Salon des Vins Nature de Barcelone 2022, « les vins nature purs » sont revenus à la Nau Bostik de Barcelona !

Ça y est, les salons professionnels refleurissent, et les vignerons abandonnent leurs vignes quelques jours pour y participer, histoire de rattraper  le temps perdu. Ainsi, après deux ans d’interruption pandémique, le Salon du Vin Naturel organisé par l’Association des Producteurs de Vin Naturel (PVN : défense du Vin Naturel pur issu d’une agriculture biologique, respectueuse et équilibrée et élaboré sans aucun additif à la main par de petits vignerons) est revenu à Barcelone les 6 et 7 février derniers, à la « Nau Bostik », dans le quartier de La Sagrera. En Espagne, le mouvement du vin naturel connaît une période de croissance très importante.

Si vous débarquez pour la première fois à la Nau Bostik, vous risquez d’être surpris, tenir un salon de vins dans un tel lieu, peut paraître irréel. Jusqu’en 2006, l’Entrepôt Bostik était l’une des cinquante usines que possédait une multinationale américaine -The Boston Blacking Co. spécialisée dans la colle à chaussures. Il existe une tradition à Barcelone d’occuper des espaces d’usine abandonnés à des fins sociales: le groupe d’entrepôts de l’usine Bostik renaît en 2015 en tant que projet culturel et artistique. Tant l’extérieur comme l’intérieur sont innatendus, et en même temps ça cadre parfaitement avec l’image en général dans le style baba-cool des exposants. Mais il n’y a pas que  l’endroit qui interpelle, la jeunesse des visiteurs, leur look, l’est tout autant…en outre, il n’y manquait ni chiens, ni poussettes, ni enfants!

Plus de 50 producteurs espagnols et une poignée de producteurs étrangers  y ont présenté leurs vins. J’aime bien aller dans ce salon, même, si dans les dernières éditions, beaucoup de vignerons ne m’avaient pas convaincue, malgré ce, une chose était claire pour moi, je devais  continuer à y assister en tant que défenseur depuis bien longtemps des vins nature. Déguster, découvrir de nouveaux vins nature auxquels je n’ai pas souvent accès, voir leur évolution d’année en année me permet d’en parler en connaissance de cause. S’intéresser aux vins nature, ça n’est pas suivre les tendances, c’est simplement se montrer curieux, et apprendre à se forger ses propres goûts.

En outre, cette fois-ci, j’avais un objectif bien précis: la recherche de vins oxydatifs, rancios et vins de voile pour le prochain salon qui aura lieu en Juin 2023 (date à confirmer).

J’avais déjà un peu préparé le salon et sachant les domaines dont je voulais déguster les vins, je me suis mise au travail. J’ai commencé par :

·     Fabio Bartolomei, Vinos Ambiz, à Madrid et à Gredos

Fabio Bartolomei est né en Italie près de Lucca, il a été éduqué en Ecosse et a grandi à Madrid, il a commencé à produire du vin en 2003 comme simple passe-temps ; c’est en 2014 qu’il crée Vinos Ambiz,  il s’est installé dans le bâtiment d’une ancienne coopérative à El Tiemblo dans la Sierra de Gredos, à une heure à l’ouest de Madrid. Aujourd’hui, il commercialise environ 30 000 bouteilles par an  à partir de douze cépages différents. Pour lui, la recette est très claire : « des souches saines et sans produits chimiques donnent des vins naturels tout aussi sains, équilibrés et expressifs de leur terroir. » Fabio travaille ses vignes sans aucun produit chimique mais sans certification. Ses vignes sont complètement enherbées et en hiver, ce sont ses moutons qui y paissent tranquillement et qui enrichissent les sols en fumier naturels ! En ni additifs, ni filtration. Intervention minimale pour laisser s’exprimer le terroir le plus fidèlement possible.  Il offre des vins qui ne cessent de me surprendre, je les suis d’année en année à l’occasion de ces salons.

C’est Eduardo qui présente les vins, Bartolmei est juste à côté, pull orange et bonnet.

