Copa Santa : la verticale depuis les origines ou presque!

De passage à Assas chez les Clavel, l’envie nous a pris de faire une verticale de La Copa Santa ! L’icône en bouteille de Pierre. Dès le premier millésime, c’était en 1992, cette cuvée n’a jamais perdu de son crédit auprès des aficionados et autres amateurs de grands vins. Une cuvée haut de gamme élaborée en suffisamment d’exemplaires pour satisfaire le plus grand nombre. Ces années, Pierre a passé la main à son épouse Estelle, un peu comme la Copa qui jusqu’au millésime 2016 transcendait l’expression de la Méjanelle, pour en 2017 exprimer celle de Montpeyroux.

De 1996 à 2019 avec presque tous les millésimes

Cette envie de verticale, c’est Estelle qui en a exprimé le besoin, le désir de savoir, savoir comment elle s’est tenue dans le temps, comment elle s’est petit à petit nuancée. Sous l’œil bienveillant de Pierre, certes quelque peu anxieux comme un parent qui à regarder grandir son enfant, qui l’aime comme il est aujourd’hui, sans forcément faire le bilan. Mais rien d’alarmant, vous verrez qu’en arrivant à 2019 le dénouement est des plus concluants.

Terroir de la Méjanelle

Copa Santa 1996 Coteaux du Languedoc

Certes d’un grenat brunissant, la robe garde de la brillance. Le nez nous offre des bonbons au café, des caramels, du tabac, mais aussi ces parfums de garrigue aux notes balsamiques. Suave, la bouche aux tanins tout fondus coule en gelées de fruits rouges qui restent juteux. Le vin reste droit avec de la présence, et même encore un côté un côté crispy qui montre sa belle forme pour son âge.

Copa Santa 1998 Coteaux du Languedoc

Carmin marron, le nez mentholé avec des accents de réglisse et de cacao, du tabac brun et de la figue sèche. Une multitude de fruits confits peuple la bouche qui se rafraîchit de menthe et de mélisse. Viennent encore des raisins secs parfumés de clou de girofle. Si les tanins se montrent un poil secs, le joli jus nous sauve de cette légère dureté.

 

 

Copa Santa 1999 Coteaux du Languedoc

Grenat ocré, de la framboise et de la fraise confites au nez qui s’étalent sur de l’humus en compagnie de café et de crème brûlée, des amandes grillées et de la gentiane. Voilà de quoi rendre la bouche un rien anxieuse. Anisée et saline, elle dégage beaucoup de fraîcheur. Les tanins encore bien présents tissent leur trame sur laquelle se dessinent quelques volutes de fumée, des notes sucrées, un trait de citron vert au zeste amer et rafraîchissant.  

Copa Santa 2002 Coteaux du Languedoc

Grenat carmin coloré de moka et de chocolat bien poivrés qui enveloppent de leur gangue délicieuse les confitures de cerise et de groseille. Fraîche, les tanins serrés mais veloutés, la bouche s’offre onctueuse, texture agréable comme la mousse d’un moka ou de la pâte d’amande. Puis s’allonge de cumin pour finir saline. Bref, de l’élégance.     

Copa Santa 2003 Coteaux du Languedoc

Grenat foncé, un nez étonnant de verveine et de baie de genévrier complété de réglisse et de sureau comme pour braver la chaleur du millésime qui se rappelle à nous avec sa note intense de poivre de Cayenne. La bouche n’est pas sèche et malgré ses tanins très serrés elle propose à la fois de la sucrosités et de la fraîcheur, une foule d’épices, du cacao et de la réglisse, une finale poivre et sel. Ce 2003 nous laisse baba tellement il se boit.

Copa Santa 2004 Coteaux du Languedoc

Grenat aux nuances carmin, on retrouve facilement la fraîcheur du 2004 avec ses baies de cassis, ses mûres, qui trempent dans le caramel un rien fumé. Les tanins un rien secs retrouvent le caramel qui les adoucit, du jus de cerise pour les rafraîchir, puis encore l’amertume de la réglisse et du romarin qui viennent à la fin.

