Dans la voiture qui nous emmenait de Vendôme à Bordeaux, au début de ce mois, l’ami Marc et moi-même révisions nos connaissances avec les cartes d’un quiz sur le vin. Une des cartes concernait l’Entre-Deux-Mers, avec la question suivante: « L’AOP Entre-Deux-Mers peut-elle produire du rouge? ».
Nous avons répondu non, bien sûr. Sauf que si c’était vrai jusque tout récemment, ça ne l’est plus.
A compter de la récolte 2023, en effet, on pourra commercialiser de l’Entre-Deux-Mers rouge, pour peu qu’il respecte le cahier des charges de l’appellation, ouvert aux assemblages d’au moins deux cépages principaux, à savoir cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec, merlot et petit verdot, et d’un cépage accessoire (carménère).
Il me revient qu’historiquement, la région a toujours produit du rouge: d’ailleurs, en octobre 1924, le Tribunal Civil de Libourne, qui définit l’aire de production de l’Entre-Deux-Mers comme la partie du département de la Gironde comprise entre Dordogne et Garonne, l’ouvre aussi bien aux rouges qu’aux blancs.
Entre Garonne et Dordogne
Cependant, en 1953, l’appellation est réservée aux seuls blancs secs. Une décision qui n’est pas un acte d’autoritarisme de l’INAO, mais qui répond à une demande du syndicat d’appellation.
Malgré cette restriction, la région continue bien sûr de produire des rouges (ils représentent même plus de 80% de la production) , mais ceux-ci doivent alors être déclarés en AOC Bordeaux ou Bordeaux Supérieur.
Très bientôt, ils pourront donc à nouveau porter le nom d’Entre-Deux-Mers.
Se vendront-ils mieux? Réponse dans deux ans. Un vigneron local me confiait que pour certains de ses collègues, tout valait mieux que le nom de Bordeaux, synonyme, pour une certaine frange de consommateurs (et d’influenceurs), de vins quelconques, de vins trop classiques, pas assez tendance.
Aux 5 du Vin, nous en dégustons pourtant de très bons, et parmi eux, de surprenants. Dans l’Entre-deux-Mers, et ailleurs en Bordelais. Affaire à suivre, donc…