Finca Sandoval en DO Manchuela…

Manchuela ! Voilà qui intrigue, où est-ce ? En Espagne, certes, ¿pero dónde?
La contre étiquette mentionne Ledaña, province de Cuenca, tout à l’est de la Castilla y León, à toucher Utiel Requena (Valencia).

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Manchuela parmi les DOC espagnoles

Se situer c’est bien, mais est-ce bon ?

Victor de la Serna nous a envoyé quelques flacons de sa production à notre bonne rédaction d’In Vino Veritas, the best. Confrère ibère et émérite, on le savait à la tête d’un domaine, aujourd’hui, on sait où c’est. Et foi de «Nordique », il doit faire chaud par là-bas ! C’est donc avec un sourire entendu que la première bouteille se débouche, on pense sécheresse, maturité poussée, du bois aussi un poussiéreux à la façon de certaines productions qui en ont le secret…
Salia prend le risque de nous déplaire, surprise…

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Salia 2010 Manchuela

Salia plaît d’entrée, la robe légère aux tons à chaque agitation changeants, va du pourpre rose au carmin prononcé, à nous donner le tournis. Le nez, tout aussi versatile, exprime fruits, épices et fleurs en pagaille. Chaque respiration en change les impressions. La bouche se réjouit de tant de facéties. L’espiègle Salia la laisse bée quand d’un mouvement elle désenroule sa soie tannique pour laisser entrevoir le charnu du fruit, l’épice délicate qui le recouvre, le pétale diaphane qui tente de le cacher.

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Victor de la Serna dans la vigne

Victor nous écrit que c’est une des deux cuvées principales d’une gamme qui en compte sept, dont un vin doux. Que Salia est le fruit d’un assemblage recherché contrairement à la norme de l’appellation qui préfère les vins de cépage, «Salia est un vin apte à être consommé assez jeune, aux tanins doux, dominé à 80% par la syrah, plus légère, de notre parcelle à plus grande présence d’argile, et par la Garnacha Tintorera (Alicante Bouschet) de la Casilla del Trueno à Pozo Lorente qui pousse à 960 mètres ; en 2010, la Garnacha qui complète habituellement l’assemblage s’unit à un peu de Touriga Nacional».

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Passons au local Bobal qui règne en maître sur le limitrophe Utiel Requena et compte avec Manchella quelque 70.000 ha, ce qui en fait le deuxième cépage rouge d’Espagne derrière le Tempranillo. Presque entièrement exporté en vrac vers l’Europe du Nord, la Russie ou la Chine, le rustique et peu connu Bobal mérite comme le dit Victor un meilleur sort «nous sommes une demi-douzaine de producteurs à le vinifier et l’élever avec soin. Notre vigne de la Casilla del Trueno date de 1939». Finca Sandoval Signo Bobal 2010 ajoute 9% de syrah et offre malgré une petite rusticité un joli jus aux accents de grenade et de groseille poudré de cacao.
Et ce qu’on sait moins, c’est que le Bobal a remplacé en grande partie le Grenache autrefois bien implanté dans le sud-est de l’Espagne «il en reste peu, mais nous sommes quelques-uns à vouloir le récupérer, car il donne des vins fins et floraux que nous apprécions particulièrement». Finca Sandoval Garnacha 2010 issu des vignes de de 40 ans Castillejo à 850 m d’altitude ajoute 8% de Garnacha Tintorera (Alicante Bouschet) au Grenache et surprend par son côté aérien, la délicatesse de son fruit. Les tanins serrés construisent la trame d’une dentelle épicée déposé sur fond minéral.

Finca Sandoval (1)

La gamme Sandoval

Grands vins?

Certes, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Le premier Finca Sandoval 2009 qui voit un peu de bois neuf, c’est le seul de la série, se compose à 75% de Syrah complétée de Bobal et de Monastrell. «Un vin de garde, un peu trop jeune encore. Mais c’est notre ‘grand vin’ » avoue Victor. Jeune peut-être, mais déjà il offre malgré son caractère affirmé, une délicatesse d’esprit qui décrit avec précision fruits et épices qui se révèlent déjà. Encore marqué par son élevage, on le laisse volontiers, certain de son potentiel, reposé quelques années en cave.
Plus confidentielles, les cuvées TNS et La Rosa. La première charme par son inattendu petit accent lusitano-rhodanien…

