Résister à la GD et promouvoir le vin avec intelligence et humour

Nous constatons tous l’effrayante domination de la dite « Grande Distribution » (alias temples déshumanisés de la consommation) dans le domaine du vin. 70% ou 80% en France probablement et pareil en Grande Bretagne. Seule l’Italie semble échapper à cette tendance à la concentration, grâce à la fois à l’absence de centralisation de ce pays et au dynamisme des enotecas. Je rajouterai aussi que les producteurs de vin en Italie sont plus intelligents, commercialement, que la plupart de leurs homologues français en ne pratiquant pas la vente aux particuliers au même prix que la vente aux cavistes !

Alors comment survivent les cavistes en France ? Pas si mal, à en croire la dynamique Fédération Nationale des Cavistes Indépendants. Le seul problème de ce réseau informel dont les magasins sont souvent tenus par des vrais passionnés est une absence de formation structurée de leur personnel, ou chacun y va un peu de ses idées et préjugés, quitte parfois à raconter un peu n’importe quoi aux clients.

Parmi les petites chaînes qualitatives de cavistes, je suis frappé depuis un moment par le dynamisme et intelligence de l’enseigne Repaire de Bacchus. Ma récente dégustation des vins que cette chaîne va proposer pour les Foires aux Vins m’a convaincu de la qualité et de l’originalité de leur sélection. Oh, ce ne sont pas les prix « ras des paquerettes » souvent pratiqués par la GD. Non, ils ont d’autres arguments : des vins de caractère, parfaitement faits, souvent originaux, parfois venus d’ailleurs,  et en tout cas très bien choisis. Mais, en dégustant ces vins-là dont je vous parlerai peut-être en septembre, mon œil fut attiré par une série singulière de photos accrochées aux murs de la petite salle.

Il s’agit d’une quarantaine de producteurs, essentiellement français, qui fournissent le Repaire de Bacchus et qui ont tous accepté de de faire prendre en photo comme pour une garde à vue. Certains sont criants de vérité et je me suis amusé à identifier le voleur de scooters (Alphonse Mellot) le tueur en série (Pierre Lurton) le chef de clan sicilien (Jean-Pierre Perrin), l’escroc récidiviste (Bruno Lafon), le voleur à main armée (Charles Hours), ou bien la tueuse politique (Carole Bouquet), et ainsi de suite….jugez par vous-même !

 

P27_Alphonse Mellot_Photo_96x39

 

P21_Pierre Lurton_Photo_96x39

P30_Jean Pierre Perrin_Photo_96x39

P18_Bruno Lafon_Photo_96x39

P15_Charles Hours_Photo_96x39P02_Carole Bouquet_Photo_96x39

 

Je trouve cette série de photos, en noir en blanc comme il se doit, formidable, autant que l’esprit de cette opération promotionnelle qui met un visage derrière les étiquettes avec beaucoup d’humour et une belle idée fédératrice.

Il y en a plein d’autres dont, bien entendu, notre Gégé national, plus vrai que nature en gangster effrayant. Mais aussi des choses plus surprenantes et à contre-emploi, comme Hubert de Billy (Champagne Pol Roger) dont le motif  de garde à vue, précisé ainsi dans la petite brochure qui recense tout ce beau monde : « collabore étroitement avec les Anglais en étant le Champagne le plus prisé sur cette petite île au nord de Calais. Garde à Vue ! »

Chapeau bas aux concepteurs de cette très jolie opération promotionnelle, ainsi à tous les producteurs que se sont prêtés à l’exercice de style.