Il cultive ses propres vignes (principalement Garnacha) et achète des raisins à des voisins qu’il sait suivre ses principes. Il aime avant tout créer une infinité de cuvées différentes pour expérimenter. A partir d’une même parcelle, il peut faire des vins différents selon qu’ils sont égrappés ou non, foulés ou pressés, en cuves, en inox ou en barriques… différents temps d’élevage… Fabio ne se fixe pas de limites et cela fait que ses vins sont toujours différents, mais très, très personnels. Je connaissais son airén bajo velo 2014, un airén élevé sous un voile comme un Jerez qui atteignait un niveau aromatique élevé et avait beaucoup de caractère.  Mais, il travaille aussi les cépages rouges :la “Garnacha” très emblématique de la Sierra de Gredos) et le Tempranillo, tandis que les blancs sont l’Albillo Real, également très typique de Gredos, le Chasselas Doré, le Chelva, l’Airén, le Malvar, le Villanueva et le Moscatel.  Je n’ai gouté que des blancs :L’Alba Ancestral, 2020, assemblage d’Albillo Real, d’Airén et de  Moscatel, un  Orange Pet-nat, de méthode ancestrale, 4 jours de contact avec la peau. C’est un vin orange très aromatique aux arômes dominants de pêche, une touche de caramel,   un peu d’onctuosité, de noisette et un léger boisé. Environ 20 € ALBA Tinaja, une version  élaborée en  Amphore. Environ 22 €. Arômes de fruits mûrs, de notes de poires citronnées, accompagnés  de notes herbacées, une finale légèrement terreuse et florale à la fois. Un vin complexe, frais, auquel nous ne sommes pas habitués, mais ses saveurs naturelles enchantent.Mais, c’est son Airene  qui m’a interpellé, il est issu de vignes âgées de 40 ans, assurant sa richesse et sa complexité gustative. Caillouteux, un peu terreux avec de délicieux arômes de noix et de coing. Il y a une belle note oxydative comme on retrouve dans les vins du Jura, très bonne acidité.

A remarquer la présentation des vins!

·     Samuel Cano Zarco un défenseur de vins sauvages !

Puis je suis allée rencontrer Samuel Cano d’El Patio (La Mancha), il y a bien longtemps que je le suis, et, sans aucun doute,  il est l’un des patriarches des vins naturels dans cette partie de l’Espagne, un des acteurs responsable de la transformation des vins de la Mancha, un défenseur “des vins sauvages”. Samuel et sa famille se sont toujours consacrés à l’agriculture, et, bien sûr, à la vigne. Mais  lui a décidé de montrer le côté le plus naturel du vin de La Mancha et quand on goute ses vins, il se passe quelque chose de très spécial. Ses vins lui ressemblent, ils sont passionnés, extrêmement sincères, sans demi-mesure. Quand on les goûte pour la première fois, ils marquent, on ne peut les oublier. Les vignes sont situées au sommet de 3 provinces (Cuenca, Toledo et Ciudad Real) tout près de la cave à Mota de Cuervo (Cuenca). Chaque cépage est vinifié séparément, avec ses levures indigènes et sans ajout de soufre ou de tout autre additif. Ses élaborations sont très personnelles, comme le fait que les vins fermentent en barriques en position verticale et sans couvercle. Un funambule sans filet dans la plus grande mer de vignobles du monde. Il n’ajoute rien ni dans le vignoble ni dans le vin, fuyant l’industrialisation qui prévaut dans la région.

