Vous reprendrez bien un doigt de névrose?

La lecture de la presse est pour moi d’un intérêt sans cesse renouvelé.

Ainsi, dans la même journée, et dans le même article de La Libre Belgique, j’apprends:

1° L’existence de Jean-Paul Dubois;

2° Qu’il est écrivain;

3° Qu’il n’aime pas écrire (ce qui ne l’empêche pas d’avoir une bibliographie bien remplie, et la bio qui va avec sur Wikipedia);

Last but not least, car c’est ce qui a attiré mon attention sur lui, « que l’écriture est une sociabilisation des névroses ».

Névrose saumonée

Comme j’écris à peu près tous les jours, vous comprendrez que je m’inquiète un peu.

Heureusement pour moi, je n’écris pas des ouvrages comme « Maria est Morte » ou « Hommes entre Eux ».

Juste quelques articles sur le vin, ce qui me laisse espérer que mes névroses sont plus bénignes, plus saumonées, aussi, que celle d’un véritable littérateur. Entre le Femina 2004 (pour lui) et le Wine Blog Trophy 2010 (pour moi), il n’y a pas photo, comme disait David Hamilton.

Et puis, à ma grande honte, j’aime écrire des choses pratiques, ce qui est le comble de la médiocrité. J’ose même y révéler parfois une part de foi dans l’homme, ou au moins, dans le vigneron.

Alors que Jean-Paul Dubois, lui, se réclame de Günther Anders (tout aussi inconnu dans mon bataillon), qui dit que « L’homme est plus petit que lui-même ».

Là, pour l’analyse de texte, je préfère utiliser mon joker.

Mais il y a mieux. Comme source d’inspiration, Dubois cite un autre Jean-Paul célèbre (bien qu’un peu surfait, à mon sens), j’ai nommé Sartre. Et cette phrase curieuse:

« Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». 

Admirons l’aisance avec laquelle, en quelques mots bien sentis,  l’auteur de La Nausée place les philanthropes Hitler, Staline et Ben Laden sur le même plan que n’importe qui (Pasteur, Marie Curie, Bach, Mozart, Rubens, Monet… et mon cordonnier).

Mais je suppose que c’est ce genre de phrases qui fait que la France est le pays de culture que le monde littéraire nous envie, surtout quand le monde n’y comprend rien.

Mais parlons d’autre chose: peut-on sociabiliser autrement que par l’écriture, que ce soit ses névroses ou autre chose? Je réponds « oui »:  avec du vin.

Mais pas du vin snob, de préférence.

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Je déconseille donc formellement tout vin vendu au dessus de 50 euros – parce qu’il ne s’agit pas de compter ce que coûte chaque verre servi à vos convives, tout de même.

Et également tout vin pouvant présenter un doute quelconque quant à sa franchise et à  sa conservation (sauf, bien sûr, si vous et vos amis êtes des adeptes inconditionnels de la pomme blette de Dunkerque à Tamanrasset).

Sur ce, je m’en vais moi même sociabiliser en famille avec le Prosecco de San Simone, Perlae Naonis (mirabelle, poire, finesse, équilibre… et puis pas mal de joie, si ce n’est pas trop mal vu). Et puis, si tout se passe selon les plans, j’espère pouvoir sociabiliser encore un petit peu avec le Pouilly-Fuissé du Domaine des Boutires;  et même, si ce n’est pas abuser, avec le Villa Blanche Marselan 2014 de Calmel & Joseph (du plaisir à l’état liquide).

Et oui, je suis comme ça, moi; pour paraphraser Günther Anders, « je suis plus petit que ma soif… d’apprendre ».

Hervé Lalau

4 réflexions sur “Vous reprendrez bien un doigt de névrose?

  1. georgestruc

    Ayant commencé à écrire un bouquin relatif aux terroirs de la vallée du Rhône, je marque une pose afin de vérifier le niveau de mes névroses ; sont-elles sociabilisables ou non ?… Par crainte de finir à Montfavet (asile psychiatrique, situé non loin d’Avignon, dans lequel est décédée Camille Claudel). On n’est jamais assez prudent…Bien d’accord avec vous : parmi les écrivains qui ont marqué le siècle, certains étaient de remarquables illusionnistes, capables d’entrainer des troupeaux considérables de moutons intellectuellement égarés, grands buveurs de paroles, les pauvres. Nous allons bientôt « sociabiliser » à Cairanne, cela nous fera le plus grand bien !!

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  2. Hervé, ta lecture m’a aussi enseigné deux choses: elle m’a conforté dans l’idée qu’il était dangereux de lire « la Libre » dont la crypto-bigotterie est nocive pour la santé et aussi que seuls les Français croient que le monde entier leur envie quelque chose.
    Je sous-titrais récemment un humble billet: « Plus je vis en France, plus je me sens Flamand ». Voilà une névrose que je ne cherche pas à sociabiliser. Et en cette période de « Yuletide », je regrette de devoir fuir Cairanne, une appellation que j’affectionne. Je crains de devoir y rencontrer Truc et, trêve oblige, de devoir fraterniser (joke, bien entendu, je ne lui en veux pas du tout d’être comme il est): encore une névrose de sociabilisation.
    Enfin, nous fêtions un moment privé heureux, Christine et moi, vendredi soir, en nous rendant dans le restaurant nouvellement installé d’un chef héraultais ayant quitté Avignon où il excellait pour s’intaller en pays audois. Sa sommelière l’a suivi, après un parcours atypique: formation de droit, tentation de rejoindre la police scientifique, puis virage vers le service en salle et la sommellerie. Nous avons sociabilisé, ma compagne et moi, avec cette jeune femme passionnée. Et nous avons fait un repas parfait. Je sociabilise ma recommandation: Le Grand Cap sur la falaise de Leucate. S’il ne reçoit pas son macaron en février 2017, les inspecteurs de bibendum auront zappé quelque chose.

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    1. Je tenais la capacité culinaire de M. Klimenko en haute estime. La mairie et lui ne sont pas arrivés à s’entendre, pour diverses raisons, et la clientèle n’a pas vraiment accroché non plus. Le maire de Leucate compte Christine parmi ses administré(e)s. Il a apparemment à coeur de faire arranger les abords du restaurant, qui sont rédhibitoires – pas pour toi ni moi – pour une frange de la clientèle potentielle qui monte là-bas avec de grosses berlines encombrantes ou des cabriolets surbaissés. Comme Hollande « Je n’aime pas les riches », mais force est d’admettre qu’ils aident les bons restaurants à survivre et … boivent notre vin. Pour le reste, le Grand Cap possède tous les attraits qu’il faut pour que l’Aude compte un macaron de plus.

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