 David Cobbold

 

12 réflexions sur “Résister à la GD et promouvoir le vin avec intelligence et humour

  1. Saur Cédric

    J ai déjà du intervenir sur ce type de sujet : vendre moins cher au particulier qu au caviste est scuicidaire dans le Languedoc ou le bordelais là où la demande est inférieure à l’offre. Un caviste qui ne peu pas faire un coefficient 2 ne vends pas tes bouteilles tu es purement et simplement boycotté.
    Il ne te reste alors que l’export ou la grande distribution…

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  2. J’ai tellement rêvé d’avoir mon portrait à côté de celui de Carole… Mais comment fait-on ? !!! La recette SVP, David.
    Sur le fond, cette campagne du Repaire est bien sympa. Et le caviste, pour survivre, doit absolument rester le conseil avisé et pertinent du consommateur perdu devant les linéaires muets de la GD.

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  3. Moi, je n’ai pas la recette Frédéric. Voyez avec le Repaire de Bacchus. En tout cas il faut devenir un des leurs fournisseurs. Pour moi, c’est loupé, vu que je ne produit pas de vin !

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  4. Oh combien ais je vu de cavistes fourbes ne cherchant qu’un tarif et faisant croire à leur clients qu’ils aimaient plus que tout l’adoré vigneron. Combien de cavistes jouant un jeu de dupe de faux passionnés un discours lénifiant au client un autre moins courtois au fournisseur. Du reste il doit bien en rester des chouettes avec une vrai déontologie comme celui dont on parle ici et qui n’est pas visé par mes propos ne le connaissant pas… En tout cas la vie de vigneron commercialisateur naif et engagé n’est pas simple.. Le rôle du caviste n’est il pas de mettre en avant un vigneron ? de le promotionner ? je n’en ai pas encore rencontré et je suis las de me faire passer pour un con . Mes rencontres furent celles d’aventuriers de pacotille en tout cas j’espère. Je suis désabusé de ce marché qui ne cherche visiblement que le néo vigneron baisse sa culotte pour rentrer dans l’antre sacrée et le dégager quelques mois plu tard de la plus basse des manières : l’hypocrisie.

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  5. Je vous rassure Monsieur Isarn, il en reste des cavistes, des chouettes, comme vous dîtes!!! et pas forcément intégrés dans des chaines …..
    Le caviste, au sens ou je conçois ce métier, doit avoir un coup de cœur pour les vins, le vigneron qui les façonne et comment il y parvient, tout cela bien avant de raisonner en terme de prix.
    Ensuite si le prix caviste est cohérent avec celui pratiqué en direct aux particuliers, et si le prix de vente à la cave s’intègre dans la gamme, alors l’alchimie ce crée…
    C’est tout!
    Plaisir, et respect du produit d’abord.

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  6. Je ne suis pas rassuré pour autant Stéphane car en théorie comme vous dites tout va bien. C’est en pratique que cela sent l’orage et je ne suis pas le seul à le dire… Des coups de foudre et du cocufier à foison. Du reste il doit bien en exister de très bon et je ne les ai pas rencontré. La raison économique l’emporte ne vous en déplaise. a moins d’être une star adoubé. C’est extrêmement compliqué pour le petit vigneron dont je suis.Extrêmement désabusé par le réseau caviste que j’ai pu prospecter. votre conception louable me parait indispensable mais très peu fonctionne ainsi. Je suis de l’autre coté et je peux témoigner d’une alchimie conditionnelle à bien d’autres critères que le respect de la qualité et de l’homme qui la façonne . Il y a du tabou dans l’air… Au plaisir.

    Bernard.

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  7. Ce n’est pas de la théorie, ça existe, il faut aussi se bouger pour les trouver, car certes ils ne sont pas à chaque coin de rue.
    Mais des coups de foudre et du cocufier j’en ai vécu dans l’autre sens, des vignerons qui vous livrent eux mêmes, à grand renfort de photo de la cave et de réseaux sociaux, qui une semaine après sont la star de ventes privées avec des tarifs public au prix auquel le caviste achète les quilles. Ca s’appelle comment? Passe moi le beurre?
    Des individus sans scrupules et respects existent dans chaque corporation, mais ne généralisons pas dans le négatif, sinon c’est toute une partie importante de la filière qui disparaît.
    Bon weekend.

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