Le climat n’est vraiment pas au beau en cette fin de printemps. L’Alsace nous avait habitué à un peu plus de soleil, mais comme bien d’autres régions, elle ne se rappelle que vaguement des moments ensoleillés qui voient couler à flots Riesling et Sylvaner.
La veille du salon Millésime Alsace 2016 (dont je parlerai ultérieurement), la soirée Les Divines d’Alsace s’était vue épargnée par les intempéries. On ne s’est pas privé de la terrasse pour déguster les agapes qui se mariaient agréablement aux vins comme il y a deux ans.
À Ribeauvillé
Le lendemain du salon, sur les hauteurs de Ribeauvillé, attendait une dégustation illustrant les 3 grands crus qui surplombent la cité. On l’a faite avant de s’enfuir tellement l’eau ruisselait. J’ai trouvé cela amusant, frais mais divertissant, et j’ai été l’un des rares à voter le maintien du déjeuner in situ.
Le bruit de la pluie qui tombe dru sur la toile et s’insinue en petits rus jusqu’à nos pieds, voilà des conditions hors normes qui nous changent des habituels confinements confortables. Cela n’enlève rien à nos capacités et c’est avec grand plaisir que chacun a découvert ou redécouvert les vins du Kirchberg, du Geisberg et de l’Osterberg tout au long d’une petite verticale.
L’Agapé 2014 Riesling Grand Cru Osterberg de Vincent Sipp
Jaune intense, il a le nez en écorce d’orange, se parfume ensuite de camomille, s’accroche un grain de poivre noir comme une mouche au coin des lèvres. Bouche sympa, joyeuse, on nous avait prévenu que l’Osterberg, le plus à l’est des crus, se révélait le plus souvent austère, droit, protestant pour certains. Ici, pas du tout, peut-être encore l’ouverture de la jeunesse… la fraîcheur des agrumes et des fruits blancs, l’amertume délicate d’un zeste, l’épicé du poivre. Se refermera-t-il?
Kirchberg de Ribeauvillé 2013 Riesling Grand Cru de Bott Frères
Doré léger vert, il respire le citron à plein nez, le kumquat, la mandarine, la bergamote, un festival d’agrumes rafraîchi de menthe, épicé de cumin. La bouche croque de fruits blancs et jaunes, leur jus macule l’assise minérale qui rappelle par sa texture le grain du calcaire. Un vin assez large qui correspond bien à ce cru solaire exposé sud-sud-est.
Riesling Grand Cru Geisberg 2012 d’André Kientzler
Vert doré, le nez hume le citron vert et la vanille, la mandarine et la pomme, mais aussi se perçoivent le champignon et l’humus. La bouche semble fermée et ne répond pas aux appels du nez. Il n’y a que sur la longueur qu’on peut augurer d’un coming out prochain.
Riesling Grand Cru Osterberg 2011 de Mittnacht Frères
Robe vert pâle, le nez en forme de roses fanées et puis en bouche toujours pas d’austérité, mais du gras et de la rondeur, et puis un agréable goût de fruits secs épicés de curcuma et mouillé de jus de mangue. Longueur vanillée et impression de calcaire mouillé.
Suit, un trio de 2009…
Riesling Grand Cru Osterberg 2009 du Domaine Louis Sipp
Vert jaune, légèrement fluo, la robe illumine le verre. Nez élégant d’anis et de camomille, de bergamote et de curcuma. Bouche vive, à la fois droite et croquante, avec une sensation minérale en relief. Un millésime solaire qui pourtant ici est empreint d’une certaine austérité. Il doit encore se faire, certes équilibré, il manque encore d’harmonie et manque aussi d’un poil de maturité. La longueur acidulée révèle la verveine et un fin trait de réglisse. Le sol calcaire à dolomie de cette parcelle est un atout, la dolomie possède l’avantage de restituer de l’eau lors des périodes de sécheresse comme en 2009.
Riesling Grand Cru Geisberg 2009 du Domaine Trimbach
Jaune pâle, il respire les fruits confits, les fleurs jaunes, l’épice. En bouche, son acidité est plutôt tranchante en attaque, puis se calme et offre même un aplat solaire en milieu de bouche. Là gisent quelques fruits blancs bien mûrs. Petit manque de longueur.
Riesling Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé du Domaine Henry Fuchs
Robe jaune doré, le nez offre d’emblée des biscuits secs, des fruits tout aussi secs, le floral de la camomille et du foin au regain. La bouche semble tout de go harmonieuse et elle l’est. C’est le plus complet des trois, mais aussi le moins acide, il compense cette carence par un bitter délicieux au goût d’amande amère. L’ensemble offre une fraîcheur remarquable, bien habillée et bien assise.
Riesling Grand Cru Osterberg 2008 de la Cave de Ribeauvillé
Robe bien jaune, le nez hume la violette et le carambole, la mie de pain à la croûte grillée. Sa bonne fraîcheur en bouche teintée de citron jaune et de jus de poire le rend rapidement agréable.
La Cave a été élue meilleure Cave Coopérative de France par nos confrères de la RVF.
Riesling Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé 2005 du Domaine Jean Sipp
Tout doré, il s’entoure de fumée, puis révèle les pâtes de fruits, mirabelle, pomme et coing, ombrées de poivre et d’un rien de quinquina. Bouche qui reste croquante malgré la texture onctueuse au goût de miel de châtaignier. La salinité renforce la fraîcheur, le sous-bois avoue la marque du temps. Finale amère qui fait saliver et donne envie de manger.
Sympa cette dégustation dans la tourmente, elle nous a fait oublier un moment le mauvais temps.
Le Kirchberg de Ribeauvillé quand il fait beau
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Merci Marc, j’ai pigé.
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