Après avoir atterri à Salonique, c’est marrant de passer la frontière en voiture comme avant, avec deux postes et un no man’s land entre les deux. Vérification, passeport, cachets et « roule ma poule » ( dit en grec ou en macédonien, ce qui n’est guère compréhensible, mais on sait que c’est OK). En route vers Skopje, la capitale qui possède le plus de sculptures au mètre carré au monde, c’est surprenant.
Après une douche bienvenue, Skopje by night, resto traditionnel, agréable et premier contact avec un pays où on ne comprend pas le moindre mot. Heureusement il y a l’english baragouiné comme on peut, sauf pour mon pote et confrère danois qui m’accompagne. Premier contact aussi avec les vins de notre hôte qui accompagne avec bonheur les poivrons, grillades, tomates locales et autres agapes macédoniennes. Demain nous avons rendez-vous avec Marko…
Zolan nous emmène
Добро утро, dobro utro, alias bonjour en langage local, la conversation s’arrête là, notre chauffeur Zolan ne parle que le macédonien. Après un bon 80 km d’autoroute, heureusement, Kavadarci est en approche – c’est le siège et le site de production de Тиквеш. Marko nous accueille et nous fait visiter les installations en pleine mutation.
De gauche à droite, André le Danois et Marko le Serbe (Photo © Marc Vanhellemont)
Marko Stojakovic est l’œnologue d’origine serbe qui dirige la grosse structure. Après la visite, une dégustation s’impose. Au restaurant de la cave, les bouteilles défilent, on retient le Temjanika 2013, sorte de Muscat petits grains local, croquant et bien aromatique avec une jolie fraîcheur et une amertume gracieuse qui rappelle l’écorce de mandarine. Il appartient au cœur de gamme de Tikveš (prononcez Ticveche).
On enchaine avec le Barovo blanc, il fait partie des hauts de gamme et associe Grenache blanc dénommé ici Belàn (de bela = blanc en macédonien) Grenache gris.
Un 2010 à bel allure, jaune doré, il respire le coing et la marjolaine, les fruits confits et le poivre blanc. Le 2011 est plus frais, plus minéral, plus complet et plus équilibré. Le 2012 se parfume de verveine, respire les épices à plein nez. En bouche, il plaît par son élégance et son charnu, son accent floral et l’onctuosité de son fruit. Le signe d’une belle évolution qualitative.
Autre blanc, cette fois à base de Chardonnay, le Belavoda 2011 (eau blanche) un joli vin, plus international sans toutefois vendre son âme. Bien équilibré, sans excès ni de bois, ni de parfums excessifs, non ramassé avec un galbe qui le rend agréable en bouche et une tension minérale qui lui apporte une fraîcheur de bon aloi. Notre cher Bob l’a noté 93/100, c’est top pour l’entité, nous préférons, André et moi, le Barovo. Le 2012 est plus fin et le 2013 pas encore bouteille nous émerveille par sa pureté.
On reste Chardonnay avec un autre domaine dans le giron de Tikveš, le Domaine Lepovo spécialisé dans le Chardonnay. Bâtonné et élevé pendant 8 mois en barriques, il plaît grâce à ses arômes de citron vert et de mandarine avec une délicate de mirabelle.
Un rouge pour finir: le Barovo 2012, 100% Vranec
Violet pourpre, il kirsche son nez qui s’allonge sur l’amande et se voit planter un clou de girofle en pleine cerise. La bouche est très sympa, débute par une multitude d’épices pour ensuite offrir une corbeille de fruits où la fraise et la groseille dominent le cassis et la myrtille, c’est pas fini, le floral s’annonce et déclare poudre d’iris et réséda, suivent le cacao rafraîchi de prunelle. Finale aux accents poivrés, on en a plein la bouche.
Demain on visite le vignoble de Barovo perché à 600 mètres à proximité de la frontière grecque (du moins à vol d’oiseau).
