Rias Baixas Vin et Gastronomie: Bodegas del Palacio de Fefiñanes( Volet 2)

Une propriété pionnière

La semaine dernière je vous parlais d’Albamar, aujourd’hui nous allons visiter un tout autre style de bodega, il s’agit de la plus ancienne des Rias Baixas puisque fondée en 1904. C’est encore une entreprise familiale installée dans le palais de Fefiñanes situé dans le centre historique de Cambados, (Pontevedra), lequel a été construit par Gonzalo Sarmiento Valladares, vicomte de Fefiñanes en 1647. En le découvrant, on ne peut qu’être très impressionné par ce magnifique ensemble architectural de la Renaissance, influencé par l’architecture italienne de l’époque, tout à côté, on découvre l’église de San Benito, patrimoine artistique historique. Depuis le XVIIe siècle, le Palacio de Fefiñanes est associé à la production de vin,  se sont les propriétaires, Joaquina Armada et Miguel Gil qui fondèrent la cave. Ils furent les premiers à embouteiller et à étiqueter un Albariño, l’Albariño de Fefiñanes dans les années 1910/20, la marque fut ensuite enregistrée en 1928. Dans les années 50, il a été commercialisé sous le nom “el mosela gallego, la moselle galicienne », à cause du grand-père médecin qui a vécu en Allemagne et s’est inspiré des blancs germaniques  et du flacon stylisé qui reste l’une des caractéristiques de la marque.  Aujourd’hui, ils possèdent à peine deux hectares de vignobles en propriété, exclusivement de l’ Albariño, et achètent le reste auprès des viticulteurs de la région de Cambados. Depuis quelques années on assiste à sa renaissance, le domaine est est non seulement une référence historique du patrimoine vinicole de la région de Val do Salnés, mais en plus, il est redevenu une référence de l’appellation. Son dirigeant actuel est Juan Gil de Araujo, Marquis de Figueroa.

Juan Gil de Araujo, Marqués de Figueroa:

Juan Gil est le Directeur Général du domaine, en plus, il est Président du « consejo de Rías Baixas  depuis juin 2012 », c’est comme ça que je l’ai rencontré, je dois reconnaitre que sur ce coup là, je n’ai pas été « précurseur ». J’ai découvert ce domaine, assez tard, lors d’une dégustation à l’aveugle de Rias Baixas, destinée à enrichir notre gamme pour une mise en avant de cette appellation. C’était en 2015, l’opération s’appelait, La Galice en chemin,  Vins et Camélias. A ce propos, si vous le pouvez, il faut que vous fassiez une escapade aux Rias Baixas pour visiter les Pazos, quand les camélias sont en fleurs (janvier/avril) et y découvrir plus de 8 000 variétés de cette fleur qui ornent de magnifiques jardins. Le camélia a trouvé son paradis en Galice, en particulier dans les provinces de La Corogne et de Pontevedra, où passe la célèbre Route de Camélias qui est la même que celle des vins. Bref, Juan Gil nous avait aidés à recréer l’ambiance de Pontevedra dans nos magasins, il y avait des camélias partout  et surtout, une très belle sélection de Rias Baixas. C’est à cette occasion que j’ai pu apprécier ses vins, un peu honteuse d’avoir tant tardé. Il se bat beaucoup pour le reconnaissance et l’implantation de l’appellation, et il porte la bonne parole dans le monde entier :« Nous avons un grand allié: le cépage Albariño, d’une subtilité puissante et universelle dans son caractère atlantique. Un vin doit parler avec clarté de son terroir, évoquer la terre qui l’a créé, être fidèle à son origine personnelle et différenciant. Dans ce paradis des Rias Baixas, inondé par une mer vivante et généreuse, créateur de l’un des garde-manger les plus uniques au monde, nos vins aspirent inlassablement à témoigner de cet héritage succulent et magique aux sensations uniques « . Depuis, j’ai gardé d’excellentes relations avec ce Monsieur, d’où ma visite d’ailleurs non annoncée, ce qui ne l’a pas empêché de nous consacrer un grand moment, et de nous faire déguster les vins.

