Faut-il jeter à la poubelle les jugements critiques sur le vin?

Cela fait un moment que je me pose des questions sur la  légitimité de mes propres jugements sur des vins. Je doute parfois de mes sensibilités olfactives et gustatives, de mon aptitude à cerner et à trier qualités et défauts, et enfin de mes moyens intellectuels et linguistiques pour traduire en concepts et en mots mes sensations, afin que tout cela ait éventuellement du sens pour autrui. Je pourrais même dire, au risque de commettre encore une platitude, que plus j’avance en âge, moins je sais.

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Je constate, lors des concours internationaux auquel je participe de temps en temps (deux ou trois fois par an, ce qui suffit amplement vu que nous ne sommes pas payés pour notre « expertise » – ce qui est assez scandaleux par ailleurs), qu’il est assez rare qu’un groupe de 5 à 7 personnes ayant de l’expérience et un certain niveau de connaissance du vin se mette d’accord quand il s’agit de noter tel ou tel vin. Les fourchettes de notes d’un jury donné peuvent varier d’une manière assez importante par moment.

Pour qu’il y ait un bon degré de convergence, il vaut mieux que les membres d’un jury aient aussi un champ d’expérience partagé, ce qui est rarement le cas quand les dégustateurs viennent de différents pays et pratiquent différents métiers du vin. Ces différences de jugement peuvent être dues à des sensibilités variables à tel ou tel ingrédient d’un vin, mais aussi, très souvent, à la nature même de leur approche de l’exercice. Par exemple, un œnologue aura tendance à chercher les défauts dans un vin, et dégustera d’une manière plus « analytique », tandis qu’un journaliste ira plutôt chercher des qualités, ayant une approche davantage basée sur la subjectivité. Puis il y a, bien sur, la question inévitable de la fatigue momentanée de tel ou tel dégustateur, ainsi que celle de l’ordre des échantillons: deux facteurs qui introduisent encore des aléas non négligeables. Mais ces différences peuvent aussi être source de richesse potentiel et, dans un concours bien mené, les notes les plus hautes et les plus basses sont de toute manière exclues des calculs de la note moyenne. Ce qui pose aussi la question de ce type de jugement « consensuel » qui élimine peut être des vins atypiques ayant néanmoins de qualités intéressantes.

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Mais, au delà du cas spécifique des jugements dans un concours, qu’en est-il de la crédibilité d’un jugement d’expert en matière de vin? De nombreuses attaques récentes, y compris dans ce qui est appelé la « blogosphère », posent la question d’une manière insistante. Et cette mise en cause qui se veut démocratique, voire populiste, nous oblige à une réponse qui ne doit pas sombrer dans un élitisme arrogant, mais qui devra reposer les bases d’un jugement esthétique tenant compte de notions de relativité et qui va évidemment plus loin que le basique « j’aime/je n’aime pas » qui pourrait nous conduire à la conclusion nihiliste que tous les avis se valent, et dont qu’il n’y a pas d’avis.

Un récent article de Barry Smith dans la toujours excellente et stimulante revue « The World of Fine Wine » (Issue 40, Q2/2013) situe parfaitement le débat et tente de donner une réponse cohérente. Je vais m’appuyer pour une petite partie sur cet article qui s’intitule « Wine appreciation: connoisseurship or snobbery? » pour mon propre argumentaire.

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La dégustation d’un vin implique presque tous les sens et est donc une activité complexe. Très complexe même car, pris dans un contexte professionnel, elle implique aussi le champ complet de l’expérience gustatif de l’individu, ainsi que l’ensemble de ses connaissances du vin, que cela soit sur le plan technique, culturel, humain ou autre. La mémoire joue donc un rôle essentiel dans le cadrage et le repérage de cette acte de dégustation. Notre cerveau doit pondérer tous les éléments captés par nos sens, les analysant et les mettant en rapport avec les multiples bases de données stockés quelque part dans nos neurones…ou partiellement perdus, selon le cas. Nous avons aussi une orientation qui est donné à chaque dégustation, qui influera sir notre jugement. Est-ce que les vins sont jugés pour une consommation immédiate ou pour leur capacité à se bonifier dans le temps ? Est-ce que nous avons des informations sur leurs origines qui situent le contexte ? Est-ce que nous connaissons les prix des vins ? Est-ce que nous agissons comme acheteur potentiel, comme vendeur, ou comme expert « neutre » ? Et ainsi de suite…..

