#BrindoPorTuSalud: Notre façon d’apprécier le vin en ces temps de confinement est-elle différente ?

Notre façon d’apprécier le vin en ces temps de confinement est-elle différente ? Les réactions au changement, notre nouveau style de vie, notre attitude face à ces changements…tout cela a-t-il une influence sur notre jugement ? Sommes-nous plus indulgents ou au contraire plus sévères ? Dans ces moments difficiles, le vin est là pour procurer des bons moments de plaisir et de détente, alors, c’est vrai, dans chaque bouteille ouverte, on veut « y trouver son compte », la partager juste,  peut-être y retrouver des souvenirs, une certaine nostalgie qui nous font oublier la dégustation pure et dure. Chaque matin, je prends beaucoup de plaisir à dénicher une bouteille dans ma cave mal rangée, je l’avoue. J’y accumule les bouteilles, de temps en temps j’essaie de les classer, mais j’aime mon fouillis et ce qui me plait par-dessus tout, c’est attraper une bouteille au hasard quand elle est pour mon compagnon et moi-même, inutile de vous dire que ça nous réserve pas mal de surprises, et depuis 3 semaines nous nous en donnons à cœur joie ! Juste vous raconter ces 2 flacons que j’ai trouvés inattendus et surprenants  :

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Castillon Côtes de Bordeaux Clos Puy Arnaud, Cuvée Pervenche 2012

Quand j’ai sorti cette bouteille, de multiples souvenirs m’ont envahie, Bordeaux… Thierry Valette… Stéphane Derenoncourt … C’est d’abord lui que j’ai rencontré, avant Thierry, c’est parce qu’il a été consultant du domaine que j’ai connu les vins. Par la suite, j’ai retrouvé Thierry Valette, chez Quim Vila à la Musica del Vi puis enfin à Renaissance des Appellations. Avec cette bouteille, c’est comme si j’avais repêché un pan de ma vie, déjà, je me faisais un plaisir à l’idée de la déboucher! Il fallait que je présente Thierry Valette à mon ami qui n’est pas du monde du vin, alors, je lui ai expliqué brièvement qu’il était héritier d’une longue tradition familiale forgée dans le vin, inutile d’en dire plus, juste lui préciser que son histoire est récente : en 2000, après la vente de Château Pavie, il s’est installé à Clos Puy Arnaud situé à Belves de Castillon dans la région de Bordeaux, dans l’appellation Côtes-de-Castillon. Il m’a semblé important de lui préciser que le vignoble avait adopté les principes de la biodynamie au cours de l’hiver 2004-2005, qu’il avait également rejoint l’Union Biodyvin en 2007 et Renaissance des Appellations. Je lui ai montré la petite étoile sur l’étiquette qui témoigne de l’engagement  de Thierry aux principes de la biodynamie. Le domaine dispose de 3 cuvées différentes. Sa principale cuvée est le Clos Puy Arnaud, et la deuxième cuvée Pervenche. Depuis le millésime 2009, il existe également un vin appelé La Cuvée Bistrot qui se veut un vin destiné à être consommé jeune. Il est donc vendu sous l’appellation plus large des Côtes de Bordeaux, sans l’ajout de Castillon.

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La cuvée Pervenche

Le vignoble de 12 hectares est planté sur un plateau argileux sur un sous-sol de calcaire dominant la vallée de la Dordogne (à 100m d’altitude), dans une continuation géologique des meilleurs terroirs du plateau de Saint Emilion, où se trouvent la plupart des Grands Crus. Comme l’a souligné Hervé hier:  » On se demande pourquoi Castillon n’a jamais obtenu la notoriété de ses prestigieuses voisines. D’ailleurs, ici aussi, on peut revendiquer le fameux plateau calcaire… de Saint-Emilion, à défaut de l’AOC… » Concernant les cépages du Clos Puy Arnaud, le vignoble est composé de 70% de Merlot, de 25% de Cabernet Franc et de 5% de Cabernet Sauvignon.