Un de ses vins m’intéressait tout particulièrement : Aire en el Patio Zierzo Flor 16 Blanc…Ce vin est élaboré à partir de la variété autochtone Airen, la mieux adaptée et la plus plantée de la région (La Mancha). Le vignoble a 60 ans et se situe à 800 m d’altitude. Sur le terrain, il y a 4 terrasses différentes avec des orientations de lumière différentes (Solano, Abrego, Zierzo et Entreaires). Chaque sous-parcelle est vendangée séparément. Ensuite, l’une d’entre elle est sélectionnée pour être mis en bouteille séparément. Ici, Zierzo.  Les raisins ont été pressés directement et le moût a été fermenté en fûts de châtaignier de 630 L et en cuve inox. Il a été élevé pendant un an sous voile dans les mêmes fûts. En septembre 2018, l’assemblage a été réalisé et mis en bouteille sans filtration préalable. Alc 13  % Vol. J’avais été séduite par la complexité du nez aux notes d’amande amère fraîche, de noix verte, de pomme beurrée, par la l’élégance et la pureté de la bouche, la belle acidité et la finale saline… Un vin unique à forte personnalité ! Mais Samuel m’a expliqué qu’il n’avait plus élaboré de vin de voile depuis, le climat de la Mancha ne s’y prêtant pas. Alors,  il m’a proposé «Micmac 2020 (Airén-Muscat)», très fruité, très vibrant et rafraichissant le résultat d’un assemblage de muscat et d’airén : de délicieuses bulles à peine perceptibles, très délicates. Ensuite j’ai gouté un  « airén » monocépage, « Aire en el patio La Tarancona », un vin orange. Couleur cuivre. Arômes de fruits blancs très mûrs, pomme rôtie et fond de miel, très long aux tanins agréables.. Mise en bouteille sans clarification, sans filtrage et sans sulfites ajoutés. 12% 11,30 €. Il  a laissé place à un rosé: “ Atardecer en el Patio”, un vin très spécial, des bulles subtiles qui caressent le palais …Puis,  « Paeriza », une  macération carbonique de tinto Velasco, Syrah et Airén unis dans une subtile harmonie pour le plaisir de nos sens, très agréable au nez, belle acidité en bouche. Pour finir,  deux autres rouges: « El Patio » une Syrah qui a un an de macération et un an d’élevage, tandis que « El Patio Selección » un spectaculaire 100% Petit Verdot, un an de macération et 18 mois de vieillissement. Des rouges, qui  transportent dans le temps vers d’autres mondes…..

·     Esencia Rural, Julian Ruiz

C’est aussi un vigneron que je suis depuis longtemps et pour qui j’ai beaucoup de respect, il a d’ailleurs participé à la dernière édition de Be Ranci ! Julian Ruiz Villanueva possède environ 50 ha de vignes pour la plupart très anciennes, même pré phylloxériques. Dans ses vignobles il n’y a ni irrigation, ni mécanisation, ni traitements chimiques ce qui est très méritoire dans cette zone : il est lui aussi dans la Mancha. Julian travaille en profitant de l’acidité volatile pour donner de la fraîcheur à ses vins et pour intégrer ce fruit énorme et lourd dela zone. Il  défend l’Airén, le Tempranillo, la Syrah, et une variété très intéressante, le Tinto Velasco, unique dans la région. Sa bodega se trouve à Quero, à l’intérieur du village, dans d’anciens entrepôts de blé, aux épais murs de pierre permettant de maintenir une bonne température. Les vignes les plus anciennes du domaines ont plus de 150 ans. Les étapes de la vinification se déroulent presqu’entièrement à l’extérieur; les fermentations sont spontanées, sans levures ajoutée et souvent sans sulfites. Ruiz crée des vins uniques et fascinants, souvent produits en jarres avec un long affinage, sans clarifications, filtrations ou additifs. Il déclare que dans La Mancha, on peut obtenir des vins naturels les plus structurés, élégants et exceptionnels, et, il a été le premier à y  produire des vins biologiques naturels dans la province de Tolède  et a retrouver le chemin du Rancio avec son vin blanc d’airen. Au salon, il faisait gouter des vins jeunes de l’année comme la plupart des vignerons, j’ai comencé par son “ANCESTRAL Pampaneo Airén » un blanc, pétillant, frais et croquant, qui se caractérise par des notes mûres de fruits blancs avec des touches d’herbes méditerranéennes.  Vin complexe et très aromatique au nez, avec des notes d’abricots et de citrons confits et des arômes mentholés. En bouche il est riche et juteux avec une belle longueur saline. Très gourmand. Puis, son “Esencia Rural De Sol a Sol Airén », un Orange, naturel, tranquille, frais et très aromatique au nez, avec des notes d’abricots et de citrons confits et des arômes mentholés. En bouche il est riche et juteux avec une belle longueur saline Sol a sol Velasco, les raisins sont macérés avec leur peau pendant environ 90 jours dans des cuves en inox et tronconiques ouvertes. L’élevage en barriques dure ensuite 36 mois, puis 12 mois en bouteilles. Un vin unique dans son genre! La longue macération apporte à ce vin une grande structure et des arômes puissants, de menthe, de fruits rouges confits, de cuir et de tabac. Un vin qui fait revivre des souches pré-phylloxériques de plus de 150 ans. Il a un goût aérien, fruité, amical et délicat.

