Critique de merde!

« Quelle merdasse! », titrait Le Figaro, mercredi dernier, à propos des Visiteurs 3. A lire sa critique au vitriol, je n’ai pas pu ne pas me demander ce qui avait le plus irrité mon confrère:  le film, ou le fait de ne pas avoir pas reçu de copie en preview (un vrai crime de lèse-critique!)?

Difficile de trancher, car le critique du Parisien, lui, a franchement aimé.

Quant à moi, je n’ai pas vu le film. Et j’avoue que cela ne me tente guère – j’avais beaucoup aimé le premier, mais je ne suis pas trop adepte des suites de suites… D’ailleurs, je n’ai même pas été voir le dernier Star Wars.

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Une chose m’incite tout de même à accorder le bénéfice du doute aux Visiteurs 3: c’est qu’à la sortie du premier film, déjà, Le Figaro était resté sur sa faim, parlant de « grosse farce » et évoquant un « manque de gags ». Il faut croire que les 13 millions de spectateurs qui ont vu le film en ont jugé autrement.

Je me demande souvent pourquoi on force des gens qui, manifestement, n’aiment pas le cinéma populaire, à commenter des films; et même, à les regarder. Est-ce une punition?

Je ne peux pas ne pas penser à la critique viticole. Sommes-nous à ce point déconnectés du public?

Cela mérite qu’on s’y arrête un peu.

C’est vrai que certains, parmi nous, ont tendance à chercher la petite bête. A ne s’intéresser qu’aux vins rares; pire, à mon sens, aux vins difficiles d’accès. Pour eux, le mot « facile », appliqué à un vin, est péjoratif.

Je m’empresse de dire que ce n’est pas le cas de tout le monde. J’en connais – et j’en suis, pour qui l’accessibilité est une vertu.

J’en connais même qui ont osé écrire qu’il y a au moins autant de mérite à produire 100.000 bouteilles de bon vin que 1000 bouteilles de grand vin (ne cherchez pas, c’est moi).

Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner toute prétention à faire connaître au grand public des choses de qualité, et même des vins d’exception; cela veut dire qu’il ne faut pas se limiter à ça. Notre chance, c’est de pouvoir déguster plus souvent et plus varié que la majorité des consommateurs, ce qui nous donne la possibilité de les aiguiller en connaissance de cause vers des vins différents, de les leur expliquer. Mais cela ne nous donne pas pour autant le droit de nous réfugier en haut d’une tour d’ivoire, ni de monter en chaire.

N’oublions jamais que le vin est d’abord un produit de plaisir et de consommation; qu’il nous faut respecter le lecteur, le buveur, le payeur. Que si  l’on aime le vin, au point d’avoir fait son métier de le commenter, il faut pouvoir tout déguster, sans oeillères, ni a priori. Rechercher ce qu’il peut y avoir de valable à tous les niveaux de prix; ne pas se gargariser des mentions sur l’étiquette (Grand Cru, AOP, IGP, VSIG, vin français, vin étranger, peu importe!) ni du caractère exclusif d’un vin.

Car il y a peut-être pire, de la part de critiques, que de décourager de pauvres spectateurs d’aller voir un film distrayant. C’est de les envoyer s’emmerder deux heures dans une salle sous prétexte d’un improbable message, d’une prétendue initiation, voire d’une leçon de morale politique ou sociale!

Alors en ce qui me concerne, pas question d’inciter mes lecteurs à perdre leurs précieux sous, ni un bon déjeuner, à boire des vins tout juste bons pour une bande de branchouilles!

Populairement vôtre

Hervé Lalau

 

 

3 réflexions sur “Critique de merde!

  1. Denis Boireau

    Merci camarade Lalau de rester solidaire des masses populaires. Et que celui qui n’a jamais bu du Tariquet lui jette la premiere pierre!

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  2. patrick axelroud

    « Il faut savoir apprécier ce que l’on n’aime pas »
    Saint-Saêns
     » Le prix du vin c’est aussi le plaisir du vin  » Raymond DUMAY

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