Crus Bourgeois : c’est reparti !

Après l’annulation du classement de 2003, suite aux recours de certains exclus, le classement des Crus Bourgeois avait dû se relancer sous une forme réduite:  seule la seule mention Cru Bourgeois était encore attribuée, et pour un seul millésime (et ce, sous le contrôle du Bureau Veritas).

Mais grâce à la validation de leur dossier par les autorités françaises (décret du 4 janvier 2018), un nouveau classement, prévu pour 2020, permettra de renouer avec la tradition des trois mentions: «Cru Bourgeois, Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel».

Ce nouveau classement, dont on nous dit que les conditions ont été « bétonnées », juridiquement, sera attribué pour 5 ans.

Critères retenus : dégustation à l’aveugle de plusieurs millésimes, respect de l’environnement et traçabilité.

Deux remarques de mon… cru (non bourgeois):

  • Primo, les différentes AOC du Médoc ne sont-elles pas en elles-mêmes des garanties du respect de l’environnement? N’est-ce pas dans leur cahier des charges?
  • Secundo, comment peut-on garantir par la dégustation la qualité d’un millésime postérieur à l’attribution de la mention ? Admettons qu’un Château soit classé Cru Bourgeois Exceptionnel en 2020, pour cinq ans, mais que le millésime 2023 soit exécrable? Le consommateur ne serait-il pas dupé, dans ce cas de figure? Pourrait-il lui aussi déposer un recours, comme ont pu le faire les exclus par le passé?

Hervé Lalau

8 réflexions sur “Crus Bourgeois : c’est reparti !

  1. Merci pour ce post intéressant, à l’exception près des remarques qui ont peu de sens.
    En effet, comment dans ce cas pensez légitime de laisser une mention grand cru sur un Bourgogne aux eul fait qu’il est vinifié à partir de raison provenant d’un climat particulier sans aucun contrôle de la qualité depuis près de deux siècles ! Idem pour un Alsace, un Quart de Chaume, un champagne ….
    Arrêtons de taper sur Bordeaux car tous les vignerons savent que le prix de ces vins servent aussi à faire tenir le prix de beaucoup de vins français.
    Si toutes les AOC faisaient des contrôles dignes de ce nom se serait déjà beaucoup et ce dans toutes les régions. Donc si là on peut en faire tous les 5 ans et réformer le système à l’avantage du consommateurs, je dis bravo !!

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    1. Merci pour votre commentaire, M. Peuchaud.
      Vous ne faites qu’apporter de l’eau à mon moulin: un grand cru bordelais, alsacien ou bourguignon, peu importe la région, devrait être remis en question chaque année en fonction de la qualité du millésime et ne pas être mis sur l’étiquette si la qualité n’est pas au rendez-vous.
      Et je précise que je n’ai rien contre Bordeaux, dont le rapport qualité prix de la grande majorité des produits est assez exceptionnel – sans pour autant qu’ils portent forcément une mention comme grand cru ou cru bourgeois.

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  2. Remettre en cause un classement chaque année reviendrait à faire un « Concours » de plus. Se poserait alors la légitimité des dégustateurs et du « profil attendu » des vins.
    Pour faire un grand vin, il faut un terroir, un climat et un(e) vigneron(ne) avec talent. Ce n’est pas les caprices des millésimes qui remettent ces qualités en question. La reconnaissance se juge sur plusieurs années de pratiques.
    Donc je suis pour attribuer des signes de reconnaissance qui durent dans le temps.
    Evidemment, il faudrait faire des mises à jour de temps en temps pour éviter les déviations provoquées par l’attrait du profit.

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  3. Nadine, c’est pourtant ce que les crus bourgeois faisaient ces dernières années: ils n’estampillaient que le millésime dégusté.
    Mais à partir de 2020, ils veulent le faire pour 5 ans, tout en disant qu’ils se basent sur la dégustation.
    Je n’ai rien contre eux, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais les mots doivent avoir un sens. Là, la référence à la dégustation induit en erreur; qu’ils parlent de qualité dans la durée, d’accord, mais pour moi, il devrait y avoir une obligation de ne pas labelliser si un millésime n’est pas à la hauteur. Or ce n’est absolument pas prévu.
    Mais bon, c’est au consommateur de se faire son idée, car c’est lui qui achètera ou pas: du moment qu’il n’attribue pas plus de valeur à la mention que ce qu’elle n’en a, aucun problème. Et c’est pourquoi je pense qu’il est utile que nous, journalistes, le lui expliquions, quitte à ce que nos commentaires ne plaisent pas à tout le monde.
    J’ai déjà eu l’occasion de le dire à de nombreuses reprises ici, je considère que ma mission n’est pas de plaire au producteur (quel que soit mon respect pour son métier), ni à l’establishment viticole, aux labels ou aux appellations, mais d’informer le plus honnêtement possible le consommateur à qui, il faut bien le dire, on dore souvent la pilule, et qui n’a pas toujours les éléments pour juger en connaissance de cause.
    Quant à dire que je le fais bien, c’est une autre affaire. Mais je le fais de bonne foi, en tout cas. Parce que finalement, moi aussi, je suis un consommateur à mes heures.
    Mais qu’en pensent les autres 5 du Vin, au fait?

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    1. D’autre part, je note qu’un domaine qui s’estime lésé par un classement qui ne l’a pas retenu peut faire un recours et même, parfois, avoir gain de cause, faire annuler le classement ou se faire réintégrer; mais quel recours peut avoir un consommateur qui s’estimerait lésé par la mauvaise qualité d’un cru dans un millésime particulier? Aucun.
      Ca ne marche donc que dans un sens?
      Seule une information objective possible sur les conditions du millésime et sur la qualité des différents domaines peut donc éclairer le consommateur, l’empêcher d’acheter trop cher un mauvais vin pourtant « garanti » par une mention. Je suis au regret de dire que le système de dégustations en primeurs ne permet pas cette information objective – elle a lieu trop tôt, et il y a trop d’intérêts croisés entre les dégustateurs et les producteurs…

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  4. La seule manière, pour un consommateur, de ne pas être trompé, c’est de déguster un vin avant de l’acheter. Après, une fois que la confiance dans la constance d’un domaine s’est établie, on peut s’en dispenser. Jadis, du temps où les familles bourgeoises avaient leur marchand de vin attitré (on disait « négociant » à BXL), on passait de longues heures à déguster avec son représentant (un vendeur, quoi) et on passait commande, souvent par 12/24/36 bt du même vin à la fois. Le classement, réellement on s’en tape.
    Ah oui, j’oubliais, on est en France où TOUT se passe par concours. Ceci permet tous les passe-droits.
    La meilleure manière de devenir Prof. de médecine, c’est d’être le fils d’un prof. de médecine. Et la meilleure manière de devenir un « bourgeois du Médoc », c’est d’être bien avec ceux qui en décident.
    Pour le reste, je suis d’accord avec tous les arguments que tu avances, Hervé.

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  5. C’est exactement de cette façon que mon père achetait le vin: en passant beaucoup de temps avec un commercial, et il n’y connaissait rien en classement, évidemment aujourd’hui, ça ne paraît plus faisable… Je suis aussi d’accord avec Hervé, mais tout baser sur des dégustations de jury, ne me convinct pas non plus. La solution, c’est la confiance dans le producteur et le suivi du domaine. MLB

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