Mais, je voudrais vous parler de ses Rancios, même s’ils n’étaient pas présents à Barclone, ils l’étaient à Perpignan, c’est le bon moment ! Pas de tradition de Rancios dans cette région de l’Espagne, pourtant, quelques domaines dans la mouvance des vins nature ont le gout pour des élevages oxydatifs, rejoignant sans doute une nouvelle mouvance internationale. Ceux de Julian sont exceptionnels, n’y cherchons pas les influences du sol ou du cépage, ils sont définis par la macération et la micro-oxygénation dans des jarres, avec sa signature personnelle.  Sol a Sol Rancio Airén 2016, un 100%  Airen de vignes préfiloxeriques. Ce vin est un hommage à tous les agriculteurs qui s’efforcent du lever au coucher du soleil (de Sol a Sol) pour travailler la terre, avec dignité et simplicité : des gens libres et sages. Le Sol a Sol Rancio Airén 2016 est un vin blanc qui génère son voile pour se protéger de l’oxydation. Éraflage total, macération de 13 à 14 mois en cuves inox à température ambiante, fermentation alcoolique avec des levures indigènes, fermentation malolactique spontanée, apparition de  voile, 6-8 mois en barriques avec mémoire de « FLOR ».  Vin sans sulfites ajoutés et traitement sans aucun type de produit chimique, sans aucune substance extérieure au vin lui-même, rien de sulfureux, rien d’acide, rien…. Un vieillissement oxydatif généreux et original donne un blanc naturel, profond et complexe: Au départ il présente une certaine volatilité qui peut  dépayser, mais qui fait naître des sensations infinies : des notes d’oxydation accompagnées de notes de marc (peau de raisin), de fruits blancs mûrs, d’épices, de garrigues sèches, d’anis, d’ébénisterie, de zeste d’orange, des souvenirs terreux et de jerez. En bouche, il y a une belle amplitude, la même gamme d’arômes qu’au nez, auxquels s’ajoutent des apports de mandarine et de caramel, des fruits blancs mûrs, des notes épicées et végétales, accompagnées d’une acidité prononcée qui se termine par une légère amertume donnant de la longueur. Il s’impose dans tout son éclectisme surprenant, au nez comme en bouche. Très séduisant en tout cas, une âme fruitée, un blanc qui doit être écouté sans préjugés et conjectures. Son De Sol a Sol 2013 (Cencibel). Rancio est un vin hors gamme de Julián Ruiz, quand on le goute, on se sent un peu perdu face à un vin totalement différent de ce qu’on a l’habitude de déguster, et, les références manquent pour le qualifier. Séduisant, il parle aux palais curieux de ceux qui savent le rencontrer. Contradictoire et rectiligne, maussade et nostalgique, il se perd dans une gorgée qui n’est jamais égale à lui-même, une réitération de la Mancha sauvage, indisciplinée et hargneuse.

·     Chateau Saint Martin Michael Keller Jura

Ma seule visite chez un producteur français a été pour le château Saint-Martin, du Jura. J’y ai goûté un vin jaune très spécial, le seul présenté d’ailleurs. La dégustation fut très brève d’autant que la personne derrière la table était incapable de fournir aucun renseignement. Il fallait s’adresser à Barranco Obscuro, un domaine entre Granada y Almería,  dont les vignobles sont situés à des niveaux supérieurs à 1 200 m d’altitude et, pionnier dans la production de vins naturels et authentiques avec une intervention minimale dans la cave. C’est le distributeur exclusif de Michael Keller, Manuel Valenzuela et son fils Lorenzo sont de véritables stars dans le monde du vin nature. Malgré cela, je n’y suis pas allée déguster car d’une part je « connais » ses vins, et d’autre part  l’attroupement permanent devant son stand ne m’a pas encouragée. Enfin aucune motivation pour en savoir davantage sur le château Saint- Martin après l’échange décevant et le manque de chaleur de l’accueil !