Copa Santa 2007 Languedoc

Grenat foncé, avec de la gelée de framboise à la rose, des pâtes de cassis et de myrtille parées d’une feuille de tomate, d’un brin d’estragon, encore une note d’encaustique et de menthol. La bouche se montre tout d’abord délicate retrouvant la rose, puis change de ton se nuançant de marmelade d’orange sanguine, certes génératrice de fraîcheur mais aussi d’amertume certes agréable. Sa carrure tannique dévoile son caractère viril.

 

Le millésime 2009 marque le passage au foudre

Copa Santa 2009 Languedoc

La robe grenat aux reflets améthyste se macule de gelées de fraise, de groseille et de mûre, qu’embaume quelques notes de rose et de sauge, de l’iode aussi. La bouche, étonnamment fraîche pour ce millésime chaud, parle de ses épices, poivre et santal, de l’anis qui parfume le fruité acidulé, de la cire d’abeille qui rend la texture plus suave. On y retrouve son air marin avec l’iode et le sel. Il garde de la délicatesse, en résumé, il tient à sa jeunesse, à la gourmandise de son fruit.

Copa Santa 2010 Languedoc

Le carmin de la robe se mélange de grenat. Quant aux senteurs nasales, elles se montrent discrètes, nous révélant quelques aiguilles de pin sur lesquelles pousse un peu de thym, quelques pignons jetés, une fraise écrasée. La puissance retenue de la bouche, les tanins serrés encore hérissés, la sucrosité juste effleurée, le fruité caché, la délicatesse de ses épices, nous le décrit assez carré, mais ciselé. Et certes en demande d’ouverture.

Copa Santa 2011 Languedoc

La robe rubis respire la prunelle et la fraise gariguette, la marmelade d’orange et la gelée de cynorhodon. La bouche fraîche se veut aérienne, évoquant de graciles notes de menthol, de poivre blanc, qui parfument subtilement le fruité. Il a gardé son croquant, sa jeunesse, par conséquent, il peut nous bluffer, nous le faire croire plus jeune qu’il n’est.

 

 

Le millésime 2012 diminue le SO2 ajouté à moins de 30 mg/L

Copa Santa 2012 Languedoc

Assez contrasté ce millésime, la robe rubis brillant et la bouche tout en fruit, alors que le nez fermé ne dévoile la fraîcheur d’une forêt sombre, le noir d’une tapenade. Allons tout de go au fruité délicat qui fait la joie de notre palais avec son croquant espiègle. Fraise et framboise se soulignent de réglisse à l’amertume rafraîchissante. Les tanins se fondent dans la texture onctueuse. Un cristal de sel renforce l’intensité des jus. On ne peut que le trouver élégant et racé.

 

Une vendange plus tardive pour ce millésime 2013

Copa Santa 2013 Languedoc

Rubis sombre, un nez de crème brûlée à la cerise au marasquin, de la liqueur de vieux garçon, de la rhubarbe confite, de la pâte d’amande, voilà un curieux mélange. La bouche y met un peu d’ordre dans un élan presque vif qui surprend pour une telle vendange. Puis poudre de sel et de poivre le fruité tendre qui ajoute la myrtille et la cerise. Les tanins fins font comme une structure tout en dentelle.

Copa Santa 2014 Languedoc

Un joli rubis offre son ton cramoisi à la robe qui se teinte encore d’un trait sanguin vite effacé par une foule hétéroclite de fruits, cerise, framboise, fraise, suive d’abricot et de pêche, le tout parfumé d’aspérule odorante et de tubéreuse capiteuse. Ce tutti frutti amuse la bouche qui en macule ses tanins serrés d’un jus généreux. Ce dernier ravit les papilles de son fruité acidulé, à la interloquées et agréablement surprises par la présence des chairs blanches. Leur verdict : délicieux, complet, savoureux et aisé d’accès.

