La flavescence dorée s’étend à la Touraine, à la Vendée, au Beaujolais et à l’Alsace

Fleurie, Vix, Vouvray, Colmar. Ce sont les nouveaux foyers de flavescence dorée découverts en France cette année.

Et comme la cicadelle, son vecteur, ne s’arrête ni aux limites départementales, ni aux postes de douane, on en a également repéré en Suisse, dans le Lavaux.

La situation est d’autant plus alarmante que la maladie peut tuer les ceps affectés en deux ans.

Hervé

 

9 réflexions sur “La flavescence dorée s’étend à la Touraine, à la Vendée, au Beaujolais et à l’Alsace

  1. Le devenir des pîeds contaminés fait l’objet de controverses, Hervé. Com:e tu l’écris, ils peuvent mourir en très peu de temps. Parfois, ils « guérissent » apparemment. Parfois ils restent symptomatiques mais sans être détruits. Il y a deux « hics »: le diagnostic d’attaque par le phytoplasme ne peut se faire que par des examens de laboratoire, même si certains symptomes doivent l’évoquer et … la bébête peut se multiplier également dans la végétation de l’environnement (graminées par exemple).
    Aucun insecticide bio (oxymoron) ne possède une vraie activité contre le vecteur (dérivés du roténone ou de la pyrèthre). Tous les insecticides de synthèse actifs (il y en a) disqualifient immédiatement du label bio. La cicadelle n’aime pas la lumière vive, on a une piste dans cette direction (dérivés du kaolin, paillage …) mais bof. On est d’accord sur le fait qu’il s’agit d’un aspect très inquiétant.
    Les amis du monde du vin ne savent pas forcément que les phytoplasmes (il y en a une floppée) attaquent beaucoup d’autres cultures aussi (colza, citronnier, prunier …) et par le biais de différents insectes porteurs (dont la punaise en Asie!).
    Je suis très pessimiste sur le sujet.
    Dans ma « théorie du complot », je me demande jusqu’à quel point l’industrie chimique (insecticides) et celle du génie génétique, de mèche avec les pépiniéristes industriels (plants résistants) n’ont pas intérêt à son développement. Enfin, le « lavage à l’eau chaude » est une vaste foutaise. Ou bien la T° atteinte est antiseptique (ce qui n’est quasi jamais le cas) mais alors le taux de reprise est fortement diminué, ou bien la température n’attaque pas le bois et … elle est insuffisante pour être efficace.
    La critique est facile mais je pense que c’est notre devoir à tous de la faire et qu’elle est possible avec les connaissances dont nous disposons tous (ou presque). Proposer des solutions est l’affaire de spécialistes, que très peu d’entre nous sommes. Chacun sa responsabilité: les producteurs produisent et ont, me semble-t-il, le droit de refuser des solutions boîteuses qu’on leur imposerait. Les « chercheurs » et les « autorités » ne produisent pas et sont payés pour chercher des solutions acceptables. Ils ne font RIEN d’autre et seulement à concurrence de 35 heures par semaine!

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    1. ll faut laisser la théorie du complot à Mel Gibson… Moi j’aurai tendance à parler de la théorie de la connerie. On pourrait peut-être se prendre un peu plus en charge !

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      1. Je ne crois pas. Mais il faut s’entendre sur les mots. Il n’y a pas UNE personne, ou un petit groupe, qui a décidé: on va infecter le vignoble, ou encore, on va développer le salafisme, ou encore, on va supprimer tous les petits fromagers pour aider l’agro-alimentaire. Ce sont les forces du marché « capitaliste » – le mot est laché – qui y contribuent presque naturellement et automatiquement. Le lobby des grands groupes producteurs d’insecticides (ironie, j’ai été de 1990 à 1992 sur le pay-roll de Bayer moi-même) fait tout ce qu’il peut pour augmenter son chiffre d’affaires (comme toutes les branches de l’industrie) et cela n’a rien d’anormal en soi. Tous les « chercheurs » dans le domaine du végétal tentent de découvrir des modifications permettant une certaine résistance, les pépiniéristes souhaitent vendre des plants, les fabricants d’engins agricoles tentent de vendre des bulls, des tractopelles, des taraudeuses …. Et en face, on a des vignerons, la tête dans le guidon, soucieux de ne pas voir péricliter leurs domaines (logique), de ne pas perdre trop de récolte (logique) etc … C’est déséquilibré.
        Regerdez ce qui s’est passé dans les années ’70 ou ’80 dans le Roussillon. La GD voulait des vins plus souples que nos vieux grenaches et surtout carignans, et il n’y avait pas de machine à égrapper. Les « techniciens » ont fait arracher les vieux carignans et mettre des syrahs à la place, un « améliorateur » (hum hum): cela a fait plein d’heureux … pour un temps. Trente ans plus tard, ces syrahs ont montré qu’elles se développaient mal (pour plein de raisons), que leurs vins étaient peu intéressants (sauf sur les secteurs plus argileux ou bien granitiques). Là aussi, des acteurs extérieurs à la production elle-même ont fait passer leur intérêt commercial avant les autres.
        Idem pour les variétés de froment très producteur et à cycle raccourci … dont on sait maintenant qu’elles enrichissent bien les très gros entrepreneurs agricoles de la Beauce et d’ailleurs, mais que les formes de gluten qu’elles génèrent sont pour une large part (pas uniquement) responsables de l’augmentation marquée des intolérances digestives à cette catégorie de protéines.
        Ma démonstration essaie de vous convaincre que c’est toujours le même mécanisme qui joue: un gros acteur économique, en amont de la production, impose un changement radical, par tous les moyens, et sans se soucier des conséquences d’aval. Je ne dis pas (parfois c’est le cas) qu’il y a toujours volonté de nuire, mais il n’y a prise en compte que de SON intérêt immédiat. Et les pouvoirs publics entrent toujours dans la combine.