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Dans son livre Aesthetics, Form and Emotion (Duckworth, London 1983) l’esthéticien D. Pole, cité par Smith dans son article dans The World of Fine Wine (voir ci-dessus), dit ceci : « Une réponse esthétique…implique uniquement un état de conscience aiguë des qualités d’un objet externe…; et tout objet peut se considérer de cette manière. Mais dire que tous les objets nous permettent d’avoir une réponse esthétique n’implique pas que chacun récompense une telle attitude au même degré. » Autrement dit, et pour limiter le champ au monde du vin, tous les vins nous fournissent des sensations visuelles, olfactives, tactiles, gustatives et trigeminales, mais tous ne provoquent pas la même intensité d’expérience esthétique. Mais la difficulté surgit quant deux experts ont des avis, et des sensations esthétiques, très différents à propos d’un même vin. Si chacun est capable d’étayer son jugement par une analyse objective, et pas uniquement par un « j’aime/j’aime pas » péremptoire, lequel faut-il croire ? C’est là ou on doit creuser un peu plus à la fois le contexte, mais aussi le champ d’expérience et la gamme de préférences de chacun de ces experts. On est dans le même registre que la critique littéraire, musicale, cinématographique ou des Beaux Arts.

Mais avoir des différences d’opinion ne signifie pas que l’un a « raison » et l’autre à « tort », du moment ou les deux avis sont bien étayés par des arguments factuels, et clairement mis en contexte. Un bon critique devrait être capable de faire des choix argumentés parmi une série de vins dont il n’aime pas particulièrement le style général, en disant que tel ou tel a des qualités qui devraient plaire à un amateur de ce style-là. Par exemple, un journaliste qui a une dent contre l’usage de bois neuf doit être capable de mettre de côté son petit préjugé et juger chaque vin dans une série de vins boisés pour ses qualités respectives, en se mettant un peu dans la peau d’un consommateur qui aimerait, lui, ce style de vin. Il y a toujours des éléments « objectifs » à juger dans un vin. Dans le cas cité, et pour un vin rouge, est-ce que le bois semble propre et donne-t-il des saveurs plaisantes ? Est-ce qu’il est bien intégré dans l’ensemble de la matière ?Les tannins sont-ils suaves ou rugueux ? Quelle est la longueur et l’équilibre tannins/acidité du vin ? etc.

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Les zones de sensibilité d’un individu sont variables à la base mais peuvent être développés et modulés par ses expériences et son éducation, au sans large. Le rôle de modèles, de mentors, de toute sortes de formations et contacts est important dans ce domaine. Lors d’un récent concours j’ai siégé dans le jury d’un pharmacien et œnologue qui avait une bien plus grande sensibilité aux pollutions de type TCA ou brettanonomyces que moi-même, probablement parce qu’il passe une partie de son temps à détecter ces genre de défauts pour son travail. Du coup , et sans être un fanatique de vins qui sentent le crottin (cela se saurait !) j’ai bien noté certains vins qu’il notait plus sévèrement. La détection des préférences d’un dégustateur est souvent assez évidente pour un lecteur régulier de commentaires de dégustation, mais ces préférences ne doivent pas dériver vers des partis-pris sectaires qui mêlent des considérations autres que la qualité des vins. Je ne considère pas que les vins « bios », ou les vins dits « nature », doivent être jugé à part des autres vins, mais je ne vais pas déconsidérer ces vins-là parce qu’ils revendiquent l’appartenance à tel ou tel clan. Ils doivent être appréciés simplement selon leur propres mérites ou démérites, à côté d’autres vins du même cépage ou appellation ou segment de prix.

Oui, l’expérience et la connaissance comptent dans le jugement porté sur un vin, et non, tous les avis ne se valent pas. Mais cette expérience doit toujours se justifier par des arguments qui ne sont pas que des plaidoiries ayant d’autres visées. Et les mots, comme les concepts, doivent aussi être compréhensibles par le plus grand nombre de lecteurs, sinon nous risquons l’enfermement dans une forme d’obscurantisme qui peut être taxé d’élitisme. Je ne suis pas certain que la « tension minérale », par exemple, soit un concept très clair pour beaucoup (et ce n’est qu’un exemple) !

David

21 réflexions sur “Faut-il jeter à la poubelle les jugements critiques sur le vin?

