Comme un jubilé, une consécration, un hasard, le cru rhodanienne a vu sortir du chapeau de l’INAO l’avis favorable pour inscrire Gigondas sur l’étiquette de ses blancs. Pile poil lors de ses cinquante ans d’existences. Fortune du destin. L’effet sera actif à partir du millésime 2023.
Ce projet, engagé en 2011 par une réflexion et un groupe de travail dédié au sein de l’ODG (organisme de défense et de gestion) de l’AOC Gigondas, a pris forme en 2018 avec la validation du projet de modification du cahier des charges par le conseil d’administration de l’ODG.
La demande avait déjà été faite en 1971, lors de l’accession de Gigondas au statut de Cru de la Vallée du Rhône. Quelques rivalités avaient contrecarré le projet naissant. Les parcelles judicieusement plantées en blancs se sont vues remplacer par des cépages rouges. Retour aux cépages blancs aujourd’hui dans ces sols qui leur conviennent, Clairette blanche (il en existe une version rose) en tête.
Clairette only ?
Proposée comme cépage principal (70 % minimum), elle peut être associée aux variétés traditionnelles de la vallée du Rhône présentes à Gigondas : Bourboulenc, Clairette rose, Grenache blanc et gris, Marsanne, Piquepoul blanc et Roussanne. Les Viognier et Ugni blanc sont définis en cépages accessoires avec un maximum de 5% de l’encépagement. La Clairette devient par conséquent le cépage identitaire du fraichement émoulu Cru Gigondas.
Les volumes ne seront guère énormes, il ne reste moins de 20 hectares plantés en Cru. Donc patience.
Pour illustrer le futur
Grande Romane de chez Pierre Amadieu avec qui il y a déjà une vingtaine d’année je circulais dans les Dentelles étonné par la qualité des blancs de cet endroit au sol marneux. Il en restait quelques arpents, Pierre aimait ces vignes et le blanc qu’il en sortait. La réflexion, c’était à quand le Cru. C’est fait.
Domaine Grande Romane 2020
Côtes du Rhône
La robe jaune au léger vert offre une touche de confit et de grillé puis quelques fruits blancs épicés de poivre blanc. La bouche retrouve la rondeur promise par le nez, la rondeur du confit qui apporte cette texture suave qui tranche avec la fraîcheur. De la poire et de la figue blanche installent leur gourmandise. La longueur retrouve le duo fruité épicée et nous laisse longtemps en mémoire sa persistance.
11,50€
Domaine Grande Romane 2018 Côtes du Rhône
La robe dorée au léger vert nous surprend par sa note légèrement pétrolée, puis l’oublie pour se parfumer de fenugrec, de poire douce et de pomme confite. La bouche se montre tout de go acidulée avec tout aussi promptement un jaillissement fruité aux goûts d’agrumes et de fruits blancs soulignés de réglisse et d’un rien d’anis. En fin de dégustation, un rien de gelée de rose et un grain de sel rappelle l’impression première. C’est fugace mais marque les papilles.
100% Clairette plantées en 1955 à 300 m dans des sols qui alternent éboulis calcaires et marnes du Crétacé, exposés au nord-ouest. Vendange manuelle vers la fin du mois de septembre. Cette cuvée est vinifiée intégralement en barriques, dont
30% de bois neuf, puis bâtonnée et élevée sur lies fines pendant 9 mois.
La version rouge
Les vieilles vignes du Domaine Grand Romane sont situées sur la partie la plus haute du vignoble familial, à 400 m d’altitude. Exposés nord-ouest, ces coteaux à dominance de calcaires gréseux du Crétacé supérieur et de marnes sableuses, offrent puissance et concentration.
Domaine Grande Romane 2020
La robe rubis sanguin aux senteurs de cassis et de lavande, de prunelle et de réglisse nous charme immédiatement. La bouche veloutée aux tanins soyeux qui densifient la texture comme l’architecture très pure, où viennent s’accrocher les groseille, fraise et cassis. La mâche est belle, comme la fraîcheur, un rien de grillé nous informe sur le logeur.
17,20€
Domaine Grande Romane 2019
La robe rubis sombre poivre le nez, puis se parfume d’anis et de laurier soulignés d’un trait de graffite. La bouche minérale, aux tanins bien serrés, à la structure ferme et droite, nous accueille certes avec un caractère assez strict, mais c’est avant de s’ouvrir pour nous offrir une belle envolée fruitée. Au plus on la déguste, au plus on a envie de la boire.
Assemblage de 65% de Grenache, 20% de Mourvèdre et 15% de Syrah. Vendange manuelle et sélection rigoureuse des meilleures grappes lorsque la dégustation des baies donne le signal du départ, souvent bien après le reste du vignoble. Cuvaison traditionnelle pour le Grenache et la Syrah, macération en grains entiers pour le Mourvèdre pour garantir plus de rondeur et d’ampleur au cépage. Après assemblage, le vin est élevé 18 mois en fûts dont 45% de vieilles barriques et 15% de neuves, le reste du volume loge pour 40% en foudres pour assouplir et fondre la puissance des tanins. Mis en bouteille sans filtration.
Est-ce que j’ai bien compris que cette version blanche du Gigondas accède directement au niveau des Crus de la Vallée du Rhône?
C’est étrange de choisir la clairette comme cépage identitaire alors qu’elle a bien peu de caractère ordinairement. Gigondas saura-t-il nous prouvez le contraire avec son terroir particulier? En même temps leur assemblage possible devrait permettre des profils très différents, sans compter sur l’élevage qui peut être tout aussi marquant.
C’est chouette d’avoir une nouveauté dans les Côtes du Rhône, on suivra ça avec beaucoup d’intérêt.
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La Clairette donne bien à Gigondas, je crois que c’est une question certes de sol, mais aussi de rendement. On en trouve ailleurs en Rhône comme à Cairanne où Denis Alary en fait une superbe. Marco
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N’est-ce pas la Clairette qui est le cépage principal des jolis Bandol blancs ?
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