Les Vins de Fefiñanes

La bodega est actuellement soutenue par un petit vignoble typique de vignes centenaires situé à l’intérieur de la propriété. Mais surtout, elle est également nourrie par un grand nombre de petits viticulteurs de Cambados avec qui elle entretient des relations de longue date. J’ y étais au tout début des vendanges, j’ai eu la chance d’assister au va et vient de l’arrivée des raisins. Ils sont le fruit des vignes traditionnelles, de  toutes petites parcelles, parfois quelques rangées, la meilleure illustration est la queue  des tracteurs qui se forme à l’entrée de la bodega, comme on voit sur la photo, j’ai pu voir même une récolte qui rentrait dans un coffre de voiture ! On comprend bien quand on visualise ces apports, le morcellement du vignoble des Rias Baixas, les vendanges sont organisées, supervisées par Fefiñanes et chaque viticulteur amène sa vendange au jour et à l’heure prévue par le domaine! La bodega doit  faire avec un morcellement excessif du vignoble : plus de 6 500 viticulteurs travaillent sur 23 386 parcelles qui s’étendent sur une superficie de production de 4 000 hectares. Ce qui correspond à un vignoble de 0,61 hectare en moyenne réparti sur 3,51 parcelles par viticulteur (je n’ai pas réactualisé mes chiffres qui datent de 2015).C’est assez inattendue ce spectacle sur cette place historique remplie de touristes, les commentaires sont savoureux ! Tous ces raisins poussent dans la sous-région de Salnés, c’est là que sont les meilleurs albariños de Rias Baixas, c’est celle qui incarne de manière la plus éloquente le style des vins de l’Atlantique.  Les dernières années Fefiñanes a diversifié sa la production, en faisant le choix d’introduire des élevages prolongés sur lies, dans des cuves en acier ou en fûts,  apportant une réelle valeur ajoutée à ses cuvées. Fefiñanes produit environ 150 000 bouteilles par an, c’est l’un des premiers établissements vinicoles de Rías Baixas à s’être risqué à élever l’Albariño en bois sous la marque 1583, année de naissance du premier vicomte de Fefiñanes. Ses vins se caractérisent par un style plutôt pur et austère, avec des bouches finement délimitées par une fine acidité.

Albariño de Fefiñanes 2017

C’est l’entrée de gamme du domaine, depuis 1928,  l’étiquette est restée la même. C’est un vin élaboré de la manière classique des blancs des Rías Baixas qui n’a vu que la cuve, vous vous laisserez surprendre par son nez très frais, expressif, aux arômes de pommes, d’abricots, associés à des notes fleurs blanches et d’agrumes ( pamplemousse, citrons verts) ; quand à la bouche, elle se révèle fraiche et délicate, développe de riches notes fruitées et une légère salinité  qui se glisse en finale, le tout dans un équilibre parfait. Une très belle réussite, et une valeur sûre qui garantit une qualité irréprochable à chaque millésime. 13.5% vol. 12,70 € 

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1583 Albariño de Fefiñanes

C’est en 1583, que naquit le premier vicomte de Fefiñanes. Un héros en son temps,  qui, né à Fefiñanes, a achevé la construction du palais. C’est un vin qui a fermenté en barriques de chêne français,  a bénéficié d’un élevage de 3 mois sur ses lies avec batonnage et qui enfin a terminé son évolution en cuve pendant 3 mois. Il s’agit d’un albariño singulier, au caractère séduisant, avec des nuances aromatiques et sapides vraiment complexes, denses et intenses : des arômes de fruits murs, d’anis, d’agrumes et de fenouil. Une bouche qui combine la profondeur et la texture crémeuse, qui allie fraîcheur et acidité dans un équilibre parfait. Bonne finition avec des notes salines et des herbes aromatiques. Très jeune encore, mais déjà il procure beaucoup de plaisir. 12,5%-  7.650 bouteilles ont été produites. 21,50 € 

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Albariño de Fefiñanes III Año Año 2015