Pervenche est le second vin, provenant de vignes travaillées de la même façon que le premier vin, mais dont les lots sont un peu moins qualitatifs que ceux retenus pour le grand vin ; c’est un assemblage de merlot et de cabernet franc (20%), élevé 6 mois environ pour moitié en cuve ciment et moitié en barriques de 2 et 3 vins, mais pas de bois neuf. 2012 n’a pas été un millésime facile, plutôt particulier même, il aura fallu du temps, de la patience et de la technique pour le produire, mais au final, Thierry explique que le merlot a été à la hauteur de l’espérance et du travail fourni dans les vignes, et c’est un bon millésime.

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Je m’attendais à une robe plus évoluée, mais non, moyennement profonde, elle avait gardé un aspect encore assez jeune. Elle devait accompagner une viande rouge, donc, c’est davantage son profil en bouche que le nez qui m’intéressait, mais la curiosité de mon compagnon, son enthousiasme, m’a incitée à m’y pencher ;  il le trouvait frais, floral et épicé, moi plutôt fruité, genre cerises noires, avec de  très légères notes boisées. La bouche nous a beaucoup plu, elle offrait un fruit juteux, un corps moyen mais très savoureux, des tannins ronds, un vin plutôt délicat, harmonieux et équilibré. Nous l’avons trouvé pleinement épanoui, même s’il peut attendre encore en cave une paire d’années. Il nous a offert le parfait accord entre souplesse et charpente, tension et rondeur et nous nous sommes régalés. Et, vous voyez, je ne pratique pas non plus « le tout sauf Bordeaux ».

Ma seconde pioche que j’ai trouvé “ décoiffante” comme dirait les jeunes, c’est un:

Domaine des Baumard Cabernet d’Anjou Rosé, 2013

Je cherchais un rosé, dans la pénombre de la cave, quand j’ai tiré la bouteille, et que j’ai vu qu’il s’agissait d’un Cabernet d’Anjou 2013, j’ai penché à Michel Smith, grand spécialiste du « remontage » des bouteilles qui auraient dû être bues  et à Jim grand spécialiste de la Loire j’aurais aimé savoir ce qu’il  en pensait. Puis, je me suis dit  « certes le Cabernet d’Anjou n’est pas un vin réputé pour la garde, même si souvent ils sont meilleurs après 2 ou 3 ans, mais là on parle de 7 ans ! » Tant pis, vu que j’adore ces rosés et que le Domaine des Beaumard travaille bien, je me convaincs que certainement il avait supporté ces quelques années de vieillissement. Après tout, le vin n’y était pour rien si je l’avais oublié en cave et je n’allais pas le juger et le condamner d’avance sans même lui laisser une chance de s’exprimer. Ma curiosité était grande et c’est le sourire aux lèvres que j’ai remonté mon trophée. C’est un 100% Cabernet Franc. Élevage de 9 mois sur lies en dépôt. Ce rosé demi sec n’est produit que dans des années exceptionnelles( Je l’ai lu, mais n’ai pas vérifié l’information!).

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Bue dans ses trois premières années, cette cuvée est une pure réussite, mêlant gourmandise et mordant, mais, n’étant pas certaine qu’elle soit capable de vieillir à merveille, car 2013 a quand même été un millésime moyen, je me suis bien gardée d’en faire la publicité à l’avance. Je l’avais réservée pour l’apéritif, en accompagnement de quelques fraises à la menthe fraiche ! Evidemment, mon ami s’est étonné de me voir déboucher un millésime si ancien pour un rosé, j’ai esquivé la réponse et me suis contentée de lui servir un verre, réaction immédiate : « mais il est doux », j’ai rectifié demi-sec, tendre, c’est la caractéristique des Cabernets d’Anjou, c’était la première fois qu’il en goutait un ! Normal, les Cabernets d’Anjou ne sont pas très présents en Espagne. Il avait gardé une jolie robe, un orangé  pale avec de très jolis reflets brillants ;  un nez subtil, pas d’explosion d’arômes, quelques  fruits jaunes étaient encore présents mais plutôt des fruits confits, mêlés à quelques  arômes floraux comme la rose un peu épanouie et de délicieuses touches épicées. Ça commençait plutôt bien ! J’étais enthousiaste, lui un peu moins ! En bouche, sa rondeur dominait, il lui manquait sa vivacité habituelle, mais la fraise et la menthe apportaient la fraicheur qui lui faisait défaut et l’ensemble nous a procuré un grand plaisir. Bien sûr, il aurait dû être bu, bien sûr il n’a rien gagné à rester en cave, mais, bien accompagné, il non seulement il a gardé la tête haute, mais il a trouvé grâce à nos yeux en réjouissant nos palais, enfin, le mien surtout !