  1. mauss

    Merci David pour traiter de cette façon le sujet double si délicat : à la fois comment parler du vin et ne jamais oublier qu’en matière de goût, chacun a son palais.
    Mais il reste vrai, comme en toutes choses, qu’on apprécie mieux quand on a eu un bon professeur. Regarder la Joconde seul ou avoir à ses côtés pour en parler un spécialiste, ce n’est pas la même chose. Nous avons tous des expériences en la matière.
    Il n’empêche qu’un des gros problèmes de la critique vineuse est cette singularité étonnante de « parler » plutôt à d’autres pros ou aux producteurs, plutôt que de remplir l’attente du consommateur potentiel. Lui dire simplement quel niveau de plaisirs ou d’émotions – et pourquoi, sur quelles bases – ce vin qu’on critique peut lui apporter.

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  2. Article très intéressant David,pour la bonne raison que je me suis moi-même posé bien des questions récemment sur mes aptitudes à juger un vin. Notre organisme, notre état sensoriel et nos capacités de détection des goûts « bons » ou « mauvais » font que nous sommes soumis à un tas de « pollutions » externes qui fragilisent constamment nos jugements : début de grippe, engueulade avec son conjoint, impôts à payer, incivilité dans la rue, encombrements routiers, mauvaise nouvelle à la radio, déplorable café pris avant la dégustation, stylo qui ne fonctionne pas comme on voudrait, parfum du voisin, sceau trop rempli de crachats, tics du voisin de table, grimasses, toux, reniflements… la liste est longue.
    Autre chose : pour ma part, je sors rarement les vins que j’aime et que je connais dans le cadre d’une dégustation aveugle… Est-ce un signe de dégénérescence de ma part ? Ou celui de l’amélioration de mon état général ?
    Encore autre chose : déguster en compagnie d’oenologues est la chose la plus dévastatrice que je connaisse car ils démolissent systématiquement tous les vins que j’apprécie.
    On pourrait aller très loin dans cette analyse des vins à laquelle nous nous soumettons régulièrement et cela en dévoilerait beaucoup sur notre état psychiatrique… 😉

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  3. François, je suis bien d’accord avec toi sur les deux points que tu soulèves. L’éducation, ou plutôt l’initiation » au goût est une chose essentiel, comme tenter de parler à un public non-initié d’une manière sans employer des mots que seuls les initiés peuvent capter.

    Michel, à propos de l’approche des œnologues j’essaie d’apprendre d’eux, en discutant après une séance, pour voir ce qu’il y avait dans tel ou tel vin qui les déplaisait…et qui, parfois, me plaisait. Mais c’est vrai que ces différences peuvent être démoralisantes. Evidemment d’accord sur l’influence sur nos capacités de tout ce qui nous entoure.

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  4. jean-pierre Glorieux

    Le goût des autres !

    Au restau récemment je découvre sur la carte un vin déjà croisé et testé chez des amis ,malbec écrit en gros , origine douteuse et goût de vanille insupportable .
    Cela pourrait faire penser à un vin d origine latino -américaine  » retrafiqué » pour l export.
    Je demande au patron ,innocemment , ce vin (6 € chez L…..C ) là sur votre carte il est ….comment ??
    « Oh! il plait beaucoup , et comme nous servons pas mal de pizzas , c’est parfait … »

    Bien renseigné , j ai opté pour un dos de rouget et un Chablis de belle tenue à 20 € soit 2 de plus que le Malbec .

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  5. Marc LEDAN

    Il y aurait une expérience intéressante à réaliser pour illustrer les failles d’une dégustation professionnelle dans le cadre d’un concours et qui pourrait mettre en évidence la constance « relative » de chaque dégustateur, je vous explique. Il s’agit de déguster le matin une série de vins de même type (par exemple « cépages blancs aromatiques ») et de redéguster l’après-midi les mêmes vins avec les mêmes personnes mais présentés dans un ordre différent, ceci à l’insu des dégustateurs. Il est à parier que pour certains vins (et dégustateurs) les résultats pourraient être bien différents.

