Depuis le 28 mai 2020, les frères Rieu, Alexandre et Fabrice, ont la confirmation que la marque «Déconfinement», qu’ils ont enregistrée à l’INPI dans de nombreuses classes, ne peut être utilisée que par eux. Désormais, la voila en bouteille et on trouve sur le marché un «Déconfinement» Rouge, Rosé et Blanc, et même une déclinaison en Muscat de Rivesaltes !
Il fallait y penser, au premier abord, ça semble être un bon coup de marketing qui va espérons les aider à sortir de cette période si compliquée qu’ont traversé de nombreux domaines viticoles et distributeurs. Dans tous les cas, je le leur souhaite. Bien sûr, on peut s’en amuser, voire critiquer, et penser qu’il ne s’agit là que d’une opération commerciale, et, ça l’est, ils ont l’honnêteté de l’assumer, mais ça ne concerne qu’une faible partie de leur production et un moyen de financer le bon maintien de leurs vignobles en altitude!
Si surfer sur ce mot si utilisé pour décrire la sortie d’une crise si mal vécue par les Français et le convertir en une opportunité pour faire du chiffre d’affaires peut-être mal perçu, c’est dommage et, je ne suis pas de cet avis, je trouve ça amusant, pertinent et fort à propos ! Et, après tout, «Le génie, c’est de savoir saisir les opportunités» tout autant que la marque ne porte pas atteinte ni à l’ordre public ni aux bonnes mœurs ; elle évoque au contraire un moment très attendu par les français, une nouvelle étape durant laquelle ils vont se libérer, et vouloir profiter de la vie, des plaisirs de la table. C’est un mot très suggestif, pile-poil dans les envies des consommateurs qui sont dans un état d’esprit festif, léger et, me semble-t-il à la recherche de vins fruités, frais, faciles à boire. Ensuite, je connais bien Alexandre et Fabrice Rieu, et ce, depuis qu’ils sont tout petits, Alexandre(à droite sur la photo) a l’âge de ma fille, ils ont partagé la même scolarité, les mêmes jeux, ils étaient inséparables et restent très amis encore aujourd’hui.
Je les ai vus grandir et j’ai participé grandement à leur formation « vins », et, d’ailleurs, ils me le rappellent souvent. J’avais crée dans les années 95 , grâce à un Prix Clicquot une association : « Les jeunes Amis du Vin » dont ils faisaient partie. Je voulais inculquer le gout du vin aux jeunes, et les former en essayant de leur transmettre ma passion au travers de séances de dégustations. Ils n’étaient pas encore majeurs, mais ils ont pris le projet à bras le corps et l’ont même fait rentrer dans les universités à Perpignan, Paris, Lyon. Ils ont continué mon projet qui était celui de faire rentrer les jeunes dans l’univers du vin, pour ça, ils ont fédéré plusieurs clubs de vins de jeunes, ont organisé des dégustations avec des vignerons et des des conférences dans les universités. Depuis leur intérêt et enthousiasme pour le vin ne les a pas quittés, au point d’en faire leur métier. En 2001, ils se sont installés à Argeles-sur-Mer, au pied des Albères, c’est là que sont leurs racines, et, c’est donc tout naturellement qu’avec leur ami Laurent de Besombes-Singla(vigneron roussillonnais qui propose des vins remarquables, des vins savoureux, riches en saveurs et en arômes reflétant les garrigues) , ils ont appelé leur entreprise ALBERA en hommage à leur passé argelésien et catalan. Ils y ont développé leur activité commerciale de vins en France et à l’export, tout le Roussillon est présent dans leur gamme. Mais, Albera n’est pas qu’une maison de négoce, en 2008, ils ont commencé à acquérir des parcelles de vignes situées entre 450 et 700 m d’altitude sur un plateau dominant la vallée du Têt à proximité du village de Tarerach, Rodès et Montalba-le-Château. Au fil des ans, ils y ont acquis 27 ha et passé des accords d’approvisionnement avec la coopérative locale des Terres Romanes. Certaines parcelles sont plantées de vieux et parfois rares cépages tel le carignan gris autrefois très prisé par les vignerons car tardif. Même en août, ces arpents de vignes du bout du monde dominés par un Canigou bienveillant demeurent balayés d’air quand la chape de chaleur immobilise plaine et littoral. Face au changement climatique, altitude et amplitude (des températures) sont les deux mots clés qui les guident. Alors, on peut comprendre qu’une opération commerciale soit nécessaire. Je leur ai demandé si ça se vendait bien, la réponse est oui, surtout dans les bars et principalement la GD, marché qu’ils avaient d’ailleurs visé pour ces cuvées.