Le concept de « vins de garde » est relativement nouveau dans la région de Rias Baixas où l’on a plutôt l’habitude de boire les blancs jeunes. Cependant, ces dernières années,  les viticulteurs les plus inquiets , se sont tournés vers des méthodes de vinification plus ambitieuses,  en favorisant la fermentation sur lies, l’élevage en cuves  et en fûts de chêne. Ces évolutions ont conféré un potentiel inexploré de longévité pour l’albariño. Après la fermentation alcoolique en cuve, cette cuvée a bénéficié d’un élevage de 30 mois en cuve inox dont 6 sur lies avec batonnages. La première récolte de cette cuvée remonte déjà à 2001. Le résultat est un albariño au profil aromatique singulier et complexe qui se distingue par ses notes herbacées et de fruits murs (pêches-poires), associées à des notes de brioche . La bouche est savoureuse, onctueuse, avec du volume, la finale est persistante légèrement saline. Pour résumer, fraicheur avec douceur et amertume avec onctuosité, des dualités qui pourtant s’harmonisent dans ce vin, un excellent exemple du potentiel de garde des vins Albariño. 12.5% vol. Environ 6000 bouteilles- 35,90 € 

 Armas de Lanzós 2014

La Sélection qui fait la différence, avec un long vieillissement sur lies. C’est le premier millésime de cette cuvée spéciale, à partir d’ une sélection des meilleurs mouts  Fefiñanes élabore l’un de ses vins les plus prestigieux : un vin blanc fermenté en acier inoxydable, élevé pendant longtemps dans une cuve élevé en fûts pendant environ deux ans. Il a ensuite été soumis au vieillissement oxydatif dans des barriques de 500 litres. Enfin, il a été mis en bouteille le jour de la Saint-André 2016. Il se distingue par des notes de fruits blancs mûrs, d’agrumes et d’arômes floraux, enveloppées dans des nuances fumées et épicées. Un vin construit sur le dynamisme et l’élégance avec de la longueur et une très belle finale saline. Un vin de garde, un blanc intemporel qui se distingue nettement du reste des vins dégustés, bref une belle découverte !

Conclusion

Palacio de Fefiñanes tout comme Albamar font partie des domaines incontournables ; ils redonnent un nouveau souffle à la  D.O. Rias Baixas. Evidemment, il y a beaucoup d’autres excellents domaines en Rias Baixas, comme  Zárate, Nicolás Tricó , Do Ferreiro, Forjas del Sanes, Pazo de Señorans, Attis, et bien d’autres…C’est une terre TERRE DE DÉCOUVERTES pleine de surprises où l’on peut apprécier des vins insolites, originaux qui ouvrent peut-être de nouveaux horizons pour l’avenir des vins de Galice. Les propriétés pionnières implantées dans cette jeune zone D.O.,  ont pour ambition de pénétrer les marchés internationaux dans le but de diffuser leur passion des albariños dans le monde entier. Toutes apportent une réelle valeur ajoutée à la région de Rias Baixas. Leurs vins, garants d’une régularité sans faille, procurent toujours autant de plaisir, millésime après millésime.

Plaza de Fefiñanes, s/n.
Cambados
Teléfono: 986 54 22 04
Fax: 986 52 45 12
Correo-e:fefinanes@fefinanes.com
Web:http://www.fefinanes.com

Hasta Pronto,

MarieLouise Banyols

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11 réflexions sur “Rias Baixas Vin et Gastronomie: Bodegas del Palacio de Fefiñanes( Volet 2)

  1. Pas emballé en début d’année par ce vin :
    1. Rias Baixas – Bodegas Del Palacio De Fefinanes « 1583 Albariño de Fefiñanes » 2014
    Récolte plutôt tardive (première semaine d’octobre).
    Fermentation en fûts de chêne puis élevage pendant quatre mois en fûts bordelais avec bâtonnage, suivis de deux autres mois de « repos » en cuves acier inoxydable.
    Cuvée résolument haut de gamme au style « boisé ». 12000 bouteilles produites.

    2. Enthousiasme moyen pour « Albariño de Fefiñanes III Año » 2013
    Sélection de trois parcelles au sol pauvre, sableux (décomposition granitique typique du terroir de Salnés), avec de très vielles vignes pre-phylloxériques.
    Vendanges « tardives » (octobre).
    Fermentation en acier inoxydable pendant 20 jours.
    Elevage de 27 mois (toujours en cuves inox) sur lies, avec bâtonnages réguliers.
    Cuvée résolument haut de gamme (mais dans un style « classique ») produite à environ 6000 exemplaires uniquement les années de belle maturité.