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  6. Il n’y a pas une seule forme de dégustation critique des vins. On ne peut pas rapprocher une dégustation de concours avec une grille de dégustation normée par l’OIV et un commentaire sur un media même spécialisé. Certains concours sont certifiés comme ceux des oenologues (http://www.vinalies-internationales.com/fr/description-concours.php?langue=fr). Mais surtout, le plus important est de pouvoir établir un vocabulaire commun entre les membres d’un jury. Réussir à mettre une sensation comparable sous un même mot. Etablir des références communes. C’est pour cette raison que les dégustations de concours commencent par une « Mise en bouche », un vin de la même catégorie que la série à critiquer mais qui doit permettre au jury de se caler sur les références. Ces concours permettent de juger de la qualité globale d’un vin, ils ne sauraient mettre en avant un vin d’artiste dont la qualité, à la limite du défaut, en fait tout son charme. Ces vins là sont critiqués par des connaisseurs dont la compétence est à la mesure de leur culture générale sur le monde du Vin. Mais même pour ces commentateurs, il faut pouvoir utiliser un vocabulaire simple et universel. Le propre de la communication est de se faire comprendre des autres, non? Pourtant, on demande aux critiques de savoir juger mais pas forcément de se faire comprendre. C’est au public de savoir traduire la critique. On fait des amateurs qui se retrouvent dans le goût Parker ou bien des inconditionnels de la RVF ou d’autres encore.
    Dans le milieu des critiques vineuses, on ne connait pas le cadre de la dégustation. Dégustation pour qui? pour quoi? quelles sont les références? Certes Michel dit que les oenologues sont trop critiques mais, sur ce point, ils savent de quoi ils parlent (c’est regrettable quand ils ne savent pas dépasser la critique technique).
    Pour rejoindre Michel (encore) sur le plan psychiatrique, c’est évident que certains commentaires en disent plus sur la vie et le caractère du critique que sur le goût du vin.

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  7. On sait bien qu’une dégustation ne délivre que des sensations éphémères, à un instant « t », dans un environnement particulier et que chacun transmet ensuite ces émotions en fonction de sa capacité à les traduire, avec son vocabulaire et ses propres repères.
    De plus, pour être utiles, ces commentaires doivent s’adapter à leur auditoire ou lectorat. Rien ne sert de parler de bretts et de thiols dans une approche « initiatrice » et, à l’opposé, un aréopage d’oenologues n’a que faire d’un langage lyrique et emphatique pour décrire une attaque sur les fruits rouges…ou pire, des odeurs d’aisselles de sconses par temps d’orage dans le sud Quercy !

    Merci David pour cet article qui résume bien nos doutes.

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  8. Completely agree with you, David. This excellent blog post serves to open a much needed discussion of the value of such Concours. Personally, and for many of the reasons you’ve cited as well as others to be explored, I think they’re worthless. Some of the scoring methods, in and of themselves, are so inane that they, alone, could skew outcomes. (Cudos to our Belgian friends here.) To the point of getting everyone « on the same page, » as Nadine Franjus-Adenis suggests, that would be fine if the organizers of the Concours selected a wine that had, in previous years, gotten a mediocre score. It would provoke discussion and some understanding of how individual jurors judged wine would be revealed. Instead, Concours organizers typically select a wine that has won a Gold medal. Not hard to find disagreement on that. David, I hope you’ll pursue this topic further. Un grand merci from Mme Grimpoire, VIeme.

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  9. En ce qui me concerne, je ne me pose pas autant de questions, car j’ai la chance d’avoir un goût très sûr qui me vaut d’être invité dans de nombreux concours pour rehausser les panels. Je décline d’ailleurs beaucoup d’invitations parce que je ne veux pas me disperser.
    Je conseille en effet pas mal de vignerons qui ne savent pas trop comment faire leur vin, et ça tombe bien, parce que moi, je sais tout.

    Je participe aussi à un blog coopératif dont j’illumine les pages par la qualité de mes interventions.

    Mais je reste modeste pour ne pas écraser mes confrères.

    Désolé, David, Michel, Nadine, je n’ai pas pu résister…

    Et bravo à David qui a dit, en mieux, ce que j’avais envie d’écrire.
    J’ai un article sur ce thème dans In Veritas.
    Et je mettrai mes doutes à l’épreuve lors des prochaines Vinalies.

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    1. -Jackie, tu as raison : les concours ne servent à rien sinon qu’à faire plaisir à leurs organisateurs, aux sponsors, aux politiques locaux et aux médaillés bien sûr quitte à faire en sorte qu’une médaille de bronze ressemble à une médaille d’or.
      -Hervé, tu m’as foutue une de ces trouilles…
      -Autre chose ; il m’est arrivé du temps où je pratiquais de voir certains dégustateurs qui, dans ces concours internationaux, faisaient carrément semblant de déguster…
      Moi, je n’illumine pas, j’irradie ! 😉

