Pour mon anniversaire, aujourd’hui, je vais terminer un Muscadet débouché en fin de semaine dernière. Et pas n’importe lequel.
Le confinement, ce Muscadet le connaît depuis plus de 7 ans… mais voici que je le libère, pour le verser dans mon verre. Miracle, il semble encore plein d’allant. Un choix tout à fait d’actualité!
Un peu de printemps qui s’invite à ma table
Le Clos-du-Pont est une cuvée des Frères Guilbaud, à Mouzillon. Elle doit son nom à l’ancien pont gallo-romain qui franchit la Sanguèze, à la sortie de Mouzillon. La vigne est un coteau en pente douce exposée au nord. Si le sous-sol est schisteux, en surface, on trouve une coulée d’argile; c’est une terre assez pauvre, mais le Melon (alias Muscadet) y bénéficie de la chaleur restituée par la terre.
C’est Pascal Guilbaud qui, en 1983, a décidé de vinifier cette parcelle du Pont séparément. Une vigne de 2,8 hectares dont son grand-père lui disait qu’elle donnait toujours des raisins différents, une maturité plus complète. La parcelle est d’ailleurs récoltée généralement un peu plus tard que les autres. Personne n’avait eu l’idée de la mettre à part. Pascal, si.
Autre idée saugrenue pour l’époque: le laisser vieillir.
Car ce 2012 n’est pas une bouteille prise dans la réserve du patron, mais le dernier millésime mis à la vente ; c’est qu’il a été élevé près de 3 ans en foudres, sur ses lies, puis a été affiné encore 4 ans en bouteilles.
Le résultat, c’est un vin hors classe : au nez, des agrumes bien mûrs (citron confit, pelure d’oranges), des fruits secs (noix, noisettes) et des notes de frangipane; à peine la marque du bois – c’est plutôt en bouche qu’on la trouve, non dans les arômes, mais dans la structure. Le passage en foudre a assagi l’acidité (Pascal explique que l’acide malique se dégrade avec le temps), l’a fondue dans la trame du vin, mais elle est toujours bien présente, jusqu’en finale, où c’est une pointe de sel qui prend le relais, avec un retour du citron.
Du même producteur, je vous recommande le Château de la Pingossière Vieilles Vignes, un peu plus « jeune », puisqu’il d’agit d’un 2016 (un millésime sauvé du gel). Un Muscadet au style un peu moins opulent, quoique mûr, mais aux jolies notes anisées et à l’amertume vivifiante – difficile pour moi de déclarer une véritable préférence, ce genre de vins, c’est un peu comme les enfants, on les aime tous, mais pas forcément pour les même raisons.
Bref, les bons Muscadets gagnent à être attendus et vous remercient de la longueur de votre attente par leur longueur en bouche.
Hervé Lalau
PS. La maison Guilbaud Frères fait partie du club Vignobles & Signatures. Avis aux confinés: elle vend en ligne via ce club.
Bon anniversaire et porte toi bien
Et que la joie demeure !
Marco
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Un très joyeux anniversaire à toi Hervé !!
Émilie
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Merci, Emilie. A l’année prochaine en Loire ou ailleurs, j’espère!
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Bon anniversaire Hervé!!!!!
Mais faut-il voir une métaphore dans ce choix d’un vieux vin d’exception et confiné?
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Bien vu Nadine. Vivement la quille, comme on disait à l’armée.
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Bonne anniversaire Hervé! Et à très bientôt, peut-être ici sur l’île?
Ann
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Très bon anniversaire cher Hervé. Je vois une autre allusion dans ton choix, à part la quille. Le Pont : pont entre les gens que nous essayons de maintenir, modestement, en poursuivant cette activité.
Mais à propos de ce vin, ton choix est judicieux. J’ai en souvenir du millésime 2002 de ce vin (je crois) qui était sorti brillamment d’une longue dégustation à l’aveugle de vieux Muscadets que j’avais fait dans la région sous l’égide de l’interprofession il y a quelques années. Peut-être il reste une trace de cela dans les archives de ce blog. Et je suis d’accord que ce sont des vins « de bouche », bien plus que des vins « de nez ».
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