mondial du Chasselas, j’ai également dégusté en parallèle le 2006 et le 2016 du même domaine. La fraîcheur du 2006 m’a étonné.
    En résumé, la capsule fonctionne aussi très bien dans le temps. Et je peux même dire qu’elle a encore plus d’intérêt pour les grands que pour les petits vins… Car plus on paie cher son vin, plus on le chérit, plus on en attend quelque chose de grand… et moins on a de tolérance pour les défauts dus au bouchage, qu’il s’agisse du goût de bouchon proprement dit, ou du « coup de fatigue ».
    J’aurai pu citer également l’exemple de quelques vins de Baudry-Dutour et de Dopff au Moulin, pour bien montrer que ça s’applique aussi aux bons vins de l’Hexagone, mais là, je ne suis pas remonté aussi loin dans le temps.
    Ce qui me désole le plus dans cette histoire, c’est que des vignerons qui sont sûrs que leur vin est meilleur sous capsule, pas par conviction philosophique, mais parce qu’ils l’ont expérimenté, doivent se résoudre à le boucher quand même sous liège à cause des intermédiaires, du « marché ». Qui mieux que le vigneron, pourtant, sait ce que son vin doit être?
    Enfin, mettez vous à notre place de dégustateurs pro: vous croyez que ça nous fait plaisir de devoir écarter le vin d’un producteur méritant (et parfois plus d’un), lors d’une dégustation, juste pour une question de bouchage?
    J’ai du mal à concevoir que des oenophiles, des vrais amateurs de vin, qui sont prêts à débourser un peu d’argent pour une belle bouteille et à attendre que le vin soit à son optimum, des gens qui bénéficient en théorie d’une certaine capacité intellectuelle, ne soient pas capables de comprendre qu’il y a aujourd’hui une alternative moderne au bouchon de liège, avec des résultats avérés.

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      1. Chiche ! Voici les deux derniers qui faisaient partie de la petite série de 7 vins dans mon cours sur le Portugal il y a une semaine :

        R de Romaneira 2013, VR Duriense (Tinto)
        Paseo 2015, VR Lisboa (Tinto)

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  15. Nous le faisons depuis toujours en rappelant régulièrement que le viticulteur n’est pas responsable de l’hypothétique mauvaise qualité des bouchons.
    Le Domaine de Cristia en a d’ailleurs fait l’amère expérience jusqu’au millésime 2002. Le producteur de bouchons prétendait ne rien savoir jusqu’à ce qu’enfin Grangeon gagne son procès…

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  16. Je suis vigneron nature et non interventionniste. Je fais actuellement des essais de non bouchage qui sont très prometteurs. Le non bouchage n’altère en rien la qualité de mon vin et sa conservation dans le temps.

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  17. David, si on demande à un islamiste pourquoi il l’est, il trouvera aussi mille bonnes raisons…..
    Vous êtes en train de décrébiliser votre site.
    Au lieu de faire de la propagande au profit du bouchon à vis, vous devriez voir la chose de façon infiniment plus équitable.
    Désolé

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  18. Propagande? Nous ne sommes que des journalistes et nous disons ce que nous pensons sans être payés pour le faire.
    Les propagandistes, ce sont plutôt les vendeurs de bouchon, qui se paient les services d’agences de relations publiques pour énoncer des contre-vérités comme « le client demande le bruit du bouchon ». Contre-vérités que peu de médias dénoncent – la plupart se contentent de publier. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, en France, le client n’a pas le choix.Sauf au rayon apéritif, où acheter du muscat, du porto ou du pineau sous capsule ne lui pose aucun problème de bruit de bouchon ou de méfiance vis à vis du procédé de bouchage, notez bien.
    Nous sommes parmi les rares journalistes du vin en France à évoquer régulièrement ce thème, alors que dans bon nombre de pays étrangers, la cause est entendue, la capsule à vis est préférée au bouchon de liège.
    Cherchez l’erreur. Et faudrait-il que nous arrêtions de dire ce que nous pensons parce que nous sommes minoritaires (à le dire, pas forcément à le penser, curieusement – drôle d’omertà).
    Nous observons, nous dégustons, nous jugeons et nous commentons. C’est du pragmatisme, pas du fanatisme.
    Désolé que vous puissiez le penser.

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  19. Rien a rajouter aux remarques d’Hervé si ce n’est que vous me taxez, dans votre première commentaire, de pratiquer l’amalgame (sans préciser en quoi), puis vous utilisez une comparaison assez hasardeuse entre la mentalité d’un islamiste et ma volonté de parler des défauts (bien reconnus) d’un système de fermeture de bouteilles !