J’étais allée leur rendre visite pour déguster les cuvées « Déconfinement », j’ai découvert, leurs vins d’altitude du Roussillon, des vins frais et élégants, avec une large palette de cépages parmi lesquels les rares Vermentino, Carignan gris et Lladoner Pelut, ainsi que le Carignan Noir issu de vieilles vignes, sans oublier le rosé produit le plus haut de France : le Rosé des Cimes. J’ai été « bluffée » par la qualité des vins goutés, aussi, je vais y consacrer un papier au cours de l’été car réellement ils en valent la peine.
Tout ça pour en venir à nos cuvées « Déconfinement », pour que vous compreniez bien qu’elles ne sont pas qu’un gadget commercial, elles traduisent elles aussi l’enthousiasme, l’énergie, la passion des deux frères et leur sens du commerce.
L’étiquette annonce la couleur, c’est tout un programme et c’est celui souhaité par la majorité des français : Après l’ennui, la solitude et la solidarité arrive le DECONFINEMENT et avec lui, Liberté, Déraison, Apéro, Bonheur, Partage, Famille, Retrouvailles, Délivrance, Tendresse, Amour. Ouf, quel programme! Les cuvées sont toutes issues de terroirs d’arènes granitiques, elles sont vibrantes de fruits et sont vendues à 5,90 € chacune, sauf le Muscat de Rivesaltes qui lui est vendu à 9,50€. Très bon rapport qualité/prix pour les quatre cuvées !
IGP Côtes Catalanes Déconfinement Rosé 2020
Avec la réouverture des terrasses et le beau temps, l’appel du rosé se fait de plus en plus fort. Souvent présenté à tort comme un vin simpliste, celui-là se propose être le vin de l’insouciance, mais il pourra se boire en bien d’autres circonstances tellement il séduit par son énergie et s’affiche gourmand. C’est un assemblage de Lledoner Pelut et de Syrah. Sa robe est pâle, d’un joli rosé saumon. Le nez affiche une certaine complexité, une intensité franche avec des arômes de fruits rouges, d’agrumes et de pêche. Le palais se montre harmonieux, équilibré, rond et très digeste. Il peut être dégusté lors d’un apéritif ou avec des mets simples et fins comme du poisson.
IGP Côtes Catalanes Déconfinement Blanc 2020
Ici, il s’agit d’un assemblage de Chardonnay et de Vermentino. Une cuvée au charme immédiat, franche et joviale, un vin simple frais et tonique très séduisant dans ses parfums fruités et fleuris. La bouche est désaltérante, offrant un vent de fraicheur et de vivacité avec beaucoup de finesse et de délicatesse. J’en retiens son énergie et son fruité intensément frais.
IGP Côtes Catalanes Déconfinement Rouge 2019
C’est un assemblage Grenache Noir et de Syrah qui livre de savoureuses notes fleuries et fruitées et qui propulse un jus frais, intense, calé sur de belles notes de fruits noirs mûrs, d’olives et d’épices. La bouche se montre juteuse, très gourmande, on en croque le fruit. L’ensemble est très harmonieux, les tanins sont souples, un équilibre harmonieux entre saveurs franches, fruit croquant, ampleur et sapidité.
Alexandre et Fabrice ont signé des vins tout en fraîcheur, très digestes et qui tranchent dans notre région de vins en général plus puissants. Ils sont propices à une consommation plus décontractée, plus «décomplexée», terme à la mode; des vins de partage, à gouter tout de suite, sans attendre : plus besoin de les garder en cave. De l’immédiateté, de la convivialité et du plaisir c’est ce qu’ils prétendent nous apporter répondant ainsi aux souhaits du public, et le pari est réussi surtout à ce niveau de prix !
J’ajouterai que Fabrice (à gauche sur la photo du journal catalan « L’Ouillade ») est Président du Concours Grenache du Monde, dont je vous parlerai dans un prochain papier, surtout de quelques cuvées médaillées.
La semaine prochaine vous retrouverez Michel.
Hasta pronto,
Ces deux-là ne manquent pas de créativité et d’optimisme. Mais ont-ils songé à déposer la marque « Reconfinement », juste au cas où il nous faudrait un vin d’automne ou d’hiver ?
Bon, je sors…
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Je trouve ton article adorable avec cet historique vivant qui débouche sur des commentaires de dégustation qui donnent autant envie de déguster les vins que de connaître les vignerons. Je connais déjà Fabrice. Merci Marilou. Marco
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