Barovo a été créé du temps de Tito qui voulait y installer une station viticole expérimentale. Le temps a passé. Le vignoble a échappé à l’arrachage et offre aujourd’hui une multitude de cépages autochtones et internationaux dont le Grenache blanc dit Belàn, de plus de 40 ans, une richesse. Le paysage est superbe, le calme et la sérénité rares, ici le monde semble s’être arrêté pour se consacrer uniquement à la vigne. Un bel endroit, mais faut y arriver, trois quarts de piste, ça prend du temps.
Tikveš… et les autres!
Nous avions, André Devald, et moi demandé une dégustation comparative. Sur la table s’étalait presque toute la production macédonienne à ce jour. Un véritable parcours du combattant… Les autres caves ont gardé cette habitude des temps socialistes, celle de ne pas faire les malos sur les rouges et d’y ajouter du sucre pour tenter d’équilibrer le breuvage obtenu. C’est assez imbuvable, sauf peut-être avec la cuisine grasse et sucrée qui reste aussi une tradition locale.
Que s’est-il passé à Tikveš dont les vins font la malo ?
Célèbre œnologue castelpapal, l’habile Philippe Cambie œuvre depuis quelques temps au bord des Balkans. La transformation est fulgurante. En quelques millésimes, les vins sont passés de médiocres (et c’est gentil) à bien foutus, voire vraiment bons. Marko, qui reste sur place, le seconde avec beaucoup de feeling, voilà un duo qui a transformé plus qu’un essai. Et ce n’est pas fini, l’avenir sera porteur de nouveautés pêchées dans la tradition revue et les cépages autochtones, ça nous promet de belles surprises à venir.
Retour à Skopje
Pour profiter du contraste entre la vieille ville et les nouvelles constructions dans un style néo antique mâtiné d’une tournure austro-hongroise fin 19e avec de grosses et hautes colonnes comme à Antigone Montpellier. Faut le voir pour le croire, jamais vu autant de statue au mètre carré, chacun son truc…
Quant à l’impression laissée par notre séjour, elle est positive et nous encourage à déguster régulièrement la production de Тиквеш.
On se quitte devant quelques spécialités en images
Do Gledanye
чао
Pas rencontré de grosses légumes?
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Oui Pierre , les racines de notre histoire viticole s’approche. J’ en mentionne souvent que le Bélan , Grenache (blanc) est aussi là. Courage d’ ouvrir l’ histoire des vins et l’ origine de notre histoire au tour de la méditerranée . A déguster un jour dans notre région?
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Chouette Marco ! Mais après le muscat et les Grenaches, je m’demande comment t’as fait pour ne pas dénicher un peu de Carignan…
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Tu penses bien, mon cher Michel, que si j’avais trouvé un Carignan, tu en aurais été le premier informé
la bise, Marco
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Billet fort intéressant, comme toujours, Marco. Trouve-t-on ces vins macédoniens en France ? Très difficile je suppose, sauf dans la capitale…
Tchao, другар marco
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Hvala Giorgio et je demande à Philippe Cambie si on trouve du Тиквеш en France
Marco
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« On » (=les amateurs de vin) finira bien par se rendre compte que tout a commencé au doux soleil de la Méditerranée et que cette plante ne se porte jamais aussi bien que quand elle le rencontre, ou en tout cas quand elle profite de conditions similaires. Il existe d’excellents madirans – j’adore – et leurs tannats poussent sur les coteaux gascons les mieux exposés. Mais il en est un seul – je crois – à Rasteau, et il est remarquable. Pour les Bruxellois, allez croquer un morceau à l’excellent restaurant grec au bas de l’UZ Brussel (Héracles, je crois) et regardez la carte des vins, tous grecs (et assez chers). Puis choisissez – si vous êtes sponsorisés – le … tannat. Excellentissime. La Méditerranée, je vous dis.
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Bonjour. Pourriez vous me donner des adresses ou je pourrais acheter des pieds de vignes Macédonien des Balkans des sepages enciens.comme le vranats ou vranec. Le stanouchima .le tamyanika. Le jilavka et le traminets j’aimerais acheter ses 6 sepages
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