Merlot, Chardonnay et Merwah nous donnent le choix

Selon le millésime ou l’endroit, selon les cépages, aussi, le vin nous offre une variété infinie de nuances, car 51 nuances… c’est un peu juste pour notre boisson préférée. La preuve par trois.

Commençons par le rouge

Pomerol 2017, un millésime difficile dont on est curieux du résultat en bouteille.

Cela faisait quelques jours qu’elle poireautait là, cette bouteille de Pomerol. Un soir où je préparais des papardelles au chou, elle m’a fait de l’œil et j’ai eu très envie d’un boire un coup. Comme ça, à l’apéro. Flatté par son fruité, sa légèreté, je l’ai mise au repas et croyez-moi, ce vin aérien et délicat accompagna avec prestance et pertinence ce bon plat. Ce fut pareil pour le blanc du Jura qui vient ensuite. Ramené de la Percée, il m’a plu à l’apéro et je l’ai bu. Il s’est révélé surprenant avec quelques préparations de poisson.

Bordeaux, Pomerol, on s’attend à quelque chose de classique, du bois, une concentration poussée, un peu de fruit, une garde annoncée. Et pourtant…

Pomerol 2017 Château de Sales

La robe assez claire, d’un grenat carmin attrayant qui nous fait dire fruits. Le nez abonde dans ce sens. Cerise, framboise et groseille sont au rendez-vous. Les baies s’ombrent de poivre, se parent d’un pétale de violette. La bouche légère s’avère agréable, délicate, cousue de tanins fins, mûrs. Ces derniers tissent leur soie autour du charnu juteux. Aérien, il offre une jolie suite de notes fruitées, florales et épicées, bien mises en évidence par la fraîcheur du vin.

Cela a été un délice de le boire avec les papardelles au chou. Chou pourpre du potager parfumé de porchetta et de viande de veau grillée, léger citron et un rien de sauce arrabbiata pour lier et apporter un peu de piquant. Fraîcheur et fruité du Pomerol se sont fondu dans la préparation avec maestria, un réel plaisir.

Assemblage de 78,5% de Merlot, 12,5% de Cabernet Sauvignon et 9 % de Cabernet Franc. Élevage en barriques dont 15% de neuves. Une belle réussite, 2017 étant un millésime compliqué. La nouvelle équipe a bien travaillé.

www.chateau-de-sales.com

Place au premier blanc

ici, le sol de marne fait quelque peu varier l’expression du cépage. Dégusté sur place en compagnie du vigneron, il m’a fait de l’effet, ce Chardonnay. Mais une cave reste une cave. Toutefois, sorti de ce milieu confiné pour se retrouver dans un autre, ma cuisine, il s’est avéré tout aussi convaincant.

Chardonnay 2018 Côtes du Jura Domaine Frédéric Lambert

La robe jaune doré se parfume d’une délicate senteur de pomme mûre et de pâte d’amande, soulignée de réglisse, adoucie de guimauve, ombrée de poivre blanc. On se demande comment sera la bouche, aussi subtile ou plus affirmée. Discrète ? Non, la voilà truculente, ample. Elle s’exprime sans vergogne, gourmande, minérale, allant chercher en son sein des accents de fougère, de fleurs blanches, de fruits juteux, aux contours bien dessinés par quelques traits amers et succulents de gentiane, pour nous offrir un plaisir généreux. Sa fraîcheur nous rend heureux prolongeant notre satisfaction par un dernier présent d’épices. Coriandre et cumin nous suivent jusqu’à la dernière goutte.

Ce Chardonnay est élevé en cuve. Et s’est révélé magistral sur une série d’agapes telles qu’une ‘assiette de la mer’, un ceviche ou encore une poêlée de légumes croquants aux gambas. Recettes qui l’éloignent de ses accords habituels, comme les écrevisses, les viandes blanches ou le Morbier.

Le domaine compte une dizaine d’ha situés autour du village de Toulouse le Château à l’ouest de Poligny. Le vignoble se divise en 7 parcelles dont une à Château Chalon. Si la famille Lambert s’est installée en 1993, il a fallu attendre 10 ans avant que Frédéric sorte son premier millésime.

www.domaine-frederic-lambert.fr

Et maintenant, on part au Liban!

Et on monte à 1.500 mètres, pour trouver des vieilles vignes de plus de 60 ans. Le cépage, c’est le Merwah, une variété qu’on dit apparentée au Sémillon et que Ksara, la plus grande maison de vin du Liban, s’efforce de remettre à l’honneur (pour les détails de son pedigree, voir le petit papier d’Hervé à ce sujet, ici même).

J’avais d’ailleurs dégusté ce joli blanc en compagnie d’Hervé, mais aussi de Najwah Chaddad, responsable export de Ksara, lors de son passage en Belgique, il y a quelques semaines. C’était à Waterloo, au Mandaloun, un resto libanais, of course. Et ce Merwah accompagnait avec grâce la foule des petits plats du mezze. Il a d’ailleurs fait l’unanimité des convives.

Merwah 2017 Château Ksara

 

Un ton lumineux de jaune doré illumine le verre comme nos regards. Le léger anisé, le poivre et la pointe de piment qui relèvent les fruits blancs nous entraînent loin des allures atlantiques plus habituelles pour nos papilles. Mais cet accent particulier nous plaît. La bouche nous trouble par sa texture légèrement tannique, cette impression sucrée alors que le vin est sec, la fraîcheur de citron confit qui se coule dans la rondeur d’une pêche blanche et le charnu d’un abricot. Voilà de quoi allumer nos sens, orient sensuel aux notes douces et salées. Mais le Levant n’a pas fini de nous étonner, une rose délicatement poivrée vient à nos lèvres s’offrir. En son sein, un trait de réglisse nous titille la langue d’un amer délicieusement rafraîchissant. La finale saline, un rien marine, nous fait rendre définitivement les armes. Un dernier mot: Kessak!

Ce 100% Merwah en pieds francs est récolté manuellement en caissettes. La vendange subit une légèrement macération avant pressage. Vinifié à basse température aux alentours de 16°C, il est laissé sur lies pendant 5 jours avant élevage en cuve.

www.chateauksara.com

Décidément, le vin nous emmène partout!

Ciao

Marco

4 réflexions sur “Merlot, Chardonnay et Merwah nous donnent le choix

    1. georgestruc

      De efforts constants sont mis en œuvre, dans la plaine de la Bekaa, pour que les paysans remplacent le culture de « l’herbe » par celle d’autres plantes, en particulier la vigne… »L’herbe » reste confinée dans la plaine limoneuse tandis que la vigne est plus à sa place dans les reliefs.
      La main d’œuvre la plus abondante est celle des réfugiés syriens (frontière toute proche) qui sont de bons cultivateurs.
      Très beau pays, gravement secoué à de nombreuses reprises et sa situation n’est pas encore stable.

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      1. Oui bien malheureusement ! Mon meilleur ami habite près de Beyrouth et j’ai passé une dizaine de jours fin août, quelques jours avant les nouvelles révoltes des Libanais.

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  1. georgestruc

    Superbe, Marco ! J’ai du chercher sur internet ce qu’étaient des papardelles ; ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire rhodano-provençal…mais cela a l’air d’être bon. Je vais essayer d’en trouver.

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