Mériter le nom de journaliste

Je pratique un métier qui me plaît, mais qui a ses servitudes. Parmi celles-ci, la nécessité de ne pas mélanger les genres, le rédactionnel et la publicité. De garder son indépendance, quitte à déranger. De se baser sur des faits.

Orwell 1984

George Orwell, 1984: « Ignorance is strength ». Mieux vaut ne pas savoir, vraiment?

J’ai lu la semaine dernière sur Vitisphère le commentaire exaspéré d’un internaute qui pense que Jim Budd, dans l’affaire qui l’oppose aux Baumard, ne mérite plus le nom de journaliste:

« jfdp – Le 09 mars 2013 à 16:52:37

Le journaliste en question ne merite pas le nom de « journaliste » sauf si on parle de ‘tabloids’ de Murdoch.Il a commis bien pire d’infractions contre les Baumard qu’une violation de domicile. Malheureusement, il s’agit d’une affaire bien plus complexe qu’on n’imagine et on ne peut pas vraiment comprendre ce qui se passe sans connaitre l’histoire de vin en Anjou. »

On aimerait en savoir plus, nonosbtant la « complexité » de l’affaire. jfdp ne démontre rien.

Et je me demande quel nom Jim peut bien mériter. Pour Decanter, où il signe de nombreux articles, pas de doute, c’est bien un journaliste.

Comme c’est un copain, vous penserez peut-être que je suis subjectif.

Je fais de mon mieux pour ne pas l’être, en l’occurrence. Parce que je pense que le sujet dépasse de loin nos petites personnes, à Jim, aux Baumard, à jfdp ou à moi. Je n’en fais pas une question personnelle, mais de fond.

J’ai d’ailleurs publié ICI la lettre des Baumard où ils contestent ce qui leur est reproché, parce que je pense qu’ils ont le droit de s’exprimer. Même si certains de leurs arguments me choquent.

Je note en tout cas que l’intervention de Jim a permis de remettre dans l’actualité la question de la cryoextraction.

Et au-delà, celle du respect des conditions d’un millésime. Puisqu’on nous chante sur tous les tons que l’AOC est le reflet d’un terroir, mot qui englobe les conditions climatiques, je pense que dans les mauvaises années, celles qui ne permettent pas au terroir de bien s’exprimer, les ODG devraient tout simplement interdire l’usage de l’AOC. C’est une question de cohérence et de respect du consommateur.

Quant à moi, si mon intervention, dans l’affaire Tasted, a permis de rappeler qu’on ne doit pas vendre du rédactionnel, je n’aurai pas tout à fait perdu mon temps.

Au fait, avez-vous réfléchi à quoi ressemblerait un monde où les journalistes prendraient tout pour argent comptant, pour monnaie sonnante et trébuchante, où tout aurait un prix, même le silence? Un monde où l’ignorance ferait force de loi?

Mais je suis bête, ce monde existe! Au moins virtuellement.  Tout le monde y est beau, tout le monde y est gentil, tous les vins y sont bons, tous les vignerons y sont formidables, et  personne n’y doute jamais de rien… Pour découvrir ce monde de Bisounours, il suffit d’ouvrir certains magazines, certains guides, certaines brochures. Des prospectus. Très peu pour moi.

Hervé

5 réflexions sur “Mériter le nom de journaliste

  1. pierre sauvage

    Beau message.
    Le monde change, les moyens de communication se diversifient (twitter, blog… gratuité), la presse papier traditionnelle se vend moins voire connait des problèmes financiers … pas facile de survivre de manière indépendante quand l’info concerne des produits qui se vendent (le vin) et non des idées, des faits ou des opinions politiques, sociétales ou autres.

    Le mélange information/promotion est parfois assez troublant (et parfois bien maquillé) et j’avoue, c’est assez fatiguant pour un consommateur/citoyen de devoir tout le temps décrypter, se méfier, douter. Drôle de monde, complexe et paradoxal (mais il y a pire).

    Merci de rappeller qu’il existe de vrais journalistes, c’est à eux de se battre pour exister et garder leur raison d’être à nous de les soutenir (par exemple, d’abord en évitant les « insipides et autres prospectus »…).

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  2. Nineghteen eighty four is a great novel written by George Orwell.It is published in 1949.The hero of that novel is winston smith who presents the world in the year 1984 after a global atomic war, via his perception of life in Airstrip One one of the world’s three superstates; his intellectual rebellion against the Party and illicit romance with Julia; and his consequent imprisonment, interrogation, torture, and re-education by the thinkpol and the known saying in that novel is as follows: war is peace; freedom is slavery;ignorance is strength.

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  3. Devos Gérard

    Voilà qui a le mérite d’être dit. Combien de pseudos journalistes se sont fourvoyés en reprenant simplement les communiques de presse sans analyser en profondeur, à charge et à décharge, le contenu. Je connais Jim depuis fort longtemps, ce n’est pas un ami mais une connaissance. Ce qu’il écrit, il le pense mais il prend la précaution d’y réfléchir. Évidemment tout ne peut pas plaire surtout quand cela va à l’encontre des convictions du viticulteur. Chacun a son libre arbitre, alors respectons ceux qui osent apporter des arguments contradictoires au pain bénit.

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