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  2. La dernière fois que Les 5 du vin ont parlé de la flavescence dorée, ce fut plutôt explosif. Alors allons y prudemment. Je suis vigneron en Drôme provençale en zone de lutte obligatoire depuis plus de dix ans. Je suis consterné par le manque de professionnalisme qui se cache derrière ce nom guerrier de lutte obligatoire, ce qui n’est pas sans me rappeler ce qui se passe aujourd’hui derrière ou devant la guerre contre le terrorisme.
    Quelques faits vécus par un vigneron.
    L’état, autrement-dit l’administration délègue volontiers ses pouvoirs en pareil cas à une structure dite « groupement de défense contre les organismes nuisibles » ainsi qu’aux « organisations professionnelles », le tout suivi par l’ex-service de la Protection des Végétaux, aujourd’hui intégré aux Directions régionales de l’Agriculture. A priori, la compétence de ce montage administrativo-professionnel n’est pas évidente.
    Chez nous la guerre contre la flavescence repose sur deux armes.
    1 Les traitements bien sûr, les traitements insecticides pour éradiquer au mois de juin la pauvre cicadelle vecteur du virus ainsi que ses différents autres collègues du cortège des insectes. Ca, les viticulteurs savent faire et ça ne coûte pas bien cher en agriculture conventionnelle.
    2 La prospection qui consiste à répérer fin août des vignes présentant tout à la fois quatre symptomes bien identifiés. Là, c’est plus compliqué, ça prend du temps et ça demande de la concentration pour ne trouver finalement et heureusement rien ou quasiment rien. Alors, au bout de dix ans, comprenez qu’on relache l’effort.
    Ainsi, je travaille en agriculture biologique et mes vignes font partie d’une zone de lutte à deux traitements contre la cicadelle vecteur de la flavescence. Pourquoi, comment, je ne sais pas. Voilà plus de 10 ans que ce cinéma a commencé ; au début tout le monde s’y est mis bon gré mal gré avec la promesse que si on fait des efforts au bout de 5 ans, on aura gagné la partie. Mais ça continue de plus belle.
    En bio, nous ne pouvons utiliser qu’un seul insecticide à base de pyrétrines naturelles, produit autorisé et reconnu par l’état. Voilà t’y pas que, dans une réunion où les viticulteurs bio sont culpabilisés et donc se manifestent peu, il est décidé que cet insecticide est peu efficace et qu’au lieu de deux traitements, il faudra faire trois traitements, au départ dans une seule commune avec un foyer d’infection identifié, puis finalement sans justification aucune, la décision est étendue géographiquement à toute la Drôme. Coût total du produit 225 euros par hectare de vigne bio. Et les instructions issues de cette réunion de coordination précisent qu’il faudra intervenir au plus tard, les 8, 18 et 28 juin. En conventionnel, au plus tard les 12 et 26 juin.
    Le caractère obligatoire de la lutte requiert un arrêté préfectoral. Cette année, le-dit arrêté a été publié et devenu opposable le 24 juin 2016. Soit deux ou quatre jours seulement avant le dernier traitement obligatoire. On dirait que l’administration n’est pas bien motivée.
    Dans le même état d’esprit, l’organisme « groupement de défense des cultures » tente par des moyens plus ou moins corrects de prélever une nieme cotisation « afin d’atteindre le nécessaire équilibre financier » dixit le préfet dans sa mise en demeure. Qui dit que l’état est concerné ?
    Pour finir, un mot sur la prospection. Si vous payez 35 euros de l’hectares, on la fait pour vous.
    Sinon vous devez vous mettre à la disposition du « groupement de défense des cultures sans date bien sûr. Ca se nomme la prospection encadrée mais il faut regrouper 35 hectares de vigne pour que ces Messieurs veuillent bien se déplacer, l’an dernier c’était 40 ! Comment ça se passe ? Vous voyez débarquer un jeune technicien qui fait l’encadrement juché sur un quad, forcément en contrat saisonnier. Pendant que vous parcourez vos vignes à la recherche des fameux symptomes au rythme agricole, celui-ci roule debout à fond les manettes entre les rangées. Le quad, c’est amusant et chaque année le vignoble commente les accidents de tel ou tel au cours d’une prospection. De temps à autre, le technicien prélève un rameau, marque le pied de vigne à la bombe de chantier et repart… sans nous laisser un reçu, un quelconque échantillon témoin. un peu comme les gendarmes quand ils vous dressent un pv. Le hic, c’est qu’une autre maladie, dite le bois noir, présente les mêmes symptomes que la flavescence dorée. Le retour quelques semaines plus tard est toujours le même : arrachez la vigne marquée. Pas de justification ni de bulletin d’analyse, il faut arracher. Mais où ? Pas d’indication si ce n’est le numéro cadastral de la parcelle.
    Pour finir, je voudrais évoquer ce qui présente une réelle source de contamination. A l’époque des traitements insecticides obligatoires, le viticulteur commence également le rognage ou dépointage des vignes, ce qui consiste à étêter les vignes. Vous comprenez que, pendant le travail, la machine est couverte de feuilles (et donc de cicadelles) et qu’on passe ainsi de parcelle en parcelle, parfois à plusieurs kilomètres de distance. On transporte alors l’éventuelle maladie de vigne en vigne sans souci puisque de toute façon les vignes sont ensuite traitées à l’insecticide qui, chacun sait, est efficace à 100 %. Ah, brave insecticide, que ferait-on sans toi ?
    Et ne parlons pas des treilles et autres vignes sauvages ni des jardins où les particuliers produisent un peu de raisin de table…
    Tout ceci pour dire que je ne vois pas grand monde prendre au sérieux cette ogresse de flavescence dorée. Et c’est confirmé par l’expansion régulière de la maladie. Un peu comme le terrorisme ces derniers temps ?

