Côtes-du-Rhône Villages Nyons (1, l’intro)

Nous l’évoquions le mois dernier, images à l’appui: fin 2020, Nyons a rejoint le « club » des Côtes-du-Rhône Villages avec mention géographique (il s’agit de la 22ème).

Début juillet, Marc et moi avons eu la chance de sillonner les quatre communes du territoire (Nyons, Mirabel-aux-Baronnies, Piégon et Venterol); un territoire qui nous a emballé, non seulement par sa beauté, mais aussi par sa diversité.

Nous allons donc vous le présenter en deux étapes: aujourd’hui, les généralités, et vendredi, les commentaires de vins, avec, comme notre ami Marc en a le secret, sans doute, un petit retour de quelques millions d’années sur la géologie- que les plus allergiques pourront zapper comme ils zappent mes considérations  historiques et paysagères. Reste le liquide dans le verre, et c’est déjà bien, sans doute. Vous nous permettrez cependant d’avoir envie de vous donner un peu de contexte.

Mets de l’huile… 

Les amoureux de l’huile d’olive connaissent déjà le nom de Nyons – il s’agit d’une des plus anciennes AOP d’huile d’olive de France. Aussi, ce n’est pas une surprise si ici, les vignes côtoient souvent les oliviers.

Mais l’activité viticole est plus récente que l’oléicole: elle doit son essor, en effet, aux ravages que le gel de 1956 a causé aux oliviers de la région. Pour maintenir une activité économique le temps que les oliviers soient replantés ou puissent à nouveau porter des fruits, bon nombre de producteurs se sont tournés vers la vigne. Environnés qu’ils sont par de jolis vignobles (Vinsobres à l’ouest, Saint-Pantaléon au Nord, Puyméras au sud), ils ne manquaient pas d’exemples.

Cependant, les parcelles de vignes sont loin d’avoir envahi tout l’espace, à Nyons; et entre les garrigues, les pinèdes et les oliveraies, la biodiversité est assurée.

Vignes et oliviers font bon ménage à Nyons

Nyons en chiffres

Aujourd’hui, sur 1.800 hectares de vignes sur l’aire d’appellation, seuls 345 hectares sont en production – uniquement des rouges, car l’INAO a jugé que les blancs n’avaient pas encore fait leurs preuves. C’est d’autant plus dommage que les blancs du Rhône connaissent un certain engouement, actuellement; mais aussi parce que certaines parcelles, notamment les plus fraîches, réussissent très bien aux cépages blancs. 

Le nombre de producteurs revendiquant la mention est encore limité: ils sont 8, dont 3 coopératives. Et la production, en 2020, s’est élevée à quelque 2500 hectolitres. Pas de quoi déstabiliser l’économie des vins du Rhône, donc!

Mais une belle reconnaissance pour des producteurs méritants, qui, depuis longtemps, rêvaient de faire profiter leur vin de la notoriété acquise à Nyons grâce à l’huile, ainsi qu’à l’attractivité d’un village et d’une petite région très prisée des touristes. Il leur a d’ailleurs fallu des années pour en convaincre les instances suprêmes. Classés en Côtes-du-Rhône en 1970, puis en Côtes-du-Rhône Villages, à partir de 1985, les vignerons de l’aire, regroupés en syndicat intercommunal, avaient fait la demande de la mention géographique dès 1998. 

 

Pour achever de convaincre le jury des sages de l’INAO, les impétrants ont dû, non pas mettre de l’eau dans leur vin, mais de la syrah dans leur grenache, la part minimale de la syrah dans les cuvées ayant été portée à 25%. D’autre part, ils ont dû abaisser leur rendement maximum de 50 à 41 hectos/hectare.

L’avenir nous dira si le pari est réussi. En ce qui nous concerne, nous avons été séduits par les vins, qui, Marc vous l’expliquera la semaine prochaine, ont une véritable identité.

Plus haut, plus frais…

Ce petit coin de la Drôme provençale, aux abords immédiats du Vaucluse, bénéficie en effet d’une situation particulière; posté entre 200 et 500 mètres d’altitude, plus haut que la plupart des dénominations voisines, et accolé aux massif des Baronnies, son vignoble se trouve moins exposé au Mistral; mais il est sous l’influence d’un vent local, le Pontias, qui, descendu des Préalpes, tend à tempérer les écarts de température lors des froides mâtinées d’hiver comme pendant les étés torrides, et à assainir les vignes.

Tout ceci devant être affiné en fonction des expositions et des sols, ce dont l’ami Marc nous parlera vendredi.

En moyenne, cependant la zone présente une forte amplitude diurne (plus de 14°C l’été), les nuits fraîches permettant un bon développement des arômes; avec 800 mm de pluie par an, elle est aussi plus arrosée que la moyenne des Côtes-du-Rhône Sud. 

Et pour ne pas vous laisser sur trop de sécheresse en bouche, justement, je vous propose de terminer cette introduction avec un petit commentaire de vin de mon cru, celui de d’une des cuvées du domaine Giniès, à Piégon.

Domaine Giniès cuvée L’Auria 2020

D’emblée, le nez séduit avec ses beaux et francs arômes de cerise, et de réglisse; La bouche achève de nous convaincre et nous emporte sur les routes des Baronnies, bordées de thym et de lavande; sans surprise, on retrouve quelques notes d’olive (noire) et de cuir, agrémentés de jus de réglisse, à nouveau. Car malgré des tannins bine affirmés, rien de sec dans ce vin plein de sève, et qui finit toute en fraîcheur, avec un soupçon de romarin.   

Au domaine Giniès

Rendez-vous ce vendredi pour voir tout ça plus en détail, avec l’ami Marc, vins à l’appui.

Hervé Lalau

 

 

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