·     MARENAS, José Miguel Márquez, Montilla 

Il est temps de faire connaissance avec ce domaine que je n’avais jamais eu l’occasion de déguster. José Miguel Márquez est un vigneron de Montilla, près de Corboda, dans l’extrême sud de l’Espagne. La région est chaude et sèche avec des traditions viticoles profondes, mais, elle n’est pas si connue pour le vin. À travers sa vinification, Jose recherche des choses qui sont des expressions vraies et tangibles de la terre qu’il travaille et de la culture dans laquelle il est imprégné. J’ai gouté « Montepilas », un blanc issu d’un cépage récupéré le « Montepila », par  José Miguel dans une terre particulière caressée à la fois par l’Atlantique et la Méditerranée. Une découverte, je n’avais jamais entendu parler de ce raisin. Il m’a expliqué qu’il était vendangé en dernier, et que sa peau épaisse qui leur donne des blancs assez conséquents. Un cépage autochtone devenu incontournable pour lui, vinifié avec ses peaux et sans aucun additif : avec les levures que chaque millésime apporte. Il n’est ni stabilisé ni filtré.  Ça donne un vin salin et pointu, onctueux et tenace, aux notes florales parsemées d’agrumes et d’herbes. C’est un vin de soif et de terroir, qui selon José Miguel « n’a pas peur car il parle au nom de la mémoire retrouvée. C’est Montilla, c’est la mémoire de ma terre transformée en raisins et en saveurs ». Mais bien sûr, c’était son « Bajo Velo PX 2018 » qui m’intriguait le plus…Issu de Pedro Ximénez, après avoir fermenté dans de vieilles barriques de chêne pendant 2 ans, avec vieillissement biologique Bajo Velo de Flor, il est ensuite mis en bouteille dans son intégralité, sans fortification comme nous le dit José Miguel : « Marenas System ». Ça donne un vin doré qui se montre opulent, d’exubérant, généreux aux notes de zeste et d’écorce d’orange, de citron, avec beaucoup d’épices et comme une sensation de tourbé. C’est un arôme unique et délicieusement vivant : musqué, fruité et épicé à la fois. En bouche, le Bajo Velo est plus charnu et plus riche que ce à quoi je m’attendais, il s’ouvre sur des notes de citrons confits, d’agrumes devient de plus en plus savoureux, et épicé. Il s’étale vraiment en bouche et enveloppe tout le palais pour terminer par une belle salinité et des arômes presque floraux. C’est un vin passionnant. Le processus de Jose n’est pas tant celui de la documentation historiographique, mais plutôt celui d’une réflexion personnelle basée sur ce qu’il a connu dans son pays. Sa dernière expérience avec du Pedro Ximenez mérite d’être racontée: juste après la vendange,  il a mis le moût en bouteilles sans les remplir… premier miracle: la fermentation a démarrée en bouteille, et deusième miracle, le voile s’est formé. Le vin s’est fait, libre. Il a laissé le vin en bouteille un an dans l’obscurité et légère humidité de sa cave souterraine puis a procédé au dégorgeage pour faire sauter le voile et a procédé au remplissage! Márquez a voulu embouteiller la mémoire et la tradition, les racines et le PX sous la fleur. Le résultat un vin très semblable au Fino sans aucun élevage traditionnel!

Déjà la fin de la journée, j’étais désolée de ne pas avoir passé davantage de temps chez La Gutina, dans l’Alt Empordà,  ou de ne m’être pas attardée chez Ruben Parera de Finca Parrera, ou de ne pas avoir gouter chez Vinya Ferrer. Il est vrai que ces trois domaines participent à Be Ranci, que je connais bien leurs vins que j’apprécie énormément.