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    1. Je valide en ce qui concerne la prospection, si elle était vulgarisée dans toutes les régions, le problème serait derrière nous. En Languedoc ou il y a 0 prospection organisée, le nombre de traitements obligatoires reste aléatoire (entre 2 ou 3 suivant le bon vouloir de la DRAAF !?).
      Dans les secteurs ou cela est régulier certaines zones sont désormais à 0 traitement alors qu’elles ont été à 2 ou 3 !

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  3. Hervé LALAU

    Très intéressant témoignage.
    On devrait toujours demander aux utilisateurs comment ça se passe avant d’émettre un avis fondé sur des généralités ou des voeux pieux.

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    1. Le problème est encore beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît Hervé. J’évoquais dans le 1er commentaire la même problématique que Thouroude. Pour un vignoble qui n’a aucune « obligation » écologique, il ne s’agit que de deux ou trois « traitements » de plus (puisque la « prévention » qui consiste à éliminer presque tous les insectes d’un envrionnement s’appelle un « traitement »). Cela a un coût (en temps et en produits, en usure de matériel) mais ne remet pas foncièrement en cause la manière de conduire sa vigne. Pour ceux qui ont fait le choix d’une vitculture moins interventionniste, et qui y sont tenus soit par des impératifs moraux, soit par des clauses de labellisation, souvent par les deux, le fait de devoir recourir à des molécules de synthèse, d’une part, et/ou toxiques d’autre part (les dérivés de la pyrèthre eux-mêmes sont une cata écologique, notamment pour la faune aquatique) sont un véritable bouleversement à 3 niveaux: 1) devoir accepter une OBLIGATION légale qui va à contrecourant de tous les efforts consentis, 2) devoir accepter le recours à un système que l’on rejette en bloc (celui de la pétrochimie, pour simplifier) et 3) perdre le bénéfice en termes de commerce et d’image, de la reconnaissance bio. Ca c’est le côté pile.
      Pour le côté face, on est d’accord (pas tout le monde néanmoins, mais je ne fais ici pas partie des contestataires) qu’il faut tenter d’éliminer les phytoplasmes et que le seul moyen, actuellement, est de s’en prendre à leurs vecteurs. La quadrarure du cercle!
      Enfin, chaque métier parle de ses propres soucis, c’est logique. Mais les phytoplasmes sont un cas très particulier: il en existe des centaines, tous très proches, et seule l’analyse génomique permet de les différencier. Ils possèdent un appareil enzymatique très plastique, avec une faculté d’adaptation surprenante. Ils peuvent envahir une foule de vecteurs et y proliférer, et s’attaquer à une multitude d’espèces végétales: fruitiers, légumes et aussi céréales de tous ordres. Ils adorent le phloème comme un junkie son fix.
      Je crains donc bien que la seule solution « acceptable » passera par des cultivars résistants. Mais on comprend l’implication: replantations extensives. En outre, combien de temps durera cette résistance?
      Et quelles cultures envisager? Tous les fruitiers sensibles? Toutes les vignes? Des céréales? Les landes en friche (graminées, cerises sauvages, prunelles ….).
      Le dilemme est simple: ou bien on tue les cicadelles (et d’autres espèces porteuses) et on accepte l’impact écologique énorme que cela a, ou bien on ne fait « rien ». Quand j’écris rien, ce n’est pas vrai: brûler le vieux bois infecté (mais interdiction de faire du feu au-delà d’1 mètre cube chez nous !!!!!!!) , marquage et arrachage des souches contaminées (mais ceci est un travail énorme de reconnaissance et puis d’intervention), assainissement (?) des environs immédiats de la vigne.