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  10. Je suis bien d’accord avec les commentaires de Nadine et de Greta.
    Jacqueline, tu es trop sévère avec les concours à mon avis. Bien sur ce sont des « affaires », et il faut bien payer l’organisation très importante qu’ils impliquent. Les rares concours auxquels je participe ont des procédures très rigoureuses (OIV ou pas), avec un vin de mise en bouche et de jurys compétents. Bien sur on peut « piéger » quelqu’un en servant deux fois le même vin à deux moments différents. Et on le fait pour évaluer les membres des jurys. Et alors ? La fait de travailler en groupe aide à lisser de type d’erreur individuelle.
    Après, regardons à quoi peuvent servir, en bien, un concours correctement mené. D’abord mieux vendre les vins médaillés, et faire découvrir des producteurs, régions ou pays qui ne sont pas encore bien connus. Un certain nombre de vignerons « vedettes » doivent beaucoup au concours qui les ont aidé à trouver un public. Sur le plan de le vente, un ami qui gère un très grand rayon de GD me dit que la différence entre les ventes de deux vins autrement proche en prix et origine, l’un ayant une médaille (d’or, de préférence) l’autre pas de médaille, est une vente dix fois supérieur pour la bouteille médaillée. Il n’est pas aisé d’obtenir une médaille d’or dans les concours au protocole très rigoureux que Nadine les décrit, et ces vins-là sont bons ou très bons. Nous sommes d’accord que vous n’allez pas trouver du Chave dans un concours. Mais ces vins-là sont pré-vendus.

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  11. Si je puis me permettre d’apporter le point de vue de quelqu’un qui est de l’autre coté de la barrière, c’est assez rassurant d’entendre des journalistes s’interroger sur la rigueur et l’objectivité de la degustation.Le vigneron est très sensible à la critique, et quand elle est negative il est blessé, même si en public il peut lancer des trucs du genre « la presse je m’en beurre la tartine » …Ce sont des années de boulot, avec une matière que l’on ne maitrise pas toujours et qui, en plus, evolue en bouteille.Il faut accepter le jeu des notes, envoyer des echantillons parfois en cours d’élevage et donc prendre le risque que ce jour là memere ou pèpère se deguste mal parce que, mis en bouteille recente et autre aléas..Alors on est ravi de savoir que derrière il y a du professionnalisme, de la rigueur un part de doute, de la deontologie de la volonté de depasser les prejugés ou sensibiltés individuelles…Et de lamesure aussi dans les critiques negatives…Personnellement j’ai pour principe de ne jamais assassiner le vin d’un collègue en tous les cas pas en public..

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  12. Merci Catherine pour cet avis sensible et sincère. Même si notre rôle est, parfois, de faire des choix et de donner un avis (plus ou moins bien informé, mais on essaie), je préfère, en règle générale, de passer sous silence les vins que j’ai mal dégusté et de ne parler que de ceux que j’ai aimé. On sait que la critique sévère peut blesser. Parfois cela semble inévitable, mais il vaut mieux parler des trains qui arrivent à l’heure, et, de toute manière, relativiser tout jugement en le justifiant aussi.

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    1. Alain Leygnier

      C’est vrai, David, la critique peut blesser. Mais, comparées aux textes parfois féroces et souvent injustes de nos confrères de la littérature, du spectacle, du cinéma, nos notules sont anodines et bienveillantes. Je pense notamment à une récente émission de la « Grande Librairie » (France 5) , largement consacrée à l’éreintement de Marc Levy (on en pense ce qu’on veut) en l’absence de celui-ci. François Busnel, l’animateur, avait chargé un journaliste de l’ exécution capitale. Pendant un bon quart d’heure, celui-ci lisait un texte supposément spirituel et littéraire, d’un violence incroyable, sous les applaudissements et les rires gras des participants à l’émission. C’était tout simplement écœurant. J’aimerais voir la réaction des vignerons dans une situation analogue.
      Quant au silence fait sur tel ou tel vin calamiteux, il peut-être injustifié. Mentionner un vin vraiment mauvais est un service rendu aux lecteurs. Mais il faut être sûr de soi, motiver son jugement, et mettre les formes.

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      1. Le Conte des Floris Catherine

        Je me suis mal exprimée.Quand j’ai dit que le vigneron pouvait être blessé je n’ai en aucun cas dit que j’étais contre la critique! On est en démocratie!

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  13. mauss

    Je souscris totalement aux propos d’Alain, allant de temps en temps baguenauder sur les sites de musique classique. Incroyable comme là on allume à tour de bras.
    Finalement, on est très policé dans le monde du vin. Le seul qui sait montrer les dents – et à juste titre – reste le Beau Ténébreux… quoique, avec l’âge, il m’a l’air de s’adoucir un tantinet 🙂

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  14. Il a élu domicile et terres catalanes, paraît-il. Certain disent qu’il s’y est réfugié. Ténébreux ? On peut trouver les arguments pour cela. Beau aussi, sans doute. Mais on entre là dans les appellations confidentielles de François Mauss.

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