Notre consoeur Joëlle Weiss Boisson (Terre de Vins), vient compléter notre semaine effervescente avec une sélection largement inspirée de son ancrage rémois (Joëlle est également oenologue)…
Eh bien oui, la tradition ça a (aussi) du bon. Après mes collègues globe-trotteurs, voici quelques bulles… de champagne. Bonnes fêtes à tous !
Perrier-Jouët, Blanc de Blancs
Un bon truc : toujours démarrer par une grande marque. C’est le signal aux invités qu’on les traite avec considération. Le ton est donné. Toute la suite est plus simple, même si vous passez dans des Champagnes découverte.
Pourquoi donc Perrier-Jouët Blanc de Blancs ? D’abord, parce que c’est nouveau et présenté depuis octobre dans un fort joli flacon. Ensuite, parce qu’Hervé Deschamps est un chef de caves de génie, qu’il s’apprête à tirer sa révérence d’ici deux ans, et que ce qui est évident aujourd’hui le sera peut-être moins après. Profitons. Enfin – et surtout – parce que c’est bon ! Le genre de blanc de blancs plus frais qu’acidulé, plus aérien que tendu, plus poire blanche & acacia que pomelo & yuzu.
C’est pastel, délicat, racé, suave comme un angelot. Idéal pour mettre les papilles en appétit sans les saturer. Dont acte.
Champagne Mailly grand cru, Composition Parcellaire Blanc de Pinot Noir Brut
Bon. Il est temps à présent de respecter les grands équilibres de la Champagne (on ne se refait pas !) et de chiner du côté des coops (70% des producteurs, 45% des surfaces). Une des Rolls parmi elles, Mailly Grand Cru, règne sur le Pinot Noir le plus septentrional de la Montagne de Reims et possède via ses adhérents la majorité d’un des 17 villages classés Grand Cru de Champagne, rien de moins ! S’y ajoutent des installations tip top, des vignerons volontaires et un travail de caractérisation ciselée des 600 parcelles… qui se traduit aujourd’hui par la gamme «Composition parcellaire».
Dans cette gamme j’ai choisi le «Blanc de Pinot Noir», un Champagne au nez envoûtant et profond de violette et de sureau. On attendrait une bouche marquée par le fruit rouge, la puissance, et voici au contraire une suavité, une stature élégante, une fraîcheur singulière. C’est l’esprit d’un rouge dans un corps de blanc ! Etonnant bouquet qui évolue en permanence dans le verre. On franchit une marche de puissance par rapport au Champagne précédent, mais pas trop.
Champagne Lacroix-Triaulaire, Mont Marvin « 100% Pinot Meunier »
Comme vous m’avez bien suivie, après Chardonnay et Pinot Noir, vous vous doutez que je vais parler de Meunier, le troisième grand cépage champenois.
Il est temps à présent de sortir la bouteille de derrière les fagots. Le «Aha Effekt» comme disent nos voisins outre-Rhin. Et donc, direction l’Aube où le Meunier est pratiquement absent… sauf au domaine Lacroix-Triaulaire qui en possède de vieux ceps sur une grande parcelle cadastrée Mont Marvin, qu’il vinifie en solo. Preuve que si la Champagne excelle dans l’art de l’assemblage, le parcellaire y a aussi droit de cité, surtout lorsque comme ici il s’exprime avec talent et doigté de vinification.
Voici un vin presque plus qu’une bulle, dont la trame est tactile, la bouche ample, longue, portée par une matière très noble, ravigorée par la bulle. A ce moment du repas (idéal sur un plateau de fromages à pâte pressée: Beaufort, vieux Gouda, Comté), c’est exactement ce qu’il faut pour les papilles ! Sur cette trame, des arômes qui sonnent vrais comme la mirabelle, les fleurs des champs séchées en ballots de foin, la pêche de vigne, de fines notes fumées. Un Champagne à la bourguignonne!
Doublement intéressant, ce Meunier de l’Aube, pour sa rareté et pour ce que tu en dis dans ton commentaire; je vais essayer de m’en procurer.
Merci et bonnes fêtes, Joëlle!
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