Copa Santa 2015 Languedoc

Le sombre d’un rubis se parfume de groseille et de cerise, d’airelle aussi qui lui donne un petit caractère sauvage amplifié par le parfum de la violette et de l’iris. La bouche ne nous parle guère, fermée, elle nous rafraîchit de menthe poivrée, nous offre une fève de cacao dont texture un rien rugueuse engendre un relief qui grattouille les papilles. Le jus qui coule des tanins serrés apporte toutefois de la fluidité. Tout en potentiel avec les senteurs nasales pour nous laisser imaginer les plaisirs à venir.

Copa Santa 2016 Languedoc

Rubis améthyste, un nez de garrigue où le thym et le cade se colorent de prunelle, de fraise, de cerise et d’olive noire. La bouche semble presque sucrée comme un bonbon acidulé très poivré. La texture se construit autour des tanins aux grains fins comme un crêpe de Chine, soie veloutée qui trempe dans le jus des fruits sentis. Mais ce n’est qu’un aperçu de ses possibilités, attendons-le un peu.

 

 

Terroir de Montpeyroux

Copa Santa 2017 Coteaux du Languedoc

Voilà un vin bien ancré dans sa terre. Rubis pourpre, du menthol, de la réglisse, une pointe d’anis, du petrichor, cette odeur de terre après la pluie, ici, nuancée d’iode, nous en dit long sur son accroche territoriale. Fraîche, la bouche oscille entre puissance et délicatesse. Fermée, certes, elle donne, puis reprends le fruité qu’elle vient de donner. Il faut l’apprivoiser ou peut-être c’est elle qui nous apprivoise pour enfin lever un rien le voile qui cache ses trésors.

Copa Santa 2018 Coteaux du Languedoc

Rubis aux contours violacés, du clafouti à la fraise et à la cerise pour nous charmer, et si cela ne suffisait pas de la pâte d’amande poivrée, qui en redemande ? Le confit de la bouche offre un écho tout aussi fruité, le floral de la lavande et des genêts en plus. Les tanins serrés proposent une texture qui s’approche de celle de la fève de cacao au toucher un rien rugueux générateur de caractère et le vin n’en manque pas. Il a comme presque tous les millésimes déguster ce surcroit de fraîcheur qu’on retrouve à chaque fois, les deux terroirs confondus.

Copa Santa 2019 Coteaux du Languedoc

Rubis sanguin, un fruit rouge aux herbes qui éclate en fraise à la menthe, cerise au thym, framboise à la sauge, avec des accents floraux de tubéreuse et de lavande. Les tanins serrés n’empêchent aucunement les baies de gambader. Elles se sont transformées, plus concentrées, elles hésitent entre chair gourmande et confit savoureux, soulignées par l’amertume rafraîchissante d’un trait de réglisse.

 

 

Faite de beaucoup de Syrah, la Copa Santa accompagne de Grenache qui passent 1 an en foudre, 6 mois en cuve et encore 6 mois en bouteille avant de remplir nos verres.

La Copa 2020 n’a pas encore fini sa gestation.

Merci à Estelle et Pierre Clavel de m’avoir offert cette superbe verticale

Voilà de quoi affirmer que les jolis crus du sud sont bien armés pour supporter les longues années de cave avant de nous offrir maint plaisir lors de leur retour à la lumière tout en nous offrant dès leur jeune âge d’agréables voluptés fruitées.

Ciao

Marco

2 réflexions sur “Copa Santa : la verticale depuis les origines ou presque!

  1. Nadine Franjus

    Quel boulot!!! C’est impressionnant de voir défiler les millésimes et toujours autant de caractère pour chaque vin. De 1996 à 2003 on pourrait s’attendre à des faiblesses!! Mais non. On sent à peine une évolution aromatique du fruit vers le bouquet mais toujours avec la garrigue. N’a-t-il rien perdu de sa chair au fil du temps?

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    1. Question chair, pas trop, la densité est là, c’est la texture qui change à cause des tanins qui se font plus veloutés et plus intégrés. Tout est encore agréable à boire, si toutefois on aime les  »vieux vins ». Et ça montre bien comme tu l’as déjà écrit que les bons vins du sud vieillissent bien, à condition d’avoir de bonnes conditions de stockage.
      Marco

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