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  20. Suite à la suggestion de Marc André, je nomme un autre flacon bouchonné (plus légèrement que les deux que j’ai déjà cité) lors d’une dégustation verticale pour un client la semaine dernière : Château Durfort-Vivens 2014. Dans ce cas le taux était d’1 défaut sur 30 bouteilles ouvertes.

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  21. Je ne le pense pas Hervé. Les cinq du vin sont beaucoup trop pros pour cela.
    Et je vous rejoins totalement dans votre réponse.
    Au risque de me faire insulter, je trouve même très curieux que les viticulteurs n’aient strictement aucun problème à produire du vin casher, alors qu’ils ne laissent nullement la chance aux consommateurs de pouvoir choisir l’un ou l’autre.
    Je vais même beaucoup plus loin.
    Vous me pardonnerez je ne connais pas le système français. En Suisse c’est une règle non écrite que les négociants reprennent les bouteilles bouchonnées. Si les mêmes bouteilles étaient disponibles avec les deux systèmes de fermeture, cela faciliterait la chose. Le client choisit et est tout seul responsable si sa bouteille est défectueuse.

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  22. José Peixe - Portugal

    Je suis pas CONTRE les bouchons de liège. Mais je suis CONTRE l’industrialisation de la liège. Il faut respecter le liège de son origine et son cycle, comme la vigne et du vin. Vigneron, c’est une profession de foi et avoir des bouchons naturels, provenant de chânaies certifiées aussi.

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  23. Guy Delépée

    Bonjour,

    Quels sont vos avis a propos du bouchon « tout synthétique » ? Il me semble concilier l’attente du consommateur (le « plop » d’ouverture), un prix de revient faible (à mon avis, je n’en sais rien…) et les mêmes qualités que la capsule a vis, enoncées ci-dessus ?

    Un aparté pour transmettre un amical salut d’Anderlecht à Luc Charlier. Je suis en effet en deuxième année de cours du soir au CERIA, donné par Herman Dedapper.

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    1. Personnellement, je suis réticent vis-à-vis des bouchons qui n’affichent pas ce qu’ils sont.
      Avec la capsule comme avec le liège, c’est clair, on sait ce qu’on achète – et je ne trouve pas la capsule particulièrement laide.
      Avec les bouchons synthétiques ou plastiques, par contre, le consommateur ne voit pas la différence avant d’acheter; ce type de bouchon est de plus difficile à replacer pour reboucher la bouteille; d’autre part, dans le cas des bouchons plastiques, qui de l’échange avec l’air?
      Reste le bouchon de verre, qui est certainement un bon système qualitativement, mais il est encore cher; et de plus, fragile.

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      1. NOUS RAPPELONS A NOS LECTEURS QUE SEULS LES COMMENTAIRES DUMENT SIGNES SERONT PUBLIES SUR CE SITE.
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        LES 5 DU VIN

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  24. Hervé, que pensez-vous des bouchons Ardeaseal? Si l’on excepte le fait qu’il y a quelques années les personnes âgées ne parvenaient à priori pas à ouvrir les bouteilles, ce modèle m’a l’air très prometteur.

    Liège ou pas liège, il me semble par contre qu’un sujet que j’ai évoqué plus haut reste occulté. A savoir le problème de l’oxydation prématurée. Des experts faisant également office de journalistes continuent d’attribuer ce fléau autrement plus grave que celui des bouchons défectueux, à leur qualité. Je m’explique:
    – D’un côté les bouchons défectueux qui pourrissent une bouteille sur dix officiellement, sont pour ainsi dire tolérés. Ils énervent les consommateurs mais aucun ne cesse d’acheter du vin à cause de cela.
    – De l’autre côté justement le PREMOX, attribué encore très souvent aux bouchons. Les analyses menées à gauche et à droite chez Clives Coates et chez d’autres indiquent que ce fléau est apparu en 1995. Epoque à laquelle la fabrication des bouchons a changé… Ce problème, donc à priori imputable au liège, puisque c’est la matière manipulée pour la fabrication des bouchons, jette par contre un grave discrédit sur la filière. De plus en plus de consommateurs et en particulier de grands amateurs s’interrogent quant à l’opportunité d’acquérir ces flacons….

    Quelles est l’opinion des cinq du vin sur le sujet et quelles est celle des lecteurs qui ont ici répondu?

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