Quelques mots sur le domaine !

C’est à Rochefort sur Loire, au cœur de la vallée de la Loire, à 20 kilomètres au sud ouest d’Angers que se situe le Domaine des Baumard, au Logis de la Giraudière, gentilhommière de la fin du XVIIIème siècle. Florent Baumard a repris la gestion du domaine familial en 1987, et a continué à développer les principes que son père Jean a établis en établissant ce domaine comme un des principaux producteurs du secteur. Il veille à la destinée de ces 40 hectares, répartis sur les deux rives de la Loire. De plus, le Domaine des Baumard repose sur une très grande diversité de terroirs et  recouvre un très grand nombre d’appellations : Savennières, Coteaux du Layon, Quart de Chaume Grand Cru, Rosé de Loire, Cabernet d’Anjou, Anjou Rouge, Crémant de Loire ou encore Vin de France. Les vins sont très recherchés aussi bien en France qu’à l’international.

Conclusion

Pour répondre à la question posée en préambule : notre façon d’apprécier le vin en ces temps de confinement est-elle différente ? Je ne sais pas y répondre désolée, car en ce qui me concerne, depuis que je suis à la retraite, je n’ai plus du tout la même façon d’appréhender les vins qu’avant, n’ayant plus d’objectif commercial, je déguste autrement, de manière beaucoup plus hédoniste, sans analyse détaillée (sauf quand je veux en parler dans le blog), j’aime et je bois et je prends mon plaisir sans chercher à détailler les arômes… si je n’aime pas et ça part à l’évier. Quand le vin est bon, le plaisir de le boire et de le partager n’a pas toujours besoin de commentaires, je dis ça parce que mon compagnon m’en demande souvent, hélas ! En temps de confinement, je crois que j’ai tendance à être moins exigeante quand une bouteille ne me convient pas vraiment, je m’arrange toujours pour trouver un complément qui gommera les défauts que je pourrais lui reprocher.

P.S. Aujourd’ui en Catalunya, c’est la Sant Jordi, bien différente cette année, les rues sont vides de roses et de livres, les catalans sont très tristes!

Feliç dia de Sant Jordi a tots!

MarieLouise Banyols

3 réflexions sur “#BrindoPorTuSalud: Notre façon d’apprécier le vin en ces temps de confinement est-elle différente ?

  1. Une bonne question, mettons-nous plus d’intensité dans nos dégustations? Pas de réponse non plus. Et je ne crois pas, du moins pour moi. Mais la question reste ouverte, ce serait amusant d’avoir quelques réactions. Quant aux vins que tu nous présentes, le Puy Arnaud m’a toujours bluffé, moi qui ne suis pas très Bordeaux. Le Cabernet d’Anjou est un rosé, certes tendre, qui vieillit bien. Le tien n’était peut-être pas encore assez vieux. Les vieux rosés de bonne facture, secs ou moins secs, adoptent ce caractère oriental de bois de santal, de safran, d’épices douces qui peut s’avérer un vrai régal. Il faut juste se sortir de la tête que le rosé doit absolument se boire jeune et ne peut évoluer comme un bon blanc, sec ou moins sec.
    Enfin, j’avais assisté à la San Jordi à Perpignan il y a 2 ans, des livres et des roses, et quelques chants, sympa.
    Porte toi bien

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  2. « Mémoire », le rancio sec de Vincent Cantié, est une véritable merveille, c’est le genre de repéchage en cave magique! Vin de confinement certainement, vin d’abandon c’est sûr.
    Le Verre de Rancio existe déjà, l’Association l’a créé, c’est celui qui est utilisé pendant le salon.
    Associer « Mémoire » avec une tarte aux asperges, je n’en aurais jamais eu l’idée, mais je vais essayer sans tarder. Asperges vertes j’imagine. Votre description me donne furieusement envie, j’en ai déjà l’eau à la bouche! Merci, et oubliez la culpabilité pendant le confinement.

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