    3. Bien aimé l’albarino de Fefinanes 2016 (16/20, comme dit dans le précédent post).

    L’albarino supporte je crois assez mal le bois et la surmaturité …

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    1. Vos commentaires sont justes, simplement vous parlez avec votre culture et vos gouts français, je puis vous assurer que ces styles de vins avec élevage connaissent beaucoup de succès ici en Espagne, ils plaisent à un public très large, et c’est celui auquel je pense toujours dans mes choix. Pour les autres, il y a Albamar. Palacio de Fefiñanes s’inscrit dans un style classique très réussi.
      MLB

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  2. Marie-Louise,

    J’ai la chance de goûter souvent de grands vins du monde.
    Il est vrai que je n’aime pas les boisés trop marqués, à Barolo (je préfère Rinaldi à Voerzio) ou en Rioja.

    J’aime l’albarino pour son côté frais et fruité, qui ne doit pas être gâché par un élevage surdimensionné. Et je ne pense pas que le vieillissement y change quelque chose.

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  3. Je suis d’accord avec vous, je préfère les jeunes albariño frais et fruités, mais sur certains plats dits « gastronomiques » quand l’élevage n’est pas surdimensionné et c’est de plus en plus le cas, les albariño prennent du volume et du gras sans perdre trop de fraicheur, et ça marche bien.
    MLB

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  4. Cécile Debroas Castaigns

    Laurent, cette dimension que pointe MLB, on l’occulte bien souvent. Il faut côtoyer divers styles de consommateurs, notamment du monde entier, que ce soit des néophytes, des professionnels ou de grands amateurs, pour se rendre compte que notre goût n’est pas universel. Alors qui détient la vérité? Chacun la détient de son point de vue, à sa manière. Je trouve en cela Marie-Louise Banyols très ouverte et pertinente. Mais contrairement à toi, elle est en contact avec un public espagnol et connait bien le marché du vin. D’où son ouverture et sa compréhension du goût des autres.
    Difficile d’avancer des affirmations quant à ce que DOIT ETRE (OU PAS) un vin d’albariño, comment un producteur SE DOIT de le vinifier et de l’élever. Et heureusement, il y en a pour tous les goûts. En cela aussi, nos notes lors de nos dégustations et de nos comptes rendus IVV ne sont bien entendu pas objectifs et ne représentent pas la réalité du marché.
    Cécile

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  5. Cecile,

    Merci pour cet apport.
    La conclusion exprimera un avis collectif objectivé tracé (à défaut d’être objectif et unanime, y compris au sein des groupes de dégustateurs, après-midi puis soir).

    Aimant donc particulièrement la générosité fruitée de l’albarino, il m’a semblé, par exemple pour Pedralonga, que le renforcement du bois n’était pas à mon goût.

    Quant aux livres de Lévy ou Musso, qui correspondent à un certain goût littéraire, ils se vendent fort bien mais je ne les lis pas.

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  6. Ce que j’apprécie toujours chez les Français, c’est leur grande intelligence, leur goût exquis et surtout le fait qu’ils expliquent très bien aux autres, moins experts qu’eux … C’est sans doute pour cela que je réussis parfaitement à leur vendre mon vin. C’est certainement à cause de ces atomes crochus!
    Vous voyez, mes amis des « Cinq », l’âge me rend sage et consensuel.

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  7. Luc,

    De quelle expertise parles-tu ? journalistique, commerciale, oenophile ?
    Et vaut-il mieux généraliser sur les individus (comme tu le fais en toute modestie) que sur les vins ?

    Je vois un certain consensus avec Marie-Louise sur ce cépage que j’apprécie dans sa spontanéité fruitée (par ex Pazo Senorans) et goûte souvent, en amateur.

    Je ne doute pas que l’albarino boisé puisse convaincre un large public.

    Jamais goûté tes vins … il faudra que j’essaie 🙂

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  8. Luc,

    J’ai croisé Marie-Louise il y a fort longtemps à Céret, si ma mémoire est bonne.
    Je sais ses compétences œnologiques, oenophiliques, commerciales, journalistiques.
    Et son expertise en sommellerie lui permet une bonne compréhension du goût de la clientèle.

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  9. Oh, moi, ce ce que j’en disais … En plus, pour une fois, je n’avais pas bu. Je ne bois pas « comme un trou » mais 3-4 verres me désinhibent (plus le blanc que le rouge?!?) et c’est ma dose habituelle le soir.
    Et ma production à moi n’ntre p

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