Conclusion : J’ai goûté de très bons vins très intéressants, d’autres beaucoup moins, j’ai encore rencontré beaucoup de vins imbuvables, déviés, éventés, avec des gouts de souris, d’écurie, de pomme blette ou avec une volatile beaucoup trop importante; et, en bouche, une usure précoce associée à un assèchement en finale. Je ne les ai pas évoqués, pourquoi faire?  Les vins produits de cette manière se ressemblent quel que soit le terroir. Elaborer du vin sans soufre demande des connaissances et une pratique que chaque vigneron doit dominer. Pour autant, ils évoluent dans un contexte où les consommateurs ne semblent pas exigeants, bien au contraire, ils paraissaient très souvent satisfaits si j’en crois les commentaires éloquents que j’entendais autour de moi : des dégustateurs qui ne tarissaient pas d’éloges pour un vin que j’aurais jeté à l’évier. J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à comprendre certaines réactions face à des vins que je jugeais personnellement pas commercialisables. II est aujourd’hui de plus en plus difficile de ne pas tenir compte des goûts et des tendances actuelles, et, beaucoup de domaines offrent maintenant des vins nature propres et uniques, comme ceux dont j’ai parlé. L’élaboration du vin Nature réussi, aboutissement d’une viticulture propre, ne peut que renforcer la qualité du vin, j’en conviens, mais, je me refuse à participer à cette euphorie générale sans limites, sans culture, qui trouve tout « génial » sous prétexte que c’est nature. Je suis d’accord pour aller vers moins de sucre et plus de fraîcheur, moins d’extraction et plus d’infusion, vers des vins qui collent mieux à leur terroir, des vins plus vrais, moins maquillés, mais la franchise, la netteté, le toucher de bouche, la texture, la consistance, la souplesse, la viscosité, la minéralité, l’équilibre.…restent pour moi des paramètres de dégustation incontournables. En continuité d’une viticulture propre, le vin Nature est un aboutissement logique, à ce stade, j’ai une pensée émue pour Marcel Lapierre, Jean-Pierre Amoreau, Henry Frédéric Roch, Mark Angély, Christian Binner…   je reviendrai, à l’année prochaine, donc ¡

Jeudi prochain, vous retrouverez Michel, qui n’en finit pas de nous étonner!

Hasta Pronto,

MarieLouise Banyols

5 réflexions sur “Salon des Vins Nature de Barcelone 2022, « les vins nature purs » sont revenus à la Nau Bostik de Barcelona !

  1. S’il y avait un salon des vins «non nature» – un salon qui exclut spécifiquement les vins dits «nature» comme les salons des vins dits «nature» excluent les autres vins, est-ce qu’on trouverait ça normal, ou est-ce qu’on crierait au scandale?

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  2. Ils inciteraient tout autant à la réflexion, voire plus, en se mesurant aux autres vins. Mais n’est-ce pas surtout qu’ils drainent un public qui, en bonne partie, ne veut plus que boire ces vins-là, par conviction philosophique? En écartant donc tous les autres.

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    1. Pour ce qyui est du public, je suis d’accord, je le constate à chaque salon.
      Pour ce qui est de se mesurer aux autres vins, je pense qu’il ne doit pas y avoir de confrontation, il y a largement de la place pour les deux styles de vins. Personnellement, j’apprécie autant les uns que les autres quand ils sont bons, je participe à tous les salons et ne suis en aucun cas exclusive d’aucun style de vins. Je préfère qu’ils soient Bio, mais je n’en fait pas un critère de sélection exclusif.
      MLB

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  3. J’avais participé à ce salon il y a de cela quatre ans (si mes souvenirs sont bons) et, comme toi, j’avais eu beaucoup de mal avec les multiples déviances constatées sur, disons 80 % des vins. Quant aux commentaires et l’enthousiasme des uns et des autres, cela me rappelle les Gilets Jaunes, les fans de Trump, les antivax et les Convois de la liberté que l’on voit se multiplier : tout ce qui s’explique par une logique de bon sens, tout ce qui a trait à la loi, la recherche médicale ou scientifique, toute parole mesurée qui fait appel à la discussion, à l’analyse, tout cela est systématiquement remis en question, balayé pas seulement par défi, mais surtout par ignorance. On traverse une époque périlleuse.

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