      Je trouve extrêmement injuste de traquer et de condamner les vignerons qui ne se soumettent pas à l’obligation de traiter, car ils sont en règle avec toute leur morale et aussi avec la logique environnementale. Mais peut-être devraient-ils se faire moins de pub également?
      La comparaison avec le terrorisme est intelligente et me plaît. Une autre est le parallèle à tirer avec le paludisme. Celui-ci pose un énorme problème de santé publique de par le monde, bien plus que la maladie d’Alzheimer. Mais cette dernière occupe tous les gouvernements (remboursement, maisons de retraite spécialisées), toutes les écoles de médecine (profs, experts, spécialistes, chercheurs) , toutes les firmes pharmaceutiques (marché de gens riches) et tous les journalistes (nos séniors, objets d’amour et d’affection bien naturels). Or éradiquer le palud (malaria pour les Belges) passe par l’élimination du moustique piqueur (idem pour la leishmaniose avec son phlébotome), ce qui ressemble au problème de la cicadelle. Et on ne progresse pas, que du contraire. Et, une fois la maladie déclarée, elle est de plus en plus difficile à traiter (résistances en augmentation).

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  4. La flavescence dorée… Vaste sujet, pour avoir rencontré et échangé longuement avec celui qui a travaillé depuis la fin des années 70 sur le sujet Monsieur Fos, mis au placard pour ses activités syndicalistes à l’INRA, il existe plus de 20 spécimens de cicadelles capables de transmettre le virus. Bien entendu il est particulièrement difficile de les identifier avec certitude… Cependant la plupart des cépages sont des porteurs sains (Cabernet, Cabernet Sauvignon, Merlot, Chardonnay, Sauvignon Blancs…). D’autres cépages notamment ceux du Sud ne sont pas dans ce cas (Grenache, Syrah, Carignan…), et lorsque la maladie est arrivée dans les années 70 dans le Languedoc, sur Aramon le coefficient de mortalité était de 300 chaque année (1, puis 300, puis 9000…) Catastrophe, la contamination était due à l’arrivée début des années 70 des nouveaux cépages ((Cabernet, Cabernet Sauvignon, Merlot, Chardonnay, Sauvignon Blancs…).
    Depuis maintenant 40 ans les cépages sont clonés (il reste aujourd’hui 930 clones pour 162 variétés soit 6 pied-mères par cépage), résultat, la diversité est lamentable et la fragilité de notre vignoble est maximale.
    Cependant il existe des technique pour rendre furtif ou résistant nos vignes (la silice est un émetteur d’onde magnétique dans les IR qui maque la plante traitée et la régénérescence de nos cépages par semi de bourgeon permet de créer à partir de sélection massales autant d’individus génétiquement différents et capables de supporter sans dégât ce type de contamination…).
    Il est temps de redéfinir les règles de nos AOP, le cépage n’est pas le Terroir !

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  5. mauss

    Chapeau Messieurs ! Voilà un blog où on est capable d’expliquer et de traiter au vulgus pecum un réel problème des vignerons. Pour l’identification de cette maladie, un groupe de jeunes de l’école de Changins en Suisse a proposé des analyses par drônes et ont fait une présentation sur cette possibilité lors d’un séminaire en Bourgogne, au Montrachet à Puligny.
    Bref : histoire de dire qu’on peut espérer à la fois des identifications rapides et, qui sait, des outils qui viendront rwésoudre ce problème.
    En tous cas, merci et bravo pour toute cette présentation et les problèmes que pose cette maladie.

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