Finca Sandoval Cuvée TNS 2008

La robe sombre, élégante avec sa brillance veloutée se parfume d’un fruité délicat évocateur de gelée de mûre et de myrtille, quelques épices, un trait de réglisse en accentuent le raffinement. La bouche aime se faire attendre, se faire désirer, ourlée des fruits sentis, elle dessine d’un contour de cacao ses lèvres sensuelles. Le baiser se voudrait plus chaleureux, mais c’est encore trop tôt. L’étreinte nous laisse goûter aux trésors à venir…
«Depuis peu, un cépage minoritaire de Galice, la Carabuñeira, a été identifié comme étant la Touriga Nacional. Il est donc aussi espagnol. J’aime beaucoup la Touriga produite sur deux régions bien différentes au Portugal: le Dão aux sols granitiques frais et le Douro schisteux, chaud et sec. Que donne-t-il en altitude au Sud-Est de l’Espagne sur des calcaires plutôt frais? Le résultat parle de lui-même. Nous mettons toute notre Touriga (0,7 ha) et la moitié de cette quantité en Syrah, issue de vignes attenantes, soit un tiers de Syrah

La Rosa de Finca Sandoval 2007

Peut-être la cuvée la plus aisée à boire, teintée d’olive noire, elle se donne, ouverte sur la garrigue où l’on reconnait le thym, la sauge, le cade avec ce côté un peu plus sec des maquis hispaniques. En bouche, tout est fondu, les tanins tissent leur décor teinté de confitures de fruits rouges et noirs rafraîchies d’écorces d’agrumes confites, de fleurs sèches qui embellissent le bouquet de plaintes aromatiques, une feuille de menthe apporte son souffle revigorant, puis tout s’étire, histoire de nous avertir que La Rosa n’a pas dit son dernier mot.
«Une cuvée unique de 5.500 bouteilles élaborée pour honorer l’exceptionnel 2007 dans notre région. On espère pouvoir le refaire! Basé sur la Syrah de notre parcelle la plus pauvre (à peine 30 cm de terre sur la roche-mère calcaire), elle se complète de 15% de Garnacha Tintorera. Élevage de 19 mois, plus long que notre norme. Vin sorti fin 2013. La Rosa n’est pas une ‘rose’ normale, c’est la fleur du safran, produit le plus noble de la Manchuela !».

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Le domaine date de 1998.

http://www.do-manchuela.com
fincasandoval@gmail.com

Ciao

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Marco

11 réflexions sur “Finca Sandoval en DO Manchuela…

    1. Luc Charlier

      1. J’y comprends plus rien. Marc parle de vignoble du côté de Valencia (et la carte est d’accord) tandis qu’Hervé mentionne la Galice. Va dire à un foutu Celte (comme moi) qu’il est un « presque catalan », et tu verras l’accueil. En outre, d’un côté c’est l’Atlantique (et son climat), quasiment la Navarre – j’exagère un peu – et de l’autre tu es près des Balérares voire de l’Andalousie – j’exagère un rien aussi.
      2. La « Touriga Nacional » porte aussi le nom de « Trotskiga Internacional », c’est vrai.
      3. Tu sais que j’aime les côtés exotiques et « rares » de ce genre de chronique Marc, mais là tu as fait vraiment très fort. Et je parie qu’il existe en Outremeuse un petit caviste d’origine polonaise mais avec une mère ukrainienne qui importe chaque année 12 bouteilles de ce producteur, après achat en primeur et qu’il faut aller dédouaner soi-même à Tour et Taxis ?
      4. Et je ne vous raconte pas de Bobal(rds).

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  1. Goûté Salia 2009 récemment, très « espagnol », crémeux.
    Dans une série de vins espagnols à l’aveugle, on hésitera entre tempranillo et monastrell (Alicante ?).

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  2. georgestruc

    Joli voyage, Marco, dans des paysages peu connus d’Espagne, et pourtant si charmants. J’ai travaillé autrefois dans cette région, ainsi que plus au Sud, dans la Mancha d’Albacete et celle du Rio Jucar. Les vins dégustés alors ne m’avaient pas emballé (rusticité, charge tannique excessive). C’était il y a plus de 30 ans…Depuis ce temps, les vinificateurs ont réalisé des avancées considérables. Ton papier m’engage à effectuer une sorte de pélerinage sur ces espaces dans lesquels j’ai cassé tant de cailloux et ramassé tant de marnes ! Merci.

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    1. Luc Charlier

      Je ne connaissais pas M. Truc quand mes professeurs tentaient de m’inculquer quelques rudiments d’histoire de France – je n’ai pas le bac. Ils ne nous expliquaient pas pourquoi les géologues refusaient d’utiliser les transports en commun pour leurs déplacements sur le terrain. Diable, maintenant j’ai saisi: il préréraient les taxis de la marne.

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